mercredi 8 octobre 2008

Nouvelle petite leçon de théologie judéo-chrétienne : à propos de la béatification de Pie XII

Le dernier synode tenu au Vatican nous offre l’opportunité d’une nouvelle leçon de théologie judéo-chrétienne.
En effet, le Vatican a, pour la première fois, invité un rabbin à participer à un synode, la plus haute instance consultative de l’église catholique. Il est vrai que ce synode était consacré à la « parole de Dieu, » et donc également à la lecture qu’en font des membres d’autres confessions, comme le christianisme orthodoxe ou … le judaïsme.
Car cette parole de Dieu est celle qu’on trouve dans les Evangiles [Nouveau Testament] mais aussi dans le Pentateuque [Ancien Testament]. Ce qui explique l’absence de Musulmans à ce synode car ces derniers se réfèrent exclusivement au Coran et considèrent que l’Ancien et le Nouveau Testament constituent des restitutions déformées de la parole sacrée.
Qui a raison, qui a tort, n’est pas l’objet de mon propos. Même si on peut s’interroger de la lecture faite de l’Ancien Testament par un judaïsme qui met surtout en avant celle du Talmud, c’est-à-dire une lecture très particulière de la Torah qui, pour le commun des croyants, hors le Talmud tient plutôt un rôle de fétiche au sens propre et figuré du terme.
Non, mon propos concerne plutôt l’étrange position prise par Shear-Yashuv Cohen le grand rabbin de Haïfa invité à ce synode. En effet, ce dernier a déclaré devant l’assemblée du haut clergé que : les Juifs "ne pouvaient pardonner et oublier" et que « Nous sommes opposés à la béatification de Pie XII, nous ne pouvons pas oublier ses silences sur l’holocauste.»
Si la participation de ce rabbin au synode est rapportée par la presse francophone, de même que certains de ses propos négatifs sur Pie XII (mais aussi sur Mahmoud Ahmadinedjad, le président iranien) peu comme le journal La Croix ont rapporté cette opposition du rabbinat à la béatification de Pie XII et un seul, La Croix justement, l’a mise en titre de la dépêche reprise de l’AFP.
Aucun, ça va de soi, n’a écrit pour se demander de quoi se mêlait le rabbin dont l’avis à ce sujet n’était semble-t-il pas demandé, et personne n’a crié à l’ingérence.
Après tout, ceci ne se déroule-t-il pas dans le cadre du judéo-christianisme, cette expression qui réunit des contraires ?
Personne dans la presse n’a cherché non plus à nous faire savoir si les accusations contre Pie XII étaient fondées. Alors qu’en est-il au juste ?
Un site très documenté, c’est-à-dire qui cite ses sources et prend sérieusement en compte informations et points de vue situés dans leurs contextes fournit des éléments de réponse intéressants sur le rôle de Pie XII relativement au sort fait aux Juifs par le nazisme. Ci-dessous un extrait intéressant :
Il n’y a aucun doute que Pape Pacelli était bien au courant de l’idéologie anti-chrétienne et anti-religieuse des nazis, parce qu’il était Nonce Apostolique en Allemagne précisément pendant les années où le parti d’Hitler s’imposait.
Cela explique, par exemple, un certain soutien offert aux généraux allemands qui avaient organisé en 1940 un complot pour se débarrasser d’Hitler. Et cela explique aussi le fait que, par l’intermédiaire du Délégué Apostolique, il ait encouragé les catholiques américains à s’allier sans aucune hésitation avec la Russie de Staline, afin de repousser l’invasion nazie.
Il est incontestable que la position prudente adoptée par Pie XII pendant la guerre a permis à l’Eglise catholique (mobilisée par volonté du Pontife) de sauver au moins 800.000 juifs. D’après ses recherches, dans son livre Pie XII et la question juive, l’américaine Margherita Marchione arrive jusqu’à affirmer que Pie XII "a risqué personnellement la déportation et les camps pour avoir aidé les persécutés du régime nazi." (Avvenire, 17 mars 1998)
Est-ce que l’on pouvait, est-ce que l’on devait faire quelque chose de plus pour éviter la "solution finale" de l’Holocauste? D’un point de vue historique il est prouvé que ni les gouvernements des Etats-Unis, de l’Angleterre, de la Russie de Staline, ni de Gaulle, ni les organisations internationales comme La Croix Rouge, et même pas le Conseil Mondial Hébraïque, qui étaient eux aussi au courant de l’existence des camps d’extermination, n’élevèrent aucune protestation spécifique et publique.
Ce n’est qu’à partir des années 50 qu’une nouvelle sensibilité pour une réévaluation de la responsabilité envers la Shoah commença à se répandre dans toute l’Europe. A ce propos, du côté catholique on remarque de nombreuses déclarations des épiscopats nationaux, jusqu’au dernier document du Vatican: "Nous nous rappelons: une réflexion sur la Shoah". Mais n’est-ce pas contradictoire d’essayer de faire retomber la responsabilité principale de la Shoah sur PieXII, alors qu'il était loué quelques années avant pour ses mérites en matière de défense des juifs persécutés?
Le deuxième élément est le prétendu silence de Pie XII, qui est le principal sujet d’accusation. Sur ce "silence" il faut bien s’entendre. Le P.Gumpel écrit: "La vérité est que Pie XII a condamné plusieurs fois et même publiquement la persécution des gens innocents uniquement à cause de leur race". "A cette époque tout le monde comprenait à qui il faisait allusion". Et comme preuve il cite plusieurs textes écrits par les plus hautes autorités nazies qui manifestaient de l’hostilité envers le Pape "porte-parole des bellicistes juifs".
Il est vrai, d’ailleurs, que dans ses protestations publiques Pie XII n’a jamais employé le mot "juif", et qu’il n’a pas fait de déclarations véhémentes. Est-ce que nous pouvons mieux comprendre les raisons de cette attitude?
Quelques observateurs font remarquer à quel point il est difficile de juger, avec la sensibilité actuelle et dans un contexte culturel profondément différent, les choix que la conscience de Pie XII lui suggéra de faire. D’autres soulignent sa formation de diplomate et sa confiance dans l’action diplomatique déployée dans toutes les directions, préférée aux déclarations publiques. Et, en effet, il suivit cette position.
Ecoutons, alors, le cri provenant du coeur de Pie XII:
"Plusieurs fois j’avais pensé lancer une excommunication contre le nazisme et dénoncer au monde civil la cruauté de l’extermination des juifs! Nous avons entendu des menaces de rétorsion très graves, pas contre notre personne, mais contre nos pauvres fils qui se trouvaient sous la domination nazie; de très vives exhortations nous sont parvenues par plusieurs moyens, afin que le Saint-Siège ne prenne pas une
position radicale. Après tant de larmes et de prières, j’ai conclu que si j’avais protesté, non seulement je n’aurais aidé personne, mais, au contraire, j’aurais provoqué la colère la plus féroce contre les juifs. […] Ma protestation m’aurait procuré peut-être l’éloge du monde civil, mais, en revanche, elle aurait procuré aux pauvres juifs une persécution encore plus implacable que celle qu’ils subissent déjà" (
2).
Telle était la conviction de Pie XII. Et le fait qu’elle avait un fondement réel est confirmé par ce qui est arrivé à l’Eglise de Hollande. Le dimanche 26 juillet 1942 dans toutes les églises catholiques on lit une lettre de protestation contre la déportation de
familles juives entières (plus de 10.000 personnes). Résultat: non seulement la déportation des juifs de sang et de religion eut une accélération, mais, en signe de rétorsion directe contre les Evêques responsables de la protestation, les premiers à être déportés furent les juifs baptisés (parmi lesquels Edith Stein et sa soeur Rose), qui furent considérés dès lors comme "nos ennemis les plus terribles".
Quand Pie XII fut informé de cette tragédie, il se dirigea vers la cuisine et brûla personnellement deux grandes feuilles à l’écriture serrée, en disant: "C’est ma protestation contre cette épouvantable persécution anti-juive. Elle aurait dû paraître ce soir dans l’Osservatore Romano. Mais si la lettre des Evêques hollandais a eu comme prix le meurtre de quarante mille vies humaines, ma protestation en coûterait peut-être deux-cent mille. Pour cette raison il est préférable de ne pas parler en forme officielle et d’agir en silence, comme j’ai fait jusqu’à présent, pour tout ce qui était humainement possible pour ces gens".

Cet extrait ou le contenu de ce site ne suffisent peut-être pas à dire la messe complètement, mais ils permettent de douter des motivations qui agitent les rabbins dans leur opposition à la béatification de Pie XII en agitant devant les cadres de l’église le spectre de leur collaboration supposée avec le totalitarisme nazi. Certes les dignitaires du Vatican savent sans doute à quoi s’en tenir sur cette question, mais reste l’accusation amplement portée à la connaissance du grand public et rarement démentie de manière ferme et argumentée.

1 commentaire:

  1. reponse:

    http://intransigeants.wordpress.com

    http://intransigeants.wordpress.com/2008/10/07/tout-juif-quelque-part-en-lui-devrait-se-menager-une-zone-de-haine-elie-wiesel/

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