lundi 16 novembre 2009

Reportage télévisé sur le lobby sioniste: un exemple à suivre par les télévisions françaises

Le Guardian rend compte de l’émission Dispatches qui traite de la force et des modalités d’action du lobby sioniste au Royaume Uni.
Comme je vous l’avais dit précédemment, le travail de Dispatches est une première en Europe d’autant qu’il passe sur une grande chaîne télévisée, Channel 4, et non sur un obscur media alternatif comme ce blog.
Les méthodes du lobby sioniste n’ont rien de bien mystérieux: elles s’appuient sur des ressources financières importantes des adhérents des organisations qu’il fédère de manière plus ou moins informelle.
Ces ressources financières servent à alimenter les caisses des partis qui intéressent le lobby et parfois les caisses personnelles de tel ou tel politicien.
Rien de tout ceci n’est vraiment secret, c’est même « public » nous dit un des acteurs du lobby.
Public au sens où les pouvoirs publics ont notification des sommes allouées, ou du moins d’une partie.
Certainement pas au sens où les électeurs seraient informés de l’existence et de la provenance de ces financements.
L’autre point d’appui du lobby sioniste, ce sont tout simplement ses adhérents » qui occupent des postes, soit au parlement soit à la chambre des Lords. Heureux hasard, ils figurent eux-mêmes souvent sur la liste des généreux donateurs.
Et il y a aussi le travail auprès des journalistes avec la carotte (les voyages gratuits dans l'entité) et le bâton comme en ont fait l'expérience des journalistes de la BBC.
On trouvera curieuse la mansuétude du Guardian vis-à-vis du côté travailliste des amis de Sion dont le soutien à l’entité serait moins inconditionnel.
Comme si les membres des amitiés sionisto-travailliste ne se retrouvaient pas dans les mêmes cercles que ceux des amitiés siono-conservateurs.
Comme si Tony Blair n’avait pas été un des plus ardents souteneurs de l’entité sioniste si on exclus des prises de paroles oiseuses jamais destinées à être suivies d’actes (un peu comme Barack Obama en ce moment).


Le lobby pro-israélien finance les conservateurs, affirme un film
50 % des députés du cabinet fantôme sont membres de Conservative Friends of Isræl, selon l’émission Dispatches sur Channel 4
par Ian Black, The Guardian (UK) 16 novembre 2009, traduit de l'anglais par Djazaïri

Les organisations pro-israéliennes au Royaume Uni s’apprêtent à voir leur influence augmenter si les Conservateurs gagnent les prochaines élections, met en garde aujourd’hui un film qui passe à la loupe les activité d’un lobby puissant mais méconnu.

Au moins la moitié des membres du cabinet fantôme  sont membres de Conservative Friends of Israel (CFI), selon une émission dispatches diffusé sur Channel 4. Les réalisateurs de l’émission décrivent le CFI comme étant « sans aucun  doute, le mieux financé et le plus doté en entregent des groupes de pression. »
Le documentaire « Au cœur du lobby israélien en Grande Bretagne » affirme que les donations au parti Conservateur « en provenance de tous les membres de CFI e de leurs entreprises dépassent les dix millions de livres sterling sur les huit dernières années. » CFI a contesté ce chiffre et affirmé que le film était « extrêmement tendancieux. »

L’émission décrit aussi comment David Cameron aurait accepté un don de 15 000 livres de la part de Poju Zabludowicz, un milliardaire Finlandais qui dirige BICOM (le Britain Isræl Communication and Research Centre). Zabludowicz, révèle le film, a des intérêts financiers dans des colonies illégales en Cisjordanie. Il a également donné 50 000£ au bureau de campagne du parti Conservateur. Zabludowicz indique que ses contributions «sont connues publiquement. »

William Hague aurait accepté, après sa nomination au poste de ministre des affaires étrangères du cabinet fantôme, des dons personnels de la part de membres du conseil d’administration de CFI se montant à des dizaines de milliers de livres. Plus de 30 000£ d’adhérents de CFI sont allés aux fonds de campagne de membres de l’équipe de Cameron qui avaient été élus pour la première fois en 2005, affirme le film qui se base sur des informations accessibles au public.

Les réalisateurs de l’émission expliquent que si cette pratique est légale, elle n’est pas très connue.

Stuart Polak, le directeur de CFI, a déclaré au Guardian que le chiffre de 10 millions de livres ne repose sur rien. « Il est fictif, trompeur et fait du tort à la réputation de CFI et de ses sympathisants, » dit-il.

« CFI en tant qu’organisation n’a donné que 30 000£ depuis 2005. Chacun de ces dons a été fait dans la transparence et déclaré aux pouvoirs publics. En plus de ces 30 000£, il est indubitable que certain de nos sympathisants ont également choisi, séparément, de donner au parti à titre individuel. »

Il y a deux ans, une étude controversée menée par deux universitaires Américains, Stephen Walt et John Mearsheimer, a exploré l’influence du lobby israélien sur la politique étrangère des Etats Unis. Mais les organisations pro-israéliennes en Grande Bretagne ont fait l’objet de beaucoup moins d’attention.

« Le lobby pro-israélien… est le lobby politique le plus puissant, » a déclaré Michæl Mates, un député conservateur et conseiller particulier de la Reine aux réalisateurs du film. « Rien ne les  arrête. »

Hague s’était brouillé avec le CFI après avoir qualifié l’attaque israélienne contre le Liban – en représaille à un raid du Hezbollah – de « disproportionnée » et aurait été confronté à des menaces de retrait de financement par Lord Kalms, un important donateur du parti Conservateur et membre de CFI, rapporte le film.

Cameron avait par la suite donné la consigne de ne plus employer ce mot. Lors d’un dîner offert par le CFI en juin, le leader du parti n’avait fait aucune mention du bilan des tués de la guerre contre Gaza – 1370 Palestiniens et 13 Israéliens. Il avait au contraire félicité Israël parce que « il s’efforce de protéger la vie des innocents. »

Sir Richard Dalton, un ancien diplomate Britannique qui a servi comme consul général à Jérusalem et ambassadeur en Libye, déclare: « Je ne crois pas, et je pense que personne d’autre ne croit que ces contributions se font sans contreparties. »

Labour Friends of Israël, une autre organisation importante, est décrite comme « soutenant moins sans réserves le gouvernement israélien que le CFI. » Mais il a envoyé plus de député pour des séjours gratuits en Israël que n’importe quelle autre organisation – plus de 60 depuis 2001.

CFI a aussi offert 30 séjours gratuits en Israël à des candidats conservateurs aux législatives ces trois dernières années.

L’émission Dispatches décrit également comment, quand le producteur Jonathan Dimbleby critiqua une campagne pro-israélienne contre Jeremy Bowen, le rédacteur en chef Moyen-Orient de la BBC, il fut l’objet d’une plainte et, selon le documentaire et fit l’objet d’une enquête de la BBC qui est en cours..

BICOM, comme les organisations affiliées au parti, organise des réunions d’information et des séjours en Israël pour les journalistes, dont ceux du Guardian. BICOM a essayé de retire tout caractère significatif aux intérêts de Zabludowicz dans un centre commercial à Ma’aleh Adumim, une colonie érigée en territoire occupé après le guerre de 1967 et qu’Israël espère conserver.

Benjamin Netanyahu, premier ministre d’Israël, a rejeté les demandes de Barack Obama en vue d’un gel de la colonisation.

La responsable exécutive de BICOM, Lorna Fitzsimons, affirme: « Les intérêts économiques privés de nos bailleurs de fonds – notre président inclus – n’ont absolument aucun impact sur le travail de BICOM. »
« Nous sommes une organisation indépendante et nous veillons farouchement à notre réputation. Nous travaillons avec les journalistes pour les aider à mieux comprendre le Moyen Orient.
« Nous montrons Israël, ce qui va et ce qui ne va pas, et nous avons pour principe strict d’aller vers l’Autorité Palestinienne pour donner aux journalistes un accès  libre à des voix palestiniennes. »

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