mercredi 24 février 2010

Une bonne adresse pour les dingues (aux sens propre et figuré) d'objets nazis

En 2000, la LICRA et l'Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) avaient poursuivi en justice le portail internet Yahoo pour avoir hébergé une vente aux enchères d'objets nazis. Yahoo avait été relaxé en appel pour des motifs un peu compliqués que vous pourrez apprécier en allant sur ce lien. L'avocat de l'UEJF avait même plaidé en première instance que ces enchères étaient " un défi à la morale républicaine et à nos lois ", et qualifié Yahoo de complice de Robert faurisson.
Pour l'instant, la loi française interdit tout ce qui consiste à faire l'apologie du nazisme, et l'exposition d'objets allemands de cette période présentés sous un jour favorable peut être considérée comme en faisant partie. Elle interdit notamment le port d'insignes ou d'uniformes nazis. Il y a bien eu une proposition de loi débattue au parlement pour interdire carrément ce genre de ventes, mais je ne sais pas si elle a été adoptée ou si elle est passée  à la trappe.
Quoi qu'il en soit, si vous êtes collectionneur de ce genre de choses (faut vraiment aimer la guerre!), une seule adresse: le marché aux puces de Tel Aviv. Là, vous pourrez trouver des pièces ordinaires et d'autres plus intéressantes (toujours du point de vue de ceux qui aiment ça). C'est qu'au marché de Tel Aviv, vous allez trouver des "antiquaires" compétents dont l'un a même envoyé un de ses agents écumer les plus petits villages de la Saxe ou de la Forêt Noire pour dénicher ces "raretés" qui sont depuis longtemps introuvables dans les grandes villes.
Sauf à Tel Aviv?
Ben oui.
Il n'y a que la LICRA et l'UEJF qui l'ignorent. C'est pour ça qu'elles n'ont pas moufté.


Souvenirs nazis en vente à Tel Aviv


Si cela se passait dans n'importe quel autre pays, on serait en train de crier 'antisémitisme!' mais ça se passe en plein jour dans la première ville hébraïque. Et oui, il y a des acheteurs.
par Assaf Weiss, Yediot Aharonot (Sionistan) 24 janvier 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri

"Si vous achetez cette médaile nazie, je vous laisse la carte postale d'Hitler à moitié prix". Le vendredi après-midi au marché aux puces de la place Dizengoff à Tel Aviv, entre des porcelaines anciennes, des disques vinyl de collection et des vêtements d'époque, j'aperçois soudain Hitler sur un timbre. A côté du timbre, se trouvent  des cartes postales envoyées dans les années 1940 à leurs familles par des officiers SS, signées de la tristement célèbre salutation "Heil."

Puis je vois des médailles, des pièces de monnaie, des billets et des lettres - tous authentiques, datant tous de l'époque du IIIème Reich et exposés en pleine lulière du jour dans la première ville hébraïque, en vente contre de l'argent israélien. Chaque article comporte la tristement fameuse swatiska, le symbole qui passait devant les yeux de millions de personnes avant leur mise à mort.

J'ai la tentation d'aller demander des explications au placier du marché, qui permet qu'on fasse de l'argent avec le terrible traumatisme subi par notre nation, mais je fuis les coins sombres. Un des vendeurs explique, "Je vends des antiquités qui ont une valeur historique, et le reste ne m'intéresse pas." Il n'a aucun scrupule à faire ce commerce.

Après avoir chiné pendant une heure, je constate que les pièces de valeur ne sont même pas exposées. Elles sont dissimulées dans des sacs et des tiroirs, peut-être pour les mettre à l'abri des regards de la police ou des passants, ou par sentiment de culpabilité.

Je demande à un marchand s'il vend l'attirail S.S. Entendre ce mot semble le stresser, et il me dévisage un long moment avant d'apporter une valise et de me montrer divers articles nazis de collection qui coûtent des centaines de shekels (1 shekel = environ 0,20€, NdT)..

Il y a une trousse SS de premiers secours, conçue pour être fixée sur une motocyclette - 2500 shekels (670 dollars) à débattre. Je demande si les prix sont surévalués. "Bien sûr qu'ils le sont," dit-il en souriant. "Le IIIème Reich est le roi des objets de collection."

Ces temps ci, il semble que soit effectivement vrai pour beaucoup de gens. Il y a neuf mois, des organisations d'extrême droite dans le monde ont commémoré le 120ème anniversaire d'Hitler. Ces commémorations étaient accompagnées de toutes sortes de ventes écoeurantes. Il est diffcile de faire de l'argent avec de la souffrance et des atrocités, alors les organisateurs s'étaient tournés vers d'autres oeuvres d'Hitler: des peintures faites par Hitler se sont vendues à des prix avoisinant 350 000 dollars.

Toutefois, transformer l'action meurtrière en articles de consommation n'est pas une activité nouvelle: Staline et Mao Tse-Toung avaient déjà leurs portraits imprimés sur des T-shirts portés par des millions de personnes soucieuses de la mode mais à l'éthique douteuse. Mais à la différence de ses collègues meurtriers de masse, Hitler n'était pas encore devenue une icône culturelle - une situation qui va bientôt changer si on en juge par les étalages du marché aux puces de Tel Aviv.

Tout en me présentant une montre d'officier nazi (1000$), un autre vendeur m'explique que son agent s'est rendu pendant des années dans des villages allemands reculés. "C'est seulement dans ces zones rurales qu'on peut encore trouver des pièces intéressantes de ce genre," dit-il. "Dans les grandes villes, vous ne trouverez rien de ce genre."

Mais dans la plus grande ville d'Israël, vous le pouvez? "Je ne vois pas ce qu'il y a de mal avec ça," dit-il. "Ce sont des objets de collection."

Et vous vendriez aussi des chaussures, des lunettes ou des vêtements portés par les Juifs qui ont été assassinés dans l'holocauste? "Non, c'est un problème différent," dit-il. "Vous serez surpris de savoir que beaucoup d'acheteurs sont des enfants de survivants. Ce sont des clients compulsifs. Je pense que c'est un cas classique de victime qui s'identifie à son agresseur."
Il poursuit par une explication su sindrome de Stockholm, caractérisé par le développement d'une empathie avec son bourreau, mais quelqu'un surprend notre conversation, et exprime un intérêt pour les articles. Son [c'est une femme, NdT] explication de cet intérêt est différente, et jette un éclairage révélateur.

"Je pense que ça a de la valeur. En ce moment précisément, avec le déni de holocauste qui se répand dans le monde, les gens devraient garder des témoignages sur cette période," dit-elle avant de sortir son porte-monnaie.

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