jeudi 2 juin 2011

Iman al-Obaidi, présumée violée par des miliciens de Kadhafi, expulsée du Qatar


Pourquoi diable Iman al-Obaidi ne se sentirait-elle pas en sécurité dans la partie de la Libye contrôlée par les rebelles hostiles à Kadhafi dont des hommes de main l’auraient violée en réunion, selon ses dires ?

Parce que si elle a certes fui le territoire libyen, elle n’a par contre pas eu à fuir une cellule de prison où elle n’était restée que quelques jours avant d’être élargie. Et qu’alors, les hommes de main du colonel Kadhafi avaient toute latitude pour la tuer, ou la suicider pourquoi pas.

Par Simon Denver, Washington Post (USA) 2 juin 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

Tripoli, Libye – Iman al-Obaidi, la presumée victime Libyenne d’un viol, a été expulse du Qatar “contre son gré” ce jeudi et envoyée dans l’est libyen, contrôlé par les rebelles, a déclaré le bureau du Haut Commissaire des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR).
Obaidi avait fait irruption en mars dans un hôtel de Tripoli où séjournaient des journalistes étrangers, affirmant qu’elle avait été violée à plusieurs reprises par des miliciens fidèles au leader Libyen, Mouammar Kadhafi.

Après avoir été brièvement détenue par les autorités libyennes, elle a fini par fuir le pays et, ayant obtenu le statut de réfugié politique par l’ONU, elle résidait dans un hôtel du Qatar en attendant sa réinstallation dans un pays tiers. Mais elle est apparemment tombée en disgrâce par la suite pour avoir critiqué les rebelles Libyens  qui se trouvent au Qatar.

“Hier soir, les autorités du Qatar lui ont notifié qu’elle serait envoyée à Benghazi par avion militaire… et à 6h15 du matin, heure de Washington, elle montait dans l’avion avec ses parents pour rentrer à Benghazi, » explique Vincent Cochetel, représentant régional du HCR à Washington.
“Elle sentait que ce n’était pas le bon moment pour elle de rentrer,” a-t-il ajouté. « Nous sommes très inquiets de son avenir, nous sommes très préoccupés pour sa sécurité. »
Cochetel affirme qu’Obaidi a été expulse “par la force, par du personnel militaire,” après avoir fait savoir “très clairement” qu’elle ne voulait pas rentrer. Le HCR a envoyé un officiel pour la protéger, mais il n’a pas pu empêcher l’expulsion.

Nancy Holohan, une habitante de San Francisco qui a participle à une campagne Facebook pour la liberation d’Obaidi des prisons libyennes avant de lier amitié au cours de nombreuxes discussions sur Skype, a affirmé qu’Obaidi était «terrifiée» à l’idée de rentrer en Libye..
Elle m’a dit et redit qu’elle ne se sentait pas en sécurité de revenir, qu’elle craignait pour sa vie,” dit-elle.

Auparavant, Obaidi s’était plainte d’avoir reçu des menaces de mort de la par de fidèles de Kadhafi, et que les responsables Libyens étaient uniformément hostiles à son encontre, prétendant de manière répétée qu’elle n’est qu’une prostituée.
Obaidi a subi des pressions de la part des rebelles pour qu’elle rentre dans son pays pour quelques temps, et elle a été critiquée pour s’être plainte du manque de soutien de la part des rebelles, et en particulier de la part de Mahmoud Shammam, le représentant des rebelles à Doha.
“Mahmoud Shammam lui a mené la vie dure,” explique Mohamed Ali, un membre du conseil municipal de la ville de Misurata tenue par les rebelles, qui est maintenant basé à Doha. « C’est très contre-productif ce que Shammam a fait. »

Un autre responsable, qui a souhaité l’anonymat en raison du caractère sensible du sujet, affirme que les rebelles ont demandé aux autorités du Qatar de l’envoyer au pays. Qatar est un des principaux soutiens du mouvement rebelle libyen.

Holohan explique qu’Obaidi a reçu un don en argent de la part de l’émir du Qatar pour le dépenser en shopping, mais que ces derniers jours, ses privileges lui avaient été graduellement retires dans l’hôtel où elle séjournait.
Elle n’avait pas l’autorisation d’aller à la sale de gymnastique, et les vigiles charges de sa protection avaient été retires de devant sa porte. Elle passait presque la journée entière dans sa chambre., déclare Holohan. « Elle était seule et apeurée, et très anxieuse. »
Holohan affirme qu’Obaidi avait le désir de s’installer à San Francisco.

Après avoir évoqué le sort d’une réfugiée disposant d’une certaine notoriété et donc, de moyens, le Washington Post évoque brièvement ces 200 réfugiés migrants disparus mercredi 1er juin en Méditerranée au large des côtes tunisiennes suite au naufrage de leur embarcation prise dans une tempête. 570 autres ont été secourus par les gardes-côtes de la marine tunisienne.

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