mardi 5 juillet 2011

Prison et teint de peau aux Etats Unis


L’étude évoquée dans l’article que je vous propose semble enfoncer une porte ouverte : le système judiciaire aux Etats Unis n’est pas du tout indifférent au teint de peau. Mais après tout, Newton lui-même n’avait-il pas commencé par enfoncer une porte ouverte en s’interrogeant sur les lois qui expliquent la chute des corps ?
On aimerait bien que cette « porte ouverte » soit enfin enfoncée en France. On peut rêver.

Dans la science contemporaine, et les sciences sociales notamment, le rôle de la science est, avant d’expliquer, de construire les faits. En l’espèce, dans l’étude qui nous intéresse, il s’agit de démontrer le plus rigoureusement possible l’existence d’un biais lié au teint de peau dans le processus de décision judiciaire, biais que nous appréhendons généralement de manière intuitive et donc non réellement vérifié. Il faut ensuite expliquer ce biais, ce qui est plus délicat que se borner au constat.
Dans les deux cas, la méthode scientifique impose de recourir à des procédures reproductibles, c’est-à-dire permettant à une autre équipe de chercheurs de monter un protocole expérimental du même type quitte éventuellement à introduire des variables permettant de préciser ou de moduler les conclusions de l’investigation.
La même procédure qui permet de confirmer des premiers résultats permet aussi, le cas échéant, de les réfuter complètement ou partiellement.

C’est ainsi que fonctionne la science : elle accepte, pour peu qu’on respecte des procédures explicites et  dont les chercheurs peuvent saisir les avantages et les limites, que ses conclusions soient remises en causes. Cette remise en cause peut n’être acceptée qu’après de vifs débats, toujours cependant argumentés par des résultats obtenus par les fameuses méthodes scientifiques.

par Kase Wickman, Raw Story (USA) 5 juillet 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

Une étude récente portant sur des femmes détenues pour crimes a montré une corrélation décourageante qui tendrait à confirmer les accusations d’inégalité raciale dans le système judiciaire. Plus claires est la peau d’un condamné, plus sa peine de prison tend à être courte, et moins est longue la durée d’exécution de cette dernière.

Des chercheurs de l’université Villanova ont examiné les dossiers de plus de 12 000 femmes dans les prisons de Caroline du Nord pour aboutir à cette conclusion, rapporte TheRoot.com. L’étude a été publiée récemment dans le Social Science Journal.

Les femmes à la peau Claire ont été condamnée en moyenne à des peines 12 % moins longues que leurs pairs à la peau foncée, et ont passé en moyenne 11 % moins de temps en prison, a constaté l’étude. Les chercheurs ont comparé les sentences pour des crimes similaires, de sorte à pouvoir obtenir les résultats les plus précis et pertinents possibles.
L’étude intitulée “L’impact de la peau Claire sur le temps passé en prison par des femmes noires délinquantes, » s’inscrit sans une démarche plus vaste appelée The Sentencing Project qui étudie depuis longtemps les interactions entre le système judiciaire et la race.

Selon le résumé proposé par le site internet de The Sentencing project, l’étude apporte une nuance très intéressante. La discrimination ne se résume pas à blanc-noir puisque, « parmi les noirs, les caractéristiques associées à la blancheur apparaissent aussi comme ayant un impact significatif sur des aspects importants de la vie. »

Une étude de 2006 à l’université de Géorgie comparant homes à la peau Claire et homes à la peau foncée avait montré que les homes à la peau Claire étaient avantagés dans le recherché d’emploi, indépendamment de leur expérience professionnelle et de leurs diplômes.
Une étude de 2009 à la York University publiée pas Science a constaté que de nombreuses personnes avaient inconsciemment des attitudes et des comportements racistes.
« La justice n’est pas aveugle; en fait, il est plus correct de décrire la justice comme myope, » affirme Lance Hannon, professeur de sociologie à Villanova et co-auteur de l’étude sur la prison.

“Le verdict est trop souvent dépendant de la capacité d’une personne à sympathiser avec un accuse ou une victime de crime. La sympathie, à son tour, est souvent le produit de variables sociales plus larges comme la ségrégation, et la représentation de certains groupes dans les media. Chez les noirs, des caractéristiques associées à la blancheur s’avèrent avoir un impact significatif sur des aspects importants de la vie, comme la quantité de temps qu’on peut passer en prison. »

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