mardi 20 décembre 2011

Allemagne: des tueurs d'extrême droite protégés par les services secrets


C’est une affaire qui fait du bruit en Allemagne mais aussi en Turquie dont sont originaires huit des dix victimes assassinées par un gang terroriste d’extrême droite qui sévissait en Thuringe.

Selon RFI,  les Allemands sous le choc
se posent la question : comment des terroristes néonazis ont-ils pu commettre des meurtres et agir dans l’ombre pendant une décennie en toute impunité ?
Un peu comme dans l’affaire d’Anders Behring Breivik où on a tout fait pour circonscrire l’information à une seule personne, ici nous aurions affaire à un trio alors que tout semble indiquer que ces gens étaient impliqués dans un réseau qui a des ramifications jusqu’en Suisse.
Et la réponse à la question que se posent les Allemands selon RFI nous est apportée par la presse d’outre Rhin : le groupuscule néo-nazi recherché par la police était activement protégé par les services secrets… allemands.

Cherchez l’erreur…

Der Spiegel (Allemagne) 19 décembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri

L’enquête de police sur ce qu’on connaît sous le nom de cellule terroriste de Zwickau a probablement été entravée par un sabotage de la part d’un service de renseignement intérieur, selon des informations parues lundi. Des agents du renseignement de l’Etat de Thuringe auraient perturbé et dévoilé la surveillance par la police à ceux qu’elle avait mis sous observation.
 
Le trio néo-nazi formé par Beate Zschäpe, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt est passé à la clandestinité en 1998. La police avait essayé de les retrouver, mais de nouvelles informations indiquent que des agents des services secrets de l’Etat [de Thuringe] ont saboté leurs tentatives.

Des officiels des services de sécurité ont, sous couvert d’anonymat, affirmé au journal Berliner Zeitung que le service de renseignement intérieur dans l’Etat de Thuringe avait parlé au chef néo-nazi Tino Brandt de la mise sous surveillance de ses activités. A l’époque, Brandt était un informateur actif de l’agence de renseignement, l’Office de protection de la Constitution.
Brandt avait aussi été informé que la police de Thuringe avait loué un appartement près de sa maison de Rudolstadt, rapporte le journal. Les contacts du chef néo-nazi lui avaient décrit les véhicules utilisés par l’équipe de surveillance de la police. Les choses sont allées si loin qu’à un moment, des agents du renseignement en voiture suivaient les véhicules de l’équipe de surveillance de la police qui filaient Brandt, explique le journal.

Les nouveaux détails sur cette affaire – déjà truffée d’histoires de bévues de la part de la police et des services de renseignements – surviennent après les informations du Bild am Sontag de dimanche selon lesquelles la police avait donné à Brandt quelque 2 000 deutsche marks pour aider la cellule terroriste à acquérir de nouveaux passeports. Quoique les agents aient recouru à un intermédiaire, l’argent n’est jamais parvenu au trio dont on pense maintenant qu’il avait fondé une organisation baptisée le National Socialist Underground (NSU, national socialiste clandestin) et qu’il serait responsable d’au moins dix assassinats en sept années, dont ceux de 9 hommes d’origine grecque et turque et d’un argent de police.
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L’affaire, qui a été révélée début novembre après que Mundlos ait tué Bönhardt avant de se donner la mort dans un camping-car à Eisenach, après une tentative ratée pour cambrioler une banques, a choqué l’Allemagne et déclenché un nouveau débat sur la question de savoir si le pays en faisait assez pour stopper les activités des néo-nazis. Elle a aussi provoqué de nouveaux appels à l’interdiction du NDP (National Democratic Party d’extrême droite).

Une suspecte qui refuse de parler

Un autre article de la Süddeutsche Zeitung de dimanche cite, sans donner son nom, un ancien informateur de l’agence de renseignement qui dit qu’on lui avait demandé d’acheter au moins quatre exemplaires d’un jeu de société appelé "Pogromly" créé par le groupe de Zwickau. Ce jeu de mauvais goût était une version nazie du Monopoly, qui aurait été produite et vendue par le groupe pour financer ses activités clandestines.

Par ailleurs, la justice pourrait avoir du mal à inculper Beate Zschäpe, le seul membre survivant de la cellule de Zwickau, pour meurtre, complicité de meurtre ou appartenance à une organisation terroriste, rapportait lundi le journal Mitteldeutsche Zeitung. Selon des sources haut placées du ministère allemand de l’intérieur, la justice aurait seulement la possibilité de l’accuser d’incendie pour avoir mis le feu à l’appartement du groupe avant de se livrer à la police suite à la découverte des corps de ses présumés complices.

Zschäpe a refusé de parler aux agents de son rôle dans le groupe. Elle devrait rester silencieuse, ne donnant aucune possibilité aux services judicaires pour prouver son implication dans les présumées activités meurtrières du groupe d’extrême droite, ou que la NSU était bel et bien une organisation terroriste, explique le journal.

Le procureur général Harald Range a déjà déclaré dans des interviews qu’il ne fera pas appel à une disposition qui pourrait adoucir la sentence contre Zschäpe en contrepartie de son témoignage. Les crimes dont elle est accusée son trop graves, a-t-il dit.

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