lundi 26 mars 2007

Gagner les coeurs et les esprits des Afghans (par les armes si nécessaire).

Officiellement, les Occidentaux sont intervenus en Afghanistan pour sanctionner le régime des Talibans accusé d'avoir aidé les instigateurs des attentats du 11 septembre à New-York et à Washington. Pour mieux vendre l'intervention dans ce pays, on a aussi invoqué la nécessité d'éliminer un régime qui opprime la population en général et les femmes en particulier.
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Après avoir établi un gouvernement local sous la direction de Hamid Karzai, les troupes occidentales ne sont pourtant pas parties. A cela au moins deux raisons avouables : la première est que les Talibans n'ont pas été tout à fait éliminés de la scène afghane et qu'ils semblent même reprendre du poil de la bête, la deuxième est que les Occidentaux, se sentant peut-être coupables d'avoir détruit le pays, restent pour le reconstruire, à la demande du gouvernement afghan "élu" (ils sont vraiment trop sympas ces Occidentaux).
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Tout le problème d'une intervention militaire étrangère est que, au-delà des motifs avoués, ce qui la motive réellement ce sont les intérêts des puissances étrangères qui la conduisent. Il n'est donc pas étonnant qu'au lendemain de l'éviction d'un régime qui n'était certainement pas le meilleur possible pour les Afghans, la joie de certains laisse rapidement la place au désespoir ou à la colère et, finalement, à la résistance active ou passive contre l'occupant.
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Simplement parce que l'occupant a mis en place un régime fantoche, faible mais brutal et corrompu. Et aussi parce que les soldats occupants se comportent comme le font habituellement les troupes d'occupation : arrogance, répression aveugle sans oublier une petite dose de racisme.
Dans toute situation d'occupation prolongée, le véritable enjeu est la population. Si elle adhère largement aux visées de l'occupant, si elle le perçoit comme un libérateur, la partie est gagnée.
Autant dire que cette situation est rarissime et qu'après les illusions du début, elle n'existe pas plus en Afghanistan qu'en Irak.
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Et comme le titre le Daily Express du 26 mars,
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C'est même pire car, écrit le quotidien britannique :
Les troupes qui combattent en Afghanistan rencontrent la résistance non seulement des talibans mais aussi des gens qu'elles sont venues aider.
Haji Pasha est le responsable de la petite ville de Ghowrak dans la province de Kandahar et voilà ce qu'il dit au colonel britannique venu l'aider en établissant un campement militaire aux abords de sa ville :
"Vous n'avez pas besoin de venir en ville, avec vos soldats qui restent à nous épier, à regarder nos femmes et qui détruisent nos terrains avec leurs véhicules. Allez dans les montagnes pour trouver les Talibans, ne nous dérangez-pas."
Les Afghans ont parfaitement compris que les soldats Occidentaux n'étaient pas là pour les aider mais pour épauler un gouvernement qu'ils honnissent :

"Pourquoi nous ne sommes pas avec vous?" demande de manière rhétorique un autre habitant. "Pourquoi nous ne vous remercions pas pour notre sécurité? Pourquoi devrions-nous faire quoi que ce soit pour notre gouvernement alors qu'il ne fait rien pour nous aider? S'il vous plaît, faites quelque chose pour nous, mais faites le à Kandahar de sorte à ce que notre gouvernement nous serve au lieu de se servir."

Face à ce genre d'arguments, la tactique des occupants est "l'écoute patiente" et la promesse d'aides. Ce qui, d'après le journal, permet d'obtenir le "soutien" de la population. Le quotidien ne nous dit pas en quoi consiste ce soutien mais considère que l'obligation qu'ont les militaires Britanniques de recourir à ces procédés et un bon indice de la "force insidieuse" des Talibans.
Ghowrak n'est pas tant une agglomération qui a besoin d'être aidée qu'un point stratégique sur l'axe de communication qu'empruentent impunément les Talibans vers la province d'Helmand où les forces britanniques leur livrent une difficile bataille terrestre.
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Seules des troupes au sol sont susceptibles de permettre la coupure de ces communications. Dans cette entreprise, les Britanniques ont été précédés de peu par les Américains qui, non contents d'avoir installé leur QG dans la ville, ont fait annoncer par la voix d'un conseiller politique (un ambassadeur, appremment Turc : Gulus Schelama) qu'ils allaient procéder à la destruction des champs de pavot des agriculteurs "sans nuire à leurs moyens de subsistance."
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Rappelons au passage que la culture du pavot n'avait pas été introduite par les Talbans (qui l'avaient même interdite en 2000). Des éléments détaillés sur la culture de cette opiacée en Afghanistan sur ce site.
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Pas à une contradiction près, l'ambassadeur poursuit :
"Je veux vous assurer que nous ne nous en prendrons pas au pavot; nous voulons seulement trouver quelque chose de mieux à cultiver pour vous. A travers le monde les gens sont dans une meilleure situation que vous et ils ne plantent pas de pavot. Vous ne devez pas le faire non plus."
Le diplomate omet de préciser qu'à travers le monde on ne doit pas forcément subir la présence de soldats Américains, Britanniques, Canadiens, Français, Espagnols, Turcs etc. Mais passons car les soldats Américains eux-mêmes reconnaissent se contrefoutre de l'opium et s'inquiéter plutôt des militants Talibans.
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A juste titre semble conclure le Telegraph :
Déloger les talibans et tenir le terrain au milieu du territoire Pashtoun s'avère d'une difficulté incommensurable pour l'OTAN. A Kandahar, l'armée canadienne a dû réduire ses plans ambitieux. Etablir une présence pernanente à 120 miles de la ville était une question de fierté pour l'OTAN, la preuve que la coalition pouvait s'implanter au coeur su territoire Taliban.
Mais l'approvisionnement des troupes dans ce secteur s'est avéré trop dangereux. Les positions de la coalition se sont déplacées vers des corridors autour de la capitale de la province. Les augures pour Ghowrak ne sont pas meilleurs.

1 commentaire:

  1. "Talibans accusé d'avoir aidé les instigateurs des attentats du 11 septembre à New-York et à Washington"

    les responsables de cette tuerie de civils sont bush et le lobby sioniste, qu'on se le dise !!!

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