Dans les commentaires qui apparaissent sur ce blog, nous voyons en temps réel l'évolution de l'argumentaire de la hasbara sioniste. C'est le même argumentaire, concocté par les parrains de la hasbara, qui nous est resservi par des exécutants dociles. Vous trouverz les mêmes thèmes et les mêmes arguments en Belgique, en Angleterre, au Canada, en Espagne, aux Etats Unis etc. Les internautes sionistes qui se chargent de mon blog, après avoir en effet utilisé les Bahais d'Iran pour étayer leurs arguments, s'en prennent maintenant à la Turquie, en particulier au traitement que son gouvernement ferait subir aux Kurdes. Or ce traitement leur indifférait jusqu'aux prises de position du premier ministre Turc puis à l'assaut contre la flottille pour Gaza et ce qui s'en est suivi au plan politique entre Ankara et les chefs du gang sioniste. Oui, car aujourd'hui encore, la coopération militaire entre Ankara et Tel Aviv se poursuit à un rythme moindre avant peut-être de se terminer. Il est cependant presque certain que la Turquie ne sera plus un des principaux débouchés de l'industrie sioniste d'armement.
Cette référence aux Kurdes relativement à la Turquie nous dit tout sur la mentalité sioniste Pour les sionistes, ne compte que ce qui est conforme à leurs intérêts, ils sont dénués de principes et prompts à l'amnésie quant à leurs agissements : ils ont déjà oublié leurs longues années de coopération étroite avec la Turquie, oublié leur coopération avec la dictature argentine, oublié leurs étroites relations sur les plans politique et militaire avec le régime d'apartheid. Nietzsche disait je crois que l'amnésie caractérisait le surhumain. Mais les sionistes ont une amnésie fort sélective et sont, quand il s'agit de leurs intérêts d'une rancune tenace. Et somment le monde entier de se souvenir. De quoi au juste?.
Aux Etats Unis, les sionistes sont en train de ressortir le dossier du génocide arménien. En effet, après avoir longtemps contribué activement aux efforts des autorités turques pour contrecarrer l'adoption d'une résolution du Congrès des Etats Unis, le lobby sioniste est en train de retourner sa veste et va peut-être plaider pour que cette résolution soit adoptée. Les dirigeants du lobby font déjà assaut de déclarations sincèrement hypocrites sur leur revirement. Or, ce revirement ne tient absolument pas au fait que les sionistes auraient ouvert les yeux sur la souffrance de l'Autre, il témoigne simplement de la dégradation des relations avec la Turquie. Nous verrons comment le lobby sioniste va finalement se positionner sur cette affaire, cela dépendra évidemment de l'état des relations du gang sioniste avec Ankara, mais ce qui est sûr, c'est que si le lobby sioniste fait finalement pression pour une reconnaissance américaine du génocide arménien, même les membres les plus atlantistes de l'élite politique turque l'interpréteront comme un casus belli qui aura des conséquences irrévocables.
En attendant de voir comment cette affaire va évoluer, je cous propose cet article d'un journaliste Américain d'origine arménienne et ses déboires avec le lobby sioniste quand il s'est mis en tête de faire un papier sur le pacte entre les autorités turques et le régime sioniste au sujet du génocide arménien.
J'avais essayé une fois de dénoncer le déni du génocide arménien par le lobby israélien - et j'avais dû quitter mon job.
par Mark Arax, Salon.com (USA) 16 juin 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Certains des plus puissants dirigeants de la communauté juive américaine ont récemment franchi une étape vers la reconnaissance du génocide arménien de 1915 commis par la Turquie ottomane.
A première vue, cela semble banal. En tant que victimes de l'holocauste, on pouvait s'attendre à voir les Juifs aux côtés des Arméniens et de leur tragédie. Après tout, les massacres et les marches de la mort à travers l'Anatolie dans les heures sombres de la première guerre mondiale devinrent un modèle pour Hitler lui-même.
Mais cette reconnaissance soudaine du génocide arménien marque en réalité un revirement sans vergogne de la part des grandes organisations juives américaines. Pendant des dizaines d'années, elles ont aidé la Turquie à occulter son passé meurtrier. Chaque année, le lobby israélien aux Etats Unis a joué un rôle discret mais essentiel en faisant pression sur le Congrès, le Département d'Etat et les présidents successifs pour empêcher l'adoption de simples résolutions du Congrès pour commémorer le million et demi de victimes arméniennes.
Ce n'est pas bien de nier le génocide, concèdent-elles maintenant, mais elles l'avaient fait pour Israël. Elles l'avaient fait par gratitude envers la Turquie, seul et unique allié musulman d'Israël.
Le jeu a changé maintenant. Israël et la Turquie sont coincés dans une querelle au sujet de la flottille pour les Palestiniens qui a été interceptée en haute met par Israël. La Turquie est scandalisée par le meurtre de neuf de ses ressortissants à bord. Israël est outrée qu'un pays avec un passé comme celui de la Turquie ose juger de la moralité de l'Etat juif.
Le génocide arménien est donc devenu une nouvelle arme entre les mains d'Israël et de ses partisans aux Etats Unis, un moyen de menacer la Turquie, des représailles entre connivents: Hé, la Turquie, si tu veux jouer au méchant avec Israël, si tu veux nous donner des leçons sur les violations des droits de l'homme, nous pouvons facilement aller dans l'autre direction sur le génocide arménien. Fini d'arpenter les couloirs du congrès pour défendre votre cause honteuse.
Si je donne l'impression d'être cynique avec tout ça, c'est peut-être que c'est le cas.
Printemps 2007, j'avais écrit un article qui révélait comment le déni du génocide avait fait l'objet d'un vilain petit pacte entre la Turquie et Israël avec son lobby aux Etats Unis.
Cet article, ainsi qu'il s'est avéré par la suite, fut mon dernier article pour le Los Angeles Times, le seul dans mes vingt ans de carrière être éliminé à la veille de sa publication.
Trois ans après, je peux encore m'entendre en présenter les contours à un de nos chefs de rédaction du bureau de Washington.
Des dissensions sur le déni du génocide commencent à apparaître à l'intérieur de la communauté juive. Si vous écoutez attentivement, vous pouvez entendre les frémissements d'un débat.
D'un côté, se trouvaient les conservateurs, les lions dévoués au Likoud dans les grandes organisations juives qui se faisaient les champions des vertus de la Turquie, le premier pays musulman à reconnaître formellement Israël. Tant qu'Ankara continuait à coopérer avec Israël pour des exercices militaires et à acheter de l'armement israélien, elle méritait un traitement particulier. Israël elle -même avait adopté officiellement une politique de négation du génocide arménien. Ses partisans aux Etats Unis étaient obligés de faire de même.
De l'autre côté se trouvaient des Juifs plus progressistes qui ne pouvaient encaisser l'idée que des survivants de l'holocauste œuvrent avec autant de diligence pour effacer la mémoire du génocide d'un autre peuple. Comment des dirigeants Juifs dont tous les sens étaient tournés vers la détection de négateurs de l'holocauste parmi nous, qui étaient allés au bout du monde pour pourchasser les comparses d'Hitler peuvent-ils maintenant s'engager aux côtés des patrons du génocide?
C'était le genre d'hypocrisie qui faisait sonner le vœu "Plus jamais ça" comme quelque chose d'exclusif, un abri réservé à certains.
Mon chef d'agence était intrigué. Il avait un sujet important et d'actualité qu'aucun journal ou magazine n'avait traité. Le fait que j'étais le petit fils de survivants du génocide arménien ne semblait pas avoir suscité en lui de quelconques réticences. Au contraire, mon origine ethnique me donnait une connaissance utile des problèmes et des acteurs.
Je savais que des spécialistes du domaine des études sur l'holocauste considéraient le génocide arménien comme un antécédent aux échos effrayants. Et des universitaires Juifs condamnaient ouvertement la longue campagne de dénégation de la Turquie, la voyant comme ma poursuite psychologique du traumatisme lié au génocide.
Mais ces mêmes universitaires sont majoritairement restés silencieux quand on en venait au rôle en coulisses d'Israël et de son lobby aux Etats Unis - l'Anti-Defamation League, l' American Israel Public Affairs Committee, les think tanks néoconservateurs et les faucons de l'administration Bush - jouaient leur rôle dans ce déni.
C'est l'histoire que je voulais raconter au moment où la loi de commémoration devait passer en commission ce mois d'avril là - le mois au cours duquel les Américains commémorent leurs martyrs.
La seule condition de mon chef d'agence était qu'aucune interview ne soit non sourcée. "Des sources non nommées ne marcheront pas dans ce cas," avait-il dit.
Je me suis rendu à Wilshire Boulevard pour taper à la porte du consulat de Turquie. Le diplomate en poste, un homme poli en costume trois pièces, s'est demandé comment les événements de 1915 pouvaient constituer un génocide si, en tant qu'Arménien, je me trouvais littéralement debout devant lui.
"Donc vos deux grands parents ont survécu, hein" m'avait-il dit sur un ton accusateur.
Je me suis mis à la recherche de Yair Auron, le professeur de l'Open Universiy d'Israël qui avait écrit ce livre fondateur de 2003, "The Banality of Denial: Israel and the Armenian Genocide."
Il l'avait écrit empli de honte, avait-il dit. "Le déni du génocide arménien dans la diaspora juive est étroitement associé à la politique de déni en Israël. Ce n'est rien moins qu'une trahison de l'héritage moral de l'holocauste."
Je suis alors allé voir les hypocrites et les négationnistes qui trônaient à la tête des grandes organisations juives américaines. Aucun n'a été aussi direct qu'Abraham Foxman, le responsable de l'Anti-Defamation League à New York. Le génocide arménien était devenu son bâton bien pratique pour maintenir la Turquie dans le droit chemin.
Foxman venait juste de rentrer d'une réunion avec des dirigeants militaires et politiques Turcs pour discuter des pressions sur le Congrès, le Département d'Etat et le président Bush pour éviter une fois de plus l'adoption d'une résolution sur le génocide.
"Notre centre d'attention est Israël," avait-il expliqué. "Si aider la Turquie sert Israël, alors c'est ce que nous nous chargeons de faire."
Mais une telle ligne de conduite aurait dû être très inconfortable pour un dirigeant juif quand il est question de génocide.
"Etait-ce un génocide?" avait-il dit. "C'était la guerre. Les choses deviennent embrouillées."
Il doutait que l'adoption d'un texte au Congrès puisse aider à "réconcilier" les différences entre Turcs et Arméniens, comme si tout ça n'était qu'une dispute conjugale qui avait besoin d'un retour au calme.
"Les Turcs et les Arméniens ont besoin de revisiter leur passé. La communauté juive ne devrait pas être l'arbitre de cette histoire. Et je ne crois pas que le Congrès des Etats Unis devrait l'être non plus."
Il tirait ses arguments directement du script turc. J'ai carrément dû revisiter son site web pour m'assurer que l'ADL était toujours préoccupée par la lutte non seulement contre l'antisémitisme mais aussi contre la "bigoterie et l'extrémisme" et pour "garantir une justice et un traitement équitable pour tous."
J'ai remarqué que le génocide avait déjà bien été documenté dans sa réalité par de nombreux historiens éminents. Et que le Congrès reconnaît l'histoire de toutes sortes de peuples. Des résolutions commémorent les victimes de l'holocauste par exemple.
"Vous ne sous-entendez pas que le génocide arménien est la même chose que l'holocauste, n'est-ce-pas?"
J'ai essayé de faire le parallèle qu'ont tracé les historiens, mais Foxman l'a perçu comme un affront. Le caractère unique de l'holocauste était dévalué par les Arméniens qui cherchaient à lui monter sur le dos.
Etes-vous Arménien?" m'avait-il finalement demandé.
"Aurait-ce de l'importance si c'était le cas?" avais-je répondu. "Des journalistes noirs s'intéressent aux droits civiques. Des journalistes Latino parlent de l'immigration. Des journalistes Juifs écrivent sur les négateurs de l'holocauste. Nous sommes journalistes."
J'ai écrit l'article et je l'ai transmis. Mon chef d'agence à Washington était satisfait. Il avait atterri sur la maquette du weekend, en bon candidat pour la une.
Le weekend vint puis passa, mais l'article ne parut pas. J'appelais le chef d'agence pour lui demander s'il y avait un problème. Il était désolé de dire que l'article avait été exécuté - sur un ordre de dernière minute du rédacteur en chef.
"Mais pourquoi?" avais-je demandé.
"Votre partialité," avait-il dit
"Ma partialité?"
Ca m'a alors frappé. Alors même que le journal présentait un autre de mes articles pour le prix Pulitzer pour cet article j'étais un Arménien.
L'explication officielle était un modèle du genre. Le rédacteur en chef disait que je n'étais pas un journaliste objectif parce que j'avais une fois signé une pétition affirmant que le génocide arménien était un fait historique.
Je n'ai jamais signé une telle pétition. Mais si je l'avais fait, en quoi aurait-ce été la preuve d'un biais? Notre propre livre de règles de conduite au Times admettait le génocide comme un fait historique.
"Diriez-vous à un journaliste juif qu'il ne devrait pas écrire sur le déni de l'holocauste parce qu'il croit que l'holocauste est un fait? avais-je demandé.
Sa réponse fut de réaffecter mon article à un collègue qui couvrait le Congrès à Washington. Le fait que ce reporter était juif - et que l'article traitait de la négation juive du génocide - se semblait pas gêner le rédacteur en chef. La collègue, qui n'a peut-être pas eu le choix dans cette affaire, a vidé mon article de sa substance. Quand il en a eu terminé, il n'était plus du tout question du négationnisme juif.
Après un vilain combat public, j'ai démissionné du journal. Le rédacteur en chef sera par la suite poussé vers la porte de sortie quand une enquête interne démontra que mon article était factuel et sans parti pris.
Ces jours ci, je suis un observateur plus qu'attentif de la nouvelle guerre froide qui s'est déclenchée entre la Turquie et Israël est ses partisans.
Que dire de ce rush des dirigeants Juifs - depuis l'American Israel Public Affairs Committee à Washington jusqu'à un conseiller municipal de Los Angeles nommé Jack Weiss - qui ces dernières semaines ont admis leur rôle dans le déni du génocide?
"Franchement, ce n'était pas convenable de la part des Juifs compte tenu que nous avons également été victimes d'un génocide," écrit Weiss dans un article peu élégant paru dans the Jewish Journal.
Comment rendre compte de ces confessions soudaines? Un accès de remords? Une purification de l'âme? J'ai peur que non. Ce ne sont pas du tout des confessions. Au contraire, ce sont des rappels de la dette de la Turquie envers Israël - et elles viennent dans un élan agressif.
La semaine dernière, quatre professeurs Juifs des universités Georgetown et Bar-Ilan ont exhorté le premier ministre Israélien Benjamin Netanyahou à reconnaître officiellement le génocide arménien. Pends ça dans les dents, Turquie!
Quelle sera la réaction d'Ankara? La peur d'une reconnaissance du génocide, qu'elle considère comme une question de sécurité nationale, amènera-t-elle finalement la Turquie à adoucir ses accusations d'apartheid contre Israël et à redevenir un allié accommodant?
Et que dire des Arméniens et de leur lobby? Ne sont-ils pas coupables d'avoir observé passivement l'agression contre la flottille et de penser maintenant que les vents de la géopolitique tournent en ce moment en leur faveur? Deviendront-ils les intimes de ces dirigeants Juifs soudainement désireux de s'emparer de leur génocide? Ou leur diront-ils "merci, mais c'est non" pour s'associer à la Turquie en faveur de la cause palestinienne?
Nous le saurons seulement en avril, quand la résolution sur le génocide reviendra au Congrès.
Mark Arax est l'auteur de plusieurs livres dont son tout dernier, "West of the West."