Comment ont-ils fait pour devenir si riches ? Telle est la question que pose l’article que je vous livre aujourd’hui.
Ce « ils », ce sont les Juifs aux Etats Unis et la question est typiquement antisémite.
Comme la réponse dans laquelle nous trouvons tous les poncifs de l’antisémitisme occidental.
Par exemple, nous apprenons que « ils » sont dans tous les centres de pouvoir. Ou encore qu’il y a eu une pègre juive, l’équivalent de la mafia italienne avec ses parrains.
Ou encore, que 46 % des Juifs gagnent plus de 100 000 $ par an contre 19 % de l’ensemble des Américains.
Que donc les Juifs sont plutôt riches voire même très riches puisque 100 des 400 milliardaires de la liste établie par Forbes des personnes les plus riches sont des Juifs.
En fait quand on analyse même sommairement les chiffres qu’on nous donne on a surtout l’impression qu’il y a une plus forte présence d’une minorité richissime dans la minorité juive et que le niveau de vie du Juif « moyen » est assez proche de la norme du pays où il vit.
Fin de la parenthèse.
Autre poncif antisémite : d’après cet article les Juifs auraient largement pris le contrôle de l’industrie cinématographique des Etats Unis !
Et puis que le « capitalisme est bon pour les Juifs » et que les Juifs ont « des compétences pour fonctionner en réseau » et qu’ils «avaient un réseau de connexions au niveau mondial bien avant les autres nations, et une communauté forte et solidaire ».
Dans une émission de Frédéric Taddéi, j’avais entendu un certain Alain Soral se faire accuser d’avoir remis au goût du jour le « complot judéo-maçonnique » avec ses histoires de «réseaux» justement.
Pourtant l’article que je vous propose n’est pas d’Alain Soral ni d’un quelconque adepte antisémite du «complot judéo-maçonnique» mais d’une certaine Tani Goldstein et est paru dans le Yediot Aharonot, un des principaux journaux de l’Etat qui se dit « juif ».
Depuis leur arrivée aux Etats Unis il y un siècle, les juifs sont devenus le groupe religieux le plus riche de la société américaine. Ils ne constituent que 2 % de la population US mais 25 % des 400 Américains les plus riches. Comment cela s’est-il produit et à quel point leur aide est-elle cruciale pour Israël?par Tani Goldstein, Yediot Aharonot (Sionistan) 26 octobre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri
Le président du Congrès Juif Mondial Ronald Lauder a déclenché une polémique récemment en appelant Israël a entamer immédiatement des discussions de paix avec les Palestiniens. Cette déclaration a été perçue comme étant une critique à l’égard du premier ministre Benjamin Netanyahou qui est un ami personnel de Lauder.
Par la suite, Lauder a réitéré son soutien “sans équivoque” à Netanyahou et à des “politiques qui cherchent à créer une paix durable au Moyen Orient.”.
Les propos de Lauder ont fat la une de la presse et suscité des réactions aussi bien d’enthousiasme que de mécontentement, pas seulement en raison de son rôle important mais aussi – et surtout – parce que c’est un homme très riche.
Le magazine Forbes évalue sa fortune à 2,7 milliards de dollars. Sa famille possède le géant des cosmétiques Estée Lauder, il est l’un des plus grands collectionneurs du monde et il possède des dizaines de chaînes de télévision et medias aux Etats Unis et dans le monde, dont 25 % de la chaîne israélienne Channel 10 TV. Il est un important donateur pour d’innombrables organisations juives et israéliennes, ainsi que pour des organismes publics et des officiels – dont Netanyahou.
Des Juifs dans tous les centres de pouvoir.
Lauder n’est absolument pas le seul Juif Américain à donner de l’argent à Israël tout en exerçant une influence sur la pays. De nombreux adultes Israéliens avaient l’habitude de recevoir un colis de la part d’un « riche oncle en Amérique » pendant leur enfance. Des milliers d’organisations, dont les hôpitaux et les universités, reçoivent des milliards de shekels en dons en provenance des Etats Unis. Une étude de l’Université hébraïque a constaté qu’ils représentent environ les 2/3 de l’ensemble des dons en Israël.
Tout nouvel immigrant reçoit une aide de la part de l’Agence Juive dont le budget est constitué pour l’essentiel de dons venant des Etats Unis. Beaucoup d’entre nous vivent sur des terrains qui appartiennent au Fonds national Juif qui les a achetées aux Arabes avec de l’argent juif américain. Un élève d’une école religieuse ultra-orthodoxe reçoit 1000 shekels (295 $) par mois et 3 000 shekels (885 $) de plus de la part des donateurs ultra-orthodoxes Américains. Sans compter l’aide fédérale [du gouvernement US], dont une part significative vient des impôts payés par les Juifs.
La Jewish Encyclopedia enligne indique que quelque 5,6 millions de Juifs résident aux Etats Unis (sans compter 500 000 Israéliens) – soit environ 1,8 % de la population. La plupart d’entre eux habitent des villes riches : Los Angeles, Miami, Boston, Philadelphie et surtout New York.
Une étude du Pew Forum Institute en 2008 observe que les Juifs sont le groupe le plus riche aux Etats Unis: 46 % des Juifs gagnent plus de 100 000 $ par an contre 19 % chez l’ensemble des Américains. Une autre enquête réalisée par gallup cette année constaté que 70 % des Juifs Américains jouissent d’un « niveau de vie élevé » conte 60 % de l’ensemble de la population et plus que n’importe quel autre groupe religieux.
Plus de 100 des 400 milliardaires de la liste établie par Forbes des personnes les plus riches sont des Juifs. Six des vingt sociétés de capital-risque des Etats Unis appartiennent à des Juifs, selon Forbes.
Le fondateur de Google Sergey Brin est de père juif [et n’est donc pas juif selon la loi juive, NdT]. Mark Zuckenberg, le créateur de Facebook, est Juif, tout comme son adjoint David Fischer qui est le fils de Stanley Fischer, le gouverneur de la Banque d’Israël. Le président de la Federal Reserve Ben Shalom Bernanke est Juif lui aussi, comme son prédécesseur Alan Greenspan ainsi que le fondateur de la Fed, Paul Warburg.i.
Les Juifs sont bien représentés à Wall Street, dans la Silicon Valley, au Congrès des Etats Unis, dans le gouvernement, à Hollywood, à la télévision et dans la presse américaine – bien au-delà du pourcentage qu’ils représentent sans la population.
De laville aux ruelles de Brooklyn
Les Etats Unis sont un des pays les plus riches du monde, ce qui fait des Juifs Américains un des groups ethniques les plus riches de l’univers. L’histoire de leur réussite est encore plus phénoménale si on considère la rapidité de leur accès à la richesse.
Quelques milliers de Juifs à peine vivaient aux Etats Unis au moment de leur indépendance le 4 juillet 1776; c’étaient en majorité des Marranes et des gens qui étaient exiles ou avaient fui l’Espagne en direction des colonies d’Amérique du Nord.
A la moitié du 19ème siècle, quelque 200 000 Juifs immigrèrent aux USA, venant majoritairement d’Allemagne et d’Europe Centrale. La plupart d’entre eux étaient des Juifs réformés, bien établis, qui se voyaient eux-mêmes comme des Allemands ou des Américains plus que comme des Juifs. Ils se dispersèrent sur le continent et lancèrent des affaires, depuis les petites boutiques ou fabriques jusqu’à des mastodontes financiers comme Lehman Brothers et Goldman Sachs.
La grande vague d’immigration débuta en 1882. La Russie tsariste où se trouvait près de la moitié des Juifs du monde entier avait connu un échec de sa révolution industrielle et se trouvait au bord de l’effondrement, tandis que les Juifs qui vivaient dans de petites villes s’appauvrissaient et subissaient de cruels pogroms.
En 42 ans, quelque deux millions de Juifs immigrèrent aux USA à partir de l’Ukraine, de la Russie occidentale, de la Pologne, de la Lituanie, de la Belarus et de la Roumanie Ils représentaient le quart de la population juive de ces pays, environ 15 % de la population juive mondiale et 10 fois le nombre de juifs qui avaient émigré en Palestine à cette époque.
Les Etats Unis devinrent la plus grande concentration de Juifs au monde. L’émigration de masse vers Israël débuta en 1924 quand les Etats Unis appliquèrent des lois plus strictes qui stoppèrent l’immigration.
Les immigrants arrivaient aux Etats Unis à bord de bateaux bondés, et la plupart d’entre eux étaient pauvres comme Job. Le Dr Robert Rockaway qui a étudié cette période a écrit que 80 % des juifs des USA exerçaient une activité manuelle avant la première guerre mondiale, en majorité dans des usines textiles.
Beaucoup d’activités professionnelles étaient interdites aux juifs en raison d’une campagne antisémite animée par l’industriel Henry Ford. La plupart d’entre eux vivaient dans des bidonvilles insalubres et surpeuplés de New York – Brooklyn et le Lower East Side.
De nombreux films ou livres décrivent l’univers qui s’est créé dans ces quartiers. Plein de vie mais rude et brutal. Il y avait une culture animée avec des cabarets et de petits théâtres yiddish, à côté d’une mafia juive avec des patrons de la pègre bien connus comme Meyer Lansky, Abner « Longie » Zwillman et Louis « lepke » Buchalter qui avaient grandi dans les ruelles sales.
Beaucoup de juifs, qui étaient socialistes en Europe, devinrent actifs dans les syndicats et dans les grèves et manifestations de travailleurs. Beaucoup de syndicats furent créés par des Juifs.
Les immigrants Juifs sont cependant sortis de la pauvreté et ont progressé plus vite que n’importe quel autre groupe d’immigrants. Selon Rockaway, dans les années 1930, environ 20 % des hommes Juifs exerçaient une profession indépendante, un proportion double de celle qu’on observe dans l’ensemble de la population américaine.
L’antisémitisme s’est affaibli après la seconde guerre mondiale et les restrictions au recrutement de Juifs diminuèrent avant de disparaître conformément au Civil Rights Act de 1964, grâce à la lutte de militants de gauche dont beaucoup étaient Juifs.
En 1957, 75 % des Juifs US étaient des travailleurs en col blanc, contre 35 % de l’ensemble des blancs aux Etats Unis; e, 1970, 87 % des homes Juifs exerçaient dans des employés de bureau contre 42 % pour l’ensemble des blancs; et les Juifs gagnaient 72 % de plus que la moyenne générale de la population. Le seul vestige de leur ancienne pauvreté est qu’ils sont une majorité à continuer à être favorable à une politique sociale dans le parti Démocrate.
En devenant plus riches, les Juifs se sont intégrés dans la société. Ils ont quitté leurs taudis pour les banlieues, abandonné le yiddish et adopté l’habillement, la culture, l’argot et les habitudes de consommation et le type de relations homme-femmes de l’élite non juive.
La plupart des Juifs avaient abandonné la religion en immigrant aux Etats Unis mais y sont retournés par la suite et ont rejoint les communautés conservatrices et réformées, se rapprochant ainsi beaucoup des Américains qui sont en majorité de religion chrétienne.
'Les Juifs ont toujours étudié plus'
En même temps que les Juifs, des millions d’immigrants étaient arrives aux Etats Unis en provenance d’Irlande, d’Italie, de Chine et de dizaines d’autres pays. Ils se sont eux aussi enracinés depuis, mais les Juifs ont mieux réussi que n’importe qui. Pourquoi ? Tous les spécialistes auxquels nous avons posé la question ont dit que la raison en était l’éducation juive. L’organisation étudiante juive Hillel a constaté que 9 à 33 % des étudiants des plus grandes universités des USA étaient Juifs.
« La tradition juive a toujours sanctifié l’étude, et les Juifs ont fait l’effort d’étudier dès leur arrivée en Amérique, » explique Danny Halperin, ancien chargé des affaires économiques à l’ambassade d’Israël à Washington. « En outre, les Juifs ont une forte tradition entrepreneuriale. Les Irlandais par exemple, venaient de familles de travailleurs agricoles avec une mentalité différente, où on étudie moins et on entreprend moins.
“Les Juifs ont progressé parce que beaucoup de secteurs leur étaient inaccessible,” explique Halperin. « beaucoup d’Irlandais ont été intégrés dans la police par exemple, mais seulement quelques Juifs. Les Juifs ont accédé à des domaines nouveaux dans lesquels on avait besoin de personnes ayant le sens de l’initiative. Ils n’ont pas rejoint le secteur bancaire traditionnel, ils ont alors crée des banques d’investissement. »
“L’industrie cinématographique a été créée à partir de rien dans les années 1930, et les Juifs en ont largement pris le contrôle. A ce jour, il a beaucoup de noms juifs aux échelons supérieurs de Hollywwod et des réseaux de télévision. Ils ont ensuite aussi investi avec force la haute technologie – une autre industrie nouvelle qui requiert des aptitudes pour l’apprentissage. »
‘Grand père est arrivé avec deux dollars, papa a fait un doctorat’
“Les Juifs ont été les premiers à connaître la globalisation, » explique Rebecca Caspi, vice présidente des Jewish Federations of North America (JFNA). « Ils avaient un réseau de connexions au niveau mondial bien avant les autres nations, et une communauté forte et solidaire ».
“L’organisation communautaire juive est considérée comme un modèle à imiter par les autres groups ethniques. Elle a aidé les Juifs partout et particulièrement aux Etats Unis qui ont été toujours beaucoup plus ouverts que d’autres pays et ont offert l’égalité des chances sans toutefois aider les individus. »
Comment les institutions communautaires aident-elles les gens à réussir dans les affaires?
“L’entraide a permis aux Juifs pauvres d’étudier. Ma famille est un exemple de ce qui est arrivé à des millions [de Juifs]. Mon grand-père était arrivé à New York avec deux dollars en poche. Il a vendu des crayons, puis des pantalons et ensuite d’autres choses, et dans le même temps il apprenant l’anglais, l’allemand et l’espagnol et nouait des relations.
«Il avait cinq enfants et la famille avait une petite boutique à Brooklyn. Ils ont eu une aide de l’organisation juive HIAS qui leur a permis d’étudier. Ils étaient si pauvres qu’ils n’avaient pas assez d’argent pour les manuels, alors les frères se sont entraidés. Mon père était le plus jeune et au moment où il est entré à l’université, ses quatre frères plus âgés avaient pu s’établir, alors ils l’ont tous aidé à terminer ses études de médecine.»
“Les Juifs devaient exceller pour survivre,” explique Avia Spivak, professeur d’économie et ancien vice gouverneur de la Banque d’Israël. « J’ai eu à une époque un étudiant d’origine russe qui m’avait dit que des parents lui disaient, ‘Tu dois être le meilleur, parce qu’alors tu pourras avoir un petit rôle.’
«C’était la situation des Juifs à l’étranger et en Amérique aussi jusque dans les années 1960. Les universités les plus prestigieuses ne prenaient pas d’étudiants Juifs, alors ils étudiaient dans des facultés [colleges] et obtenaient les meilleurs diplômes. Quand la discrimination a disparu, les Juifs sont arrivés au sommet.»
Est-ce la raison pour laquelle ils ont mieux réussi aux Etats Unis qu’ailleurs?
La discrimination s’est atténuée dans la plupart des pays. Je pense que les Juifs ont réussi en particulier en Amérique parce que le capitalisme est bon pour les Juifs. Les Juifs ont l’esprit d’entreprise, ils étudient plus et comprennent vite, ils savent comment saisir les opportunités et ont des compétences pour fonctionner en réseau. Un environnement compétitif donne un avantage aux Juifs. »
Est-ce la raison pour laquelle les israéliens ne sont pas aussi riches que les Américains Juifs?
«Je pense que le ‘génie juif’ – qui n’et pas de nature génétique mais culturelle – s’exprime dans d’autres domaines en Israël. Les Juifs en Amérique sont arrivés dans un pays avec une infrastructure existante, stable et solide. Ici, ils ont dû bâtir toute l’infrastructure à partir de rien, dans des conditions difficiles. »
‘Le gouvernement [sioniste] décourage l’aide, mais elle continuera
Il est hors de doute que l’immense réussite des Juifs Américains a aide les Juifs à survivre en Israël.
“L’aide est plus large que les dons effectués,” explique Caspi. « L’aide fédérale arrive largement grâce aux pressions juives. Les milieux d’affaires israéliens se servent de leurs relations en Amérique pour ouvrir des marchés et lever des fonds, particulièrement dans le domaine du capital-risque. »
L’aide américaine renforce la connexion entre les deux communautés – qui constituent ensemble près de 80 % du peuple juif – mais crée aussi un malaise des deux côtés : les Américains voient Israël comme un «refuge en cas de mauvais jours» et se sentent engagés à aider l’Etat, mais certains pensent que leur argent est gaspillé à cause de mauvais choix ; les Israéliens vivent dans la crainte de qui arriverait si l’aide devait cesser. La crainte augmente compte tenu du fait qu’un tiers des Juifs US se marient avec des non Juifs et disent se sentir moins concernés par Israël.
“Israël aurait été créée et aurait survécu même sans l’aide américaine, mais elle aurait été plus pauvre, » déclare Halperin. « Il y a des secteurs, comme l’enseignement supérieur, dans lesquels l’aide est vitale – et si elle disparaissait soudainement, les choses seraient très difficiles. »
Chaque fois qu’il y a des tensions entre le gouvernement israélien et les Juifs en Amérique, des personnalités Israéliennes et Américaines préviennent que «un jour ils en auront assez et cesseront de donner.» Cela peut-il arriver ?
“Le montant des dons a diminué ces dernières années,” explique Halperin. « Les Juifs on un sentiment d’appartenance à la société américaine et font leurs dons auprès d’organisations américaines. Ils veulent voir leurs noms au musée de New York plutôt que dans celui de Jérusalem.
“Avec l’éloignement dans le temps de l’holocauste, les craintes pour l’existence d’Israël diminuent, israël n’est plus perçu comme un pays pauvre. Et les Américains ont leurs propres problèmes : la crise financière et le coût de plus en plus élevé de l’éducation aux Etats Unis. Les dons vont baisser graduellement et pourraient finir par disparaître. »
«Mais j’ai du mal à croire que les dont vont disparaître tout d’un coup à cause d’une crise politique. Il semble que notre gouvernement fasse tout son possible pour que cela arrive, mais heureusement, même de cela il n’est pas capable.»