Aux Etats Unis comme en Grande Bretagne, les institutions d'enseignement suscitent un fort sentiment d'appartenance chez ceux qui les ont fréquentées. Ce sentiment d'appartenance se traduit de bien des manières, entre autres par des dons ou des legs de la part d'anciens élèves ou étudiants. Une manière utile de marquer sa reconnaissance envers l'institution qui a contribué à vous former.
Une reconnaissance dont Bruce Kesler ne veut plus témoigner vis-à-vis du Brooklyn College où il fut étudiant dans les années 1960 puisqu'il vient de décider de retirer cet établissement d'enseignement supérieur de son testament. C'est que M. Kesler a effectivement de vifs reproches à adresser à son ancien établissement car ce dernier, eu la fâcheuse idée d'imposer à ses nouveaux étudiants la lecture d'un livre commis par un certain Moustafa Bayoumi.
Ce n'est pas exactement le fait qu'une lecture soit imposée qui gêne cependant M. Kesler. En effet, il s'agit là d'une pratique courante en vue de la constitution d'une expérience commune aux nouveaux étudiants afin de commencer à forger une sorte d'esprit de corps par l'échange sur un objet de connaissance commun.
Non, ce qui perturbe M. Kesler, c'est qu'on impose la lecture d'un livre écrit par un "pro palestinien extrémiste."
Mostafa Bayoumi, professeur précisément au Brooklyn College, est pourtant un universitaire réputé et son livre sur le vécu de jeunes d'origine arabe aux Etats Unis s'inscrit dans une veine littéraire qui remonte aux Etats Unis au moins à W.E.B. Du Bois que certains d'entre vous ont peut-être eu l'occasion d'aborder dans le cadre de l'enseignement de la langue anglaise. Il est vrai que Du Bois était, pour son époque, un véritable extrémiste, un communiste!
Bayoumi ne me semble pas communiste, mais il affirme quelque part selon Kesler, que la problématique au coeur du conflit du Proche Orient est le non exercice du droit à l'auto détermination du peuple palestinien. D'un point de vue sioniste, c'est effectivement inacceptable. Le livre incriminé a, signalons le, remporté l'American Book Award en 2009, ce qui doit à peu près équivaloir au prix Goncourt en France. Difficile de qualifier ce genre de livre d'extrémiste!
On aurait tort de penser que ce Kesler s'est saisi tout seul de cette affaire. Il a probablement été alerté par un de ces comités de vigilance sioniste qui sévissent dans nombre de campus aux Etats Unis; à moins qu'il n'ait lui-même mis sur pied un tel comité.
La suggestion (le mot est faible) de Kesler et de ses amis de proposer un autre livre offrant un point de vue contradictoire fait l'objet d'un commentaire judicieux d'un lecteur:
"Nous avions dû lire "La Nuit" d'Elie Wiesel pour notre entrée à l'université. Kesler aurait-il voulu que nous lisions aussi "Mein Kampf?""
Un ancien diplômé du Brooklyn College "déshérite" l'établissement à cause d'une lecture imposée
Une reconnaissance dont Bruce Kesler ne veut plus témoigner vis-à-vis du Brooklyn College où il fut étudiant dans les années 1960 puisqu'il vient de décider de retirer cet établissement d'enseignement supérieur de son testament. C'est que M. Kesler a effectivement de vifs reproches à adresser à son ancien établissement car ce dernier, eu la fâcheuse idée d'imposer à ses nouveaux étudiants la lecture d'un livre commis par un certain Moustafa Bayoumi.
Ce n'est pas exactement le fait qu'une lecture soit imposée qui gêne cependant M. Kesler. En effet, il s'agit là d'une pratique courante en vue de la constitution d'une expérience commune aux nouveaux étudiants afin de commencer à forger une sorte d'esprit de corps par l'échange sur un objet de connaissance commun.
Non, ce qui perturbe M. Kesler, c'est qu'on impose la lecture d'un livre écrit par un "pro palestinien extrémiste."
Mostafa Bayoumi, professeur précisément au Brooklyn College, est pourtant un universitaire réputé et son livre sur le vécu de jeunes d'origine arabe aux Etats Unis s'inscrit dans une veine littéraire qui remonte aux Etats Unis au moins à W.E.B. Du Bois que certains d'entre vous ont peut-être eu l'occasion d'aborder dans le cadre de l'enseignement de la langue anglaise. Il est vrai que Du Bois était, pour son époque, un véritable extrémiste, un communiste!
Bayoumi ne me semble pas communiste, mais il affirme quelque part selon Kesler, que la problématique au coeur du conflit du Proche Orient est le non exercice du droit à l'auto détermination du peuple palestinien. D'un point de vue sioniste, c'est effectivement inacceptable. Le livre incriminé a, signalons le, remporté l'American Book Award en 2009, ce qui doit à peu près équivaloir au prix Goncourt en France. Difficile de qualifier ce genre de livre d'extrémiste!
On aurait tort de penser que ce Kesler s'est saisi tout seul de cette affaire. Il a probablement été alerté par un de ces comités de vigilance sioniste qui sévissent dans nombre de campus aux Etats Unis; à moins qu'il n'ait lui-même mis sur pied un tel comité.
La suggestion (le mot est faible) de Kesler et de ses amis de proposer un autre livre offrant un point de vue contradictoire fait l'objet d'un commentaire judicieux d'un lecteur:
"Nous avions dû lire "La Nuit" d'Elie Wiesel pour notre entrée à l'université. Kesler aurait-il voulu que nous lisions aussi "Mein Kampf?""
Un ancien diplômé du Brooklyn College "déshérite" l'établissement à cause d'une lecture imposée
The Gothamist (USA) 30 août 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Ancien diplômé de la faculté de Brooklyn, Bruce Kesler a retiré son ancien établissement de son testament en raison de ce qu'il qualifie d'une lecture imposée "inacceptable". Comme beaucoup d'établissements, le Brooklyn College demande à tous ses nouveaux étudiants de lire un livre avant la rentrée; cette "expérience comune" est supposée contribuer à tisser des liens entre étudiants. Cette année, l'école a choisi "How Does It Feel To Be A Problem?: Being Young and Arab in America" [Qu'est-ce que ça fait d'être un problème?: Etre jeune et arabe en Amérique] du professeur de la faculté de brooklyn Moustafa Bayoumi, que Kesler décrit comme un "pro palestinien extrémiste."
Kesler écrit sur son blog:
Ancien diplômé de la faculté de Brooklyn, Bruce Kesler a retiré son ancien établissement de son testament en raison de ce qu'il qualifie d'une lecture imposée "inacceptable". Comme beaucoup d'établissements, le Brooklyn College demande à tous ses nouveaux étudiants de lire un livre avant la rentrée; cette "expérience comune" est supposée contribuer à tisser des liens entre étudiants. Cette année, l'école a choisi "How Does It Feel To Be A Problem?: Being Young and Arab in America" [Qu'est-ce que ça fait d'être un problème?: Etre jeune et arabe en Amérique] du professeur de la faculté de brooklyn Moustafa Bayoumi, que Kesler décrit comme un "pro palestinien extrémiste."
Kesler écrit sur son blog:
Quand je le fréquentais dans les années 1960, le Brooklyn College - qui figurait alors parmi les établissements les plus côtés du pays - était, comme la plupart des campus, assez à gauche [liberal]. Mais il n'existait pas de politique officielle d'inculcation d'une opinion politique aux étudiants. C'est aujourd'hui le cas. C'est inacceptable.
...
L'auteur [Bayoumi] affirme que "La question au coeur [de l'agitation au Moyen Orient] reste le droit du peuple palestinien à l'autodétermination," que l'histoire de toute la région après 1967 est essentiellement celle de "l'impérialisme de type américain," et que le gouvernement américain "restreint l'expression des Arabes Américains afin de maintenir inchangée la politique des Etats Unis sur le conflit israélo-palestinien." Absurde, une fois encore.
Kesler a aussi trouvé deux enseignants qui sont d'accord avec lui pour penser qye le nouvel étudiant a besoin d'autres points de vue sur la question d'être arabe en Amérique. L'un d'entre eux dit: "C'est complètement inapproprié. Ca relève de l'endoctrinement," tandis que l'autre, actuellement dans la faculté, affirme: "Si notre communauté éducative est engagée pour la liberté d'expression, cela implique-t-il que nous devions exposer les nouveaux étudiants aux prêches anti-américains et anti israéliens de ce professeur? Au minimum, nos étudiants ne méritent-ils pas une présentation équilibrée?"
Un troisième professeur a écrit à une doyenne de l'établissement qui lui a répondu que le livre avait été choisi "parce qu'il s'agit d'un recueil de récits bien écrits par et sur de jeunes Arabes de Brooklyn dont le vécu peut être familier à nos étudiants, leurs voisins, ou les condisciples avec lesquels ils vont étudier et travailler au Brooklyn College" Elle n'a jamais répondu aux courriels ultérieurs du professeur, demandant qu'elle désigne un livre avec un point de vue différent. Alors, Kesler a-t-il raison de penser que l'établissement devrait proposer un autre livre ou livre avec un point de vue contrasté? Et d'après vous, quelle serait la réaction si l'école imposait à la place un livre par un auteur pro israélien? Nous avons contacté le Brooklyn College et vous informerons s'il fait une déclaration.