mardi 30 décembre 2008

Lettre de Gaza

Les enfants de Gaza trop effrayés pour sortir

Par Mohammed Dawwas dans la ville de Gaza

The Independent (UK) 30 déc. 2008 traduit de l’anglais par Djazaïri


Voir des matelas sur les toits des voitures permet de dire qui déménage dans la ville de Gaza. Les rues sont en général désertes mais certaines personnes passent d’une maison à l’autre et essayent de deviner où les prochaines bombes vont tomber et de s’éloigner des cibles éventuelles. D’autres se dirigent vers les boulangeries devant lesquelles de longues files d’attente se forment. Il y a des décombres partout.

Dimanche soir, on nous a dit que la Croix Rouge avait émis un avertissement selon lequel la mosquée Al Kinz, proche de notre immeuble, allait probablement être détruite. Mon épouse et quatre des enfants ont pris l’ascenseur mais beaucoup d’autres habitants sont descendus par les escaliers de crainte d’être coincés en raison de l’absence d’électricité et du fait que l’ascenseur fonctionne à l’aide d’un groupe électrogène. Environ une centaine d’entre nous se sont retrouvés rassemblés à l’extérieur dans la cour et nous pouvions entendre des explosions incessantes.

Avec mon beau frère, nous avons pris nos voitures pour aller jusqu’au domicile de son père. Tout était sinistre, plongé dans l’obscurité en dehors de la lumière des phares de nos deux véhicules. Nous avons pris un itinéraire plus long pour éviter de passer à proximité de l’immeuble du Conseil Législatif Palestinien au cas où les avions israéliens l’auraient eu dans leur ligne de mire.

C’est la vie quotidienne à Gaza en ce moment. C’était déjà dur, croyez moi, mais c’est bien pire maintenant.

J’ai pris le risque de revenir ce matin. Mes voisins étaient en train de déménager. Je suis allé dans mon appartement et j’ai ouvert toutes les fenêtres afin qu’elles ne volent pas en éclats pendant les explosions qui ne montrent aucun signe de répit. J’ai ouvert toutes les portes sauf la porte d’entrée, j’ai mis la télévision par terre et je suis parti. Les gens ont reçu des messages d’alerte sur leurs téléphones mobiles. L’un d’entre eux a été envoyé à ma fille de 18 ans, Yasmin. Il disait « Ici le ministère [sioniste] de la défense. Si vous avez des armes où des personnes recherchées chez vous, évacuez les lieux. Il n’y aura pas d’exceptions. Nous allons élargir nos opérations.»

Ibrahim, mon fils de neuf ans pleure et tremble sans arrêt depuis le premier bombardement de samedi. Ses frères sont contents de pouvoir jouer dans la cour mais il ne veut pas quitter la maison. Et quand je sors pour aller chercher de la nourriture, il dit « S’il te plait papa, ne pars pas. »

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