Quand j'écrivais que les temps changent pour l’entité sioniste, je ne croyais pas si bien dire. L’affaire du refus par la BBC de diffuser un appel à dons humanitaires pour Gaza ravagée par la terreur sioniste a fait grand bruit Outre Manche. En effet, des députés mais aussi des ministres ( !) avaient fait part à cette entreprise de leur indignation et de leur scepticisme quant aux arguments que sa direction avançait pour expliquer ce refus.
Je vous avais dit que la BBC n’était certainement pas le seul groupe médiatique à incriminer puisque les télévisions dépendant du groupe de Rupert Murdoch n’étaient en réalité pas favorables non plus à la diffusion de cet appel à donner pour Gaza.
J’avais pointé la responsabilité du lobby sioniste dans cette affaire. Il est vrai que, parler de ce lobby chez les pro Palestiniens est courant. On en parle dans des réunions, dans des médiats plus ou moins confidentiels mais on n'en entend jamais parler dans les journaux de grande diffusion ni dans les radios ou télévision qui captent l’attention du grand public.
A croire que ce lobby est quelque chose que nous, ou les Palestiniens, avons inventé.
Sauf que ceux qui fréquentent la presse sioniste savent que ce n’est pas une invention et que les sionistes n’hésitent pas tantôt à se vanter de leur pouvoir de pression.
Et sauf que l’affaire de la BBC a permis pour la première fois à un journal londonien à grand tirage de s’exprimer ouvertement sur le rôle de ce lobby.
L’article que je vous propose vaut son pesant d’or, il est d’une nature inédite en Europe. Il traduit le courage retrouvé de certains journalistes choqués par la sauvagerie sioniste mais également, à n’en pas douter, des frictions de plus en plus importantes au niveau des sphères dirigeantes britanniques ; un affrontement entre ceux qui sont domestiqués par le lobby sioniste et ceux qui veulent affranchir leur pays de son influence.
Je vous avais dit que la BBC n’était certainement pas le seul groupe médiatique à incriminer puisque les télévisions dépendant du groupe de Rupert Murdoch n’étaient en réalité pas favorables non plus à la diffusion de cet appel à donner pour Gaza.
J’avais pointé la responsabilité du lobby sioniste dans cette affaire. Il est vrai que, parler de ce lobby chez les pro Palestiniens est courant. On en parle dans des réunions, dans des médiats plus ou moins confidentiels mais on n'en entend jamais parler dans les journaux de grande diffusion ni dans les radios ou télévision qui captent l’attention du grand public.
A croire que ce lobby est quelque chose que nous, ou les Palestiniens, avons inventé.
Sauf que ceux qui fréquentent la presse sioniste savent que ce n’est pas une invention et que les sionistes n’hésitent pas tantôt à se vanter de leur pouvoir de pression.
Et sauf que l’affaire de la BBC a permis pour la première fois à un journal londonien à grand tirage de s’exprimer ouvertement sur le rôle de ce lobby.
L’article que je vous propose vaut son pesant d’or, il est d’une nature inédite en Europe. Il traduit le courage retrouvé de certains journalistes choqués par la sauvagerie sioniste mais également, à n’en pas douter, des frictions de plus en plus importantes au niveau des sphères dirigeantes britanniques ; un affrontement entre ceux qui sont domestiqués par le lobby sioniste et ceux qui veulent affranchir leur pays de son influence.
Le rapport secret au cœur de la paranoïa de la BBC sur Gaza
Par Keith Dovkants, Evening Standard (UK) 27 janvier 2009 traduit de l’anglais par Djazaïri
Enfoui quelque part au fond des entrailles de la BBC, se trouve un document top secret qui pourrait expliquer beaucoup de choses sur la décision de l’entreprise de boycotter l’appel à dons en faveur de Gaza. Il s’agit du rapport Balen qui n’a été porté à la connaissance que de quelques personnes du sommet de la hiérarchie de la BBC.
Ils avaient chargé Malcolm Balen, un directeur de rédaction, d’enquêter sur des allégations selon lesquelles la couverture par la BBC du conflit israélo-palestinien était biaisée.
Balen a examiné des centaines d’heures d’émissions, télé ou radio diffusées, et en a analysé le contenu minute par minute, s’intéressant souvent aux phrases et au choix du vocabulaire de tel ou tel journaliste. Il a ensuite rendu ses conclusions dans un rapport de 20 000 mots. Si les dirigeants de la BBC s’attendaient à un bilan de santé satisfaisant, ils furent déçus. Les conclusions de Balen, diffusées de manière très restrictive fin 2004, étaient effrayantes.
En dépit du secret, il y a eu des fuites, notamment au sujet de la conclusion de Balen selon laquelle les reportages de la BBC sur le Moyen-Orient étaient biaisés en défaveur d’Israël.
L’importance de cette conclusion peut être difficilement surestimée. Indépendamment de son obligation légale d’impartialité, la BBC s’efforce depuis des années de parer à des allégations selon lesquelles ses reportages favoriseraient les Palestiniens. Assertions qui se sont combinées avec des critiques sur un penchant à gauche de la BBC qui minerait sa légitimité en dissimulant un agenda libéral [de gauche dans l’acception britannique]. Les dirigeants de la BBC ordonnèrent la mise au placard du rapport Balen. Quand une démarche fut entreprise pour rendre publiques ses conclusions aux termes des lois sur la liberté de l’information, la BBC dépensa 200 000 Livres dans une action en justice pour le conserver au secret.
Le rapport Balen aurait difficilement pu être réalisé à un pire moment. Ses conclusions furent rendues alors que la BBC essayait d’oublier l’agitation engendrée par l’enquête Hutton. Greg Dyke, le PDG de l’entreprise avait été poussé à la démission en raison de ce que Lord Hutton avait considéré comme un problème de reportage tendancieux, même si la plupart des journalistes pensaient que c’est Lord Hutton qui était dans l’erreur [voir affaire David Kelly].
Pendant ces jours mornes de 2004, le rapport fut perçu comme presque anecdotique par les grand patrons de la BBC. Ce qui posait vraiment problème, d’était que des positions pratiquement inexpugnables avaient été démolies par des allégations d’insuffisance journalistique. Les nouvelles têtes dirigeantes de l’entreprise, dont le PDG Mark Thompson, venaient de recevoir une dure leçon. Ils ne souffriraient pas le même sort que Greg Dyke.
En 2005, Thompson s’envola pour Jérusalem et rencontra Ariel Sharon, le premier ministre de l’époque, Mahmoud Abbas, le dirigeant palestinien. Il leur assura que les informations de la BBC seraient d’une impartialité absolue. A son retour à Londres, l’entreprise mit en place le régime d’information sur le Moyen-Orient actuellement en vigueur et qui, ils sont nombreux à le croire, a influencé la décision de refuser de diffuser l’appel aux dons en faveur de Gaza.
Selon des sources internes à l’entreprise, les tensions relatives à la couverture journalistique du conflit israélo-palestinien ont induit un état proche de la psychose chez les cadres et ceux qui définissent la politique de la BBC. Une source interne a déclaré à l’Evening Standard : «Ils sont morts de trouille. Les décrire comme des poulets décapités qui courent en long et en large donnerait encore une trop forte impression d’ordre et de cohésion. Ils se terrent dans les recoins. La peur est palpable. »
Comment en est-on arrivé là ? L’opinion d’un certain nombre de vieux routiers de la BBC est que les pressions d’Israël et de ses partisans ont engendré de la nervosité et conduit les dirigeants de l’exécutif et les chefs de rédaction à surcompenser devant les allégations de biais pro palestinien. Un ancien rédacteur en chef déclare : « Tout ce que nous faisions était sujet à controverse. Il y avait un formidable lobby soutenant Israël et les courriers affluaient. La pression était énorme.»
Le sentiment que les journalistes de la BBC favorisaient le côté palestinien a été conforté par plusieurs incidents bien connus dont l’entreprise a dû se saisir. En 2004, au moment même où Balen fixait l’orthodoxie chez les responsables éditoriaux, Barbara Plett, une journaliste expérimentée qui exerçait comme correspondante de la BBC à Jérusalem, participa à une émission "From Our Own Correspondent".
Plett, qui avait couvert le siège des bureaux de Yasser Arafat en Cisjordanie, témoignait sur le transfert en hélicoptère vers un hôpital d’Arafat qui était en fin de vie. Elle avait déclaré : « Quand l’hélicoptère transportant le vieil homme frêle s’est élevé au dessus de l’immeuble en ruines, je mes suis mise à pleurer... »
Ses propos en avaient scandalisé certains, notamment parmi les israéliens et les Juifs qui se souvenaient d’Arafat comme d’un ennemi, indigne de sympathie. Les plaintes affluèrent, mais la BBC les rejeta – dans un premier temps. La pression s’accrut et près d’un an après l’émission, la commission des plaintes des gouverneurs de la BBC décidait que les paroles de Plett avaient outrepassé « les critères d’impartialité.»
Helen Boaden, directrice de l’information avait qualifié cet épisode « d’erreur éditoriale. » Mme Boaden est une des personnes qui a conseillé le PDG, Thompson, sur la décision relative à l’appel aux dons pour Gaza.
L’affaire Plett était intervenue juste après la plainte à la BBC du gouvernement israélien affirmant qu'Orla Guerin, sa correspondante au Moyen-Orient, était coupable « d’être à la limite de l’antisémitisme » dans un reportage sur un candidat à l’attentat suicide. Guérin irritait depuis longtemps les Israéliens. Cette correspondante Irlandaise s’était tournée vers le journalisme après avoir perdu une élection avec le parti travailliste à Dublin en 1994 et elle rejoignit la BBC après des débuts prometteurs à RTE, la radiotélévision irlandaise.
En 2002, Guerin avait affirmé avoir été visée par des soldats Israéliens qui, disait-elle, lui avaient délibérément tiré dessus pendant une manifestation à Bethléem. Un an plus tard, Israël boycottera la BBC en l’accusant de «profond parti pris» dans ses reportages. Puis, pendant la guerre au Liban en 2006, elle fut accusée de fausses informations pour avoir affirmé qu’une ville proche de la frontière israélienne avait été «anéantie» par les forces israélienne. « Je n’ai pas vu un seul bâtiment qui n’est pas endommagé d’une manière ou d’une autre, » avait-elle déclaré.
Mais Alex Thomson, qui rendait compte le même jour pour Channel 4 au sujet de la même ville, Bint Jbeil, présentait une approche différente. Il indiquait que les faubourgs de la ville «n’ont pratiquement pas été touchés par l’attaque israélienne.»
Si on est neutre, les différences entre les deux versions peuvent sembler mineures. Mais dans le contexte du conflit israélo-palestinien et des passions qu’il génère, une divergence mineure entraîne presque toujours l’accusation de parti pris en faveur d’une faction ou d’une autre.
Jeremy Bowen, le rédacteur en chef pour le Moyen-Orient de la BBC, est considéré comme un des joyaux de l’entreprise, un journaliste et présentateur de grand talent qui a traité des sujets dans 70 pays. Ses reportages sur l’incursion dans Gaza et les terribles pertes civiles ont été des modèles d’impartialité sans jamais perdre le sens de l’humanité qu’on lui connaît.
Pourtant, Bowen a lui aussi ressenti la pression des partisans d’Israël. En 2000, il avait couvert le retrait israélien du Liban. Comme d’habitude, il avait beaucoup d’avance sur ceux d’entre nous qui suivaient cette affaire et, le 23 mai, alors que les Israéliens évacuaient sous le couvert de blindés et de chasseurs-bombardiers, Bowen et son équipe s’étaient arrêtés pour filmer près de la frontière israélienne. Il était avec son chauffeur et interprète Abed Takkoush, un personnage très connu et très populaire chez les journalistes à Beyrouth. Abed travaillait pour la BBC depuis le début de la guerre civile libanaise en 1975 et Bowen et lui se connaissaient bien.
Près de la frontière, Bowen et son cameraman sortirent de la Mercedes d’Abed pour filmer. Quand ils furent à environ une cinquantaine de mètres de la voiture, un tank israélien fit feu sur le véhicule, le transformant en boule de feu. Abed parvint à s’en extraire par la fenêtre mais il décéda quelques minutes après.
Bowen a mené une longue et difficile campagne pour que justice soir rendue à cet homme et à sa famille. Il pense que les Israéliens avaient délibérément visé des civils, un crime de guerre selon les conventions internationales.
Les Israéliens ont dit que c’était une erreur tragique. A ce jour personne n’a été sanctionné pour ce fait. Sauf, peut-être, Bowen. Malgré sont perfectionnisme reconnu en matière d’objectivité, Andrew Balcombe, président de la Fédération Sioniste, avait écrit à la BBC en exigeant la nomination d’un nouveau rédacteur en chef pour le Moyen-Orient. Bowen ne pouvait pas être impartial, disait-il, parce que l’incident avec Abed Takkoush pouvait avoir contaminé (ses) opinions au sujet d’Israël... »
On créditera le BBC d’avoir résisté aux pressions et Bowen est resté une de ses valeurs sûres de la rédaction Moyen-Orient. Mais à quelles pressions a-t-elle cédé ?
Leon Barkho, un universitaire Suédois, est sur le point de publier en Grande Bretagne un livre intitulé « La BBC et le Moyen Orient. Ce livre est le fruit d’années de recherches sur la manière dont les grandes organisations médiatiques conduisent leurs politiques éditoriales. Barkho est convaincu que les informations de la BBC ont été orientées de sorte à éviter de déranger Israël.
« J’ai enquêté là-dessus et je suis convaincu que cette politique est dictée au sommet à cause de son énorme caractère sensible, » affirme-t-il. La BBC traite du conflit Israël-Palestine comme elle ne le fait pour aucun autre sujet. Le message est : ne pas se mettre les Israéliens à dos. » Il veut prouver son point de vue par des révélations sur le module de formation interne de la BBC à l’intention des journalistes qui couvrent le Moyen-Orient. On instruit les journalistes de respecter une série de règles basées sur ce que Barkho appelle un «glossaire,» un ensemble de mots et de phrases que les journalistes doivent utiliser – ou éviter d’utiliser.
« Seulement 24 de ces mots ont été rendus publics, » dit-il. « Le reste est confidentiel. » Il indique avoir vu le glossaire dans son intégralité et affirme qu’il conforte sa perception de la politique de la BBC comme visant à ne pas provoquer Israël.
« Les instructions données aux journalistes sont claires, » dit-il. « C’est : ne dites pas les choses telles qu’elles sont. Ce n’est pas une politique qui encourage l’impartialité, elle est biaisée dès le tout début.»
Les 24 mots et phrases des règles du reportage que la BBC a accepté de rendre publics semblent assez inoffensifs, mais même là, certains discernent un sentiment de paranoïa. Les journalistes sont instruits d’éviter d’utiliser « assassinat » mais plutôt « killing » [qui se traduit aussi par assassinat] et, s’agissant de Gaza, d’éviter le mot « occupation » au profit de « présence militaire permanente. »
Mark Thompson et ses collègues peuvent être soulagés par le fait que la présence des protestataires qui ont organisé un sit-in devant les locaux de la BBC la nuit passée était seulement provisoire et pourrait difficilement qualifiée « d’occupation ».
Pourtant, la suppression de ces mots ne fait rien pour dissiper le sentiment d’une entreprise en état de siège.
Merci beaucoup pour votre article et votre traduction. Le tout est très intéressant.
RépondreSupprimerJe rêve d'une enquête semblable en France au sujet de Radio France où c'est 1000 fois pire que sur la BBC...