mercredi 23 mars 2016

Pour Pedro Santisteve, maire de Saragosse, les attentats de Bruxelles sont une conséquence de la violence exercée par l'Europe dans d'autres parties du monde

Bon, je voulais faire juste une petite intro et je me suis laissé aller...
Quand on évoque les terribles attentats qui ont frappé Bruxelles tout récemment, ou Paris en novembre 2015, l'émotion et la tristesse sont de rigueur et c'est bien normal. Cependant, s'agissant d'événements qui ne résultent pas de phénomènes naturels mais d'actions humaines concertées dont l'objectif n'est pas celui de la rapine, on serait en droit d'attendre des réponses politiques.
Vous me direz que les hommes politiques s'expriment à ce sujet. Et en effet, on peut même trouver que Manuel Valls s'exprime plutôt trop que pas assez. Et surtout qu'il, comme les autres dirigeants européens, propose uniquement des réponses sécuritaires, dont la nature n'a souvent qu'un lien distant avec la problématique soulevée par les attentats, et qui ne donnent en guise d'explication aux agissements des terroristes que leur détestation de l'Europe, de ses valeurs, de la démocratie etc.
S'il est évident que des mesures doivent être prises pour protéger la population (et il est douteux que celles proposées y suffisent), il importe quand même de cerner correctement les causes de la mobilisation terroriste.
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Parce que, si je suis la logique de Manuel Valls ou de François Hollande, il suffira de transformer la France et l'Europe en dictature pour enfin avoir la paix puisque les terroristes n'auront plus de raisons de détester les "valeurs" et la "démocratie" européennes.
Et c'est apparemment ce chemin qu'a choisi une clique néoconservatrice qui est représentée dans à peu près tous les gouvernements européens et qui est aux manettes en France.
C'est un peu ce que dit Pedro Santisteve, le maire de Saragosse qui considère que la violence terroriste est un retour de bâton de la violence qu'exercent les pays européens ailleurs dans le monde (on pense immédiatement à la Libye, à l'Irak et à l'Afghanistan) et que le rêve d'une Europe démocratique et ouverte à tous est en train de s'effondrer.
Pedro Santisteve
Pedro Santisteve, maire de Saragosse

Et ce rêve ne s'effondre pas du fait de la menace terroriste parce qu'il faut être stupide pour supposer que des attentats, même aussi meurtriers que ceux qu'ont connu la Belgique, la France et, plus loin dans le temps, l'Espagne et le Royaume Uni représentent une menace sérieuse pour les Etats européens qui pourraient finir par sortir vaincus d'une épreuve de force qui les opposerait à quelques dizaines ou même centaines de repris de justice qui ne posaient pas vraiment problème quand ils étaient supposés participer à la mise au pas, voire à l'élimination physique, du président syrien Bachar al Assad.
Le maire de Saragosse tient des propos qu'aucun élu de ce statut ne pourrait tenir en France. Saragosse est en effet une grande ville et son maire n'est pas n'importe qui: avocat pénaliste réputé, professeur de droit, il est entré en politique avec le mouvement des Indignés et il s'inscrit dans un mouvement qui fédère plusieurs partis de gauche.

Le maire de Saragosse à propos des attentats :"La violence que nous avons contribué à semer revient chez nous"

Publico (Espagne) 23 mars 2016 traduit de l'espagnol par Djazaïri
Pedro Santisteve a exprimé sa "condamnation" et sa "répulsion" devant les attentats d'hier à Bruxelles et il plaide pour la construction d'une "Europe accueillante, qui défend le droit à la vie, l'inclusion de toutes les catégories de personnes, toutes les identités, croyances et convictions."
Madrid – Le maire de Saragosse, Pedro Santisteve (du parti Zaragoza en Comun) a exprimé aujourd'hui sa "condamnation" et sa "répulsion" devant les" attentats irrationnels et injustifiables" d'hier à Bruxelles et il a affirmé que "aujourd'hui, nous revient en quelque sorte cette violence que nous avons contribué à semer dans le monde."
Le maire a participé, avec le conseil municipal au complet et les employés de la mairie à un rassemblement pour observer une minute de silence après laquelle il a fait lecture intégrale d'une déclaration officielle de condamnation.
Le maire a condamné l'attentat et a affirmé que, à son avis, "L'Europe que nous voulions construire sur la base des valeurs et de la défense des droits humains est en ruines,"…"par suite des agressions que nous, pays occidentaux, avons fait subir à des pays tiers."
Et il a ajouté : "Maintenant, en quelque sorte, nous revient la violence que nous avons contribué à semer dans le monde."
Santisteve a estimé que "nous devons y réfléchir parce que nous ne voulons pas de cette Europe de la fuite en avant, mais une Europe accueillante, qui défend le droit à la vie, l'inclusion de toutes les catégories de personnes, toutes les identités, croyances et convictions."
"C'est là notre Europe pour laquelle nous allons continuer à lutter," a-t-il affirmé.

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