Le lobby sioniste ne gagne pas à tous les coups. Encore une fois, il a tenté d'empêcher une prise de parole de l'archevêque Desmond Tutu dans une université des Etats Unis.
Mais cette fois, la direction de l'université, celle du Michigan, n'a pas cédé malgré les accusations indécentes d'antisémitisme portées à l'encontre du prix Nobel de la paix.
Ce n'est pas que la direction de l'université a été emportée par une fièvre antisioniste ; la même direction se dit fermement opposée au boycott de l'entité sioniste.
Non, c'est simplement qu'il est difficile de faire croire à une personne douée de discernement que Desmond Tutu est antisémite. Et c'est aussi qu'une annulation de l'invitation faite à l'archevêque aurait entrainé des remous non seulement à l'intérieur du campus mais aussi dans les universités sudafricaines avec lesquelles l'université d Michigan entretient d'importantes relations.Et enfin, il y a la mobilisation en faveur de la Palestine d'étudiants et de membres du corps enseignant. Ce n'est pas pour rien que l'organisation Hillel, présente sur le campus, fait plutôt profil bas.
Une organisation critique l'invitation de Tutu par l'université du Michigan
Simon cite la liberté académique en réponse aux critiques
par Matthew Miller, Lansing State Journal (USA)10 avril 2009 traduit de l'anglais par Djazaïri
EAST LANSING – L'Université d'Etat du Michigan a annoncé la semaine dernière que l'archevêque Sudafricain à la retraite Desmond Tutu ferait le discours de rentrée universitaire. Deux jours plus tard, l'Anti-Defamation League, un groupe de pression juif a émis une protestation.
Dans une lettre à Lou Anna Simon, présidente de l'Université de l'Etat du Michigan, deux responsables de l'ADL écrivent que Tutu, dont l'opposition à l'apartheid dans les années 80 lui a valu le prix Nobel de la paix, a fait des déclarations sur Israël qui «charriaient une franche intolérance contre… le peuple Juif.»
Ils affirment que la proposition d'un boycott académique et culturel d'Israël, que Tutu soutient, était « basée sur des idées qui sont antisémites et devraient faire l'objet de l'anathème par toutes les institutions d'enseignement supérieur réellement investies en faveur de la liberté académique.»
Ils demandent à l'Université du Michigan de reconsidérer son invitation.
Simon a répondu cette semaine. Elle a dit non.
Tout en remarquant que des dirigeants de l'université s'étaient publiquement opposés à un tel boycott, elle écrit : «L'Université d'Etat du Michigan rejette la notion que les échanges intellectuels et les activités académiques devraient faire les frais de dissensions politiques.»
C'est une affaire apparemment ouverte puis close mais elle a provoqué des petits remous sur le campus.
Des professeurs et des étudiants interviewés ce mardi sont unanimes dans leur soutien à la position de Simon sur la liberté académique et pour permettre à Tutu de s'exprimer.
Les opinions divergeaient sur la tactique de l'ADL et sur le boycott préconisé par Tutu.
David Wiley est un professeur de sociologie qui a dirigé le Centre d'Etudes Africaines de l'université du Michigan pendant trente ans avant d'en quitter la direction cette année. Il avait joué un rôle dans la décision de l'Université d'Etat du Michigan de ne plus investir en Afrique du Sud en 1978. Et il qualifie de «déplacée» la requête de l'ADL.
« Encore et toujours, l'ADL et d'autres organisations juives font l'amalgame entre le fait de critiquer Israël et l'antisémitisme, » dit-il. «En fait, l'évêque Tutu a toujours été pour l'inclusion des marginaux, que ce soient les noirs en Afrique du Sud ou la communauté juive.»
Tutu a déclaré soutenir l'existence de l'Etat d'Israël. Il a aussi comparé le traitement des Palestiniens à celui des noirs pendant l'apartheid.
Et il est partie prenante de la campagne aux USA pour un boycott académique et culturel d'israël qui vise à cesser les relations et les investissements dans les institutions académiques et culturelles israéliennes jusqu'à ce qu'Israël se retire des territoires occupés de la bande de Gaza et de Cisjordanie.
Un tel boycott, affirme Ken Waltzer, directeur des études juives à l'Université du Michigan, porterait un coup sévère au travail de son programme. Il punirait les Israéliens les plus engagés pour la paix.
Et il « repose sur une analogie entre l'Afrique du Sud et Israël qui est manifestement fausse et ignoble. »
Geoff Levin, étudiant en deuxième année à l'université et responsable de l'organisation étudiante Hillel pour l'Université d'Etat, dit respecter les réussites de Tutu, mais est attristé par ses positions sur Israël.
«Je ne ferais aucune pression pour son retrait de la liste des orateurs en raison des grandes choses qu'il a réalisées,» dit-il.
« Mais je pense que les pro Israël et la communauté juive doivent exprimer notre mécontentement à propos de ce vers quoi il pousse.»
Salah Hassan enseigne l'anglais à l'Université d'Etat du Michigan et est membre de Michigan Professors Against Occupation, un groupe ad hoc qui s'oppose à l'occupation par Israël de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem Est.
« La meilleure façon de d'y mettre un terme à cet appel au boycott, » dit-il, « serait de mettre fin à l'occupation.»
«L'ADL a tout à fait le droit de protester contre la venue de quelqu'un qu'elle n'aime pas, » dit-il.
« Mais en réalité, si la présidente de l'université avait accepté de retirer l'invitation, cela aurait provoqué une forte polémique.»
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