On aurait tort de penser que Dieudonné est le seul humoriste à avoir des mésaventures avec le lobby sioniste. On a raison par contre de considérer qu'aucun humoriste n'a fait l'objet d'un tel acharnement sur sa personne du fait de ce lobby.
Ce qui avait frappé dans le cas de Dieudonné, c'était notamment la célérité avec laquelle il a été châtié pour avoir osé caricaturer un colon sioniste extrémiste. Signe d'une rancune tenace, Dieudonné reste généralement interdit de plateaux de télévision et de nombre d'antennes de radio, dont une est spécifiquement dédiée aux humoristes.
Même si les désagréments qu'il connait sont sans aucune commune mesure avec ceux que rencontre Dieudonné, l'humoriste Britannique Frankie Boyle est en quelque sorte le Dieudonné d'outre-Manche. J'écris sans aucune commune mesure car Boyle ne fait pas l'objet de mesures de rétorsion visant à l'interdire de plateaux télé, radio ou de spectacles. Non, puisque la BBC vient simplement de présenter des excuses [à qui?] pour des propos tenus par Boyle dans une émission de satire politique sur Radio 4, une station du réseau public britannique.
L'humoriste est furieux de ce "désaveu" et le fait savoir publiquement par le texte dont je vous propose la traduction. Sa petite mésaventure illustre cependant deux choses. La première est la patience et la ténacité du lobby sioniste puisque les excuses surviennent deux ans après les faits incriminés. La deuxième est la mainmise du lobby sioniste sur la BBC qui se couche après avoir reçu une seule lettre de protestation! Il y a fort à parier que cette lettre émanait non d'un auditeur mais d'un dirigeant politique ou plus simplement d'un dirigeant de la BBC elle-même. J'avais déjà publié dans ce blog un article au sujet de la mainmise et du noyautage de la BBC par le fameux lobby.
Les excuses publiques de la BBC sont bien sûr accompagnée de l'annonce d'un renforcement du contrôle à priori de la BBC sur ses émissions avant diffusion. Effectivement, le meilleur moyen d'éviter d'avoir à présenter des excuses est encore d'éviter de provoquer celui qui exige qu'on se couche.
Frankie Boyle répond: "Ce sont des lâches à la BBC'
par Andy Welch, AOL Television (UK) 30 avril 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
La BBC a présenté hier des excuses pour une blague racontée par Frankie Boyle en 2008 dans l'émission humoristque Political Animal sur Radio 4.
Aujourd'hui, cependant, le comédien controversé a fustigé la BBC, la qualifiant de 'lâche' et 'd'avoir une peur insigne d'offenser' après avoir censuré une de ses blagues.
Dans une lettre ouverte empreinte de colère, le comédien a riposté aux excuses publiées par le BBC Trust pour un gag qui selon lui avait attiré un peu l'attention sur 'l'apartheid' en Palestine. La blague, qui comparait la Palestine à un gâteau frappé de manière répétée par un Juif avait été qualifiée d'antisémite suite à la protestation d'un auditeur.
Ce site web a reçu de nombreux commentaires sur Frankie Boyle ces deux dernières semaines - il était sur la sellette pour une plaisanterie qu'il avait faite récemment sur les personnes atteintes du syndrome de Down - nous pensons donc qu'il n'est que justice de lui donner la parole à son tour.
Voici le texte intégral de sa réponse:
A l'évidence, ça fait drôle d'être sur le terrain élevé de la morale mais je considère qu'il est nécessaire de répondre à la lâcheté des reproches faits par le BBC Trust à l'encontre de mes blagues sur la Palestine.
Comme toujours, je n'ai pas été informé par la BBC mais j'ai lu dans un journal que les procédures de la rédaction seraient encore renforcées pour empêcher les sketches qui ont quelque chose à dire de passer à travers les mailles des censeurs.
Au cas où vous l'ignoreriez, les blagues en question sont: 'J'ai étudié les techniques d'arts martiaux de l'armée israélienne. Je connais maintenant 16 manières de frapper une femme palestinienne dans le dos. Les gens pensent que le Moyen orient c'est très complexe mais j'ai une image qui résume assez bien les choses. Imaginez que la Palestine est un gros gâteau, eh bien... ce gâteau est réduit en morceaux à coups de poings par un Juif hargneux.'
Je pense que le problème ici, est que les producteurs de l'émission ont dû penser qu'Israël, un Etat agressif, terroriste, disposant d'un arsenal nucléaire était une cible appropriée pour la satire. La décision du Trust consiste essentiellement en une note de leurs supérieurs hiérarchiques. Elle dit que si vous vous imaginez qu'il est juste de s'en prendre à un Etat qui s'affaire activement à la destruction de tout un peuple, vous êtes dans l'erreur. Israël est hors du champ de ce qui est permis.
La BBC avait refusé en 2009 de diffuser un appel humanitaire pour aider les habitants de Gaza à reconstruire leurs maisons. C'est tragique pour une telle institution mais elle est désormais morte de peur à l'idée de déplaire et vulnérable devant n'importe quelle sorte de lobby bien implanté.
J'avais dit ces blagues dans une émission de Radio 4 intitulée Political Animal. Ce titre semblait prometteur de comique d'opinion provocateur. En pratique, la BBC veut donner quelque chose qui a le goût de l'humour politique mais sans aucun contenu. La toute dernière émission de ce genre sur la BBC était Two's The Bubble. Ca avait l'exacte apparence d'une émission où des gens drôles s'assoient autour d'une table et font des plaisanteries avec les informations. Sauf que la contrainte du format voulait que personne n'ait lu les journaux. Je ne peux qu'imaginer de quoi avait l'air le chef du BBC Trust en regardant ça, souriant béatement comme Gordon Brown pendant qu'on lui examinait la prostate.
Dans son essence, la situation en Palestine s'apparente à l'apartheid. J'ai grandi à une époque où le mouvement anti-apartheid était un important thème de débat. Tout le monde semblait vraiment concerné par le fait que d'autres êtres humains soient traités de lla sorte. Nous ne faisions pas qu'en parler, nous agissions, je me souviens des boycotts, des marches, des manifestations, toutes actions que nous menions parce que nous ne pouvions pas supporter que des gens soient traités comme ça.
Il y a quelques années, j'ai regardé un documentaire sur la vie en Palestine. Il y a un passage où une sorte de dignitaire de l'ONU vient poser pour une séance de photos devant un nouvel hôpital. Le personnel sait qu'elle ne renvoie aucunement à la réalité désespérante de sa situation, alors ils usent d'un subterfuge pour la faire venir dans une salle à côté au moment de son départ. Elle arrive dans une pièce où se trouve un enfant dont les médecins expliquent qu'il est dans un état critique parce qu'ils n'ont pas les fournitures nécessaires pour continuer à le soigner. Elle bredouille, mal à l'aise d'être prise dans la sinistre réalité de cette pièce, à dire des platitudes sur un garçon mourant.
Le cinéaste demande à un des médecins ce qu'ils pensent que ce coup aura permis d'atteindre. Il se met soudain en colère, prenant peut être conscience tout à coup de quelque chose qu'il savait inconsciemment. L'indifférence du monde. 'Elle ne fera rien,' dit-il au réalisateur. Il regarde ensuite la caméra et dit, 'Vous non plus.'
J'en avais pleuré et je m'étais promis de faire quelque chose. Autre chose que d'écrire quelques blagues stupides. Je n'ai rien fait. Vous non plus.
Ce qui avait frappé dans le cas de Dieudonné, c'était notamment la célérité avec laquelle il a été châtié pour avoir osé caricaturer un colon sioniste extrémiste. Signe d'une rancune tenace, Dieudonné reste généralement interdit de plateaux de télévision et de nombre d'antennes de radio, dont une est spécifiquement dédiée aux humoristes.
Même si les désagréments qu'il connait sont sans aucune commune mesure avec ceux que rencontre Dieudonné, l'humoriste Britannique Frankie Boyle est en quelque sorte le Dieudonné d'outre-Manche. J'écris sans aucune commune mesure car Boyle ne fait pas l'objet de mesures de rétorsion visant à l'interdire de plateaux télé, radio ou de spectacles. Non, puisque la BBC vient simplement de présenter des excuses [à qui?] pour des propos tenus par Boyle dans une émission de satire politique sur Radio 4, une station du réseau public britannique.
L'humoriste est furieux de ce "désaveu" et le fait savoir publiquement par le texte dont je vous propose la traduction. Sa petite mésaventure illustre cependant deux choses. La première est la patience et la ténacité du lobby sioniste puisque les excuses surviennent deux ans après les faits incriminés. La deuxième est la mainmise du lobby sioniste sur la BBC qui se couche après avoir reçu une seule lettre de protestation! Il y a fort à parier que cette lettre émanait non d'un auditeur mais d'un dirigeant politique ou plus simplement d'un dirigeant de la BBC elle-même. J'avais déjà publié dans ce blog un article au sujet de la mainmise et du noyautage de la BBC par le fameux lobby.
Les excuses publiques de la BBC sont bien sûr accompagnée de l'annonce d'un renforcement du contrôle à priori de la BBC sur ses émissions avant diffusion. Effectivement, le meilleur moyen d'éviter d'avoir à présenter des excuses est encore d'éviter de provoquer celui qui exige qu'on se couche.
Frankie Boyle répond: "Ce sont des lâches à la BBC'
par Andy Welch, AOL Television (UK) 30 avril 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
La BBC a présenté hier des excuses pour une blague racontée par Frankie Boyle en 2008 dans l'émission humoristque Political Animal sur Radio 4.
Aujourd'hui, cependant, le comédien controversé a fustigé la BBC, la qualifiant de 'lâche' et 'd'avoir une peur insigne d'offenser' après avoir censuré une de ses blagues.
Dans une lettre ouverte empreinte de colère, le comédien a riposté aux excuses publiées par le BBC Trust pour un gag qui selon lui avait attiré un peu l'attention sur 'l'apartheid' en Palestine. La blague, qui comparait la Palestine à un gâteau frappé de manière répétée par un Juif avait été qualifiée d'antisémite suite à la protestation d'un auditeur.
Ce site web a reçu de nombreux commentaires sur Frankie Boyle ces deux dernières semaines - il était sur la sellette pour une plaisanterie qu'il avait faite récemment sur les personnes atteintes du syndrome de Down - nous pensons donc qu'il n'est que justice de lui donner la parole à son tour.
Voici le texte intégral de sa réponse:
A l'évidence, ça fait drôle d'être sur le terrain élevé de la morale mais je considère qu'il est nécessaire de répondre à la lâcheté des reproches faits par le BBC Trust à l'encontre de mes blagues sur la Palestine.
Comme toujours, je n'ai pas été informé par la BBC mais j'ai lu dans un journal que les procédures de la rédaction seraient encore renforcées pour empêcher les sketches qui ont quelque chose à dire de passer à travers les mailles des censeurs.
Au cas où vous l'ignoreriez, les blagues en question sont: 'J'ai étudié les techniques d'arts martiaux de l'armée israélienne. Je connais maintenant 16 manières de frapper une femme palestinienne dans le dos. Les gens pensent que le Moyen orient c'est très complexe mais j'ai une image qui résume assez bien les choses. Imaginez que la Palestine est un gros gâteau, eh bien... ce gâteau est réduit en morceaux à coups de poings par un Juif hargneux.'
Je pense que le problème ici, est que les producteurs de l'émission ont dû penser qu'Israël, un Etat agressif, terroriste, disposant d'un arsenal nucléaire était une cible appropriée pour la satire. La décision du Trust consiste essentiellement en une note de leurs supérieurs hiérarchiques. Elle dit que si vous vous imaginez qu'il est juste de s'en prendre à un Etat qui s'affaire activement à la destruction de tout un peuple, vous êtes dans l'erreur. Israël est hors du champ de ce qui est permis.
La BBC avait refusé en 2009 de diffuser un appel humanitaire pour aider les habitants de Gaza à reconstruire leurs maisons. C'est tragique pour une telle institution mais elle est désormais morte de peur à l'idée de déplaire et vulnérable devant n'importe quelle sorte de lobby bien implanté.
J'avais dit ces blagues dans une émission de Radio 4 intitulée Political Animal. Ce titre semblait prometteur de comique d'opinion provocateur. En pratique, la BBC veut donner quelque chose qui a le goût de l'humour politique mais sans aucun contenu. La toute dernière émission de ce genre sur la BBC était Two's The Bubble. Ca avait l'exacte apparence d'une émission où des gens drôles s'assoient autour d'une table et font des plaisanteries avec les informations. Sauf que la contrainte du format voulait que personne n'ait lu les journaux. Je ne peux qu'imaginer de quoi avait l'air le chef du BBC Trust en regardant ça, souriant béatement comme Gordon Brown pendant qu'on lui examinait la prostate.
Dans son essence, la situation en Palestine s'apparente à l'apartheid. J'ai grandi à une époque où le mouvement anti-apartheid était un important thème de débat. Tout le monde semblait vraiment concerné par le fait que d'autres êtres humains soient traités de lla sorte. Nous ne faisions pas qu'en parler, nous agissions, je me souviens des boycotts, des marches, des manifestations, toutes actions que nous menions parce que nous ne pouvions pas supporter que des gens soient traités comme ça.
Il y a quelques années, j'ai regardé un documentaire sur la vie en Palestine. Il y a un passage où une sorte de dignitaire de l'ONU vient poser pour une séance de photos devant un nouvel hôpital. Le personnel sait qu'elle ne renvoie aucunement à la réalité désespérante de sa situation, alors ils usent d'un subterfuge pour la faire venir dans une salle à côté au moment de son départ. Elle arrive dans une pièce où se trouve un enfant dont les médecins expliquent qu'il est dans un état critique parce qu'ils n'ont pas les fournitures nécessaires pour continuer à le soigner. Elle bredouille, mal à l'aise d'être prise dans la sinistre réalité de cette pièce, à dire des platitudes sur un garçon mourant.
Le cinéaste demande à un des médecins ce qu'ils pensent que ce coup aura permis d'atteindre. Il se met soudain en colère, prenant peut être conscience tout à coup de quelque chose qu'il savait inconsciemment. L'indifférence du monde. 'Elle ne fera rien,' dit-il au réalisateur. Il regarde ensuite la caméra et dit, 'Vous non plus.'
J'en avais pleuré et je m'étais promis de faire quelque chose. Autre chose que d'écrire quelques blagues stupides. Je n'ai rien fait. Vous non plus.
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