L'Algérie connaît ces derniers jours une importante agitation sociale qui a pris la forme d'émeutes et parfois de pillages. Le détonateur de cette agitation et de ces émeutes a été une brutale hausse des prix de produits alimentaires de première nécessité tels que l'huile ou le sucre sur un fond d'inégalités sociales croissantes.
Sommes-nous cependant à la veille d'une révolution ou encore d'un bouleversement politique, une inqilab comme dirait un baathiste ou sommes nous devant une intifada, un soulèvement?
En eux mêmes, il est vrai que ces événements sont d'une grande signification politique et rappellent à ceux qui gouvernent le pays qu'ils sont assis sur un volcan nommé inégalités, exclusion sociale, exclusion du politique. Et es dirigeants qui ont l'habitude de gérer le pays par l'émeute seraient bien avisés de comprendre que ce mode de gestion ne saurait se substituer à une véritable gouvernance, ni à la démocratisation que ce soit à l'échelon local ou national.
Car des émeutes, l'Algérie en connaît sans cesse, pour les motifs les plus divers et généralement relatifs à des problèmes ou des drames locaux: bavure policière, tracé d'une route qui mécontente les riverains, ou au contraire absence de route pour desservir une commune, problèmes de logement, de corruption au niveau local. Même l'agitation qui s'était emparée de la Kabylie avait été motivée au début par une bavure dans un poste de gendarmerie qui s'était soldée par la mort d'un adolescent.
Dans ce dernier cas, une dimension politique avait tenté de se formuler mais selon des modalités qui les condamnaient à rester ancrées dans le local et qui étaient combattues non seulement par les autorités gouvernementales mais aussi par les principales forces politiques présentes en Kabylie, c'est-à-dire le Front des Forces Socialistes (FFS) et le Rassemblement Culture et Démocratie (RCD).
De fait, l'agitation n'avait que sporadiquement débordé la Kabylie et les autorités se sont montrées capables de reprendre en main la situation à la fois en jouant le pourrissement et les contradictions entre les différents acteurs de la contestation. Le maintien de l'état d'urgence que connaît le pays depuis l'annulation du scrutin qui avait entraîné le pays dans la guerre civile a d'ailleurs été fort utile à ce moment là aux autorités d'Alger.
En eux mêmes, il est vrai que ces événements sont d'une grande signification politique et rappellent à ceux qui gouvernent le pays qu'ils sont assis sur un volcan nommé inégalités, exclusion sociale, exclusion du politique. Et es dirigeants qui ont l'habitude de gérer le pays par l'émeute seraient bien avisés de comprendre que ce mode de gestion ne saurait se substituer à une véritable gouvernance, ni à la démocratisation que ce soit à l'échelon local ou national.
Car des émeutes, l'Algérie en connaît sans cesse, pour les motifs les plus divers et généralement relatifs à des problèmes ou des drames locaux: bavure policière, tracé d'une route qui mécontente les riverains, ou au contraire absence de route pour desservir une commune, problèmes de logement, de corruption au niveau local. Même l'agitation qui s'était emparée de la Kabylie avait été motivée au début par une bavure dans un poste de gendarmerie qui s'était soldée par la mort d'un adolescent.
Dans ce dernier cas, une dimension politique avait tenté de se formuler mais selon des modalités qui les condamnaient à rester ancrées dans le local et qui étaient combattues non seulement par les autorités gouvernementales mais aussi par les principales forces politiques présentes en Kabylie, c'est-à-dire le Front des Forces Socialistes (FFS) et le Rassemblement Culture et Démocratie (RCD).
De fait, l'agitation n'avait que sporadiquement débordé la Kabylie et les autorités se sont montrées capables de reprendre en main la situation à la fois en jouant le pourrissement et les contradictions entre les différents acteurs de la contestation. Le maintien de l'état d'urgence que connaît le pays depuis l'annulation du scrutin qui avait entraîné le pays dans la guerre civile a d'ailleurs été fort utile à ce moment là aux autorités d'Alger.
Si les événements en cours ont une grande signification politique, cela ne signifie cependant pas qu'ils sont le prélude à une remise en cause radicale du pouvoir. Car pour cela il faudrait que la colère de la jeunesse soit relayée par le politique, ce qui n'est absolument pas le cas.
Un blogueur Algérien anglophone le souligne dans son site, The Moor Next Door:
Alors que le discours des personnalités publiques diffère par des nuances, la majorité d'entre elles ont explicitement appelé au dialogue et au calme; pratiquement personne n'a cherché à encourager les jeunes émeutiers ou à revendiquer un leadership sur eux. S'ils sont nombreux à reconnaître les dimensions ouvertement politiques des émeutes, la plupart de ceux qui ont des élus au parlement ou participent aux fonctions gouvernementales ont cherché à reformuler le discours public vers des questions économiques et sociales qui peuvent être traitées par des changements ou des ajustements de la politique dans le cadre du régime actuel. Même ceux qui font porter les responsabilités à des facteurs systémiques évitent de s'en pendre au président ou à des individus en particulier.
La position du Parti des Travailleurs (trotskyste) exprimée par Louisa Hanoune est de fait particulièrement modérée et tournée surtout contre les grossistes et les patrons de l'agroalimentaire. On peut considérer que de ce point de vue, la position du FFS se démarque même s'il renonce clairement (ce qu'on peut comprendre) à prendre des initiatives en vue d'encadrer politiquement les manifestations de la colère populaire et se borne à réclamer "davantage d'ouverture politique".
Car pour le FFS le changement n'est pas pour maintenant et sera le fruit d'un "long et patient travail de ré-encadrement de la société". Le FFS réfère explicitement à la Tunisie où ces efforts ont été entrepris pas de véritables élites "qui n'ont pas perdu leur âme, qui ont choisi leur camp".
Je rejoins volontiers le FFS pour dire que ce qui se passe en Tunisie a un caractère politique nettement plus important qu'en Algérie et que le pays voisin est peut-être à la veille d'un changement de régime et, qui sait, d'une évolution franche vers la démocratie. Et ce travail de ré-encadrement de la société,le FFS n'a pas su le faire ou en a été incapable dans un pays où la censure est très présente certes, mais à un degré incommensurablement plus faible qu'en Tunisie. Il suffit de dire qu'il n'existe en Algérie aucune censure sur le net. Essayez par contre de vous connecter sur bakchich info en Tunisie (tenez moi au courant si vous y parvenez).
Notons par ailleurs que si en Tunisie l'opposition a été victime d'une répression sans faille, avec incarcérations, torture etc. la société dans son ensemble n'a jamais été prise dans une spirale de violence telle que celle qu'a connue l'Algérie et qui en a vacciné plus d'un contre la politique. Par ailleurs, le régime algérien, tout en restant autoritaire, a su élargir sa base politique et sociale, ce dont témoigne la coalition de partis au gouvernement, coalition qui comprenait même à un moment donné le RCD. Et que reconnaît implicitement la déclaration du FFS.
Aucune force politique algérienne d'opposition n'est en fait capable d'encadrer la colère de la population et d'emmener le pays vers une alternative. La base (composite) de l'ancien Front Islamique du Salut a soit été éliminée physiquement, soit dissuadée par la violence d'Etat, tandis qu'une partie d'entre elle a vu ses aspirations satisfaites dans l'explosion de l'activité commerciale et est donc une des bases sociales du pouvoir..
Pour l'heure, la répression a fait quatre morts en Algérie, vingt en Tunisie. Si l'agitation semble tendre à se calmer en Algérie, elle semble partie pour durer en Tunisie. The Moor Next Door observe très justement qu'en Algérie, le président de la république comme le premier ministre se sont gardés de s'adresser publiquement aux jeunes et à la nation afin de ne pas donner de signal de faiblesse au niveau de la direction politique. Ben Ali a fait le contraire en Tunisie. Il est vrai qu'après 22 années d'exercice, son pouvoir est usé jusqu'à la corde.
Je conclurai en disant que les événements en cours au Maghreb ont encore permis de constater l'incurie de la presse française 'libre" qui a mis un certain temps à couvrir largement les troubles en Tunisie alors qu'elle a relayé sans tarder l'agitation en Algérie. L'édition de ce dimanche du journal Le Progrès de Lyon est à cet égard tout à fait exemplaire: en page 4, rubrique France-Monde, nous trouvons un article illustré d'une photo et intitulé "Algérie: au moins trois morts dans les émeutes contre l'inflation. Rien par contre sur les troubles en Tunisie (compte tenu du nombre de victimes, l'édition internet de ce journal n'a cependant pas pu ignorer cette actualité).
Car pour le FFS le changement n'est pas pour maintenant et sera le fruit d'un "long et patient travail de ré-encadrement de la société". Le FFS réfère explicitement à la Tunisie où ces efforts ont été entrepris pas de véritables élites "qui n'ont pas perdu leur âme, qui ont choisi leur camp".
Je rejoins volontiers le FFS pour dire que ce qui se passe en Tunisie a un caractère politique nettement plus important qu'en Algérie et que le pays voisin est peut-être à la veille d'un changement de régime et, qui sait, d'une évolution franche vers la démocratie. Et ce travail de ré-encadrement de la société,le FFS n'a pas su le faire ou en a été incapable dans un pays où la censure est très présente certes, mais à un degré incommensurablement plus faible qu'en Tunisie. Il suffit de dire qu'il n'existe en Algérie aucune censure sur le net. Essayez par contre de vous connecter sur bakchich info en Tunisie (tenez moi au courant si vous y parvenez).
Notons par ailleurs que si en Tunisie l'opposition a été victime d'une répression sans faille, avec incarcérations, torture etc. la société dans son ensemble n'a jamais été prise dans une spirale de violence telle que celle qu'a connue l'Algérie et qui en a vacciné plus d'un contre la politique. Par ailleurs, le régime algérien, tout en restant autoritaire, a su élargir sa base politique et sociale, ce dont témoigne la coalition de partis au gouvernement, coalition qui comprenait même à un moment donné le RCD. Et que reconnaît implicitement la déclaration du FFS.
Aucune force politique algérienne d'opposition n'est en fait capable d'encadrer la colère de la population et d'emmener le pays vers une alternative. La base (composite) de l'ancien Front Islamique du Salut a soit été éliminée physiquement, soit dissuadée par la violence d'Etat, tandis qu'une partie d'entre elle a vu ses aspirations satisfaites dans l'explosion de l'activité commerciale et est donc une des bases sociales du pouvoir..
Pour l'heure, la répression a fait quatre morts en Algérie, vingt en Tunisie. Si l'agitation semble tendre à se calmer en Algérie, elle semble partie pour durer en Tunisie. The Moor Next Door observe très justement qu'en Algérie, le président de la république comme le premier ministre se sont gardés de s'adresser publiquement aux jeunes et à la nation afin de ne pas donner de signal de faiblesse au niveau de la direction politique. Ben Ali a fait le contraire en Tunisie. Il est vrai qu'après 22 années d'exercice, son pouvoir est usé jusqu'à la corde.
Je conclurai en disant que les événements en cours au Maghreb ont encore permis de constater l'incurie de la presse française 'libre" qui a mis un certain temps à couvrir largement les troubles en Tunisie alors qu'elle a relayé sans tarder l'agitation en Algérie. L'édition de ce dimanche du journal Le Progrès de Lyon est à cet égard tout à fait exemplaire: en page 4, rubrique France-Monde, nous trouvons un article illustré d'une photo et intitulé "Algérie: au moins trois morts dans les émeutes contre l'inflation. Rien par contre sur les troubles en Tunisie (compte tenu du nombre de victimes, l'édition internet de ce journal n'a cependant pas pu ignorer cette actualité).
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