Le rabbin Dov Lior a récemment été interpellé dans l’entité sioniste. Dov Lior est en effet un de ces clercs de la mouvance nationaliste religieuse qui par exemple condamne la location de logements à des non juifs ou énonce des thèses qui flirtent de très près avec le nazisme :
Les juifs, a-t-il argumenté, reçoivent des gènes de leurs géniteurs les qualités de clémence, de réserve et de charité.
"Une personne née de parents juifs, même sans avoir été éduquée dans la Torah, reçoit ces choses dans le sang, c'est génétique," mais"si le père est un gentil (un non juif), alors l'enfant en sera privé," a-t-il dit.
C’est semble-t-il, pour son soutien à un livre publié par d’autres religieux qui justifient théologiquement le fait de tuer des goyim et leurs enfants, que Dov Lior a été interpellé aux fins simplement d’être entendu. Une démarche de la police qui a suscité bien des remous dans l’entité sioniste même su elle n’a guère de conséquences en pratique.
Bref, beaucoup de bruit pour rien et un reproche adressé à l’éminent rabbin qu’on accuse de dénaturer la religion juive. En somme, Dov Lior serait un rabbin qui n’a rien compris aux écritures qu’il étudie cependant depuis sa tendre enfance, avant de les enseigner pour devenir un directeur de conscience pour de nombreux fanatiques juifs.
Salman Masalha s’inscrit en faux contre cette thèse d’une dérive étrangère au judaïsme et il l’argumente de manière percutante dans cette pièce qu’il nous livre dans Haaretz. Pour faire bonne mesure, M. Masalha étend sa critique à l’ensemble des monothéismes. Mon petit doigt me dit que Salman Masalha est un athée.
Non, pas un juif athée car dire cela nous renverrait à une définition raciale du judaïsme chère à tous les esprits emplis de haine.
Ceci dit, tous les exemples de monothéisme excitant le sentiment d’immense supériorité d’une fraction de l’humanité par rapport au reste des hommes proviennent du judaïsme qui énonce ce principe d’une manière on ne peut plus claire. On aurait du mal à trouver de tels exemples dans les textes importants du christianisme ou de l’Islam pour s’en tenir à ces deux monothéismes.
Ce qui ne veut pas dire que la critique de Masalha devrait épargner absolument ces deux autres monothéismes car, à titre personnel, je ne peux que déplorer cette dérive vers un juridisme desséché et dépourvu de spiritualité que prônent des lectures de l’Islam du type wahhabite. C’est-à-dire, des lectures qui consacrent beaucoup d’énergie à débattre sur des thèmes futiles comme la nécessité de porter la barbe, la longueur des vêtements etc, ou qui s’ingénient à légitimer toutes sortes de châtiments parfois complètement abjects. Mais bon, le royaume qui défend ces lectures « rigoristes » (en fait déviantes) est un des plus sûrs alliés des démocraties occidentales et contribue en ce moment même à l’instauration de la démocratie en Libye !
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Le rabbin Dov Lior n’a pas inventé la roue, il a simplement exhibé en public le linge sale du monothéisme.
par Salman Masalha, Haaretz (Sionistan) 4 juillet 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri
Tout d’abord, laissez moi dire ce qui suit: en tant que descendant d’un des enfants de Noé qui a enfreint tous les types d’interdits, je suis condamné à toutes sortes de morts étranges. Le choix offert aux personnes de mon acabit est une des trois variantes suivantes : la mort par l’épée, la mort par lapidation ou la mort par strangulation. Dans sa « Loi des Rois », Moïse Maïmonide (le Rambam) précise que pour avoir enfreint les lois noahides, je suis condamné à la mort par l’épée, sauf si j’ai des relations sexuelles avec une domestique juive qui est fiancée dans l’attente du mariage, auquel cas je devrais être exécuté par lapidation ; si par contre elle est déjà mariée, je dois alors être tué par strangulation.
Je traite de ce sujet à la lumière de la tempête consécutive à la détention pour interrogatoire par la police du rabbin récalcitrant Dov Lior, qui n’avait pas accepté de se présenter spontanément aux autorités malgré les supplications de l’institution judiciaire.
Je ne comprends pas le pourquoi de tout ce raffut. Aucun des propos racistes attribués à un rabbin ou à un autre, ou à un cheikh musulman ou à un autre, n’est une nouveauté. Quiconque s’intéresse aux lois des religions monothéistes peut facilement identifier l’origine du problème. Les monothéistes n’aiment pas seulement entrer dans les chambres à coucher des autres ; ils ne font pas que s’immiscer dans les tripes des autres dans une quête sans fin de quelque chose qui y serait entré sans autorisation ; ils ne font pas que mettre des voiles, des burkas ou des foulards sur leurs femmes pieuses, qui prient pour les enfants – les monothéistes de toutes les religions et sectes adorent verser le snag, beaucoup de sang. Il faut le dire. La vérité nue doit être dite.
Il y a quelques âmes bien intentionnées, si ce n’st très naïves, qui sont promptes à citer des versets comme « Aime ton prochain comme toi-même. » Elles tentent d’enrober la pilule amère en présentant quelque aspect positif de la religion. Mais elles oublient que « ton prochain » réfère seulement à un autre Juif. Le verset (Lévitique 19 :18) ordonne : « Tu ne devras pas exercer vengeance, ni tenir rancune envers les enfants de ton peuple, mais tu devra aimer ton prochain comme toi-même. » dans son explication de ce verset, Rambam précise qu’il s’applique à tous les membres de la Maison d’Israël qui suivent la Torah et ses commandements, et que c’est une mitzvah de haïr quiconque n’accepte pas la Torah.
Sans parler de « haviv adam shenyra b’tzealem » «(« Bien-Aimé est l’homme créé à l’image » [de Dieu]) qui est constamment cité comme preuve de l’humanité ou d’une forme d’humanisme en général et dans le judaîsme en particulier. Ici aussi, la référence concerne seulement les Juifs. Selon les sages, seuls Israël, les Juifs, sont appelés « adam » « et non les nations du monde. » Le rabbin Avraham Yizhak Hacohen Kook (« Haro’eh) ; apportant une explication convaincante à ses ouailles : « la différence entre l’âme israélienne [israélite ?], son indépendance , ses aspirations fondamentales, ses caractéristiques et ses disposition, et l’âme de toutes les autres nations, est plus grande et plus profonde que la différence entre l’âme d’un être humain et celle d’une bête. » Que pourrait-on ajouter à des sentiments aussi chaleureux ?
Tous les plus grands spécialistes de la halacha (loi juive) suivent cette conception. Par souci d’exemple, voici l’explication donnée par le rabbin Judah Loew ben Bezalel (le Maharal) : « La perfection de la création, en ce qu’elle a trait à l’humain en particulier, s’applique à Israël et pas aux nations. » Il ajoutait que l’écart entre Israël et les autres nations est comparable à celui entre l’être humain et les animaux dépourvus de parole.
Si tel est le cas, alors pourquoi tant de politiciens et de défenseurs autoproclamés du droit cherchent-ils les bonnes grâces du respecté rabbin du mouvement nationaliste religieux ? Le rabbin « éclairé » n’a pas inventé la roue, après tout. Il a simplement étendu en public le linge sale monothéiste. Les politiciens populistes ont étalé leurs vêtements crasseux dans leurs apparitions médiatiques à chaque fois que l’occasion s’en présentait, et à leurs yeux, le rabbin est coupable de calomnie [envers la religion juive].
Il faut le dire, clairement et sans équivoque: la souillure morale réside dans les enseignements obscurantistes du monothéisme. Tant que tout un chacun, sous prétexte de culture, ne le reconnaîtra pas, dans cette région et à travers le monde, il n’y aura pas de lumière au bout du tunnel.
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