Je ne ferai guère de commentaires sur cet article de Sam Dagher qui nous informe sur une des facettes de ces rebelles Libyens qui incarneraient la démocratie par opposition au régime dictatorial du «chien fou» qu’est Kadhafi.
Oui, une lecture édifiante qui me fait penser que Mouammar kadhafi n’est peut-être pas si fou que ça et que les chiens fous se trouvent en Europe (Nicolas Sarkozy, David Cameron), aux Etats Unis (Barack Obama) et sur la planète des philosophes chevelus au discours creux (Bernard-Botul-Henri Lévy).
Au moins les occidentaux ne pourront pas dire qu’ils ignoraient au service de quoi leurs avions et leurs missiles détruisent les infrastructures libyennes. Ce n'est pourtant certainement pas par hasard que ces opérations de démocratisation à coups de bombes sont soutenues politiquement et matériellement par ces démocraties que sont le Qatar ou l'Arabie Saoudite.
La haine ethnique qui a pris racine dans la bataille pour Misrata souligne les défis de l’après-Kadhafi pour la nation.
Par Sam Dagher , Wall Street Journal (USA) 21 juin 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri
Misrata, Libye – “Les traîtres dehors,” lit-on sur des graffiti à l’entrée d’un quartier d’habitations dans un quartier pauvre de Misrata, la ville aux mains des rebelles qui subissent les conséquences physiques et émotionnelles du siège imposé par le colonel Mouammar Kadhafi depuis mars.
Un groupe d’hommes sirotant du thé un après-midi récemment, dit que les « traitres » sont ceux qui viennent de Tawergha, une petite ville à une trentaine de kilomètres au sud, peuplée de Libyens noirs, un rappel de ses origines au 19ème siècle comme cité de transit pour le commerce des esclaves.
Beaucoup d’habitants de Misrata sont persuades que les gens de Tawergha sont responsables de certaines des pires atrocités commises durant le siège de leur ville, dont les viols allégués commis sur des femmes devant leurs proches et l’aide apportée aux forces de Kadhafi pour identifier et enlever des sympathisants des rebelles et leurs familles.
La querelle entre Misrata et Tawergha est un exemple saisissant des défis que la Libye devra affronter quand Kadhafi abandonnera le pouvoir, pour réconcilier des communautés qui se sont retrouvées dans des camps opposés pendant le conflit.
Misrata, la troisième plus grande ville de Libye et son plus important centre commercial, était considérée avec méfiance par le colonel Kadhafi qui avait essayé de promouvoir des groupes minoritaires comme les habitants de Tawargha et quelques tribus bédouines de la région pour contrebalancer la puissance et la cohésion des familles marchandes blanches.
Avant le siège, près de 4/5èmes des habitants du quartier Goushi de Misrata étaient originaires de Tawargha. Maintenant, ils sont partis ou se cachent, craignant des attaques vengeresses d’habitants de Misrata, et on parle de récompenses pour leur capture.
Les chefs rebelles, dans la ville orientale de Benghazi, dissent travailler sur un plan de réconciliation post-Kadhafi. Mais ses détails sont flous et les dirigeants rebelles énoncent surtout des platitudes pour écarter les suggestions de discorde, et ils affirment simplement que « la Libye est une seule tribu. »
Ce point de vue pourrait s’avérer dangereusement naïf. Les affrontements ont déjà attisé des querelles historiques et créé de nouvelles lignes de fractures à travers le pays. Dans les monts Nefusa, au sud-ouest de Tripoli, des rebelles de la tribu Zintan sont maintenant opposés à leurs vieux rivaux Mashashya, qui sont en majorité pour le gouvernement.
Pour tenter d’apaiser certaines de ces tensions, l’Italie, ancienne puissance colonial en Libye, qui a pris parti pour les rebelles, a annoncé la semaine dernière qu’elle accueillerait près de 300 chefs tribaux Libyens pour une grande conférence de réconciliation, une offre immédiatement tournée en ridicule par le régime de Kadhafi.
Plus cet affrontement durera, plus il renforcera la méfiance dans tous les segments de la société,” affirme Lisa Anderson, président de l’Université Américaine du Caire qui est une spécialiste de la Libye.
Les rebelles de Misrata int réussi le mois dernier à contraindre les forces du colonel kadhafi à quitter la ville, mais ils continuent à combattre sur trois fronts, dont la zone limitrophe avec Tawergha. Un adolescent a été tué lundi et six membres de sa famille ont été blessés, dont ses parents et frères et sœurs, affirment des témoins, quand des forces loyales au régime présentes près de Misrata ont tiré des roquettes sur la ville. Depuis vendredi, des attaques du même genre ont tué deux femmes et au moins 26 rebelles, dont 10 le lundi, selon des médecins.
Même si les dirigeants politiques rebelles dissent qu’ils prendront des measures pour éviter des représailles s’ils s’emparent de la ville, d’autres appellent à l’expulsion de la région des habitants de Tawergha..
Ibrahim al-Halbous, un commandant rebelle qui dirige les combats près de Tawergha déclare que tous les habitants restés encore sur place devront partir une fois que la ville sera prise par les rebelles. « Ils devraient plier bagages, » dit M. Halbous. “Tawergha n’existe plus, il n’y a que Misrata. »
On ne sait pas vraiment combine de familles sont restées à Tawergha qui s’es transformée en poste avancé pour les troupes gouvernementales. On suppose que beaucoup d’entre eux sont dans un camp [de réfugiés] administré par le gouvernement beaucoup plus au sud à al-Haisha.
D’autres chefs rebelles appellent également à des mesures drastiques comme interdire à vie aux natifs de Tawergha le droit de travailler, de résider ou de scolariser leurs enfants à Misrata.
La haine contre Tawergha découle de témoignages qui affirment que les soldats loyalists étaient accompagnés de centaines de combattants volontaires de Tawergha quand ils ont pillé et incendié des dizaines de maisons au cours de l’attaque contre Misrata et ses environs les 16 et 18 mars.
Il y a aussi des récits de viols dont un des commandants rebelles évalue le nombre à 150, mais ils sont difficiles à prouver vu le stigmate attaché à ce crime dans cette nation musulmane conservatrice et l’absence de témoignages.
Cette haine contre Tawergha a une composante raciste qui était latent avant le conflit en cours. Sur la route entre Misrata et Tawergha, des slogans rebelles comme « la brigade de nettoyage des esclaves, des peaux noires » ont supplanté les gribouillis pro-Kadhafi.
Les tensions raciales ont été alimentées par les allégations sur le recours du régime à des mercenaires Africains pour réprimer violemment les manifestations au début du soulèvement libyen en février, et( par le sentiment que le sud du pays, qui est majoritairement noir, soutient généralement le colonel Kadhafi.
Bashir Amer dit avoir été une des victimes des attaques de Misrata par des soldats loyalistes et des habitants de Tawergha. Il affirme que rien n’a été épargné dans son ranch qui se trouve dans le secteur agricole de Tuminah sur la route entre Misrata et Tawergha.
La carcasse d’un des chevaux pur sang de M. Amer grillait encore au soleil lors d’une visite récente. Sa ferme a été complètement incendiée après le pillage de tout son contenu de valeur, affirme M. Amer tout en montrant le coffret à bijoux vide de son épouse. Il se trouve dans la principale chambre dont il ne reste que des murs carbonisés et un tapis de cendres.
M. Amer dit qu’il était en train de déjeuner avec sa famille quand des soldats ont enjambé la clôture de la ferme et commencé à tirer de manière indiscriminée, blessant à la jambe sa fille Fatima, 16 ans.
M. Amer dit qu’ils ont été ensuite autorisés à aller dans le ferme de ses parents plus loin sur la route dans la localité voisine de Karzaz, ouvrant ainsi la voie aux volontaires pro-Kadhafi de Tawergha qui atteignirent finalement la ferme de ses parents.
Là-bas, selon lui, ils ont tous été sortis de la maison avant qu’elle soit, comme la sienne, pillée et incendiée. « C’était terrifiant quand les hommes de Tawergha sont venus dans la maison de mes parents, » déclare M. Amer.
Son père et six de ses cousins ont été arrêtés pendant le même raid sur Tuminah et Karzaz. On ignore leur sort ainsi que celui de 1 000 autres habitants de Misrata.
Les Amer, tout comme leurs riches voisins les Issa, ont été accuses par le régime de financer les rebelles, ce qu’ils ont reconnu.
Debout sur le toit de la ferme familial incendiée; Tareq Issa se remémore sa fuite après que son oncle ait été tué et son frère grièvement blessé après un échange de tirs avec les fidèles de Kadhafi qui avaient attaqué la ferme. Les Issa sont rentrés à Tuminah le mois dernier pour trouver leur propriété en ruines.
La carcasse carbonisée d’une Lexus sedan repose dans le garage d’une maison tandis qu’une urne de marbre est tout ce qui reste du contenu d’une autre villa de style toscan située au milieu des vergers.
M. Issa, un avocat qui commande maintenant une poignée de combattants charges de la sécurité de Tuminah accuse les gens de Tawergha pour l’attaque et dit que tout son clan a un tas de comptes à régler avec cette ville.
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