mardi 26 février 2008

Barack Obama est-il un bon candidat pour les Juifs?

Ce n'est pas moi qui pose la question mais certains Juifs Américains eux-mêmes et cette question fait le titre de l'article ci-dessous tiré de l'hebdomadaire américain Newsweek.
D'après l'article, il faut comprendre qu'un candidat bon pour les Juifs n'est pas un candidat qui s'engagerait dans la protection de la liberté de culte des Juifs aux USA [cette dernière n'est pas remise en cause] ni dans une accentuation de la lutte contre l'antisémitisme, au sens d'hostilité contre les Juifs [cette hostilité existe mais elle est on ne peut plus marginale] ni dans une amélioration de l'intégration politique et économique des Juifs [de fait, les Juifs Américains sont surreprésentés dans les couches dominantes de la société aussi bien dans les sphères culturelles qu'économiques et politiques].
Non, un candidat bon pour les Juifs est un candidat qui soutient aveuglément l'entité sioniste et qui marque un refus catégorique de toute discussion avec le régime iranien, bref qui veut la guerre avec l'Iran.
Alors permettons-nous de poser la question suivante : d'après ces critères un candidat bon pour les Juifs est-il un candidat bon pour les Etats-Unis? Et pour tout ce qui n'est pas Juif dans ce bas monde?
Il est inutile de se faire trop d'illusions sur la capacité de M. Obama à infléchir substantiellement la politique de son pays, que ce soit au plan intérieur ou extérieur. Certes, il est bien intentionné et aura probablement une politique intérieure plus favorable aux pauvres, aux salariés, aux minorités. Ceci ne le distingue pas fondamentalement en réalité de sa rivale démocrate.
En matière de politique étrangère, la différence est plus sensible. Pour faire court, disons que ce n'est pas un va-t-en guerre compulsif et qu'il tentera effectivement d'avoir une autre approche avec l'Afrique et le Moyen-orient. Il tentera, de là à dire qu'il réussira, c'est une autre paire de manches car la politique étrangère des Etats-Unis tient forcément compte des intérêts des grands groupes financiers et industriels où le lobby sioniste est très présent.
C'est pourtant de ce côté, où existe effectivement une marge d'incertitude, que ses amis ont convaincu Mme Clinton de s'en prendre à Obama dont l'engagement en faveur de l'entité sioniste serait insuffisant. Et comme on le voit, et on le verra encore, tous les coups sont permis.
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Bon pour les juifs ?
Les collaborateurs d’Hillary Clinton remettent en cause l'engagement d'Obama dans les relations entre les États-Unis et Israël.
Par Michael Hirsh et Dan Efron NEWSWEEK (USA) 23 février 2008 Traduit de l'anglais par Djazaïri

Le propos avait l’apparence d’une digression. En janvier, au cours d’une conférence par téléphone avec des responsables d’importantes organisations juives, Ann Lewis, une proche conseillère d’Hillary Clinton avait fait l’éloge de la fermeté du soutien à Israël affirmé par la sénatrice de New-York. Pendant la conférence, Lewis avait fait ressortir avec force le contraste entre les preuves ses positions pro israéliennes de Mme Clinton comparativement à Barack Obama. Pour le démontrer, elle avait indiqué que le conseiller en chef d’Obama en matière de politique étrangère était Zbigniew Brezinski, rapporte un participant qui a accepté de s’exprimer sur la conférence sous condition d’anonymat.
Brezinski – ancien conseiller pour la sécurité nationale de Jimmy Carter – n’est pas « le chef conseiller pour la politique étrangère » d’Obama. Cette mission revient à un triumvirat qui avait auparavant travaillé pour Bill Clinton : Anthony Lake, Susan Rice et Greg Craig. Mais Brezinski, qui a déclaré à Newsweek avoir conseillé Obama en « une seule occasion, » a une réputation presque sulfureuse dans la communauté juive américaine. « Quand le nom de Brezinski apparaît dans une liste de conseillers, les voyants virent directement au rouge, » explique un influent responsable Juif Américain qui ne veut pas d’une dégradation des relations avec la campagne d’Obama. De nombreux Juifs Américains se méfient de Brezinski parce qu’il avait approuvé le contenu d’un article publié en 2006 puis, par la suite, d’un livre intitulé « Le lobby israélien, » qui impute de nombreux problèmes de la politique étrangère des Etats-Unis aux liens de Washington avec Israël.
La digression de Lewis n’est pas un incident isolé (elle n’a pas répondu à notre demande de commentaires). Alors que la compétition entre Clinton et Obama s’exacerbait ces derniers mois, d’autres acteurs de la campagne de Mme Clinton ont diffusé des éléments négatifs sur les relations d’Obama avec Israël, comme en témoignent des courriels obtenus par Newsweek. Outre Brezinski, les courriels s’en prennent à des conseillers d’Obama tels que Rob Malley, un ancien négociateur de Bill Clinton pendant les discussions de Camp David en 2000 et qui a, depuis, écrit des articles exprimant une sympathie pour le point de vue palestinien, et ils soulèvent des questions sur les relations entre Obama et le révérend Jeremiah Wright, ancien pasteur de la Trinity Church de Chicago dont Obama était membre. Wright a critiqué Israël et Trumpet, un magazine dirigé par sa fille, a donné une distinction pour sa « grandeur » au leader de la Nation of Islam, Louis Farrakhan, qui avait une fois qualifié le judaïsme de « religion de suceurs de sang.» (Obama n’était pas d’accord pour donner cette distinction).
Des membres de l’équipe d’Obama disent avoir peu de preuves d’une action organisée de Clinton pour lui aliéner le vote juif (Howard Wolfson, porte parole de Clinton, dit n’avoir aucun commentaire à faire). Certains membres de la communauté juive disent que l’affaire des courriels a commencé avec les Chrétiens évangéliques qui soutiennent Israël. Pourtant, un des proches conseillers d’Obama, qui a tenu à s’exprimer anonymement parce que la réponse à cette campagne donnait lieu à des débats internes, considère que le moment choisi est suspect : »On observe un nombre croissant de ces attaques par courriel, en corrélation directe avec les succès de Barack [Obama] dans les primaires et les caucus. » (Il a battu Clinton chez les électeurs Juifs en Californie, au Connecticut et au Massachussetts ; elle l’a emporté à New York, dans le New Jersey et dans le Maryland.)
Dans un cas [avéré], Daphna Ziman, une vieille amie d’Hillary Clinton en la faveur de laquelle elle a co présidé plusieurs événements, a fait suivre un courriel émanant de la Republican Jewish Coalition, une organisation de la base républicaine, critiquant Obama pour sa proposition d’un sommet musulman. Dans une interview accordée à Paris Match le 31 janvier, Obama disait vouloir « une discussion franche sur la manière de combler le fossé qui s’élargit entre les Musulmans et l’Occident. » « Je suis horrifiée par le point de vue de M. Obama. » Son courriel, envoyé à un groupement auquel participe Mike Medavoy, un producteur hollywoodien qui soutient Obama, contenait un communiqué de presse de Matt Brooks, directeur exécutif du Republican Jewish Group. « A aucun moment, dans l’article de Paris Match, le sénateur Obama n’affirme le droit à l’existence d’Israël, » écrivait Brooks. (Selon Ziman, « la campagne [de courriels] n’a rien à voir » avec son courriel).
Dans un courriel envoyé le 4 février – la veille du Super Tuesday – Annie Totah, responsable des finances pour Mme Clinton, transmettait un texte critique d’Ed Lasky, un blogueur conservateur, qui a fait circuler dans la communauté juive des Etats-Unis ses propres courriels anti-Obama. Totah écrivait : « Lisez, SVP, l’article ci-joint très troublant sur Barack Obama. Votez avec discernement lors des primaires. » (Elle n’a pas répondu à notre demande pour obtenir ses commentaires).
Les partisans d’Obama ont contre attaqué en réunissant des motions de soutien dans la communauté juive. Les leaders Juifs sont presque unanimes pour dire que les votes d’Obama [au Congrès] et ses allocutions publiques montrent qu’il apporte un soutien résolu à Israël. « Les sénateurs Clinton, Obama, McCain et le gouverneur Huckabee ont fait la preuve de leur soutien à de solides relations israélo-américaines, » a écrit à Newsweek Howard Friedman, président de l’AIPAC [le lobby sioniste]. (L’AIPAC indique que les trois sénateurs ont une logue liste de votes positifs sur des questions importantes pour les relations israélo-américaines). Les quelques personnalités juives et israéliennes de premier plan qui critiquent Obama se concentrent sur son apparente volonté, s’il est président, de discuter avec le régime iranien. Danny Ayalon, ex ambassadeur israélien à Washington, affirme que l’Iran exploiterait la crédulité d’Obama pour développer son programme nucléaire. Hillary Clinton semble avoir très envie de rappeler cet argument aux électeurs.

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