Un article intéressant sur un ouvrage historique qui vient d'être publié dans l'entité sioniste. Certains y apprendront que, dans leur majorité, les Juifs dits de la "diaspora" n'ont aucune attache ancestrale avec la Palestine et que les Palestiniens ne sont pas autre chose que les autochtones de la Palestine : tour à tour polythéistes, Juifs puis Chrétiens et/ou Musulmans.
C'est que l'histoire de la Palestine ne diffère pas fondamentalement de celle d'autres contrées que nous incluons dans ce que nous appelons actuellement le monde arabe. Les Arabes n'ont pas supplanté les peuples autochtones, que ce qoit en Palestine, en Syrie, en Egypte ou en Algérie. Partout très minoritaires, ils ont obtenu, en général lentement, contrairement aux idées reçues, la conversion à l'Islam de franges plus ou moins larges de la population des nations qu'ils dominaient. Le mouvement d'islamisation ne cessant d'ailleurs pas avec la fin de la domination politique arabe. La même remarque peut être faite pour le processus d'arabisation, c'est-à-dire d'adoption progressive de la langue arabe non seulement comme langue cultuelle et administrative mais aussi comme langue du quotidien et finalement comme langue maternelle. A la différence près que, une fois la domination arabe terminée, la langue arabe a reculé dans toutes les contrées n'appartenant pas à l'aire linguistique sémitique (j'inclus le Maghreb et l'Egypte dans l'aire linguistique sémitique même si on doit plutôt parler d'aire chamito-sémitique).
Cet article sera surtout utile pour ceux qui persistent à voir dans le conflit palestino-sioniste un différend de nature religieuse, et entre deux légitimités dont l'une se fonde sur un droit au retour après un exil bi-millénaire. Comme on le savait, mais c'est bien de l'entendre dire par un historien, ce long exil est une fiction.
Et la tragédie palestinienne n'est que le résultat d'une oeuvre coloniale tout ce qu'il y a de classique à quelques nuances près.
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Une invention appelée ‘le peuple juif’
par Tom Segev, Haaretz (Sionistan) 28 février 2008 Traduit de l’anglais par Djazaïri
par Tom Segev, Haaretz (Sionistan) 28 février 2008 Traduit de l’anglais par Djazaïri
La déclaration d’indépendance d’Israël affirme que le peuple Juif est né sur la terre d’Israël et a été exilé de sa patrie. Tous les écoliers Israéliens apprennnent que ceci s’est produit au temps de la domination roamaine, en 70 de l’ère chrétienne. La nation est restée fidèle à sa terre d’origine vers laquelle elle a commencé son retour après deux millénaires d’exil. Faux, nous dit l’historien Shlomo Zand dans un des livres les plus fascinants et stimulants publiés ici depuis longtemps. Il n’y a jamais eu de peuple juif, seulement une religion juive, et l’exil n’a jamais eu lieu – et donc il n’y a pas eu de retour. Zand rejette la plupart des récits sur la formation de l’identité nationale de la Bible, dont la fuite d’Egypte et, ce qui est plus satisfaisant, les horreurs de la conquête sous Josué. Il affirme que tout n’est que fiction et mythes qui ont servi de justification pour l’établissement de l’Etat d’Israël.
Selon Zand, généralement les Romains ne déportaient pas des nations entières, et la plupart des Juifs furent autorisés à rester dans le pays. Le nombre d’exilés était au plus de quelques dizaines de milliers de personnes. Quand le pays fut conquis par les Arabes, de nombreux Juifs se convertirent à l’Islam et s’assimilèrent aux conquérants. Il s’ensuit que les ancêtres des Arabes Palestiniens étaient juifs.
Zand n’a pas inventé cette thèse qui était adoptée par David Ben-Gurion, Yitzhak Ben-Zvi et d’autres.Si les Juifs ne sont pas en majorité des exilés, comment se fait-il qu’on trouve nombre d’entre eux presque aux quatre coins du monde ? Zand explique qu’ils ont émigré de leur propre volonté ou, s’ils étaient de ceux déportés à Babylone, ils y sont restés par choix. Contrairement aux idées reçues, la religion juive a essayé de convertir des croyants d’autres religions, ce qui explique pourquoi il y a des millions de Juifs sur la planète. Car, comme le signale par exemple le Livre d’Esther, « Et beaucoup de gens d'entre les peuples du pays se firent Juifs, car la crainte des Juifs les avait saisis».
Zand s’appuie sur de nombreuses études antérieures, dont certaines ont été écrites en Israël mais écartées du discours dominant. Il décrit aussi longuement le royaume juif de Himyar au sud de la péninsule arabique et les Berbères Juifs d’Afrique du Nord. La communauté juive en Espagne est issue d’Arabes judaïsés venus avec les forces qui avaient pris l’Espagne aux Chrétiens et d’Européens de souche judaïsés également.Les premiers Juifs d’Ashkenaz (Allemagne) ne venaient pas d’Israël et ne se sont pas répandus en Europe orientale à partir de l’Allemagne mais se sont judaïsés dans le royaume de Khazar au Caucase. Zand explique les origines de la culture yiddish : elle n’a pas été importée d’Allemagne par les Juifs mais est le fruit de l'union de Khazars et d’Allemands qui voyageaient vers l’est et dont certains étaient commerçants.
On observe alors que des membres de différents peuples et races, blonds et noirs, bruns et jaunes, devinrent juifs en grand nombre. D’après Zand, le besoin pour le sionisme d’imaginer pour eux une ethnicité partagée et une continuité historique a conduit à une longue série d’inventions et de fictions à côté de l’invocation de thèses racistes. Certaines ont été concoctées dans le cerveau de ceux qui ont conçu le mouvement sioniste tandis que d’autres viennent des découvertes d’études génétiques réalisées en Israël.
Zand s’appuie sur de nombreuses études antérieures, dont certaines ont été écrites en Israël mais écartées du discours dominant. Il décrit aussi longuement le royaume juif de Himyar au sud de la péninsule arabique et les Berbères Juifs d’Afrique du Nord. La communauté juive en Espagne est issue d’Arabes judaïsés venus avec les forces qui avaient pris l’Espagne aux Chrétiens et d’Européens de souche judaïsés également.Les premiers Juifs d’Ashkenaz (Allemagne) ne venaient pas d’Israël et ne se sont pas répandus en Europe orientale à partir de l’Allemagne mais se sont judaïsés dans le royaume de Khazar au Caucase. Zand explique les origines de la culture yiddish : elle n’a pas été importée d’Allemagne par les Juifs mais est le fruit de l'union de Khazars et d’Allemands qui voyageaient vers l’est et dont certains étaient commerçants.
On observe alors que des membres de différents peuples et races, blonds et noirs, bruns et jaunes, devinrent juifs en grand nombre. D’après Zand, le besoin pour le sionisme d’imaginer pour eux une ethnicité partagée et une continuité historique a conduit à une longue série d’inventions et de fictions à côté de l’invocation de thèses racistes. Certaines ont été concoctées dans le cerveau de ceux qui ont conçu le mouvement sioniste tandis que d’autres viennent des découvertes d’études génétiques réalisées en Israël.
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Le professeur Zand enseigne à l’université de Tel Aviv. Son livre, « Quand et où le peuple Juif a-t-il été inventé ? » (publié en hébreu par Resling) vise à promouvoir l’idée qu’Israël devrait être un « Etat pour tous ses citoyens »- Juifs, Arabes ou autres – en opposition avec son identité déclarée comme Etat « Juif et démocratique. » Des histoires personnelles, une longue discussion théorique et de nombreux propos sarcastiques n’apportent rien à ce livre, mais les chapitres historiques sont bien écrits et citent de nombreux faits et éléments de compréhension que beaucoup d’Israéliens seront étonnés de lire pour la première fois.
L'industriel Henry Ford avançait déjà cette idée dans les années 20, "Le Juif Internationnal"
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