samedi 11 mars 2006

Tourisme alternatif en Palestine occupée

Cet article du daily Telegraph, à propos d'une forme bien particulière de tourisme, donne un aperçu de ce qu'est l'occupation de la Palestine par les sionistes, colons et soldats.

Un passage montre que l'occupation ne se limité pas à l'action militaire contre ceux qui osent la défier mais qu'elle est faite aussi d'actions qui visent simplement à rappeler à l'occupé la réalité de l'occupation et, in fine, le dissuader de vouloir la contester.


Une excursion en Cisjordanie révèle la triste réalité de l'occupation israélienne

par Harry de Quetteville à Hébronle 11/03/2006
Daily Telegraph (UK)


Sur la terrasse d'ue maison palestinienne réquisitionnée dans la ville d'Hébron en Cisjordanie, Yehuda Shaul, un ex-soldat israélien, se tient au centre d'un groupe de touristes Allemands captivés et leur parle de l'époque où il lançait des grenades sur les militants armés.
"J'étais formé au maniement du lance grenades. C'était ma mission" dit-il. "Mais nous tirions sur des maisons à 800 mètres de distance alors , c'est sûr, nous touchions aussi des cibles innocentes."
Quand M. Shaul parle de cibles innocentes, il veut dire des civils Palestiniens. Il ne se gêne pourtant pas pour évoquer des récits tirés de ses 14 mois de service dans l'armée israélienne à Hebron. "Pouvions-nous lancer des grenades sur des zones résidentielles palestiniennes? Bien sûr. Pourquoi pas?" demande-t-il tout en décrivant de nombreuses actions militaires israéliennes enfreignant les propres règles d'engagement de l'armée. "C'était marrant. C'était cool. Pouvions nous fermer 2000 boutiques palestiniennes avec un couvre feu décidé sur un coup de tête? Pourquoi pas?"
Ces neuf derniers mois, M. Shaul et son association Breaking the Silence [Rompre le silence] a amené plus de 40 groupes de visiteurs, soit 1200 personnes, dans la ville divisée d'Hébron où 500 colons Juifs vivent au milieu de plus de 100 000 Palestiniens.
Ces touristes qui ne payent que leurs frais de transport se voient proposer une vision de l'intérieur et en direct de l'impact des colonies israéliennes à Hébron - avec les centaines de soldats qui les protègent - sur la population palestinienne de la ville.
"Les patrouilles font des descentes dans les maisons à toute heure du jour et de la nuit, pas pour arrêter des terroristes mais pour rappeler notre présence" explique M. Shaul. "On fait irruption dans une maison au beau milieu de la nuit, on réveille tout le monde. On ne traite pas les Palestiniens comme des êtres humains égaux. C'est comme mettre sa morale et son éducation dans un mixer. Après quelques minutes dans le mixer, il ne reste plus rien."
Breaking the Silence n'est guère appréciée par les colons Juifs d'hébron : "Ils soutiennent les terroristes. Ils veulent que les Juifs s'exilent et soient tués." affirme Noam Arnon, le porte parole des colons.
Mais ces excursions sont de plus en plus prisées sur un marché israélien du tourisme alternatif en croissance au moment où la violence éloigne les touristes conventionnels.
Au nombre de ces nouveaux circuits touristiques figurent les excursions le long de la barrière de sécurité - cet assemblage israélien controversé de murs de béton et de clôtures métalliques qui traverse la Cisjordanie.
Ir Amim, fondée par l'avocat israélien Danny Seidemann, est une association qui "pense que Jérusalem - avec ses 470 000 Juifs et ses 230 000 Arabes - est une ville qui appartient aux Israéliens et aux Palestiniens" explique Sarah Kreimer, une de ses guides.
Les politiciens Israéliens ne sont pas d'accord et affirment que Jérusalem est la"capitale éternelle et indivisible" de l'Etat juif.
Ir Amim a organisé des dizaines de circuits, proposant des inspections de visu du mur à des Juifs d'Israël et d'ailleurs comme à des diplomates et à des hommes politiques.
"Quand nous emmenons des Israéliens pour ces visites, on les voit changer" dit-elle. "On voit une lueur dans leur regard."
"Tous les circuits ne sont pas critiques envers les politiques israéliennes. L'Israeli Law Centre, qui défend juridiquement les victimes du terrorisme palestinien, organise des "missions" d'une semaine qui plongent leurs invités payants dans les "réalités des problèmes de sécurité" d'Israël.
"Nous sommes pro-Israël et nous voulons faire venir les gens pour qu'ils voient la dure réalité en face," explique Avi Leitner, directeur du centre. "Nous montrons comment fonctionnent les barrages et les checkpoints militaires et nous ne nous excusons pas. Les gens vivent un grand moment."
Pourtant, quand Breaking the Silence a fait entrer des Israéliens au domicile d'Hossam al-Azzeh à Hébron, peu parmi eux ont vécu un grand moment. Il montre à ses visiteurs une vidéo dans laquelle des colons Juifs caillassent des écolières Palestiniennes devant des soldats passifs.
"Beaucoup d'Israéliens sont choqués" dit-il. "J'en ai vu certains pleurer."

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