mardi 17 octobre 2006

Projet de loi maintenant la peine capitale en Algérie

Alors qu'on observe une certaine recrudescence des attentats en Algérie, en Kabylie particulièrement mais pas seulement, l'Assemblée populaire Nationale (parlement algérien) vient d'adopter un projet de loi relatif aux procédures pénales. Le quotidien La dépêche de kabylie remarque que ce projet de loi prévoit le maintien de la peine capitale, en contravention avec "les conventions ratifiées par notre pays qui, faut-il le souligner, n’a pas eu recours à cette sanction depuis 1993." [précision : cette peine a été prononcée à plusieurs reprises mais pas exécutée]
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Le journal rappelle les déclarations de Me Ksentini, président de l'officielle Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l’Homme (Cncppdh) qui plaidait pour l'abolition de cette peine qu'il qualifiait de "cruelle et absurde" et "sans effet dissuasif." Me Ksentini expliquait même qu'à défaut de l'abolir de sa propre initiative, l'Algérie se verrait imposer cette abolition.
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Me Ksentini est donc d'un optimisme que le vote du parlement a quelques chances de refroidir. Son argumentation est correcte : la cruauté de cette peine est indubitable et ses partisans considèrent que cette cruauté lui donne son caractère dissuasif. Or justement, la valeur dissuasive de la peine de mort n'a jamais pu être établie, bien au contraire. La référence majeure sur ce sujet restent, je crois, les "Réflexions sur la peine capitale" d'Arthur koestler et Albert Camus. Koestler était sioniste, mais ça c'est une autre affaire...
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Bien entendu, comme le rapporte la Dépêche, le ministre algérien de la justice n'exclut pas la suppression de la peine capitale mais précise qu'une abolition "ne pourrait concerner le terrorisme, l'atteinte à la sécurité de l'Etat, la trahison et les crimes d'infanticide et de parricide et révélera que l’Algérie qui est encore confrontée au problème des extraditions de certains criminels, rencontre un problème de la part des pays hôtes qui refusent de lui remettre ces inculpés, justement en raison de l'existence de la peine capitale".
C'est le discours classique des partisans de cette peine : non rejetée dans son principe, on lui trouve toujours des crimes affreux justifiant son application. Ce qui caractérise l'argumentaire du ministère algérien, c'est qu'il ne se limite pas aux crimes qui touchent la sensibilité de tous, quel que soit notre société d'appartenance et l'état des moeurs : l'infanticide et la parricide. En Algérie on ajoute tout ce qui relève de la sécurité de l'Etat et le terrorisme.
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Pourtant, ajouter la mort à la mort n'est jamais une bonne solution. Les Algériens devraient être bien placés pour le savoir, eux à qui la puissance coloniale a, souvent et vainement, appliqué cette peine.
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Comme quoi, on ne tire jamais de leçons de l'histoire.

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