Ce "ils", ce ne sont bien entendu pas les nazis mais le Beth Din ou tribunal rabbinique de Londres.
La singulière conception "moderne" du judaïsme en fait un mélange de "race," de nationalité et de religion. De sorte que pour pouvoir se dire juif, il faut obligatoirement avoir une ascendance maternelle juive. Quand je dis ascendance maternelle juive, cela ne signifie pas avoir une mère juive et croyante voire pratiquante. Non, il suffit d'avoir une mère dont la mère elle-même était juive. Une transmission de la religion qui s'opère à peu près de la même manière que les caractéristiques biologiques ou la nationalité puisque la filiation est un critère parmi d'autres qui permet d'établir juridiquement une nationalité.
On peut certes se convertir au judaïsme, c'est vrai. Mais c'est, passez moi l'expression, un véritable chemin de croix sans garantie de résultat et les conversions sont souvent sujettes à contestation de la part de tel ou tel grand rabbin ou tribunal rabbinique. C'est ainsi, rappelons-le que de nombreuses personnes ont vu leur conversion purement et simplement annulée. Ou encore qu'un enfant dont la mère était une convertie au judaïsme mariée à un juif s'était vu refuser l'admission dans une école juive en Angleterre, amenant la justice britannique à conclure que le judaïsme était une race. A contrario, vous avez ceux qui sont Juifs à l'insu de leur plein gré parce qu'ils ont une mère « juive », une mère « juive » pouvant être une catholique issue elle-même d'une mère « juive » catholique, c'est-à-dire d'une grand-mère convertie à une autre religion. C'est précisément cette conception racialo-nationale que défend le sionisme.
Donc, les nazis ont assassiné la famille de Joseph Marks, le principal protagoniste de l'article que je vous propose, parce qu'elle était juive, mais le Beth Din de Londres considère que cet homme de 80 ans n'est pas juif. Dommage qu'il l'ait appris si tard, sa famille aurait peut-être pu échapper à la barbarie nazie.
Joseph Marks n'est pas considéré comme juif parce qu'il n'a pas les papiers jugés adéquats pour prouver que sa mère, décédée dans l'entité sioniste, était elle-même juive. Peu importe s'il a été éduqué dans la connaissance de l'hébreu, du yiddish et de la religion juive: il lui manque ces foutus papiers... d'état civil.
Il lui reste cependant un petit espoir car les fins limiers du Beth Din (un généalogiste et un documentaliste) ont entrepris des recherches pour retrouver ces bouts de papier. Sûr que les frais lui seront facturés. Ce n'est pas exactement pour ça qu'il voulait payer, mais simplement pour s'inscrire dans une agence matrimoniale juive pour trouver une compagne (juive) pour ses vieux jours.
Incidemment, on comprend que ce n'est pas la première fois que son incapacité à prouver administrativement son appartenance au peuple élu lui a joué un tour. En effet, il semble que cette judéité non prouvable par l'état civil est ce qui l'a empêché de voir aboutir ses démarches en vue d'obtenir une indemnisation pour les biens de sa famille saisis par les nazis. De là à conclure que si on n'est pas juif on n'a pas droit à indemnisation, il n'y a qu'un pas que je ne franchirai pas faute d'éléments à ce sujet.
Un vrai lo(o)ser ce Joseph Marks.
par Jessica Elgot, Jewish Chronicle (UK) 1er juillet 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Un homme âgé de 80 ans a vu sa qualité de juif remise en cause par le Beth Din (tribunal rabbinique sauf erreur de ma part) après avoir essayé de s'inscrire dans une agence matrimoniale.
Il y a deux ans, Marilyn, l'épouse non juive de Joseph Marks est morte d'un cancer des ovaires. M. Marks, un ancien producteur de films qui réside à Shepperton dans le Middlesex avait tenté de s'inscrire à Connect, une agence matrimoniale juive indépendante affiliée au Jewish Marriage Council.
En avril, on lui a demandé de rencontrer Dayan Menachem Gelley au Beth Din de Londres. Il l'ignorait -comme il s'en apercevra par la suite - que Connect n'hésite pas à s'adresser au Beth Din pour enquêter sur la qualité de juif d'un candidat au mariage avant de l'accepter.
M. Marks a déclaré: "J'ai consacré beaucoup de temps à chercher à obtenir des indemnisations pour ma famille qui a été assassinée par les nazis à Treblinka. Je suis allé là-bas [au Beth Din] en comprenant qu'il allait m'aider dans mes démarches d'indemnisation.
Nous nous sommes assis dans une salle de réunion vide, et après avoir compulsé mes papiers, Dayan Gelley m'a demandé où j'habitais, commentant ma réponse en disant qu'il n'y avait pas beaucoup de Juifs à Shepperton. J'ai relevé qu'il y avait trois synagogues là-bas.
"Il a produit un certificat de décès de ma mère. Il a affirmé qu'il était non valide, en dépit du fait qu'il était signé de la main d'un magistrat très estimé en Israël où ma mère est enterrée. Il a dit: 'Nous ne le reconnaissons pas.'
"Il m'a toisé et a dit: 'Je ne crois pas que vous êtes juif. Et je ne pense pas que votre mère l'était non plus.'"
M. Marks dit n'avoir pas été en mesure de produire la ketubah car ses parents avaient fait un "mariage à la hâte" dans un service d'état civil à Stepney.
Il ajoute: "Ma femme a fait des efforts désespérés pour se convertir mais elle se heurtait sans cesse à un mur et ça avait fini par l'irriter. Je l'ai dit à Dayan Gelley qui a souri et a dit: 'Oui, nous rendons les choses très difficile pour les gens, n'est-ce pas?' Je suis fou de colère. C'est on ne peut plus insultant. Je n'arrive pas à croire qu'un homme dont le rang est supérieur à celui d'un rabbin puisse faire ça à quelqu'un, et parler comme ça à quelqu'un. Pourquoi ces hommes adoptent-ils une telle attitude?"
M. Marks a consacré une bonne partie de sa vie à essayer d'obtenir une indemnisation pour ce que les nazis ont volé à sa famille.
Il rappelle qu'il est allé en Pologne quelques semaines seulement avant l'invasion nazie. Il dit: "Ma mère, Brucha, voulait rester avec sa famille. Mais je suis tombé malade, alors nous sommes rentrés à Londres le jour de la déclaration de guerre. En 1942, nous avons été contactés par la Croix Rouge qui nous a informés que toute la famille avait été exterminée."
"Mes parents étaient des membres fondateurs des synagogues d'Highams Park et de Chingford en 1930. C'étaient des Juifs pratiquants qui m'ont appris à parler l'hébreu et le yiddish.
"Le tribunal rabbinique a rejeté mon acte de naissance, le certificat de mariage de mes parents et le certificat de décès de ma mère. Je ne peux pas remonter plus loin, et ça fait des années que j'essaye à cause de mes démarches pour une indemnisation.
"Toute trace de ma famille maternelle a été effacée en Pologne et quand notre maison de Chingford a été bombardée pendant la guerre, tous les papiers de ma mère ont été réduits en cendres."
Dayan Gelley a déclaré: "Nous ne pouvons pas accepter sa parole à la place de documents qui existent si nous ne pouvons trouver aucune preuve de leur existence.
"Nous avons un généalogiste et un archiviste qui continuent à chercher. Nous serons très heureux de pouvoir aider ce monsieur quand nous trouverons quelque chose.
"C'est la même chose pour tout le monde, quel que soit l'âge. Ca n'a rien à voir avec le fait d'avoir des enfants; on ne peut pas marier une juif à un non juif, quel que soit leur âge."
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