La visite du Pape Benoît XVI au Proche Orient est un des faits marquants de l’actualité. Après un passage en Jordanie, le Pape se rend en Palestine occupée où un accueil mitigé lui est réservé aussi bien par les juifs que par les musulmans.
Pas pour les mêmes raisons cependant. La réserve des musulmans tient pour partie aux propos qu’avait tenus le Pape, tendant à assimiler Islam et violence mais surtout à sa renonciation, sous les pressions du régime sioniste, à l’idée de prendre la parole publiquement près du mur de séparation qui marque la limite du ghetto sioniste.
Entre l’église catholique et les juifs, les sujets de contentieux surabondent ; ce sont surtout les juifs qui font des reproches à l’église catholique : ils rejettent par exemple le projet de béatification de Pie XII, rappellent l’appartenance de Benoît Ratzinger aux Jeunesses Hitlériennes et n’oublient pas la remise au goût du jour de la prière pour la conversion des juifs.
En dépit de ce tombereau de reproches, le Pape a tenu à affirmer «le lien inséparable qui unit l'Eglise et le peuple juif.»
On s’interrogera sur la nature de ce lien inséparable. Peut-être s’agit-il de celui constitué par la corde qui, selon le Talmud, a servi à pendre Jésus.
Oui, car selon le Talmud, Jésus n’a pas été crucifié mais lapidé puis pendu par les juifs eux-mêmes, et non exécuté par les romains.
On dira que j’ai pêché ça dans un site antisémite qui accomode le Talmud à sa sauce (au passage, rappelons que pour l'Islam, Jésus n'a été ni crucifié ni pendu).
Que nenni. J’ai trouvé ça dans un article publié par Forward, un magazine juif édité aux USA. Ce qui est d’ailleurs amusant dans cet article, c’est que l’auteur feint de découvrir le sort fait à Jésus dans le Talmud. On aurait pu le croire si l’auteur avait une culture juive minimale alimentée par une version expurgée du Talmud. Or ce n’est pas le cas puisqu’il nous indique avoir effectué un travail universitaire sur (Saint) Paul dans le Talmud.
Les juifs ont-ils un problème avec Jésus?
Le Polymath
Par Jay Michaelson Jewish Forward (USA), le 29 avril 2009 traduit de l’anglais par Djazaïri
La blague, si c’en est une, dit ceci : «Vous devez nous pardonner, nous les Juifs, d'être un peu nerveux. Deux mille ans d'amour chrétien ont usé nos nerfs.»
C’est tout dire, n’est-ce pas ? Les cicatrices de l’antisémitisme et de l’action missionnaire, le sens de l’humour rempli de pathos, le mépris de la chrétienté – c’est certainement ainsi que je voyais majoritairement notre religion dans ma jeunesse. Quand j’étais enfant, le christianisme était comme un grand tyran stupide : à la fois idiot et extrêmement puissant. Etaient-ils incapables de voir à quel point leur religion était ridicule ? Une naissance virginale ? Le Père Noël ? Un lapin de Pâques? Un messie qui a été tué, mais est mort en réalité pour nos péchés? Et pourtant, telles étaient les personne qui dirigeaient notre pays, nous disant les jours avec école et les jours sans, et nous jouant leur musique insidieuse chaque hiver.
Si les livres soumis à la lecture du journal Forward indiquent une quelconque tendance, alors je ne suis pas le seul dans ma névrose par rapport à Yeshu ben Yoseph. Même si rien, semble-t-il, ne rivalisera avec le flot interminable de livres sur l’holocauste, ces dernières années ont vu une petite montagne de livres sur Jésus arriver sur mon bureau, la plupart d’entre eux ne méritant pas d’être signalés. Des balivernes sur comment Jésus s’est trompé sur le judaïsme ou comment le christianisme s’est trompé sur Jésus, ou à quel point nous sommes mieux qu’eux [les chrétiens] – des livres du genre que j’aurais pu écrire dans ma jeunesse.
A coup sur, la jésumanie est en partie due au succès du livre de David Klinghoffer paru en 2005, «Pourquoi les juifs ont rejeté Jésus.» (Réponse : Nous sommes le peuple élu – une nation, pas des universalistes.) Mais je pense qu’elle est en bonne partie liée au renforcement de notre confiance en tant que minorité assimilée aux Etats-Unis. Si à une époque nous aurions pu être torturés ou placés sur le bûcher pour le fait de ne pas accepter Jésus, nous pouvons maintenant publier des livres qui le critiquent.
Il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, les textes discutés dans le meilleur livre de la dernière moisson de publications, « Jésus dans le Talmud » par Peter Schafer ont été autrefois considérés si scandaleux qu’ils firent l’objet d’une autocensure dans les éditions européennes du Talmud. Non pas que cette démarche ait réussi : les autorités chrétiennes brûlèrent tout de même le Talmud et l’antisémitisme continua sans relâche. Mais la censure a quelque peu réussi ; ces textes sont pratiquement inconnus, même à ce jour.
Et ils restent assez scandaleux. Ce que Schafer montre, c’est que les rabbins du Talmud connaissaient suffisamment le Nouveau testament pour le parodier et s’inquiétaient suffisamment de la croissance de la nouvelle secte judéo-chrétienne pour condamner le Nouveau Testament. Et ils le firent dans des termes impitoyables.
L’image de Jésus qu’on retire du Talmud est celle d’un hors la loi, un maniaque sexuel adepte de la magie noire qui recourait à la tromperie pour égarer Israël. Dans BT [Talmud de Babylone] Sanhédrin 103a, Jésus est représenté comme un mauvais disciple qui a « gâché sa nourriture, » ce qui, spécule Schafer, pourrait être un euphémisme pour l’inconduite sexuelle : « manger le mets » étant un euphémisme talmudique connu pour désigner l’acte sexuel lui-même. Une correction ultérieure ajoute qu’il « pratiquait la magie et a égaré Israël. » Et la naissance virginale est ridiculisée comme un camouflage de la véritable filiation de Jésus : sa mère était une « femme illicite » (autre locution talmudique), peut-être même une prostituée.
C’est du lourd – pas étonnant qu’on ne l’enseigne pas dans les cours du dimanche. Mais fascinant aussi, à condition bien entendu, de ne pas le prendre trop au sérieux (ce que certains juifs font, à n’en pas douter). Les textes étudiés par Schafer – tous relativement tardifs, remontant au 3ème ou 4ème siècle après JC, suggérant un effort conscient pour combattre la montée de la secte – montrent que les rabbins talmudistes n’ont pas rejeté Jésus pour les nobles raisons suggérées par Klinghoffer et ses émules. Selon ces textes tout au moins, ils l’ont rejeté parce qu’ils pensaient qu’il incarnait le mal ou le percevaient comme une menace.
De manière choquante, cependant, le Talmud ne fuit pas la responsabilité de la mort de Jésus. Au contraire, il dit qu’il l’avait méritée et qu’elle est l’œuvre des juifs eux-mêmes. Jésus était, indiquent les textes, un sorcier, un idolâtre et un hérétique qui guidait Israël dans l’idolâtrie. Sa condamnation était absolument justifiée et son exécution – lapidation puis pendaison – a été effectuée en stricte conformité avec le droit rabbinique.
Pourquoi le Talmud fait-il cette revendication ? Schafer suppose que c’est pour saper le récit des Evangiles et affirmer le pouvoir des rabbins. Dans le récit des Evangiles, les rabbins sont pratiquement des instruments de Rome. Dans la version du Talmud, ils sont tout puissants – si puissants qu’ils condamnèrent le héros de la secte chrétienne à une mort brutale (croyez-le ou pas, il y a en fait des textes encore plus crus et que Schafer a inclus dans son livre. Il suffit de dire que l’enfer de Dante n’est rien à côté de leur horrible récit. Mais je n’en parlerai pas dans ce journal familial.)
Ce qui est fascinant dans la lecture de ces textes ainsi que des commentaires soigneux et méthodiques de Schafer, est que l’ambivalence envers jésus que j’ai ressenti dans ma jeunesse, semblait déjà présente dès le 4ème siècle. D’un côté Jésus est objet de mépris, de l’autre son pouvoir est dangereux. Ces textes ont été écrits avant que l’église devienne la plus grande force en ce monde, mais ils ne dépareilleraient pas dans la liste des livres que j’ai choisi de ne pas présenter ici.
En fait, je suis certain que certains lecteurs auraient préféré que ces commentaires ne soient pas publiés du tout. Les textes présentés dans l’ouvrage de Schafer restent dangereux. Ils pourraient encore inciter à la violence contre les juifs. Et ils menacent des décennies de progrès des relations judéo-chrétiennes.
On se demande quand, si jamais, les juifs pourront se remettre du traumatisme de l’oppression chrétienne et apprendre réellement, tout en nous en différenciant, de la tradition et de l’enseignement chrétiens. Au cours de mon propre cheminement spirituel, j’ai été étonné d’avoir appris autant des enseignements d’autres traditions – bouddhisme, hindouisme, paganisme, soufisme – et de mon degré de nervosité quand il s’agit du christianisme. Certes, comme beaucoup de juifs, j’accorde de la valeur aux enseignements de Jésus et j’ai même fait mon mémoire de master sur Paul et le Talmud. Mais ce n’est pas assez. Je veux comprendre le Christ à la manière des chrétiens – pas pour devenir l’un d’entre eux, mais pour enrichir ma propre vie religieuse. Je veux apprendre d’eux comment avoir une relation personnelle avec un Dieu personnel, humanisé, incarné qui veille et qui sauve. Je veux ressentir Jésus comme un être humain assez éclairé pour voir chacun comme sacré, même l’impur, le lépreux et le marginal. Et je veux suivre son exemple, voir tous mes frères en humanité et moi-même comme les fils et les filles de Dieu.
Il y a quatre ans, j’avais développé certaines de ces réflexions dans un essai publié par Zeek magazine. J’avais avec humour intitulé l’article « Comment j’en suis finalement venu à accepter le Christ dans mon cœur, » expliquant cette ironie dans le premier paragraphe. Lors d’une conférence où ce magazine était en vente, quelqu’un a vu ce titre, a pris le lot entier de magazines et l’a jeté à terre, avant d’accuser le libraire de vendre des détritus de missionnaires.
Eh bien, je pense que vous devrez nous pardonner, à nous les juifs, d’être encore un peu nerveux...
Pas pour les mêmes raisons cependant. La réserve des musulmans tient pour partie aux propos qu’avait tenus le Pape, tendant à assimiler Islam et violence mais surtout à sa renonciation, sous les pressions du régime sioniste, à l’idée de prendre la parole publiquement près du mur de séparation qui marque la limite du ghetto sioniste.
Entre l’église catholique et les juifs, les sujets de contentieux surabondent ; ce sont surtout les juifs qui font des reproches à l’église catholique : ils rejettent par exemple le projet de béatification de Pie XII, rappellent l’appartenance de Benoît Ratzinger aux Jeunesses Hitlériennes et n’oublient pas la remise au goût du jour de la prière pour la conversion des juifs.
En dépit de ce tombereau de reproches, le Pape a tenu à affirmer «le lien inséparable qui unit l'Eglise et le peuple juif.»
On s’interrogera sur la nature de ce lien inséparable. Peut-être s’agit-il de celui constitué par la corde qui, selon le Talmud, a servi à pendre Jésus.
Oui, car selon le Talmud, Jésus n’a pas été crucifié mais lapidé puis pendu par les juifs eux-mêmes, et non exécuté par les romains.
On dira que j’ai pêché ça dans un site antisémite qui accomode le Talmud à sa sauce (au passage, rappelons que pour l'Islam, Jésus n'a été ni crucifié ni pendu).
Que nenni. J’ai trouvé ça dans un article publié par Forward, un magazine juif édité aux USA. Ce qui est d’ailleurs amusant dans cet article, c’est que l’auteur feint de découvrir le sort fait à Jésus dans le Talmud. On aurait pu le croire si l’auteur avait une culture juive minimale alimentée par une version expurgée du Talmud. Or ce n’est pas le cas puisqu’il nous indique avoir effectué un travail universitaire sur (Saint) Paul dans le Talmud.
Les juifs ont-ils un problème avec Jésus?
Le Polymath
Par Jay Michaelson Jewish Forward (USA), le 29 avril 2009 traduit de l’anglais par Djazaïri
La blague, si c’en est une, dit ceci : «Vous devez nous pardonner, nous les Juifs, d'être un peu nerveux. Deux mille ans d'amour chrétien ont usé nos nerfs.»
C’est tout dire, n’est-ce pas ? Les cicatrices de l’antisémitisme et de l’action missionnaire, le sens de l’humour rempli de pathos, le mépris de la chrétienté – c’est certainement ainsi que je voyais majoritairement notre religion dans ma jeunesse. Quand j’étais enfant, le christianisme était comme un grand tyran stupide : à la fois idiot et extrêmement puissant. Etaient-ils incapables de voir à quel point leur religion était ridicule ? Une naissance virginale ? Le Père Noël ? Un lapin de Pâques? Un messie qui a été tué, mais est mort en réalité pour nos péchés? Et pourtant, telles étaient les personne qui dirigeaient notre pays, nous disant les jours avec école et les jours sans, et nous jouant leur musique insidieuse chaque hiver.
Si les livres soumis à la lecture du journal Forward indiquent une quelconque tendance, alors je ne suis pas le seul dans ma névrose par rapport à Yeshu ben Yoseph. Même si rien, semble-t-il, ne rivalisera avec le flot interminable de livres sur l’holocauste, ces dernières années ont vu une petite montagne de livres sur Jésus arriver sur mon bureau, la plupart d’entre eux ne méritant pas d’être signalés. Des balivernes sur comment Jésus s’est trompé sur le judaïsme ou comment le christianisme s’est trompé sur Jésus, ou à quel point nous sommes mieux qu’eux [les chrétiens] – des livres du genre que j’aurais pu écrire dans ma jeunesse.
A coup sur, la jésumanie est en partie due au succès du livre de David Klinghoffer paru en 2005, «Pourquoi les juifs ont rejeté Jésus.» (Réponse : Nous sommes le peuple élu – une nation, pas des universalistes.) Mais je pense qu’elle est en bonne partie liée au renforcement de notre confiance en tant que minorité assimilée aux Etats-Unis. Si à une époque nous aurions pu être torturés ou placés sur le bûcher pour le fait de ne pas accepter Jésus, nous pouvons maintenant publier des livres qui le critiquent.
Il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, les textes discutés dans le meilleur livre de la dernière moisson de publications, « Jésus dans le Talmud » par Peter Schafer ont été autrefois considérés si scandaleux qu’ils firent l’objet d’une autocensure dans les éditions européennes du Talmud. Non pas que cette démarche ait réussi : les autorités chrétiennes brûlèrent tout de même le Talmud et l’antisémitisme continua sans relâche. Mais la censure a quelque peu réussi ; ces textes sont pratiquement inconnus, même à ce jour.
Et ils restent assez scandaleux. Ce que Schafer montre, c’est que les rabbins du Talmud connaissaient suffisamment le Nouveau testament pour le parodier et s’inquiétaient suffisamment de la croissance de la nouvelle secte judéo-chrétienne pour condamner le Nouveau Testament. Et ils le firent dans des termes impitoyables.
L’image de Jésus qu’on retire du Talmud est celle d’un hors la loi, un maniaque sexuel adepte de la magie noire qui recourait à la tromperie pour égarer Israël. Dans BT [Talmud de Babylone] Sanhédrin 103a, Jésus est représenté comme un mauvais disciple qui a « gâché sa nourriture, » ce qui, spécule Schafer, pourrait être un euphémisme pour l’inconduite sexuelle : « manger le mets » étant un euphémisme talmudique connu pour désigner l’acte sexuel lui-même. Une correction ultérieure ajoute qu’il « pratiquait la magie et a égaré Israël. » Et la naissance virginale est ridiculisée comme un camouflage de la véritable filiation de Jésus : sa mère était une « femme illicite » (autre locution talmudique), peut-être même une prostituée.
C’est du lourd – pas étonnant qu’on ne l’enseigne pas dans les cours du dimanche. Mais fascinant aussi, à condition bien entendu, de ne pas le prendre trop au sérieux (ce que certains juifs font, à n’en pas douter). Les textes étudiés par Schafer – tous relativement tardifs, remontant au 3ème ou 4ème siècle après JC, suggérant un effort conscient pour combattre la montée de la secte – montrent que les rabbins talmudistes n’ont pas rejeté Jésus pour les nobles raisons suggérées par Klinghoffer et ses émules. Selon ces textes tout au moins, ils l’ont rejeté parce qu’ils pensaient qu’il incarnait le mal ou le percevaient comme une menace.
De manière choquante, cependant, le Talmud ne fuit pas la responsabilité de la mort de Jésus. Au contraire, il dit qu’il l’avait méritée et qu’elle est l’œuvre des juifs eux-mêmes. Jésus était, indiquent les textes, un sorcier, un idolâtre et un hérétique qui guidait Israël dans l’idolâtrie. Sa condamnation était absolument justifiée et son exécution – lapidation puis pendaison – a été effectuée en stricte conformité avec le droit rabbinique.
Pourquoi le Talmud fait-il cette revendication ? Schafer suppose que c’est pour saper le récit des Evangiles et affirmer le pouvoir des rabbins. Dans le récit des Evangiles, les rabbins sont pratiquement des instruments de Rome. Dans la version du Talmud, ils sont tout puissants – si puissants qu’ils condamnèrent le héros de la secte chrétienne à une mort brutale (croyez-le ou pas, il y a en fait des textes encore plus crus et que Schafer a inclus dans son livre. Il suffit de dire que l’enfer de Dante n’est rien à côté de leur horrible récit. Mais je n’en parlerai pas dans ce journal familial.)
Ce qui est fascinant dans la lecture de ces textes ainsi que des commentaires soigneux et méthodiques de Schafer, est que l’ambivalence envers jésus que j’ai ressenti dans ma jeunesse, semblait déjà présente dès le 4ème siècle. D’un côté Jésus est objet de mépris, de l’autre son pouvoir est dangereux. Ces textes ont été écrits avant que l’église devienne la plus grande force en ce monde, mais ils ne dépareilleraient pas dans la liste des livres que j’ai choisi de ne pas présenter ici.
En fait, je suis certain que certains lecteurs auraient préféré que ces commentaires ne soient pas publiés du tout. Les textes présentés dans l’ouvrage de Schafer restent dangereux. Ils pourraient encore inciter à la violence contre les juifs. Et ils menacent des décennies de progrès des relations judéo-chrétiennes.
On se demande quand, si jamais, les juifs pourront se remettre du traumatisme de l’oppression chrétienne et apprendre réellement, tout en nous en différenciant, de la tradition et de l’enseignement chrétiens. Au cours de mon propre cheminement spirituel, j’ai été étonné d’avoir appris autant des enseignements d’autres traditions – bouddhisme, hindouisme, paganisme, soufisme – et de mon degré de nervosité quand il s’agit du christianisme. Certes, comme beaucoup de juifs, j’accorde de la valeur aux enseignements de Jésus et j’ai même fait mon mémoire de master sur Paul et le Talmud. Mais ce n’est pas assez. Je veux comprendre le Christ à la manière des chrétiens – pas pour devenir l’un d’entre eux, mais pour enrichir ma propre vie religieuse. Je veux apprendre d’eux comment avoir une relation personnelle avec un Dieu personnel, humanisé, incarné qui veille et qui sauve. Je veux ressentir Jésus comme un être humain assez éclairé pour voir chacun comme sacré, même l’impur, le lépreux et le marginal. Et je veux suivre son exemple, voir tous mes frères en humanité et moi-même comme les fils et les filles de Dieu.
Il y a quatre ans, j’avais développé certaines de ces réflexions dans un essai publié par Zeek magazine. J’avais avec humour intitulé l’article « Comment j’en suis finalement venu à accepter le Christ dans mon cœur, » expliquant cette ironie dans le premier paragraphe. Lors d’une conférence où ce magazine était en vente, quelqu’un a vu ce titre, a pris le lot entier de magazines et l’a jeté à terre, avant d’accuser le libraire de vendre des détritus de missionnaires.
Eh bien, je pense que vous devrez nous pardonner, à nous les juifs, d’être encore un peu nerveux...
J'aime beaucoup ça "Au cours de mon propre cheminement spirituel, j’ai été étonné d’avoir appris autant des enseignements d’autres traditions – bouddhisme, hindouisme, paganisme, soufisme(...)" Cette tendance à faire du "soufisme" une religion est dangereuse et elle se répand de plus en plus... en Islam, le Coran nous explique comment ils agissaient avec les envoyés de Dieu, notamment dans "sourate al maïda", la sourate 5 :
RépondreSupprimer70. Certes, Nous avions déjà pris l'engagement des Enfants d'Israël, et Nous leur avions envoyé des messagers. Mais chaque fois qu'un Messager leur vient avec ce qu'ils ne désirent pas, ils en traitent certains de menteurs et ils en tuent d'autres.
Mais malgré ça, Il nous avertit au verset 51:
51. Ô les croyants ! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d'entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Dieu ne guide certes pas les gens injustes.
C'est dommage que l'auteur de cet article n'ait pas été jusqu'au bout de sa recherche....
Au fait, Mounadil, j'aime beaucoup ton blog, et j'y fais de petites visites de temps en temps, mais je crois que c'est la première fois que je poste un commentaire :)
Moi aussi ,j'aime beaucoup ton blog car on y apprend pas mal de choses et j'y viens aussi de temps à autre et je voudrai ,à propos de ton article,apporter ma contribution car ce qu y est dit est vrai;j'ai eu des ami(e)s juifs et il nous est arrivé de discuter ,entre autres ,de christianisme et l'une d'elle m'a dit un jour:"Jésus était un charlatan,il avait été initié à la Kabbale et alors que c'était interdit d'en divulguer le contenant ,il a utilisé ses connaissances pour faire de la magie,c'est comme ça qu'il a pu faire ses miracles".Un autre m'a parlé du prophète Mohamed(psl) et là ,j'ai été sidérée;ce n'est pas le propos aujourd"hui ,donc ,je n'en parlerai pas.Le talmud est une compilation des écrits rabbiniques,chacun peut y mettre ce qu'il veut ,ce n'est,en aucun cas ,un livre saint au sens où nous l'entendons habituellement mais il est regrettable que ,pour la plupart des juifs,ce soit "parole d'evangile".Le talmud est extrèmement violent dans certains de ses écrits...
RépondreSupprimerOui, je sais que le Talmud est ressemblant de ce que nous (les musulmans) étudions comme l'Exegèse du Coran (le tafssir), qui ne peut en aucun cas être substitué au Texte lui-même, au Coran donc, qui reste le Texte Sacré et de première référence... mais pour les juifs le Talmud est plus important que la Thora elle-même, n'est-ce pas?
RépondreSupprimerLe Talmud est effectivement plus important que la Torah. Il représente la Torah orale dont la connaissance est réservée aux seuls rabbins et qui relègue la Torah écrite à un rang subalterne.
RépondreSupprimerLe talmud est un ensemble de commentaires et de réflexions sur la torah,il ne peut donc se substituer à elle.
RépondreSupprimerNous ne devons donc pas juger du Judaisme uniquement sur ses commentateurs.Sinon,nous faisons le même amalgame que certains sur l'Islam.
En effet,tous nos imams ne sont pas exempts de littéralisme...
Comme de citer des passages du Coran sans parler du contexte historique pour lesquels ils ont été révélés,qui en expliquent la teneur parfois violente.
Comme de citer les mariages avec 4 femmes sans tenir comptes des conditions draconniennes qui vont avec et qui les rendent dans la pratique presque impossibles.
Et tutti quanti...
En réalité, dans le judaîsme rabbinique, le Talmud est la Torah. Son statut ne saurait se comparer à celui de l'exégèse dans l'Islam ou dans le christianisme.
RépondreSupprimerLe Talmud n'est pas non plus une approche littéraliste. Le prétendre serait méconnaître le judaîsme.
C'est bien plus compliqué que cela.
RépondreSupprimerLe talmud est la thora ,orale au départ que Moise aurait reçu puis transmise oralement.Elle s'est enrichi avec le temps des commentaires rabbiniques.Devant la somme de ces commentaires,il a fallu transcrire tout cela par écrit.Si beaucoup de juifs considérent le talmud comme étant la thora,certains autres s'élèvent contre cette confusion.
Il y a également divers courants.
Donc ,il ne faut pas simplifier.
Il ne s'agit pas de simplifier mais d'admettre que pour les juifs orthodoxes, le Talmud = la Torah.
RépondreSupprimerPas de Talmud, pas de judaïsme mais le karaïsme.