jeudi 3 septembre 2009

Boire de la vodka dans un trou du cul...

On le sait, les troupes qui combattent en Afghanistan sous la houlette des Etats Unis le font pour défendre la liberté et la démocratie.
Peu importe si les dernières élections afghanes ont manifestement été complètement truquées, nous n’aurons pas droit,
au contraire, aux mêmes réactions indignées que pour le scrutin iranien.
Maintenant, voyons comment l’Occident exporte la démocratie en Afghanistan. Les
tueries massives de civils par les troupes d’occupation, aussi bien en Afghanistan qu’au Pakistan voisin, sont un fait bien connu qui ne fait pratiquement pas tiquer ni à Londres, ni à Paris non plus qu'à Washington.
Abou Ghraib, en Irak, avait donné un sérieux aperçu des talents civilisateurs des troupes occidentales. C’est que non seulement les dirigeants Occidentaux sont pris depuis quelques années d’un appétit meurtrier (et pétrolier) mais que les armées et les supplétifs Occidentaux regorgent de tarés en tous genres.
Et c’est l’Afghanistan qui en ce moment nous en fournit un autre exemple. On sait que les guerres barbares modernes recourent massivement aux mercenaires qu’on appelle publiquement sous-traitants ou contractors (prestataires de services). Au point que ces derniers sont aujourd’hui plus nombreux que les soldats des Etats Unis en Afghanistan.
Un aperçu récent sur les qualités de ces mercenaires et dont la presse francophone parle,
mais peu: La sécurité de l’ambassade US à Kaboul est assurée par une entreprise privée dont certains salariés semblent, par leur comportement, mettre en péril la dite sécurité. Le magazine L'’Express rend bien compte des activités festives de ces mercenaires mais en omet quelques petits détails. C’est pourquoi je vous proposee une traduction qui livre au moins un détail supplémentaire.
Voilà pour le glorieux apport civilisateur de l’Occident.
s
Maintenant, la lecture de l’article donne à réfléchir. En effet, peut-on se dire, le prestataire ne donne pas satisfaction, donc changeons de prestataire (comme on change de pressing ou de bistro).
Or, les choses ne semblent pas si simples. Car les déficiences dans les prestations d’ArmorGroup, l’entreprise en question, ne sont en rien une nouveauté, ce qui n’a pas empêché les responsables Etatsuniens de lui renouveler leur confiance.
C’est qu’il ne faut pas imaginer ces prestataires comme de petites entreprises de rien du tout dirigées par un officier baroudeur en retraite. Il s’agit d’énormes entreprises cotées en bourse.
G4S, la maison mère d’ArmorGroup a plus de 500 000 employés dans le monde. Qui dit mieux ?
Il s’agit donc de mastodontes qui ne sont pas de simples instruments d’une politique mais en sont partie prenante, depuis son élaboration jusqu’à son application. Ces prestataires ont donc forcément leurs hommes à eux, leurs clients, dans les sphères du pouvoir politique et la capacité d’ouvrir des portes là où ils n’ont pas d’hommes à eux.
Gageons donc que, rapport ou pas, inspection ou pas, ArmorGroup a encore de l’argent à gagner tant que coulera le sang en Afghanistan et ailleurs.
Un aperçu de la qualité des services de ce prestataire
ici.

‘Sa majesté des mouches’ à Kaboul
par Jen DiMascio 1er septembre 2009 Politco (USA) traduit de l’anglais par Djazaïri
g
Au moment où la sécurité se détériore en Afghanistan et où l’administration tente de consolider le soutien des libéraux à la guerre, les sous traitants du Département d’Etat qui assurent la sécurité de l’ambassade US à Kaboul travaillent dans un « environnement du type Sa majesté des mouches, » a affirmé ce mardi un groupe d’observateurs à la secrétaire d’Etat Hillary Clinton.
d
Environ 10 % des gardes anglophones employés à l’ambassade par ArmorGroup, une société de sécurité privée établie en Grande Bretagne et en Floride se sont rapprochés de Project on Government Oversight [l’observatoire] et ont décrit « une rupture généralisée de la chaîne de commandement et de la discipline et de la morale de la force de sécurité, » selon une lettre envoyée à Danielle Brian, directrice de l’exécutif de Mme Clinton.
Un courriel d’un des gardiens décrit des fêtes durant les jours de congé pendant lesquelles des gardes er leurs supérieurs urinaient les un sur les autres et sur eux-mêmes, mangeaient des chips et buvaient de la vodka dans les sillons interfessiers [trous du cul, NdT].«Vous verrez qu’il y a un groupe de prédateurs sexuels, de déviants qui se comportent de manière débridée là-bas,» déclare un garde dont le nom n’a pas été communiqué dans un courriel à POGO avant déjouter, «Ils ne montrent guère de bon sens.»
d
Des photos accompagnant la lettre de POGO corroborent au moins certaines de ces allégations. Le courriel et les photos ont été données aux journalistes par POGO.«Outrepassant les normes de la décence, la situation à Camp Sullivan est en violation flagrante du contrat [d’Armor Group] avec le Département f’Etat qui spécifie que «Il es attendu de chaque employé contractuel ou de sous-traitant qu’il adhère aux normes de conduite qui sont à l’honneur d’eux-mêmes, de leur employeur et du gouvernement des Etats Unis,» rappelle Brian dans la lettre à Clinton.
d
En outre, la rupture dans la disipline et la chaîne de commandement est un manquement grave à la sécurité auquel le gouvernement des Etats Unis doit remédier, affirme Brian dans sa lettre.La sénatrice Claire McCaskill (Démocrate-Montana), présidente de la sous commission sénatoriale de la sécurité intérieure chargée de superviser les sociétés sous traitantes a exhorté ce mardi le Département d’Etat à se pencher sur le sujet par un «examen approfondi» des performances, du management et de la supervision de ce contrat.»

Si les allégations formulées par POGO sont vraies, elles « soulèvent des questions concernant l’exécution du contrat par ArmorGroup ainsi que sur le management et le contrôle par le Département d’Etat,» écrit McCaskill dans une lettre à Patrick kennedy, sous-secrétaire au management du Département d’Etat.
s
Ce n’est pas la première fois qu’ArmorGroup, une filiale de G4S Wackenhut Corp, se retrouve sur la sellette.
En 2007, le Département d’Etat avait averti le sous-traitant que ses mises à disposition de gardes, de secouristes et de véhicules blindés nétaient pas conformes. La langue était un autre problème : environ deux tiers des gardes employés par ArmorGroup à Kaboul n’avaient même pas la capacité d’avoir des conversations élémentaires avec leurs collègues anglophones, affirme Brian. En mars dernier, selon POGO, une cinquantaine de gardes s’étaient plaints à Brinkley de ce qu’ils appelaient une pénurie de gardes à Kaboul, et en avril, Warner Ilic, un commandant de la garde, avait écrit à un responsable du Département d’Etat pour se plaindre des cadences et des longues heures de travail qui font que les gardes sont « très près de graves privations de sommeil. Quand nous devons faire des heures supplémentaires ou fournir de la main d’oeuvre en renfort [pendant les jours de congé] à cause d’un accroissement de la menace, etc... nous aggravons le problème du manque de sommeil.»
d
En juin, la sous-commission sénatoriale a lancé une enquête sur ce que POGO a appelé un « modèle de contrôle insuffisant » par le Département d’Etat. Sam Brinkley, vice-président de Wackenhut a déclaré lors d’une audience devant la sous-commission que le contrat, d’une valeur de 187 millions de dollars par an, avait été pleinement exécuté depuis le début de l’année. Brian affirme que Brinkley savait certainement qu’il en allait autrement.
v
En dépit des lettres d’avertissement du Département d’Etat, le contrat avec ArmorGroup pour des prestations sécuritaires à l’ambassade US à Kaboul a été renouvelé en juillet.
Ian kelly, porte parole du Département d’Etat, a déclaré lors d’une conférence de presse mardi que ses services enquêtaient sur les allégations soulevées par le rapport de POGO.
«Dès que nous avons reçu les documents, ils ont été remis immédiatement à notre Inspection Générale, » explique Kelly. La secrétaire d’Etat Clinton a été informée des allégations de ces documents et a donné instruction au Département d’Etat et à l’Inspection Générale de prendre les mesures appropriées.»

G4S Wackenhut a refusé de répondre à notre demande de commentaires sur l’affaire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires publiés après modération. Les propos injurieux, diffamatoires ou à caractère raciste ne seront pas publiés.