Je ne crois bien entendu pas à la revendication tombée à point nommé d'al Qaïda. D'abord pour des raisons techniques: je ne comprends pas comment une organisation accusée d'avoir précipité un avion sur le Pentagone et deux autres sur les tours jumelles de New York le 11 septembre 2001 se réorienterait ves des modalités d'action aussi rudimentaires: un pauvre garçon avec une petite quantité d'explosifs dissumulée dans son slip.
Ensuite en raison du témoignage désormais passé à la trappe de Kurt Haskell, un passager de ce vol, qui raconte comment le terroriste présumé a pu éviter les contrôles à l'embarquement grâce à l'intervention d'un tiers.
Et je ne reviendrai pas sur l'alerte donnée par le propre père du terroriste présumé.
Maintenant, on a bien vu comment la diplomatie des Etats Unis entend exploiter cette affaire en accroissant son ingérence dans un Yémen dont le gouvernement semble un peu effrayé par la tournure des événements. Car après tout, les autorités du Yémen n'ont eu de cesse d'alerter sur le danger représenté chez eux par la présence de cellules d'al Qaïda. Al Qaïda est, dans les pays arabes, le nom générique que donnent les régimes en place à leurs opposants un peu pugnaces; ou parfois tout simplement à des organisations de pur brigandage.
Mais il y a plus, car l'attentat raté donne l'occasion à ceux dont c'est le métier, ou parfois la responsabilité (voire les deux) de plaider avec énergie pour la mise en place dans les aéroports de contrôles obligatoires avec des scanners corporels perfectionnés. Mesure qui avait été rejetée un peu partout, en Europe comme aux Etats Unis.
D'ailleurs si Umar Farouk Abdulmutallab n'était pas passé par un contrôle scanner à l'aéroport d'Amsterdam (en dehors de l'intervention d'un bienfaiteur de l'humanité), c'est tout simplement parce que l'aéroport hollandais ne pratiquait pas ces contrôles sur les voyageurs à destination des Etats Unis.
Et pourquoi donc?
Parce que, peut-on lire dans Business Week:
"Les responsables de cet aéroport n'utilisaient pas les scanners sur les passagers à destination des Etats Unis à la demande des officiels US qui étaient préoccupés par [le respect de] la vie privée des Américains."
Les mêmes autorités US qui demandent aujourd'hui des scanners partout et d'aucuns voient là une occasion en or de faire taire l'opposition de nombreux citoyens et organisations, ainsi que celle de nombreux élus de tous bords à la mise en place de ce genre de contrôles.!
Troublant, n'est-ce-pas?
Michel Chertoff, ancien responsable de la sécurité intérieure sous Bush junior, n'est pas le dernier à donner de la voix en faveur des scanners corporels. Il est vrai que ce sioniste convaincu, est aussi convaincu de son intérêt pécuniaire dans cette affaire puisqu'il utilise son passé de haut responsable de la sécurité aux USA pour vanter ces appareils dont, heureux hasard, il se trouve représenter commercialement l'un des constructeurs. (Y'en a vraiment qui ont du flair!)
Chertoff qui s'est recyclé dans les affaires liées à la sécurité est un bon exemple de l'émergence d'un nouveau type d'activité industrielle qui tire profit de l'externalisation par les Etats d'un certain nombre d'activités qui ont longtemps été considérées comme des prérogatives régaliennes. Il s'agit parfois de véritables empires "industriels", dont Blackwater est l'exemple le plus connu. Issus de rapports incestueux entre le monde des affaires et celui de la politique, cette évolution ne peut pas ne pas être sans conséquence sur la politique des Etats.
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