Un texte d'Aliza Lavi, paru dans l'édition de ce jour d'un grand journal de l'entité sioniste nous donne l'occasion de revenir sur le caractère étrange de la conception du judaïsme par le sionisme. Cette personne, fort mignonne au demeurant, saisit l'occasion des fiançailles de Chelsea, la fille de Bill et Hillary Clinton avec le fils d'une riche famille juive américaine pour souligner le danger des mariages entre juifs et non juifs.
D'aucuns apprécieront sa comparaison de ce genre de mariages avec ce qu'on appelle l'holocauste, soit la tentative d'extermination des Juifs européens par le nazisme. L'auteur nous apprend qu'il y a eu en réalité plusieurs holocauste antérieurs en raison de ces fameux mariages mixtes.
Bon, elle ne pousse pas le bouchon jusqu'à taxer Mlle Clinton d'antisémite, mais on n'en passe pas loin.
La conception du judaïsme manifestée par ce texte n'est en rien spirituelle mais à mi-chemin entre une conception raciale et nationale tout simplement parce que l'auteure tente de résoudre à sa manière des contradictions qui restent cependant insolubles.
En effet, Aliza Lavi met en garde contre le danger à relativement court terme que posent les mariages mixtes à la communauté juive américaine, elle reconnait implicitement que ce danger est d'autant plus grand que les portes de la conversion au judaïsme restent le plus souvent à peine entrouvertes pour ceux qui souhaiteraient adhérer à la religion juive. Elle plaide donc pour un rabbinat plus ouvert à l'accueil des convertis car cet accueil doit se faire selon la loi juive. Mais comme ce sont les rabbins qui décident de ce qu'est l'application de la loi juive, il faut que retirer cette affaire aux religieux en désignant... des rabbins plus flexibles. Les positions de Mme Lavi ont moins à voir avec un motif spirituel qu'avec un motif national. Et c'est donc la nation, c'est-à-dire l'entité sioniste qui doit prendre cette affaire en charge sous peine de perdre ses "enfants au profit d'autres religions, d'autres peuples et d'autres nations". En une seule phrase, nous retrouvons l'intrication de ces trois termes; religion, peuple et nation.
On pointera certaines erreurs, par volonté ou ignorance, de Mme Lavi. Elle signale par exemple que, contrairement au christianisme et à l'Islam, le judaïsme n'est pas prosélyte. Ce n'est certes plus le cas, mais il n'en a pas toujours été ainsi et l'action prosélyte du judaïsme dans le Maghreb antique est bien connue. La fin du prosélytisme date de la prise en main de ce qu'on appelle judaïsme aujourd'hui par le rabbinat et la mise au pas d'une forme de judaïsme universaliste et non sectaire (le karaïsme).
Elle note concomitamment que le judaïsme, n'a été prosélyte ni par la persuasion et encore moins par la force. Cette affirmation n'a de valeur que lorsque le judaïsme est dépourvu d'Etat, ce qui a généralement été le cas avant l'instauration de l'Etat sioniste. Mais si nous prenons le cas du Yémen ancien, avec présence d'un Etat juif, nous observons un comportement tout à fait différent avec un roi Juif qui donne aux Chrétiens le choix entre la conversion au judaïsme ou la mort.
Le problème des mariages mixtes n'est pas une question religieuse, mais une affaire nationale
par Aliza Lavi, Yedioth Aharonoth (Sionistan) le 1er janvier 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
Chelsea Clinton, la fille d'une des familles les plus en vue de la classe politique américaine, a choisi un Juif pour mari. Le futur époux, Marc Mezvinsky, appartient à une famille du monde des affaires et de la politique. Preuve supplémentaire qu'on peut trouver des juifs au cœur même de l'establishment américain. L'ancien président et l'actuelle secrétaire d'Etat seront les beaux parents d'un Juif.
Avec toute notre reconnaissance et notre vieille amitié pour Bill et Hillary Clinton, et en dépit du fait que l'image de cette dernière joue le rôle d'exemple pour de nombreuses femmes dans le monde - on pourrait envisager cette même histoire sous un angle opposé et la considérer comme un motif de préoccupation.
Un type, membre d'une famille juive, fait un mariage mixte. On n'a aucune indication selon laquelle Chelsea Clinton envisage de se convertir au judaïsme. Et peut-être Marc, comme beaucoup de Juifs de sa génération; va-t-il épouser la femme qu'il aime sans se poser des questions en apparence obsolètes.
Bill et Hillary Clinton sont des amis sincères d'Israël et du peuple juif. Quand Hillary s'est exprimée, en qualité de première dame, le jour en mémoire de Yitzhak Rabin, elle avait commencé son discours par des citations de section hebdomadaire de la Torah. Peu de politiciens Israéliens le font. Ce faisant, Hillary montrait sa proximité intime avec le peuple juif et son patrimoine. Pendant la bataille pour la restitution des avoirs des victimes de l'holocauste conservés dans les banques suisses, c'est Hillary qui avait engagé Bill à agir pour le bien de la justice historique. Mais néanmoins, nos enfants ne peuvent pas se marier dans la famille Clinton.
Le nombre de mariages mixtes dans la diaspora a augmenté de 200 % ces 50 dernières années. Environ 55 % des mariages conclus par des Juifs sont mixtes. Dans un quart des familles, les enfants de la prochaine génération ne seront plus Juifs et auront, au mieux, une vague lien avec leurs racines juives. Une projection dans l'avenir montre qu'en l'espace de quelques générations, la communauté juive américaine aura pratiquement disparu, en dehors de sa composante religieuse et ultra orthodoxe.
Il y a des limites
Certains diront que je suis vieux jeu et raciste. Certains diront, "Pensez-vous vraiment que nous avons le droit de faire obstacle?" Et il y a ceux qui, comme certains de mes amis, qui disent qu(il y a si peu de différences entre les jeunes gens d'aujourd'hui qu'elle-même ne s'était pas rendue compte que sa fille s'était fiancée avec un Gentil avant que d'assister au mariage à l'église du frère de son futur gendre.
Ma réponse à ces arguments est la suivante: Oui, il y a des limites. La faculté du peuple juif à continuer à exister et à survivre à travers les générations repose, entre autres, sur le maintien du mariage à l'intérieur, et seulement à l'intérieur, de la communauté. L'assimilation et les mariages mixtes ont détruit des communautés complètes avant même l'holocauste.
La judaïsme, contrairement au christianisme et à l'Islam, n'est pas une religion missionnaire. Elle ne cherche pas à augmenter le nombre de ses croyants, ni par la persuasion et surtout pas en recourant à la force. Mais ce n'est pas non plus une religion fermée dans laquelle les gens ne peuvent pas entrer. Ceux qui souhaitent la rejoindre peuvent le faire, aux conditions de la loi juive. Ceux qui veulent épouser un homme ou une femme de confession juive peuvent se convertir. Les gens font des choses bien plus difficiles par amour.
Malheureusement, cette bataille semble presque perdue dans la communauté juive des Etats Unis. Mais du moins devrions nous, en Israël, parler en conséquence de ces mariages mixtes. avec plus de retenue et de façon moins colorée. En même temps, nous devons œuvrer à la nomination de juges rabbiniques qui soient sensibles et comprennent les nécessités de l'heure, qui permettront à ceux qui le veulent de se convertir. Les mariages mixtes ne sont pas un problème religieux mais un problème national. Ce n'est pas l'affaire des religieux. C'est l'affaire des juifs Israéliens qui risquent de perdre leurs enfants au profit d'autres religions, d'autres peuples et d'autres nations.
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