mercredi 20 janvier 2010

Une lumière parmi les Nations luit sur Haïti... ou, de la sionisation de l'aide humanitaire

J'écrivais précédemment que l'aide apportée aux sinistrés Haïtiens par l'entité sioniste ne saurait démentir l'adage sioniste qui veut que charité bien ordonnée commence par soi-même. C'était un peu plus qu'une intuition, compte tenu des propos auto-satisfaits de Benjamin Netanyahou, c'est maintenant une certitude comme en témoignent les larges extraits de la tribune libre signée par un certain Dr Yoel Donchin qui apparemment sait de quoi il parle. On comprend notamment que l'assistance médicale sioniste en zones de catastrophe a en tre autres motifs l'entraînement à l'intervention médicale en situation de guerre. Merci à Tikun Olam d'avoir rendu accessible ce texte qui a été publié en hébreu.


La sionisation des secours aux sinistrés
Tikun Olam (USA)
Je parie que vous ignoriez qu'il y avait quelque chose de particulièrement sioniste dans l'apport d'aide aux sinistrés. On en apprend tous les jours.

Sol Salbe a traduit un article révélateur du Yediot rédigé par un médecin Israélien qui a fait partie jusqu'à une date récente de toutes les équipes israéliennes d'intervention en situation de catastrophe à l'étranger. Puis il a commis l'erreur d'écrire un texte modérément critique des efforts israéliens dans l'aide aux sinistrés. En conséquence, il a été relevé de son obligation de servir dans l'armée et de continuer à participer au programme de secours. La lettre ouverte est si révélatrice (et pas encore disponible en anglais) que je vais en citer de longs passages. Une petite explication d'abord - à l'hôpital de campagne israélien, on a pratiqué l'accouchement de ce que les éuipes de relations publiques d'Israël ont appelé "le premier bébé né après le tremblement de terre." L'équipe médicale a exhorté la mère à nommer son bébé "Israël", ce qu'elle n'a pu que s'empresser de faire en tant qu'obligée. Un autre coup de pub israélien!  

De la relation publique au lieu de sauver des vies

 Envoyer des toilettes mobiles en Haïti aurait été une meilleure option, mais ça ne donne guère d'occasions pour de bonnes photos. Les missions de secours israéliennes dans les zones sinistrées par le passé ont montré que ce genre d'activité était vain.
    Yoel Donchin

J'ai reçu mon congé définitif de l'armée après avoir publié un article qui disait que l'Etat d'Israël agissait comme le proverbial Boy Scout, qui insiste pour faire une BA quotidienne et pou aider une vieille dame à traverser la chaussée même contre son gré. Quelle ingratitude de ma part de publier un tel article alors que j'ai participé à presque toutes les opérations de secours dans les zones de catastrophe à l'étranger! Soudain, je ne suis plus apte à prendre part à ces efforts héroïques. Mais à la lumière de l'expérience que j'ai acquise au cours de ces missions... nos efforts ont été vains.

 En général, nous commençons nos préparatifs pour ce genre de missions dans les heures qui suivent l'annonce d'une catastrophe naturelle. Le plus souvent, l'équipe de secours israélienne est la première à atterrir dans la zone concernée. Comme ceux qui escaladent l'Everest, elle plante son drapeau sur le plus haut sommet disponible, annonçant à tout un chacun que le site a été conquis. Et pour s'assurer que l'opinion publique est au courant de cette réussite sportive, la mission est accompagnée de représentants de la presse, de photographes, d'une équipe du porte parole de l'armée israélienne et autres.
   
J'ai parfaitement compris l'objectif quand le responsable d'une délégation dans une zone de catastrophe avait demandé si les bouteilles à oxygène et certains médecins pouvaient être retirés pour faire de la place aux représentants d'une nouvelle chaîne de télévision et à leur matériel (avec un courage inhabituel, la délégation avait refusé!).

La leçon que j'ai tiré de ces activités dans ces missions est que quand se produit une catastrophe naturelle, ou quand des milliers de personnes sont expulsées par la force de chez elles, comme au Kosovo, les survivants peuvent profiter de l'assistance internationale seulement si elle correspond aux besoins spécifiques de la région. L'assistance doit aussi être coordonnée entre les diverses organisations de secours.

La concurrence dans la course aux zones de catastrophe met une pression énorme sur les autorités locales et les administrations sanitaires. Les aéroports sont saturés par des avions qui déchargent des quantités d'équipements inutiles mais encombrants. Les médecins et les organisations d'aide cherchent des manières d'utiliser un itinéraire unique de transport et sont en fait un fardeau. La bonne manière d'aider est d'envoyer une petite équipe en éclaireur pour évaluer les dimensions du désastre...

    Appelleraient-ils cet enfant Israël?

 Trois composantes sont essentielles: abri, eau et nourriture - ces éléments sont primordiaux si on veut sauver le plus de personnes possible. Des équipements de purification de l'eau, des tentes, des rations alimentaires de base sont nécessaires. Mais ils n'ont pas l'effet spectaculaire recherché. Si nous procédions ainsi, nous manquerions le spectacle de cet enfant qui est né avec l'aide de nos médecins. Plus certainement encore, la mère dans son excitation n'aurait pas donné à son enfant (qui sait s'il vivra jusqu'à un âge avancé?) le nom Israël ou celui de l'obstétricien ou de l'infirmière (Pourrait-il bénéficier de la citoyenneté parce qu'il est né en terrtoire israélien? Il y aurait du monde pour s'y opposer). Le spectacle est vraiment classe, mais on peut douter de sa nécessité.

Un bébé baptisé israël ...qui, s'il atteint l'âge adulte, ne sera jamais le bienvenu en Israël
S'agissant d'Israël, notre mission humanitaire actuelle comprend un contrôleur de la cacherout, du personnel de sécurité etc.

Pour la présente catastrophe, dont l'ampleur est sans commune mesure avec ce que nous avons connu jusqu'à ce jour, le besoin ne consiste pas tant en hôpitaux de campagne qu'en toilettes mobiles. On a plus besoin de matériel d'excavation pour creuser des tombes et de canalisations d'évacuation des eaux usées.

Un pays qui veut apporter de l'aide humanitaire sans se préoccuper de son image médiatique devrait envoyer tout ce dont les victimes ont besoin, et pas ce qu'il veut fournir. Mais le bulletin d'informations du soir montrerait-il le chef de la mission israélienne dans sa base avec 500 cabinets de toilette chimiques? C'est improbable. Il est beaucoup plus médiatique de montrer un hôpital israélien plein d'étoiles de David et, bien entendu, des médecins et des infirmières dévoués, vêtus d'uniformes tape à l'oeil avec un drapeau israélien à la boutonnière.

... Il est plus probable qu'une aide financière en rapport avec les ressources d'Israël aurait été préférable aux énormes dépenses et à la logistique compliquée liées à l'entretien d'une unité médicale sur le terrain...

Mais apparemment, une minute de passage à la télévision est beaucoup plus importante... et en fait, Israël se sert des catastrophes comme terrain [militaire] d'entraînement pour les secours et les soins médicaux. Au bout d'une quinzaine de jours, la mission devrait rentrer en israël. Pour être vraiment efficace, un hôpital de campagne doit fonctionner pendant deux ou trois mois, mais c'est une condition qu'Israël ne peut remplir.

... c'est seulement dans l'enceinte de l'équipe d'assistance israélienne en haîti qu'on peut voir de grands panneaux indiquant le nom du pays donateur placés bien en vue.

    Le Prof. Yoel Donchin est le directeur de la Patient Safety Unit au Hadassah Medical Centre de Jerusalem.

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