mardi 4 octobre 2011

S'Il est mort pendu à Auschwitz, il nous reste heureusement Ses dignes représentants directs.


Neri Livneh collabore avec le journal Haaretz qui est publié dans l’entité sioniste. Elle vient de donner un article qui prend prétexte des pèlerinages juifs sur les tombes de personnes reconnues pour leur immense piété et leur science, leur sainteté pour tout dire. Une approche populaire du culte qu’on retrouve dans le christianisme où il est institutionnalisé et dans l’Islam où sa forme est proche de celle qu’elle prend dans le judaïsme.

Ce « culte des saints », pour reprendre le titre d’un ouvrage d'Emile Dermenghem caractérise surtout la piété populaire. C’est la religiosité de ceux qui ne peuvent pas s’offrir une visite au saint Siège ou le pèlerinage à La Mecque. Où qui ont tout simplement des besoins spirituels qui ne souffrent pas l’attente.

Mme Livneh n’aime pas beaucoup cette modalité cultuelle, que certains comme elles assimilent à de l’idolâtrie (comme en Islam orthodoxe) et encore moins quand, ainsi que c’est le cas pour ce pèlerinage qui a lieu en Bulgarie, il est couru par des millionnaires qui viennent des quatre coins du monde, parfois en jet privé.
Pas exactement le profil des petites gens imbibées de religiosité naïve qu’on imagine habituellement se presser  auprès des tombes des sages qui ont marqué leur temps.

C’est que Mme Livneh considère avec Yoram Kaniuk, que si Dieu n’est pas mort à Auschwitz comme nombre de membres de sa famille côté paternel, ce Dieu préfère les riches. Alors que des membres de sa parenté n’ont pas pu être sauvés [des camps de concentration] parce qu’ils « n’avaient pas assez de ‘capital’ pour fréquenter ceux qui se sont autoproclamés représentants directs de Dieu. » 
Il paraît qu’Elie Wiesel lui-même avait perdu la foi après la mort de Dieu au bout d’une corde à Auschwitz (pas dans une chambre à gaz, tiens, tiens !). De toute façon nous connaissons le véritable Dieu d’Elie Wiesel qui nous a même donné son nom , Bernard Madoff!

Les représentants directs de Dieu sont nommés en début d’article : le rabbin Yoshiyahu Pinto, étoile montante de la kabbale et le rabbin Ilan Ben-Dov. Ces deux rabbins font donc pèlerinage avec une centaine de personnes dont le patrimoine additionné s’élève à 20 milliards de dollars. Neri Livneh glisse d’ailleurs qu’on sait depuis longtemps que le titre de rabbin s’achète à condition d’y mettre le prix.

Si Neri Livneh affiche son athéisme, j'inclinerais plutôt penser qu’elle a soif de spiritualité et qu’elle n’arrive pas à saisir comment elle pourrait adhérer au culte dévoyé qui se manifeste dans ce pèlerinage, un questionnement perceptible dans ce quelle écrit pour conclure son article :
Si Dieu est vraiment mort à Auschwitz, il doit se retourner dans sa tombe quand il entend qui s’est range à ses côtés. Par exemple, Claude Isaac, le conducteur qui a écrasé Lee Zeitouni, 25 ans, et qui dit maintenant qu’il est désolé d’avoir écrasé une « fille juive » (il ne considère pas le fait d’écraser des non juifs comme un crime). Il s’étonne que « Dieu m’a laissé faire une telle chose ». Il a même consolé la famille éplorée de Zeitouni en lui disant qu’il était un bon juif qui met le tefillin tous les jours. »
D’un autre côté, c’est peut-être que Dieu, sur son trône dans le ciel ou depuis sa tombe, aime ce lâche plus qu'il n'aime Zeitouni et sa famille, et qu’en conséquence il a permis à Isaac de fuir Israël pour aller directement à la piscine à Paris, laissant Zeitouni perdre son sang sur la route. Que Dieu nous aide, vraiment.
Des propos qui ont peut-être une résonance particulière quand on parle du judaïsme, mais qui sont bien entendu pertinents pour toutes les religions ou formes de religiosité.

Mais au fond, de quel judaïsme nous parle Mme Livneh ? Parce que si on emploie le singulier pour parler du judaïsme, ce singulier recouvre des réalités, des convictions et surtout des pratiques assez différentes.  Neri Livneh nous parle ici explicitement d’un judaïsme des riches et des puissants qui correspond par sa conception matérialiste des Juifs en tant qu’élus au sionisme dans sa variante extrémiste, c’est-à-dire à la norme du sionisme. 
En situation coloniale, ce judaïsme des puissants n’a bien sûr aucun mal à entraîner derrière lui les gagnes petit, en les achetant de diverses manières mais surtout en jouant sur ce bon vieux ressort de la peur de se retrouver au même niveau, ne serait-ce que symboliquement, que les dominés. D’où ce paradoxe de l’adhésion de ceux qui au fond n’ont rien à y gagner, au dogme de la supériorité raciale.

Un dogme qui apparaît ici avec l’évocation de l’accident qui cause la mort d’une jeune juive et dont l’auteur semble surtout désolé de ne pas avoir abrégé la vie d’une non juive.

Paix à ton âme, Lee Zeitouni.

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