Ce qui vient de se passer en Libye n’est bien entendu pas la victoire de la démocratie contre l’oppression dans un pays arabe.
Et ce n’est surtout pas une victoire de « révolutionnaires » Libyens, car depuis quand a-t-on vu des révolutionnaires soutenus à la fois par les Etats Unis, un idéologue de gauche spécialiste des «grands cadavres à la renverse» (comme celui de Mouammar Kadhafi et de son fils Mouatassim), des monarchies féministes et un syndicat de travailleurs en kaki nommé OTAN ?
La Libye, c’est le pays des merveilles que nous offrent les idéalistes Nicolas Sarkozy et David Cameron.
En fait, les choses ne sont cependant pas si simples pour au moins quatre raisons.
La première est qu’il n’est pas certain que la population libyenne se satisfasse du pouvoir installé par les bombardements, les forces spéciales de l’OTAN et des révolutionnaires du Golfe arabo-persique.
La deuxième est que l’Afrique blessée plus que tout autre (compte tenu du niveau d’abaissement des Arabes) réagira probablement d’une manière ou d’une autre.
La troisième est que le problème posé par la Chine en cette région du monde n’est pas résolu et qu’il faut s’attendre à d’autres interventions militaires de plus ou moins grande intensité dans d’autres zones stratégiques du continent africain.
La quatrième est que ce qui vient de se passer en Libye n’est en rien un message prétendument univoque sur la force de la démocratie occidentale qui s’engouffrerait de manière irrésistible dans le monde arabe et musulman. Tout d’abord pour la raison précitée que de très grandes démocraties arabes comme celles du Qatar et de l’Arabie Saoudite ont joué un rôle décisif dans cette affaire.
Alors, la monarchie saoudienne en promotrice des révolutions et de la démocratie, je vous laisse y croire. Mais sans doute croyez-vous aussi aux contes de fées.
Et comme je le disais, ce qui vient de se passer en Libye est hautement équivoque, ce que ne semble pas percevoir une presse qui écrit à satiété que le sort de Mouammar Kadhafi devrait amener Bachar al-Assad à réfléchir
Le journal Le Monde a par exemple trouvé en Libye un opposant syrien qui
il supplie l’OTAN d’accorder aux Syriens l’aide apportée aux Libyens. "Contrairement à la propagande de Kadhafi, ses frappes étaient précises, sans dommages civils. Il faut faire de même en Syrie où le régime est encore fort, soutenu par l’Iran, le Hezbollah… On en est peut-être à 10 000 morts. C’est urgent !" Un jeune soldat rigole : "Si j’étais Bachar Al-Assad, je serais terrifié par la fin sanglante de Kadhafi et je dormirais mal cette nuit !"
Je ne sais pas si ce « cheikh » Tamer Trad est rémunéré par l’OTAN mais il mériterait bien une petite rétribution.
Dans le journal libanais L’orient le Jour, Amin Gemayel, un autre révolutionnaire arabe notoire comme les aime le Figaro, ce feuillet dédié aux luttes des opprimés, nous fait savoir que :
il revient à la Ligue arabe de jouer un rôle nouveau sur le plan de l’élaboration de la « charte » des révolutions.« Il est vrai que chaque État arabe a sa spécificité, mais il est vrai aussi qu’il existe des principes généraux et des valeurs communes que toutes les révolutions devraient s’engager à respecter », a-t-il ajouté, citant la liberté, la démocratie, l’égalité, l’État civil et le pluralisme.
La Ligue Arabe dominée pas les monarchies du Golfe (que la monarchie marocaine a rejointes) devrait selon M. Gemayel élaborer une « charte » des révolutions.
Un conte de fées, vous disais-je.
Il y a pourtant autre chose d’équivoque dont on préfère éviter de parler et ce n’est pas pour rien que la presse ne répercute guère les prises de positions du Hezbollah tant au sujet de la situation politique en Libye que de la mort de Mouammar Kadhafi.
Or, le Hezbollah a pris fait et cause dès le début pour les prétendus «rebelles» et a salué la Libye après la mort de celui qui l’a dirigée pendant une quarantaine d’années.
Ce n'est en fait qu'un signe de plus que si le régime de la « grande Jamahiriya » a certainement péri avec son chef, rien n’est joué politiquement en Libye et que le « manège enchanté » lancé par l’OTAN n’a certainement pas fini d’emporter des vies.
Laissons la parole à Qassim Khudair, un avocat Irakien :
Malheureusement, les Arabes n'ont aucune idée à quelle point la fin sera désastreuse, ils n'apprennent jamais des expériences des autres. (...) Je dis au peuple libyen de ne pas se réjouir car c'est seulement le début de la fin".
Je suis 100 % d’accord avec la première partie de son argument sur l'expérience, et j’ose simplement espérer que les choses n’en arriveront pas à cette fin dont il parle.
The Daily Star (Liban) 21 octobre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri
Beyrouth – Le Hezbollah a salué la révolution libyenne vendredi après la mort du leader déchu Mouammar Kadhafi et a déclaré que les Libyens doivent protéger leurs ressources de la rapacité des grandes puissances.
“Le Hezbollah salue la victoire de la révolution du peuple libyen. Le peuple est maintenant face à une opportunité une historique et à la grande responsabilité de reconstruire son pays, » a affirmé le service de presse du Hezbollah dans une déclaration.“Il a aussi la responsabilité de protéger ses ressources avant qu’elles soient pillées par les grands pays cupides. »
Kadhafi a été tué jeudi après sa capture par les forces rebelles libyennes après des mois de combats sanglants entre forces qui lui restaient loyales et les nouvelles forces gouvernementales assistées par des frappes aériennes de l’OTAN.“Le Hezbollah félicite le peuple libyen pour avoir tourné la page du régime du tyran qui a imposé l’oppression et la tyrannie au pays et à sa population pendant plus de quatre décennies, » ajoute la déclaration.Le Hezbollah a aussi déclaré que le parti attend avec impatience les efforts des nouveaux dirigeants Libyens pour retrouver l’imam Moussa Sadr et ses compagnons, le cheikh Mohammad Yaacoub et le journaliste Abbas Badreddine et pour les libérer.Le parti a ajouté que l’ancien régime libyen avait enlevé ces trois personnes pour servir les intérêts du projet sioniste.
Sadr et ses deux compagnons Yaacoub et Badreddine avaient disparu le 31 août 1978 pendant une visite officielle en Libye à l’invitation de Kadhafi.
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