J'ai personnellement beaucoup de mal à comprendre ce que cherche la Turquie dans la crise syrienne. Tout semble indiquer que, quel que soit le sort du régime baathiste, elle sortira perdante de cette affaire.
Ahmet Davutoglu, le ministre Turc des affaires étrangères a certes obtenu de la France, et donc de l'Union Européenne, le feu vert pour accroître la répression contre ses propres rebelles Kurdes, ce qui nous vaut cette photo de deux ministres satisfaits:
Alain Juppé et Ahmet Davutoglu |
Mais ce feu vert n'est en fait en rien une nouveauté car l'attitude des Européens vis-à-vis de la Turquie et des kurdes a varié au gré de ce qu'ils considéraient être comme leur intérêt. Ici, cet intérêt est perçu comme consistant à inciter la Turquie à mettre la pression sur la Syrie, politiquement, économiquement et militairement. Une fois l'affaire syrienne réglée, les Européens réutiliseront la question kurde à leur guise et les Turcs auront perdu une occasion de plus de régler politiquement un problème qu'ils croient pouvoir gérer par la force.
Rien n'indique non plus que les prises de position d'Ankara faciliteront l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne
D'autre part, comme je l'avais signalé, l'affaiblissement de la Syrie servira in fine à rendre le rapport de forces régional encore plus favorable à l'entité sioniste, ce qui va contre l'apaisement durable des tensions dont a besoin la Turquie.
Et comme si la France avait voulu ramener la Turquie à ce qu'elle est restée pour elle, une nation foncièrement allogène dans le pré européen, c'est le parlement français qui s'apprête à votre une loi qui pénalisera la négation du génocide arménien.
Imaginez-vous que n'importe quel responsable politique turc en visite en France pourrait être poursuivi et même arrêté si cette loi était adoptée!
On comprend donc la colère exprimée par le porte parole de l'ambassade de Turquie à Paris qui considère cette proposition de loi
comme un acte hostile de l'exécutif français, a-t-il poursuivi, ajoutant qu'en cas d'adoption de la proposition de loi présentée par une députée de la majorité présidentielle, toute coopération avec le gouvernement français, tous les projets communs seront gelés.
Ahmet Davutoglu (le copain d'Alain Juppé sur la photo) a tenu des propos très fermes:
Il n'est pas question de laisser sans réponse les tentatives menées par les dirigeants, le gouvernement ou le Parlement de quelque pays que ce soit, pour déshonorer notre pays et notre nation, a déclaré mercredi soir devant le Parlement turc Ahmet Davutoglu, le ministre des Affaires étrangères, à propos du débat parlementaire en France
Les autorités turques pourraient même rappeler leur ambassadeur à Paris en cas d'adoption de la loi.
Décidément, la Turquie est restée dans la tête des Européens l'homme malade de l'Europe et elle est la seule à ne pas le savoir.
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