L’écrivain Allemand Günter Grass vient de publier sous forme de poème un texte qui veut alerter l’opinion de son pays sur la menace que fait peser l’arsenal nucléaire sioniste sur la paix mondiale.
Bien sûr, les partisans du régime sioniste n’ont pas tardé à pourfendre aussi bien le texte que l’homme en rappelant que le prix Nobel de littérature avait un sombre passé nazi.
Effectivement, comme beaucoup d’Allemands de sa génération, le Pape Benoît XVI par exemple, il a servi dans l’armée nazie, la Waffen-SS plus précisément.
Il convient cependant de rappeler que Günter Grass avait 17 ans en 1944…
Les autorités sionistes viennent de le déclarer persona non grata dans l’Etat voyou où on s’est empressé de le taxer d’antisémite.
M. Grass, nous dit-on aurait été unanimement cloué au pilori dans son propre pays.
Certes, il a été cloué au pilori par cette classe politique qui prétend lier indissolublement le destin de l’Allemagne à l’entité sioniste pour prix des crimes commis dans la première moitié du 20ème siècle.
Au point de prétendre dissuader le gouvernement sioniste de lancer une agression en lui offrant à prix réduit un 6ème sous-marin Dolphin capable d’emporter des missiles balistiques (plus intelligent, plus bête disait mon père).
Pourtant Günter Grass n’a fait qu’interpeller l’opinion de son pays sur la menace que fait peser l’entité sioniste sur la paix mondiale. Une menace qui est d’ailleurs claironnée par les responsables sionistes eux-mêmes qui n’ont de cesse d’annoncer leur volonté de bombarder l’Iran, si possible avec l’accord des Etats Unis, ou mieux leur participation.
Et les commentateurs Occidentaux ne se préoccupent que de la riposte éventuelle de l’Iran contre le régime sioniste, sans se préoccuper des victimes et des destructions infligées à l’Iran, sans parler de la catastrophe écologique entraînée par le bombardement d’installations atomiques.
Reste que contrairement à ce qui a été dit, Gunter Grass n’a pas été cloué au pilori dans son pays puisque nous pouvons lire que
Plusieurs manifestations pour la paix se rangent derrière Gunter Grass
ou
Nombreux soutiens à Günter Grass
Günter Grass voulait simplement lancer un débat sur la menace sur la paix que pose le gouvernement sioniste et son objectif a semble-t-il été atteint si on en juge par les soutiens qu’il a recueillis ou encore par cet édito paru dans le Spiegel, sous la plume de Jakob Augstein.
On notera bien que l’auteur de l’édito ne se départit pas d’une attitude prosioniste et hostile à l’Iran puisqu’il met dos à dos les deux pays dans le chantage à la guerre dans le contexte d’une course à l’armement atomique. Ce faisant il s’expose d’ailleurs à une charge pour antisémitisme car comment oser mettre dos à dos l’Etat juif et l’Iran ?
Or, c’est bel et bien le régime sioniste qui menace l’Iran d’une agression, et non l’inverse. C’est le régime sioniste qui dispose déjà de l’arme atomique et des vecteurs pour l’utiliser. Enfin, c’est l’Iran et non le régime sioniste qui fait l’objet de sanctions unilatérales destinées à asphyxier son économie.
Mais quand on en vient à l’Iran et au régime sioniste, comme dans l’inconscient freudien la contradiction n’existe pas.
Par exemple, Jakob Augstein écrit que
Israël, un pays qui a été entouré d’ennemis depuis des dizaines d’années, beaucoup d’entre eux considérant qu’Israël n’a pas le droit d’exister – quelles que soient ses options politiques.
Pourtant, si on examine les pays qui sont à proximité de l’Etat sioniste, nous en voyons deux (l’Egypte et la Jordanie) qui sont liés par traité avec lui ; Chypre qui fait partie de l’Union Européenne et est de ce fait tout sauf ennemie de l’Etat sioniste, et la Turquie qui a longtemps été le seul pays musulman à reconnaître l’Etat juif. Restent deux pays en état de conflictualité armée avec Tel Aviv : le Liban et la Syrie, aucun des deux ne représentant une menace réelle. On peut ajouter l’Arabie Saoudite qui est plutôt une alliée objective du gouvernement sioniste…
Alors où Jakon Augstein trouve-t-il ce « beaucoup » ? Mystère !
Pourquoi nous avons besoin d’un débat ouvert sur Israël
Un commentaire de Jakob Augstein, Der Spiegel (Allemagne) 6 avril 2012 traduit de l'anglais par Djazaïri
Israël est-elle une menace pour la paix mondiale? L’écrivain Allemand Günter Grass a été taxé d’antisémite cette semaine pour l’avoir affirmé dans un nouveau poème. Mais si ces vers n’auront peut-être pas de prix littéraire, Grass a donné le coup d’envoi d’un débat important - et attendu depuis longtemps. Et il a raison.
Ce n’est pas un grand poème. Ce n’est pas non plus une brillante analyse politique. Mais les quelques lignes que Grass a publiées sous le titre « Ce qui doit être dit » seront vues un jour comme ses mots qui auront eu la plus forte influence. Ils marquent une rupture. C’est cette simple phrase que nous ne pourrons pas ignorer à l’avenir : «La puissance nucléaire d’Israël met en danger une paix mondiale déjà fragile.»
C’est cette phrase qui a déclenché un tollé. Parce qu’elle est vraie. Parce que c’est un Allemand, un prix Nobel qui l’a dite. Parce que c’est Günter Grass qui l’a dite. Et c’est là que réside la rupture du tabou. Et c’est pour cela qu’il faudrait remercier Grass. Il a pris sur lui de dire ces mots pour nous tous. Un dialogue très tardif a commencé.
C’est une discussion sur Israël et sur l’éventualité de préparatifs d’Israël pour une guerre contre l’Iran, un pays dont le président Mahmoud Ahmadinejad a menacé Israël dont il parle comme d’un «cancer» qui doit être «rayé de la carte.» Israël, un pays qui a été entouré d’ennemis depuis des dizaines d’années, beaucoup d’entre eux considérant qu’Israël n’a pas le droit d’exister – quelles que soient ses options politiques.
C’est une guerre qui pourrait précipiter le monde dans l’abîme. Quand un Allemand parle de ce genre de choses, l’Allemagne doit participer à la discussion avec sa responsabilité historique.
Ce genre de débat suit un modèle préétabli. Grass savait qu’il serait taxé d’antisémite – un risque pris par n’importe quel Allemand qui critique Israël. De fait, Mathias Döpfner – le responsable de la maison d’adition Axel Springer, la société mère de Bild, le plus grand journal quotidien du pays – a accusé Grass « d’antisémitisme politiquement correct » dans un éditorial paru jeudi. Döpfner, un homme qui se targue d’être le gardien des relations israélo-allemandes, suggérait aussi que Grass devrait être envoyé dans un centre de réhabilitation historique tout en lançant quelques piques sur la participation longtemps tenue secrète de Grass à la Waffen-SS. Oui, Grass dait faire face également à ce genre d’accusation.
Grass est un réaliste
Mais Grass n’est ni un antisémite, ni un zombie de l’histoire allemande. Grass est un réaliste. Il dénonce le fait que les installations nucléaires israéliennes « ne soient pas accessibles à des inspections.» Il objecte à la politique allemande en matière d’exportations d’armes avec la livraison à Israël d’un autre sous-marin capable de lancer des missiles nucléaires. » Et il rejette d’un ton las « l’hypocrisie de l’Occident,» qui – il ne le dit pas explicitement – a été le principe directeur de nos politiques au Moyen Orient, de l’Algérie à l’Afghanistan.
Grass écrit aussi des absurdités. Il poursuit en expliquant pourquoi il s’est tu si longtemps et pourquoi il ne gardera plus le silence maintenant – « âgé et avec mes dernières gouttes d’encre » - et qu’il veut libérer les autres du sentiment de devoir rester silencieux. Cette partie n’est pas très bien formulée. Il avertit aussi du risque d’annihilation du peuple iranien, ce qui n’est certainement pas prévu dans l’agenda politique israélien. Le teste aurai pu être mieux protégé contre la critique. Mais il atteint néanmoins son objectif.
Après tout, quelqu’un nous a enfin tirés de derrière l’ombre des paroles prononcées par la chancelière Angela Merkel lors d’une visite à Jérusalem en 2008. A l’époque, elle avait dit que la sécurité d’Israël relevait de la raison d’Etat pour l’Allemagne. Pour éviter tout malentendu, avait-elle ajouté, « C’est une réalité, et non des paroles qui resteraient vaines si venaient des temps difficiles.»
Helmut Schmidt, chancelier Allemand de 1974 à 1982, avait dit qu’avoir un sentiment de responsabilité pour la sécurité d’Israël est « compréhensible émotionnellement » mais est une conception téméraire qui pourrait avoir des conséquences graves.». Si une guerre éclatait entre Israël et l’Iran, poursuivait-il, « alors, selon cette conception, les soldats Allemands devraient combattre également.» Depuis cette époque, Israël a considéré l’Allemagne comme étant le seul pays, avec les Etats Unis, sur lequel elle peut compter.
Le monde retient son souffle
Actuellement, avec le soutien des Etats Unis dont les présidents doivent s’assurer du soutien des organisations du lobby juif en période électorale ainsi qu’avec celui d’une Allemagne où la repentance historique a pris une dimension militaire, le gouvernement Netanyahou tient en haleine le monde entier. « L’Israël de Netanyahou a dicté l’ordre du jour au reste du monde comme aucun petit Etat n’a jamais pu le faire auparavant, » écrit le journal israélien Haaretz. Des cours du pétrole au terrorisme, le monde a de nombreuses raisons de craindre une guerre entre Israël et l’Iran.
Personne ne prétend que l’Iran dispose déjà d’une bombe atomique. Personne ne sait si l’Iran travaille vraiment à une telle bombe. Au contraire, les responsables des services secrets américains pensent que l’Iran a stoppé son programme de développement d’armes atomiques en 2003.
Ces éléments n’intéressent cependant pas les Israéliens. Pour eux, la question n’est plus d’empêcher les Iraniens d’obtenir la bombe atomique. Il s’agit maintenant d’empêcher – et plus d’être en mesure d’empêcher – les Iraniens d’être en capacité de produire une telle bombe. Ils ne veulent pas s’embarrasser du problème qu’ont eu les USA avec l’Irak. Les Américains continuaient à penser qu’ils devaient donner la preuve que leur adversaire disposait d’armes de destruction massive. Mais ces preuves n’avaient pas pu être trouvées en Irak – pas plus que de telles armes. Alors, les Américains avaient simplement fabriqué les preuves dont ils avaient besoin.
Israël a lancé un ultimatum au monde. Elle ne veut pas fournir de preuves que l’Iran possède une bombe. Elle ne veut pas non plus apporter de preuves que l’Iran serait en train de construire une bombe. La position d’Israël est simple : elle ne veut pas que l’Iran atteigne la «zone d’immunité.»
En conséquence, Israël menace de lancer une attaque avant que les Iraniens soient en mesure d’enterrer leurs installations atomiques si profondément sous la roche que même les bombes anti-bunkers les plus puissantes ne pourraient plus les atteindre.
Il est temps de faire pression sur Israël
Israël et l’Iran jouent une partie de poker que tous les deux peuvent gagner tant qu’il n’y a pas de guerre. La presse tabloïd qualifie Ahmadinejad de «cinglé de Téhéran.» Mais il n’est pas fou. Il veut rester au pouvoir et a réprimé l’opposition dans son pays dans ce but. Le sang avait coulé il y a trois ans quand il avait écrasé des manifestations contre son pouvoir, mettant en prison de nombreux opposants dans la foulée.
Ahmadinejad laisse intentionnellement le monde dans le flou sur ses intentions pour le nucléaire. Il profite de son ambigüité stratégique tout comme les Israéliens profitent de leurs menaces de guerre. Les deux pays s’aident l’un l’autre à étendre leur influence bien au-delà de ce que leurs dimensions méritent réellement.
De façon perverse, ils se retrouvent en état de dépendance mutuelle. Et les choses auraient pu rester leur problème propre s’ils n’avaient pas pris le monde entier en otage. Comme l’écrit Grass, le temps est venu d’exiger « un contrôle permanent et sans entraves du potentiel nucléaire d’Israël et des installations nucléaires de l’Iran par une entité internationale qui aurait l’approbation des gouvernements des deux pays » .
En ce moment, l’Iran éprouve la pression des sanctions. Mais le temps est venu d’exercer certaines pressions sur Israël aussi. Remarquez que celui qui dit ce genre de chose n’est pas en train d’essayer « de relativiser la culpabilité des Allemands en transformant les Juifs en fautifs» comme l’affirme Mathias Döpfner. Nous ne parlons pas ici d’histoire de l’Allemagne. Nous parlons du monde. Et nous parlons du temps présent.
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