Intéressant, ces habitants de Ceuta, un résidu de la colonisation espagnole, qui vont guerroyer en Syrie pour le compte de l’Oncle Sam au lieu de s’employer à parachever la décolonisation du Maghreb.
Le journaliste a raison de s’interroger sur les filières de recrutement et de financement du voyage en Syrie. Il pourrait aussi se poser des questions sur la façon dont les familles subsistent en l’absence de celui qui est parti combattre. Dans le cas qui nous est présenté en effet, nous sommes devant un chauffeur de taxi marié et père de famille.
Quatre jeunes de Ceuta se sont rendus en avril au proche Orient pour lutter contre le régime de Assad.
Par ignacio Cembrero, El Pais (Espagne) 12 juin 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri
Il s’appelait Rachid Wahbi, il avait 32 ans et travaillait comme chauffeur de taxi à Ceuta. Il était marié et avait deux enfants. La semaine dernière, il a été le premier Espagnol à mourir au combat en Syrie dans un lieu non précisé. Il se peut qu’il y ait d’autres morts parce que Rachid n’est pas le seul à être allé dans ce pays du Proche Orient où la rébellion conte le régime a éclaté il y a quinze mois s’est transformée en guerre civil avec un bilan provisoire de 14 000 morts selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH).
Des dizaines de personnes se pressaient samedi soir dans la modeste maison du quartier Prince Philippe à Ceuta. Entre pleurs et lamentations, des condoléances étaient présentées à la veuve et aux parents. La famille avait reçu la veille un appel téléphonique de Syrie l’informant que Rachid était un "martyr" de la révolution epuis le 1er juin.
Trois autres Musulmans Espagnols de Ceuta ont fait route vers la Syrie en avril, dissimulant leur destination à leur entourage en lui disant qu’ils avaient l’intention d’étudier le Coran dans les écoles coraniques de Damas., selon les indications fournies par des sources des services de sécurité espagnols. Tous fréquentaient la mosquée Las Caracolas, selon le journal El Faro de Ceuta qui a été le premier à révéler cette information. Un des trois [Espagnols] a été chargé d’annoncer le décès à la veuve par téléphone.
La police enquête sur la façon dont ils ont été recrutés, sur qui a payé leur voyage, sur l’itinéraire qu’ils ont emprunté et s’ils se sont coordonnés avec des jeunes marocains de Castillejos et Tétouan d’où sont également partis une dizaine d’aspirants djihadistes. Tous sont apparemment passés par la Turquie, où l’Armée Syrienne Libre (ASL) qui lutte contre le régime de Bachar al-Assad dispose d’une grande marge de manœuvre dans les provinces orientales.
Le colonel Ryad al-Assad qui commande l’ASL depuis la Turquie, a démenti lundi pour la énième fois la présence de combattants non Syriens dans les rangs de son armée constituée de déserteurs des forces armées syriennes et de civils entraînés. «Oui, il y a des djihadistes et des membres d’al Qaïda actifs en Syrie qui font du tort à la révolution, » a-t-il reconnu.
Le régime syrien soutient cependant qu’il fait face à des djihadistes et des terroristes embarqués au sein de l’ASL. En mars, l’ambassadeur Syrien à l’ONU, Bachar Jaafouri, avait présenté au Conseil de Sécurité la liste de 26 djihadistes capturés par son armée et peu de temps après, le gouvernement tunisien avait reconnu que 19 d’entre eux étaient Tunisiens.
La lutte contre le régime d’Assad a attiré en Syrie plusieurs centaines de jeunes musulmans, mais beaucoup moins que ceux qui s’étaient engagés pour combattre en Irak à partir de 2003 parce qu’il ne s’agit pas maintenant de faire la guerre conte une invasion étrangère comme les Etats Unis, mais contre un régime arabe, reconnaissent des sources de l’opposition syrienne à paris qui préfèrent rester anonymes.
Le profil de ces combattants est en outre différent de celui de ceux qui ont combattu en Irak. Même s’ils sont de fervents Musulmans, ils n’ont pas de liens avec al Qaïda et ils ne voient pas les Occidentaux comme des ennemis mais bien comme des alliés un peu timorés dans leur guerre pour renverser Assad. Certains opposants Syriens croient dur comme fer qu’on devrait plus les comparer à ce que furent les Brigades Internationales pendant la guerre civile espagnole quoique leur nombre et leur niveau d’organisation soient très inférieurs.
Ce n’est pas la première fois que ce jeunes habitants de Ceuta se rendent dans des pays en conflit pour y prendre les armes. Le plus célèbre d’entre eux a été Ahmed Abderrahman, surnommé le Taliban de Ceuta, fait prisonnier au Pakistan par les forces spéciales des Etats Unis, emprisonné deux ans à Guantanamo, condamné à six ans de prison par la justice espagnole pour appartenance à al Qaïda et finalement acquitté en 2006 par la Cour Suprême.
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