Je n’aime guère, et même pas du tout, les sports mécaniques mais je dois dire que j’ai été séduit par l’histoire de ces jeunes femmes palestiniennes qui s’adonnent à la course automobile.
Cette pratique déjà assez singulière dans les pays développés l’est bien entendu encore plus en Palestine et l’article renvoie bien aux grandes problématiques soulevées par la passion de ces jeunes personnes : la question de l’égalité homme-femme dans son rapport au religieux tel que vécu ainsi qu’aux normes sociales (machisme) et bien sûr la question de l’émancipation de la Palestine vis-à-vis de l’occupation sioniste.
Leur activité sportive va déboucher sur un film au titre alléchant : ‘Speed Sisters’ qui, s’il a du succès contribuera à populariser encore un peu plus la lutte du peuple palestinien.
Parce que l’occupation, ça ne se combat pas que militairement ou politiquement, ça se combat aussi en continuant à vivre et à faire société.
Et c’est la réalité et le dynamisme de cette société qui donnent peut-être le plus mal à la tête aux chefs du gang sioniste.
La magazine Les Inrocks en avait parlé en juilletet renvoyait vers le site officiel des ‘Speed Sisters’.
Par Sal Emergui, El Mundo (Espagne) 24 août 2012 traduit de l’espagnol par Djazaïri
La palestinienne Marah Zajalka avait à peine 18 ans en 2009, quand elle avait reçu El Mundo dans sa maison de Jenine pour nous parler de ses deux grands rêves : «Etudier pour être cinéaste et continuer à rêver sur quatre roues.» Aujourd’hui, ses désirs s’entremêlent à l’approche du but imaginaire auquel elle avait songé si souvent : sillonner avec sa voiture de course «amateur» les routes de Cisjordanie.
Il est vrai que sa passion pour les voitures et la vitesse dans une ville comme Jenine ressemblait alors à un bon scénario de science-fiction. Tout au plus une soupape d’évasion originale pour une adolescente palestinienne qui admirait sa mère, monitrice d’auto-école. Aujourd’hui, les peurs, les illusions et les obstacles (sociaux, culturels, politiques, physiques…) pour Marah et d’autres pilotes palestiniennes sont portés au grand écran.
'Speed Sisters' est le documentaire qui passe la cinquième vitesse dans la lutte contre le machisme qui domine la société palestinienne et contre les obstacles et les restrictions qu’impose Israël dans la Cisjordanie qu’il occupe depuis la guerre de 1957.
Certains, comme Mara, sont de véritables spécialistes qui, malgré leur outrageuse jeunesse ont des années de conduite esperte dans les chemins qui sortent de jenine. D’autres n’ont appris à conduire que depuis quelques années, en surmontant les regards désapprobateurs de leur entourage familial et les critiques publiques.
L’une d’entre elles, Mona Ennab, reconnaît que sa famille n’avait pas beaucoup apprécié au début. «Nous ne souffrons pas que de l’occupation. Ma communauté m’opprime en toute chose : ‘Ne va pas aux fêtes,‘ mais j’y vais. ‘Ne bois pas,’ mais je bois. ‘Ne fume pas,’ mais je fume… Nous avons déjà du mal avec l’occupation et nous n’avons pas besoin de rajouter en plus de la pression interne,» dénonce Mona.
Marah pense qu’il est possible qu’un jour une Palestinienne courre en Formule 1. «C’est important en tant que femmes mais aussi en tant que palestiniennes. Quand je suis au volant, je ne me sens pas discriminée,» nous dit-elle avant de faire l’éloge de sa collègue Betty Saadeh qui a réussi à entrer dans la liste de dix meilleurs pilotes automobiles palestiniens.
Betty, née au Mexique, sait que la réussite ne consiste pas à être dans le Top 10, mais simplement à être dans le circuit. « J’ai ça dans le sang. Mon père et mon frère sont champions auto au Mexique, » explique la seule palestinienne à disposer d’un sponsor.
Maysson Jayyusi (34 ans), employée de l’UNRWA à Ramallah et manager de la première équipe féminine de course automobile du Proche Orient, évoque un aspect «positif» des ’checkpoints.’ «Je suis tombée amoureuse des voitures rapides dans les heures et les heures frustrantes d’attente aux ‘checkpoints’ israéliens, dit-elle en ajoutant que «la vitesse me donne un sentiment de puissance et m’aide contre la dépression. Quand après l’attente, le soldat t’autorise à passer, tu n’as qu’une envie, c’est de voler.»
Et c’est ce qu’elles font. Voler pour prouver à leur tour que les femmes peuvent aussi être pilotes et accélérer de manière vertigineuse en quelques secondes pour se défaire des chaînes du conflit.
Pour donner du sens et de la couleur à leur aventure en la transformant en bande cinéma, la toute nouvelle équipe a obtenu le soutien du consulat britannique à Jérusalem.
La conversion de leur lutte anonyme en ce titre médiatique ‘Speed Sisters’ est due en partie à la réalisatrice et documentariste Amber Fares. Cette canadienne avait découvert qu’à Ramallah (capitale politique et administrative de l’Autorité Nationale Palestinienne), une histoire digne du cinéma se cachait derrière les portes pivotantes d’un parking abandonné. Avec son travail, la Cisjordanie et La Mans sont plus proches que jamais.
La sortie du film est prévue pour 2013. ‘Speed Sisters’ est un hommage à un groupe de jeunes filles qui ont en commun autre chose que le fait de ne pas porter le voile dans une société de plus en plus religieuse: courir pour atteindre l’égalité et l’indépendance de leur peuple.
Dans leur course, appuyer sur le frein n’est pas une option.
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