Ce sont plusieurs milliers de Syriens qui cherchent en ce moment refuge en Algérie. Si la population locale n'a guère tardé à faire parler le langage de la solidarité, les autorités sont par contre à la traîne.
Or, c'est bien entendu le devoir de l'Etat algérien de venir en aide à tous ceux qui cherchent refuge sur son sol, indépendamment de leurs opinions ou de leurs appartenances religieuses.
Il n'en reste pas moins que, plus gênante encore que l'inertie des autorités d'Alger, il faut signaler les propos scandaleux du représentant de la fameuse démocratie en marche en Syrie; traduction à l'usage des réfugiés du langage "unitaire" qui est celui de la fameuse "opposition" au régime de Damas.
Cette ordure peut bien écraser une larme ainsi qu'on nous le précise en fin d'article.
Des “chabihas” et des prostituées parmi les “réfugiés” syriens
Par Karim Kebir, Liberté (Algérie) 15 août 2012
L’accusation est autant étonnante qu’intrigante : des “chabihas” (fantômes), ces milices civiles à la solde du régime de Bachar al-Assad, mais en petit nombre, figurent parmi les réfugiés syriens arrivés en Algérie depuis quelques semaines, a indiqué, hier à Alger, lors d’une conférence de presse au siège de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), un membre du collectif de soutien au peuple syrien.
Selon Debbah El-Bakar Mohamed Nidal, les “déplacés”, un vocable qu’il préfère au mot “réfugiés”, les Syriens présents en Algérie sont divisés en cinq catégories : la première, celle composée, au nombre limité, d’étudiants ou de coopérants techniques. La seconde regroupe les proches de la première, arrivés récemment, qui ont fui la guerre. La troisième est composée pour l’essentiel de nantis et d’investisseurs qui “n’ont pas besoin de l’aide des Algériens et comptent sur leur argent”, tandis que la quatrième, qualifiée de “dangereuse”, même si elle est en nombre limité, est composée de “chabihas”.
“Le régime les a envoyés pour voir leur comportement et le degré de sympathie des Algériens à leur égard”, explique Debbah El-Bakar. Enfin, la cinquième, de loin la plus importante et qui constitue, selon lui l’écrasante majorité, “la plus répandue et la plus dangereuse” est constituée de “prostituées” et de “mendiants”. “Ils sont issus de diverses régions de la Syrie, ils sont originaires des montagnes de Karabach en Bosnie Herzégovine. Ce sont des gitans. Leur métier : la prostitution et la mendicité”, explique cet activiste. “Ce sont des renégats, organisés et disposant de démembrements à travers plusieurs pays du monde. Même si vous leur offrez des logements, des médicaments et des habits, ils ne les acceptent pas. Ce qui les intéresse, c’est l’argent”, dit-il. “Ils abusent de la sympathie des Algériens”, ajoute-t-il encore. Selon lui, le ministère des Affaires religieuses a été même saisi pour demander aux imams de dénoncer ces “faux réfugiés”.
Mais ce n’est pas visiblement l’avis de la LADDH. Me Benissad, son président, place le débat sur le terrain des droits de l’Homme. “Quel que soit le Syrien qui est ici en Algérie, quelles que soient sa religion ou ses opinions politiques, du point de vue humanitaire, il appartient à l’État algérien de le protéger et de le prendre en charge conformément aux conventions ratifiées par l’Algérie”, précise-t-il. Il recommande, dans ce cadre, l’amendement de la loi relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers en Algérie ainsi que de la mise en place d’un cadre juridique spécifique afin qu’ils soient conformes aux principes du droit international (…). Car rappelle, Me Benissad, dans les faits les réfugiés reconnus par le HCR ne bénéficient d’aucune protection réelle de la part des autorités algériennes. “En l’absence d’un cadre juridique effectif en matière d’asile, les réfugiés et les demandeurs d’asile sont formellement considérés comme des migrants irréguliers en Algérie”, soutient-il.
Et contrairement au chiffre avancé par Ould Kablia, le nombre de “déplacés” syriens est estimé entre 4 000 et 6 000 membres. 86 d’entre eux auraient introduit une demande d’asile auprès des autorités algériennes. Mais si les membres du collectif de soutien au peuple syrien s’étonnent de la “position officielle algérienne”, “une position qui nous fait mal”, dit Ahmed Afendi, telle n’est pas le cas de la LADDH. “On ne s’étonne pas de la position algérienne”, assure Me Benissad. Même les partis politiques semblent indifférents au sort des “déplacés”. Hormis le RCD, le FFS et le PST qui ont reçu les membres du comité de soutien, les autres partis tergiversent. “Le FLN tergiverse, le RND a refusé de nous recevoir alors que les islamistes nous ont promis seulement”, indique Debbah El-Bakar. “On a décidé de tenir un sit-in de solidarité avec le peuple syrien le premier jour de l’Aïd”, a-t-il dit en écrasant une larme.
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