La crise libyenne a de multiples conséquences dont certaines peuvent échapper à l'observateur non directement concerné. Comme par exemple ses répercussions sur l'Afrique sahélienne qui connaît un afflux de réfugiés et subira sans doute des conséquences économiques désastreuses de l'actuel conflit en Libye. Que le régime de M. Kadhafi tombe ou pas.
Peut-être M. Bernard-Botul-Henri Lévy accueillera-t-il ces réfugiés dans son riad marocain? Et, de la même façon, fera-t-il don de ses droits d'auteur aux économies africaines affaiblies par ce conflit qu'il a appelé de ses voeux?
Ce conflit, s'il devait perdurer, risque d'avoir des conséquences incalculables pour la région, et bien sûr pour l'Algérie qui n'avait pas besoin d'une intervention militaire étrangère à ses portes.
Intervention que le pouvoir en place à Alger n'a que trop mollement essayé d'empêcher, ce dont il risque d'avoir à se mordre les doigts.
Il tente maintenant de sauver les meubles ainsi qu'en témoignent ces deux rencontres simultanées des ministres malien et algérien des affaires étrangères d'une part, et des chefs d'état major des armées malienne et algérienne d'autre part.
La sécurité a par ailleurs été sensiblement renforcée depuis début avril le long de la frontière algéro-libyenne où, nous dit la presse algérienne, c'est l'alerte maximale.
A ce risque, s'en ajoutera peut-être bientôt un autre, celui que des secteurs frontaliers entrent dans la zone de conflit.
Les choses semblent commencer à évoluer en ce sens à la frontière tuniso-libyenne. En effet, il y a quelques jours, le poste frontalier de Dehiba-Wazin était passé sous contrôle des rebelles avant d'être repris aujourd'hui par les forces gouvernementales libyennes (je viens d'entendre sur France-Info que les rebelles auraient repris ce poste frontière).
Au-delà des péripéties entre rebelles et armée libyenne, ce qui me parait important est ce qui suit:
"Des combats se sont déroulés en territoire tunisien; à Dehiba, après l'attaque du poste frontière par les forces de Kadhafi," explique Ali, un Tunisien qui participe à l'assistance aux [réfugiés] Libyens à Dehiba. "Les rebelles se sont repliés et sont maintenant à l'intérieur de la Tunisie."
Ces rebelles qui sont à la frontière et même sur le territoire tunisien ne vont sans doute pas tarder à solliciter l'intervention de l'aviation de l'OTAN. Et ils auraient tort de se gêner puisque, comme souvent, leurs désirs ont été anticipés par le Grande Bretagne dont le ministre de la défense, Liam Fox, vient de suggérer l'éventualité de la présence de soldats Britanniques à la frontière entre la Libye et la Tunisie. Pour protéger les réfugiés, ça va de soi.
On ne comprend d'ailleurs pas très bien de quel côté de la frontière seraient stationnés ces soldats.
Oui, parce que les réfugiés Libyens sont précisément réfugiés en... Tunisie où ils sont à l'abri d'éventuelles actions du gouvernement libyen (mais pas des rebelles qui n'hésitent pas à se positionner en territoire tunisien).
Nous sommes donc devant une volonté britannique de contrôler la frontière entre deux pays arabes et africains indépendants qui ont tous deux une frontière commune avec l'Algérie.
On aurait aimé entendre une réaction digne de ce nom des autorités d'Alger ou même de Tunis car la Tunisie aussi est concernée par les risques qu'entraîne le nouvel accès de fièvre colonialiste des occidentaux.
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