Après les renseignements militaires des Etats Unis, c'est au tour des services secrets canadiens de s'interroger sur la nature de ceux qui s'opposent militairement au colonel Kadhafi et que les forces « démocratiques » de l'OTAN assistent à coups de bombardements et maintenant pare une aide sur le terrain apportée par des agents Britanniques et Américains.
Une inquiétude répercutée dans le Calgary Herald par Susan Martinuk dont on a du mal à comprendre si elle est canadienne ou ressortissante des Etats Unis. Ce qui est par contre certain, c'est que Mme Martinuk n'est pas rassurée sur ce qui pourrait se passer en Libye en cas de victoire de ceux que Bernard-Botul-Henri Lévy a certifiés casher, c'est-à-dire démocrates.
Pour argumenter ses préoccupations, Mme Martinuk invoque le précédent afghan où les Occidentaux avaient soutenu contre le régime communiste appuyé par l'URSS d'autres combattants de la liberté, certifiés eux aussi casher par le même philosophe atteint de botulisme
Mme Martinuk aurait pu citer l'Irak qui jouit maintenant d'un régime sectaire grâce à l'intervention des forces coalisées sous la houlette de Washington. Ben non, elle évoque le Hamas qui venu démocratiquement au pouvoir, et sans jamais remettre en cause les processus institutionnels qui régissent l'Autorité Palestinienne, s'est vu clouer au pilori par les « démocraties » occidentales avant de se retrouver cantonné dans la bande de Gaza placée sous blocus par les terroristes sionistes.
Pas de zone d'exclusion aérienne dans ce cas. Où plutôt si, une zone d'exclusivité aérienne pour les avions sionistes.
Mme Martinuk nous parle aussi de l'Egypte où les Frères Musulmans seraient en passe de parvenir, légalement au pouvoir, suite à la déposition du président Moubarak. Cette perspective n'est certes pas pour lui plaire mais, dans le cas égyptien, comme dans les cas irakien et afghan, Mme Martinuk ne semble pas se rendre compte que les Etats Unis poussent consciemment en avant des forces rétrogrades, conservatrices sur le plan des mœurs et politique mais favorables à une économie marchande et à l'investissement capitaliste américain. Elle ne se demande pas pourquoi Nick Clegg, le vice premier ministre Britannique préfère al Qaïda au régime du colonel Kadhafi.
La situation égyptienne est sans doute bien plus complexe que celle de l'Afghanistan et de l'Irak, mais il est sût que les Etats Unis ont une préférence marquée pour la vieille garde des Frères Musulmans, conservatrice socialement et économiquement, par rapport aux fameux militants séculiers ou « laïques » qui ont le tort insigne de récuser l'emprise des Etats Unis sur le destin de leur nation.
Pour finir, Mme Martinuk semble s'indigner contre la fatwa émise par les Frères Musulmans égyptiens (en réalité Youssef al-Qardaoui, c'est-à-dire ce qu'il y a de plus réactionnaire et pro saoudien chez les Frères Musulmans) pour demander l'assassinat de Kadhafi.
Mais à quel moment s'est-elle indignée contre la fatwa prononcée par MM. Obama, Sarkozy et Cameron contre Kadhafi. Fatwa qu'ils se sont d'ailleurs empressés d'essayer de mettre à exécution.
Par Susan Martinuk, Calgary Herald (Canada) 1er avril 2011
Qui sont ces gens qui combattent contre le Mouammar Kadhafi, le fou Libyen ?
Les dirigeants Occidentaux ont à l'évidence décidé qu'ils avaient besoin de notre protection. Ce qui avait commencé comme une résolution de l'ONU pour une zone d'exclusion aérienne dans le ciel libyen et « toutes les mesures nécessaires » pour protéger les civils des forces armées de Kadhafi s'est vite transformé en bombardements sous les ordres de l'OTA d'objectifs stratégiques.
Depuis jeudi, des discussions internationales portent sur l'armement des rebelles, évoquant leurs faibles chances devant Kadhafi sans armes et sans entraînement assuré sur le terrain.
Le premier ministre Britannique David Cameron, le président US Barack Obama et le président Français Nicolas Sarkozy ont semble-t-il étudié une demande pour obtenir des armes. Si Cameron et Sarkozy n'ont encore rien promis, Obama a dit qu'il enverrait du matériel de communication, des fournitures médicales et éventuellement des véhicules de transport pour les rebelles, mais pas d'armes. C'est du moins ce qu'a déclaré Obama au peuple américain qui se méfie d'une nouvelle intervention militaire.
En privé, cependant, c'est une autre histoire. On sait maintenant qu'Obama a signé un ordre secret autorisant un soutien clandestin aux rebelles. L'ordre est une sorte de directive présidentielle qui sert à autoriser des opérations secrètes par nul autre organisme que la CIA. Il est raisonnable de supposer que des opérations clandestines de la CIA signifient aussi armes et munitions. Officieusement, bien entendu. Mais avant de livrer des armes, ne devrions-nous pas demander qui sont ces gens et ce qu'ils représentent ? Diverses informations parlent d'eux comme de combattants de la liberté et de rebelles ? Mais est-ce aller vraiment trop loin que de les qualifier de terroristes ?
Un rapport des services de renseignement s canadiens suggère de manière gênante que la réponse est « non. »
Un rapport secret de l'Integrated Threat Assessment Centre, organisme gouvernemental d'évaluation des menaces, préparé pour le Canadian Security and Intelligence Service a été rendu public cette semaine suite à une demande faite en application de la loi sur l'accès à l'information. Le rapport a été rédigé fin 2009 et qualifie le bastion anti-Kadhafi en Libye orientale de « épicentre de l'extrémisme islamiste. » En outre, « dans cette région, la population a des idées plus conservatrices comparativement au reste de la Libye et l'activisme islamiste est fortement concentré. »
On a un peu de mal à faire coller ces idées avec celles du commandant suprême des alliés dans l'OTAN qui a qualifié l'opposition « d'hommes et de femmes responsables qui luttent contre le colonel Mouammar Kadhafi. »
On ne sait pas si les extrémistes ont des liens avec al Qaïda, mais ce pourrait n'être qu'une petite consolation du moment que les extrémistes islamistes ne semblent pas avoir besoin de ce genre de liens pour faire des ravages dès lors qu'ils contrôlent tout un pays et qu'ils ont une armée à leur disposition (par exemple, le Hamas, l'Afghanistan).
Quand nous considérons en Occident ce qui a été qualifié avec enthousiasme de printemps arabe, nous aimons à penser que de malfaisants dictateurs ont reçu finalement leur dû et que chaque soulèvement est mu par des forces démocratiques. Mais comme certains l'ont déjà signalé, peut-être ne faisons-nous que remplacer des tyrans qui détestent l'Occident par de pires tyrans qui détestent encore plus l'Occident.
Un bon exemple est l'Egypte, où les forces séculières démocratiques semblaient en tête des grandes manifestations de la place Tahrir, mais on attend de voir le niveau de démocratie qui en sortira. Les événements récents laissent à penser que l'Egypte est peut-^te en voie d'être dirigée par des extrémistes islamistes incarnés par les Frères Musulmans.
Dans un récent référendum, les Egyptiens ont voté massivement pour des élections à bref délai – ce qui veut dire que les démocrates non islamistes n'auront guère de chances de construire des partis démocratiques séculiers [secular] et d'éduquer l'opinion aux institutions démocratiques. Ce référendum prépare au contraire l'Egypte à une prise du pouvoir par les Frères Musulmans qui semblent déjà bénéficier d'un certain soutien dans l'armée.
En passant, les Frères Musulmans ont récemment émis une fatwa pour l'assassinat de Kadhafi. Juste pour vous donner une idée de ce qui pourrait de préparer pour l'Egypte
Nous avons déjà connu cette situation auparavant. Les Etats Unis avaient fourni des missiles et des fusils aux moudjahidine, les combattants Afghans de la liberté pour combattre les Soviétiques dans les années 1980. Le résultat fut la prise du pouvoir par une organisation islamiste extrémiste appelée Talibans. Vous connaissez la suite.
Le concept de liberté pour lequel luttent les "combattants de la liberté" pourrait être très différent de notre idée de la liberté. Il y a de fortes chances qu'ils combattent pour l'application de la sharia et un régime totalitaire basé sur la religion, plutôt que pour des libertés individuelles.
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