jeudi 3 mars 2011

Un Goebbels venu de Jérusalem?

Je vous ai parlé récemment de ce sioniste, Avi Lipkin, alias Victor Mordechai, installé aux Etats Unis qui s'efforce de diffuser l'idée que le président Obama aurait un plan secret pour faire immigrer aux Etats Unis des dizaines de millions de Musulmans et d'islamiser ainsi ce pays. L'auteur de cette théorie s'inscrit dans un plan concerté qui vise à faire une réalité de la théorie dite du choc des civilisations. C'est qu'à la différence du monde physique, dans le monde des idées la théorie peut précéder la réalité qu'elle va en fait contribuer à créer. C'est le principe des prophéties auto-réalisatrices.
Pour arriver au résultat recherché, il faut de l'argent certes, mais l'argent n'est qu'un moyen qui doit être investi judicieusement pour espérer arriver au résultat recherché. D'où une multiplication de think tanks aux noms ronflants qui laissent supposer qu'on se trouve devant des institutions respectant les critères de la démarche académique. Ce qui n'est bien entendu pas le cas. Il faut aussi subventionner les politiciens qui se feront les relais de tout ou partie des théories élaborées dans ces think tanks ; il s'agit d'un processus de sélection  des plus aptes, au sens darwinien, à relayer les thèmes choisis par les groupes de pression et à soutenir les politiques qu'ils défendent.
Le magazine US Mother Jones nous donne un autre exemple d'activité d'un de ces organismes qui cherchent à précipiter le monde dans une guerre de civilisations et nous fait connaître dans le même temps l'identité et le pedigree de la personne qui est derrière un mouvement qui pousse à l'adoption par les Etats fédérés de lois visant à interdire l'application du droit musulman ou toute référence à ce droit dans les juridictions d'Etat. Des dispositions peuvent même prévoir des peines d'emprisonnement pour ceux qui se réfèreraient ou adhèreraient à ce droit.
Bien sûr il n'y a strictement aucune chance (ou risque si vous voulez) de voir une quelconque variante du droit musulman appliquée aux Etats Unis, mais le simple fait de déposer des projets de lois visant à en interdire l'application tend à accréditer la thèse opposée, c'est-à-dire celle qui soutient qu'une telle application va se réaliser et est peut-être même imminente. Nous avons là tous les ressorts de la propagande à la Goebbels.
Ce Goebbels des Amériques a un nom qui fleure bon le terroir du Midwest ou de la Nouvelle Angleterre puisqu'il se nomme David Yerushalmi.
Eh oui, encore un de ces sionistes. Mais ce n'est certainement qu'un hasard.

Des Etats à travers le pays envisagent des lois inspires par l'extrême droite pour interdire la loi islamique. Notre gratitude pour cela va à David Yerushalmi, le leader d'une organisation raciste.
par Tim Murphy , Mother Jones (USA) 1er mars 2011 traduit de l'anglais par Djazaïri

Des membres du corps législatif du Tennessee ont introduit la semaine dernière une proposition de loi extrémiste qui prévoit une sanction de 15 ans de prison pour ceux qui apporteraient un "soutien matériel" à la loi islamique. Cette proposition marque une nouvelle étape très importante dans la campagne des conservateurs contre les Musulmans Américains. Selon ses détracteurs, en cas d'adoption de cette loi, des activités apparemment anodines comme repeindre l'extérieur d'une mosquée ou apporter de la nourriture à un repas communautaire pourraient être qualifiées de crimes.

La proposition de loi du Tennessee SB 1028 ne vient pas de nulle part. Même si ce n'est pas la première du genre, cette proposition s'inscrit dans une série de mesures en rapport qui interdiraient aux juridictions de l'Etat d'appliquer la sharia (un tribunal pourrait se référer à la loi islamique dans des cas de garde d'enfant ou dans des affaires de droits de prisonniers). Depuis début 2010, une telle législation a été envisagée dans au moins 15 Etats.
Et si la peur de l'imminence d'un califat est abondamment répandue à l'extrême droite, la montée de ces législations à travers le pays est largement due au travail d'un seul homme : David Yerushalmi, un suprématiste blanc établi en Arizona qui a déjà auparavant appelé à une « guerre contre l'Islam » et essayé de criminaliser l'adhésion à la religion musulmane.
Avocat, Yerushalmi est le fondateur de la Society of Americans for National Existence (SANE), qui a été désignée comme une « organisation raciste » (hate group) par le Council on American-Islamic Relations (CAIR). Son avant-projet de loi a servi de base à la proposition de loi au Tennessee et d'au moins une demi-douzaine d'autres dispositions anti-islamiques qui ont acquis force de loi l'an dernier en Louisiane et au Tennessee.
A l'exception de la SB 1028, la plupart des législations inspires par Yerushalmi semblent assez inoffensives : les tribunaux d'Etat se voient interdire de prendre en considération toute loi étrangère qui ne respecte pas complètement les droits consacrés par les constitutions des Etats et de l'Etat fédéral.

Comme on n'a jamais entendu parler aux Etats Unis d'une interprétation à la Taliban du droit musulman, l'impact de cette loi est au mieux non existant. Mais ceux qui critiquent certaines des lois proposées ont soutenu qu'elles pourraient avoir des conséquences plus vastes et imprévues, comme d'affaiblir les lois anti-kidnapping et d'entraver la capacité des entreprises locales à engager des contacts avec l'étranger.
Mais la proposition SB 1028 du Tennessee va beaucoup plus loin en définissant le droit musulman traditionnel comme contraire aux principes constitutionnels, et en autorisant le procureur général de l'Etat à geler les avoirs d'organisations qui ont été définies comme promouvant ou soutenant la sharia. Lundi, CAIR et l'ACLU ont appelé les élus à rejeter la proposition de loi.
« A la base, cette proposition de loi cherche à séparer les 'bons Musulmans' des 'mauvais Musulmans' » explique Gadeir Abbas, avocat de CAIR, dans un entretien accordé à Mother Jones. De toutes les propositions de loi qui ont été introduites, c'est de loin la plus extrémiste. »

Les informations sur la montée du mouvement anti-sharia se sont généralement concentrées sur l'amendement constitutionnel approuvé par l'électorat de l'Oklahoma, qui interdit explicitement aux tribunaux d'Etat de prendre en considération la loi islamique (un juge fédéral a émis une injonction permanente contre cet amendement en décembre). Mais le mouvement avait commencé bien avant, avec un projet de loi type établi par Yerushalmi à la demande de The American Policy Alliance, une organisation de droite fondée dans le but de protéger les citoyens Américains de « l'infiltration et de l'incursion de lois et de doctrines juridiques étrangères, particulièrement de la sharia, le droit musulman. »
Dans un diaporama de 40 minutes disponible sur le site de l'organisation, Yerushalmi explique les tenants et aboutissants de la législation type. Ses propositions de loi diffèrent de l'amendement mort né en Oklahoma par un aspect essentiel : ils ne mentionnent pas la sharia, mais évoquent plus largement des « lois étrangères et des doctrines juridiques étrangères. » Comme l'expliquait Yerushalmi dans un entretien en décembre avec la nativiste New English Review, le vocabulaire a une « façade neutre », aboutissant cependant au même résultat tout en « évitant » les problèmes épineux posés par la jurisprudence relative au premier amendement. »

Depuis leur mise au point de la législation type, les services de Yerushalmi ont été très sollicités afin qu'il témoigne en qualité d'expert. Mi-février, il s'est rendu dans le Dakota du sud pour témoigner en faveur d'une proposition de loi sur le modèle du plan de sa « Loi américaine pour des tribunaux américains. » (il proposait aussi de fournir gratuitement une assistance juridique à l'Etat si la loi était contestée juridiquement d'une manière ou d'une autre).
En fin de compte, la proposition de loi avait été enterrée en commission, après que le procureur général de l'Etat ait assuré que la proposition de loi pourrait donner lieu à des contestations en justice. « Je suis un peu chagriné par le fait qu'aucun des opposants à la proposition de loi ne l'ait vraiment lue avec un peu d'attention, » avait déclaré Yerushalmi devant la commission. « Il y a quelque chose d'autre à l'œuvre ici."

Mais les Musulmans ne sont pas les seuls à s'attirer le mépris de Yerushalmi. Dans un essai de 2006 pour SANE intitulé On Race : A Tentative Discussion, Yerushalmi soutenait que les blancs sont génétiquement supérieurs aux noirs. « Certaines races réussissent mieux dans les sports, certaines dans la résolution de problèmes mathématiques, d'autres dans les langues, certaines réussissent mieux dans les sociétés occidentales et d'autres dans les sociétés tribales, » écrivait-il.
Yerushalmi suggère que les Caucasiens sont de manière inhérente plus réceptifs aux formes républicaines de gouvernement que les noirs – un argument consistant avec la profession de foi de SANE qui met l'accent sur « l'Amérique œuvre de Chrétiens pieux, en majorité des hommes et presque tous blancs. » Et, dans un article publié sur le site internet Intellectual Conservative, Yerushalmi, qui est Juif, suggère que les Juifs libéraux [de gauche aux Etats Unis] « détruisent leurs nations hôtes comme un parasite mortel. » Rien d'étonnant donc, si Yerushalmi propose le seul texte d'un Juif en défense de Mel Gibson après la tirade antisémite de l'acteur en 2006. Gibson, écrivait-il, constatait simplement « l'indéniable influence libérale juive sur les affaires de l'Occident en direction d'un Etat mondial. » 

En dépit de ses idées racistes, Yerushalmi a été chaleureusement accueilli par les conservateurs mainstream ; ses écrits ont été publiés dans la National Review et Big Peace d'Andrew Breitbart. Il a été salué dans les pages du Washington Times. Et en 2008, il a publié un article sur les dangers de la finance conforme à la sharia qui a poussé le chef de la minorité conservatrice au Sénat, John Kyl (R-Ariz) à écrire une lettre à Chris Cox, le président de la Securities and Exchange Commission.
Plus récemment, Yerushalmi a cosigné un rapport sur les menaces que représente le droit islamique – entre autres choses, il est soucieux de l'éventualité que la finance islamique puisse provoquer une nouvelle crise financière – ce qui lui a valu les applaudissements de Républicains en vue comme l'élu du Michigan à la Chambre des Représentants, Pete Hoekstra. Le rapport avait été publié par le Center for Security Policy de Frank Gaffney pour lequel Yerushalmi est conseiller pour les affaires générales.
En 2007, il avait proposé une législation pour faire de "l'adhésion à la sharia" un crime passible de jusqu'à 20 ans de prison. La même proposition demandait l'expulsion de tous les Musulmans non citoyens des Etats Unis et une interdiction de l'immigration musulmane. Les Etats Unis, insistait-il, doivent déclarer « une GUERRE CONTRE L'ISLAM et tous les fidèles Musulmans. »
Ni Yerushalmi;ni l'American Public Policy Alliance n'ont répondu à notre demande de commentaires sur cet article.

Si ses écrits et sa rhétorique racialement marqués peuvent apporter des indications, c'est Yerushalmi, pas ses boucs émissaires Musulmans, qui semble le plus déterminé à refondre le système politique américain. De par sa déclaration de principes SANE se « consacre au rejet de la démocratie et du système de partis, » et Yerushalmi a critiqué de la même manière l'évolution vers le suffrage universel. Comme il l'avait affirmé une fois, il y a une raison si les pères fondateurs n'avaient pas accordé le droit de vote aux femmes ou aux esclaves noirs. »

 

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