Un vent de fronde souffle en ce moment parmi la population en Arabie saoudite. Cette fronde s'explique certes par l'absence de libertés publiques et la férule exercée par la clique wahabbite qui veille au strict respect de l'idéologie pseudo religieuse qu'incarne la maison Ibn Séoud. Mais ce pays que nous percevons à juste titre comme immensément riche, avec des réserves pétrolières considérables pour une population relativement peu nombreuse. connait aussi de fortes inégalités économiques avec des secteurs de la population déshérites.
Il y a quelques années, j'avais eu l'occasion de discuter avec Ahmed Abodehman, un écrivain originaire de ce pays et a la particularité d'être le seul écrivain "séoudien" à avoir publié une oeuvre de fiction (La ceinture) écrite directement en langue française.
Comme je lui disais que je comprenais bien le problème du manque de libertés publiques dans son pays mais que, au plan économique, j'avais l'impression que personne n'était à plaindre (en dehors de certains travailleurs étrangers), il m'avait rétorqué que je devais me détromper et que dans son pays, il y avait aussi de jeunes "hittistes" [qui "tiennent" les murs], c'est-à-dire de jeunes contraints à l'oisiveté faute de perspectives d'emploi.
Je dois dire que j'avais été doublement troublé par cette révélation. D'abord parce que je m'imaginais bel et bien que tous les autochtones en Arabie avaient un revenu convenable si ce n'est confortable. Ensuite parce que je pensais que l'Algérie avait le monopole du "hittisme".
Bref, les raisons de bouger sont multiples en Arabie séoudite et c'est bel et bien le cas en ce moment.
La police vient d'ailleurs d'ouvrir le feu contre des personnes rassemblées à Qatif, une ville de l'est du pays.
Trois manifestants auraient été blessés, selon l'AFP qui nous précise que ces manifestants sont chiites.
Cette évocation de l'appartenance chiite des manifestants n'est bien entendu pas anodine et elle vise à orienter notre analyse sur le terrain familier des affrontements sectaires. et, bien sûr, de nous rappeler que l'Iran n'est pas loin.
Or comme je le laissais entendre, et comme le comprend bien Dominique Moïsi, le mal est plus profond et c'est la survie du régime qui est peut-être en jeu.
Or l'Arabie Saoudite est avec le Maroc, mais bien plus que la monarchie chérifienne, une des pièces maîtresses du dispositif politique et stratégique des Etats Unis dans le monde arabe. L'Arabie Saoudite est en réalité une des meilleures assurances vie du régime sioniste. Et David Moïsi le sait bien, lui qui est en sa qualité de sioniste plutôt modéré, si soucieux du bien-être de l'Etat voyou.
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