Je l'avais déjà écrit, et tout ce qui se passe en Libye le confirme : la révolution dans ce pays a échoué. Nous sommes maintenant face à une rébellion, appuyée par les forces humanitaires occidentales qui se déchaînent sur la Libye.
Certes, ces puissances arguent du fait qu'elles agissent en vertu de la résolution 1973 de l'ONU. Mais il n'est ps nécessaire d'être licencié en droit pour comprendre qu'elles outrepassent le mandat onusien qu'elles appliquent d'ailleurs à leur guise. A titre d'exemple, on a de la peine à comprendre ce qui dans la résolution légalise le bombardement de bâtiments administratifs à Tripoli où même celui de la résidence de M. Kadhafi. Kadhafi est sans doute un criminel, mais pas plus, voire moins, que la clique composée par NicolasSarkozy, David Cameron, Barack Obama ou Stephen Harper
Chacun a ses motifs : Obama poursuit là (en catimini voudrait-il) l'œuvre de pénétration des Etats Unis dans une Afrique qui recèle des richesses minières colossales .Cette pénétration se fait d'ailleurs aux dépends de la France. Mais la France, qu'est-ce qu'il en a à faire Sarkozy ? Le président Français rêve d'un succès militaire qui redorerait un blason passablement terni dans l'hexagone. Il a bien raison de s'en prendre à la Libye, et à plusieurs, car ce n'est pas l'armée de ce pays qui serait en mesure de résister aux puissances occidentales. David Cameron a peut-être l'ordre de renflouer BP qui a perdu beaucoup d'argent avec la récente marée noire du Golfe du Mexique. Ces deux tueurs veulent aussi faire plaisir à Obama qui a par ailleurs saisi l'occasion des révolutions arabes pour lancer des contre révolutions et déstabiliser les régimes qui résistent encore à l'Amérique mais qui se font aussi tirer l'oreille pour livrer complètement leurs richesses minières aux entreprises occidentales.
Et les socialistes Français ? Oui, eux aussi défendent la liberté en s'appuyant sur l'Arabie Saoudite. Ce qui ne les empêche pas de voter une loi d'interdiction de la fameuse burka. Mme Aubry qui n'est pas d'accord pour soutenir le boycott des produits venant des colonies sionistes, est par contre d'accord pour bombarder Tripoli. Je pense qu'elle aussi a le goût du sang.
Mais au fait, qui sont ces gens que les démocrates français, socialistes ou UMP se sont empressés de qualifier de défenseurs de la démocratie et ont jugé nécessaire d'aider par la force des armes ?
Justement, on ne sait pas trop !
Des noms importants sont apparus, mais on ne sait toujours pas exactement ce que représentent vraiment les rebelles Libyens.
par Venetia Raines, The First Post (UK) 21 mars 2011 traduit de l'anglais par Djazaïri
Les hordes anonymes de rebelles qui luttent pour renverser Mouammar Kadhafi de son trône de fer restent une entité très mal connue. Au moment où les puissances alliées continuent à bombarder les positions de Kadhafi, la question est cependant devenue plus pressante : qui soutenons-nous exactement ?
L'attention s'est beaucoup portée sur le Conseil National de Transition Intérimaire base à Benghazi qui n'a pour l'instant été reconnu que par la France, le Portugal, et la Ligue Arabe. Présidé par Mustafa Abdul-Jalil dont on dit du bien, il a été ministre de la justice de Libye, ce conseil comporte 31 membres qui à première vue sont représentatifs de toute la Libye et dont certains ne peuvent pas être désignés par leurs noms pour des « raisons de sécurité. »
Le conseil dit qu'il "représente le people de Libye" avec pour seul objectif d'instaurer une démocratie. Jalil lui-même avait insisté pendant un entretien accordé à The Daily Beast que « les membres du conseil ont été choisis sans prise en considération de leurs opinions ou tendances politiques. »
Mais ce n'est pas entièrement vrai. Les acteurs les plus importants de ce conseil, au moins ceux que nous connaissons, viennent tous de la confédération des tribus Harabi, au nord-est du pays. Ces tribus ont des lien très forts avec Benghazi qui remontent à avant la révolution de 1969 qui avait amené Kadhafi au pouvoir.
Même si l'influence de ces tribus a décliné depuis, il convient de se souvenir que les divisions tribales persistent en Libye. En conséquence, leurs prises de positions ne sont pas nécessairement représentatives de l'attitude du reste de la Libye à l'égard de Kadhafi.
On en a aussi fait beaucoup sur les défections publiques de responsables gouvernementaux, et tout particulièrement de celle du ministre de l'intérieur Abdul-Fattaj Younis, qui avait annoncé son changement de camp dès le 22 février. La longue histoire du général major avec Kadhafi, au côté de qui il avait participé au coup d'Etat de 1969, et son passé militaire ont fait de lui une recrue de premier ordre pour le mouvement d'opposition. Lui aussi est issu des tribus Harabi.
Si on ne lui a pas permis d'avoir un poste official dans le conseil à cause de l'étroitesse de ses liens passés avec le régime de Kadhafi, il s'est vu attribuer l'importante responsabilité d'organiser les rebelles. La récompense pour sa tête est dix fois plus élevée que celle pour Jalil, ce qui semble indiquer que Kadhadi est très préoccupé par sa désertion.
Pourtant, même Younis n'est pas la personnalité si déterminante que l'opposition – et peut-être l'Occident également – aimerait avoir de son côté.
"La rapidité de la défection suggère l'existence de tensions latentes, » explique Henry Smith, spécialiste de la Libye à Control Risks. « Mais peut-être plus important, nous n'avons pas du tout entendu parler de certains autres individus, par exemple d'anciens membres des comités révolutionnaires ou d'éléments extrémistes du gouvernement. Si certains peuvent faire profil bas sous la contrainte, d'autres soutiennent peut-être encore Kadhafi et le gouvernement ».
Le conseil a pu rapidement établir des relations tout à fait publiques avec l'Occident, et à fait entendre sa voix pour appeler les puissances internationales à imposer une zone d'exclusion aérienne pour faciliter leur lutte contre les forces loyales à Kadhafi. Avec Kadhafi menaçant d'être « sans pitié », l'ONU a adopté une résolution approuvant une intervention, garantissant tout particulièrement la protection de Benghazi, le bastion rebelle à l'est.
Il reste difficile cependant de dire que c'était la bonne chose à faire. « L'ONU semble avoir pris parti dans le conflit, mais nous n'avons pas d'image vraiment claire de l'opposition qu'elle soutien, » explique Smith.
"Comment traiteront-ils les partisans de Kadhafi s'ils le renversent ? Comment répondront-ils aux voix qui viendront du nord-ouest ? S'ils s'empressent de se présenter comme agissant avec le soutien de toutes les communautés libyennes extérieures au nord-est et pour l'unité nationale, leurs positions sur un certain nombre de questions ne sont pas claires. «
Alors que les avions français et britanniques continuent à survoler l'Afrique du Nord, un fait demeure : nous n'avons aucune véritable idée des gens avec qui nous nous sommes embarqués.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Commentaires publiés après modération. Les propos injurieux, diffamatoires ou à caractère raciste ne seront pas publiés.