La crise libyenne a au moins ce mérite d'agir comme un révélateur puisqu'elle a permis de voir le vrai visage de gens prétendument de gauche, hostiles parait-il au néocolonialisme, ainsi que celui d'Arabes supposés démocrates qui attendent en réalité que la démocratie et la liberté leur soient fournies dans un paquet cadeau livré non par un avion de l'aéropostale mais par un Tornado ou un F16. Il paraîtrait même que les avions chargés de bomber le mot "liberté" sur le sol libyen rivalisent d'efficacité pour plaire à d'éventuels consommateurs du produit.
Si de nombreux gauchistes Européens ont montré leur inconséquence, de nombreux pseudo démocrates du monde arabe ont donné dans l'abject. Des gens colonisables hier comme aujourd'hui car le diagnostic établi par Malek Bennabi reste d'une cruelle actualité.
Cette crise a eu aussi le don d'agir comme révélateur des graves lacunes de la diplomatie sud africaine. Comme on le sait, l'Afrique du Sud joue déjà un rôle très important sur le continent africain et aspire, avec quelque raison, à jouer un rôle plus significatif sur la scène mondiale. Et l'adoption de la résolution 1973, qu'elle a votée avant de s'en mordre les doigts quelques jours plus tard, a montré la naïveté de la mission diplomatique de ce pays au Conseil de Sécurité de l'ONU où il siège en tant que membre non permanent.
L'article du Mail & Guardian que je vous propose tente d'analyser les raisons de ce loupé diplomatique. On retiendra que, comme le rappelle une diplomate Européenne, les délégations avaient tout loisir de consulter leurs spécialistes de la défense pour prendre la mesure des implications militaires du projet de résolution. D'où nous comprenons que les diplomates Sud-Africains ne l'ont pas fait. La même diplomate explique d'ailleurs aux Sud-Africains que s'ils avaient su lire le texte de la résolution, la mort de civils du fait des bombardements des forces occidentales était inscrite en toutes lettres.
On apprend (moi tout du moins) par ailleurs que des efforts de paix engagés par un comité 'désigné par l'Union Africaine ont été court-circuités par la résolution 1973. L'Afrique du Sud figurait dans ce comité...
Par Mandy Rossouw, The mail & Guardian (Afrique du Sud) 25 mars 2011 traduit de l'anglais par Djazaïri
La position confuse de l'Afrique du Sud sur l'opération "Aube de l'Odyssée" contre la Libye a été un effet de choc en retour de la mauvaise réputation qu'elle s'était faite lors de sa première participation en qualité de membre du Conseil de Sécurité de l'ONU, ont affirmé ce weekend des sources diplomatiques sud africaines.
La délégation d'Afrique du Sud au Conseil a voté cette semaine en faveur d'une zone d'exclusion aérienne en sachant parfaitement que l'application de la résolution entraînerait des frappes aériennes. Au cours de son dernier passage en tant que membre non permanent sous Thabo Mbeki, l'Afrique du Sud s'était attire les foudres en raison de son indifférence apparente pour la cause des droits de l'homme dans des pays comme le Zimbabwe ou la Birmanie.
Des diplomates Sud-Africains à New York insistent cependant pour dire que l'Afrique du Sud a vote la résolution la semaine dernière dans le but de protéger les civils des forces de Mouammar Kadhafi en Libye et que le vote n'était pas destiné à approuver implicitement une intervention militaire.
"Nous voulions faire cesser les frappes aériennes. L'idée était de mettre un terme aux tueries indiscriminées et de menacer Kadhafi en exigeant un cessez-le-feu, » explique Nomfanelo Kota, porte parole de la mission diplomatique sud africaine à New York. « Nous ne pouvons pas endosser la responsabilité de ce qui se passe maintenant. Nous savions que les gens n'avaient pas tous les mêmes idées ni les mêmes motivations derrière la tête, mais nous devions voter pour, sinon nous aurions été accuses une fois encore [de négliger les considérations relatives aux droits de l'homme] et on aurait dit que nous étions du côté de Kadhafi. »
Après le déroulement du vote mardi dernier, le gouvernement sud-africain a été fortement critiqué à l'interne par la Ligue des Jeunes de l'ANC qui a considéré que le pouvoir avait été donné à des forces non africaines alors que le conflit en Libye aurait dû être dénoué par l'Union Africaine. Un comité de nations africaines, dont l'Afrique du Sud, avait été constitué par l'Union Africaine pour s'occuper du problème libyen, mais ses démarches ont été sabordées par l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne, ce qui signifiait que le comité ne pouvait plus se rendre en Libye pour effectuer une mission d'enquête.
La délégation d'Afrique du Sud au Conseil a voté cette semaine en faveur d'une zone d'exclusion aérienne en sachant parfaitement que l'application de la résolution entraînerait des frappes aériennes. Au cours de son dernier passage en tant que membre non permanent sous Thabo Mbeki, l'Afrique du Sud s'était attire les foudres en raison de son indifférence apparente pour la cause des droits de l'homme dans des pays comme le Zimbabwe ou la Birmanie.
Des diplomates Sud-Africains à New York insistent cependant pour dire que l'Afrique du Sud a vote la résolution la semaine dernière dans le but de protéger les civils des forces de Mouammar Kadhafi en Libye et que le vote n'était pas destiné à approuver implicitement une intervention militaire.
"Nous voulions faire cesser les frappes aériennes. L'idée était de mettre un terme aux tueries indiscriminées et de menacer Kadhafi en exigeant un cessez-le-feu, » explique Nomfanelo Kota, porte parole de la mission diplomatique sud africaine à New York. « Nous ne pouvons pas endosser la responsabilité de ce qui se passe maintenant. Nous savions que les gens n'avaient pas tous les mêmes idées ni les mêmes motivations derrière la tête, mais nous devions voter pour, sinon nous aurions été accuses une fois encore [de négliger les considérations relatives aux droits de l'homme] et on aurait dit que nous étions du côté de Kadhafi. »
Après le déroulement du vote mardi dernier, le gouvernement sud-africain a été fortement critiqué à l'interne par la Ligue des Jeunes de l'ANC qui a considéré que le pouvoir avait été donné à des forces non africaines alors que le conflit en Libye aurait dû être dénoué par l'Union Africaine. Un comité de nations africaines, dont l'Afrique du Sud, avait été constitué par l'Union Africaine pour s'occuper du problème libyen, mais ses démarches ont été sabordées par l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne, ce qui signifiait que le comité ne pouvait plus se rendre en Libye pour effectuer une mission d'enquête.
Zuma prend ses distances
Le président Zuma a pris ses distances avec l'intervention militaire US-européenne dans le pays d'Afrique du Nord, en affirmant qu'elle avait excédé le mandat de l'ONU en mettant en danger la vie de civils. Une diplomate Européenne dont le pays a voté en faveur de la résolution a affirmé que cette explication ne tenait pas.
"Tout le monde sait que quand on parle de zones d'exclusion aérienne on parle d'usage de la force et d'intervention militaire," a déclaré la diplomate. « L'idée n'est pas seulement d'empêcher quiconque de survoler la zone concernée, mais aussi de détruire tous les matériels qui peuvent servir à tirer sur des avions."
Elle a expliqué que les pays avaient la possibilité, durant les deux semaines de discussion du dossier de consulter leurs spécialistes des affaires militaires sur ce à quoi il fallait s'attendre. La question des pertes civiles ne demandait pas beaucoup de jugeote dans la mesure où il n'existait aucune garantie qu'elles puissant être évitées pendant une opération militaire.
Un vieux routier de la diplomatie sud africaine établi à New York considère que le vote de la délégation sud africaine a aussi pu mettre la pression sur le groupe constitué par la Chine, le Brésil, la Russie et l'Inde qui se sont abstenus. Cependant, en tant que membres permanents, la Russie et la Chine auraient pu mettre un veto contre la décision. « Il sera intéressant de voir comment vont évoluer nos relations maintenant, » affirme le diplomate.
Kota a démenti une info du New York Times selon laquelle Susan Rice, ambassadrice des USA à l'ONU avait escorté l'ambassadeur d'Afrique du Sud Baso Sangu dans la salle où a été votée la résolution 1973. Les diplomates Sud Africains insistent pour dire que Sangu est arrivé à l'heure et n'a pas parlé avec Rice pendant la procédure d'adoption de la résolution.
Ils ont laissé entendre que les Etats Unis cherchaient à conforter l'image de Rice comme possible candidate au poste de Secrétaire d'Etat, actuellement tenu par Hillary Clinton, si le président Barack Obama obtient un deuxième mandat présidentiel.
La porte parole de l'ambassade US à Pretoria, Elizabeth Trudeau, a refusé de s'exprimer sur cette affaire. « Le plus important, c'est que l'Afrique du Sud s'est levée et a voté pour la résolution visant à protéger les civils sur le terrain," a-t-elle dit au Mail & Guardian.
David Zounmenou, chercheur à l' Institute for Security Studies de Pretoria affirme que l'Afrique du Sud aurait dû voir qu'une clause appelant à la protection des vies des civils par tous les moyens possibles, » comme il est prévu par la résolution laissait la porte ouverte à une intervention militaire.
"Tout le monde sait que quand on parle de zones d'exclusion aérienne on parle d'usage de la force et d'intervention militaire," a déclaré la diplomate. « L'idée n'est pas seulement d'empêcher quiconque de survoler la zone concernée, mais aussi de détruire tous les matériels qui peuvent servir à tirer sur des avions."
Elle a expliqué que les pays avaient la possibilité, durant les deux semaines de discussion du dossier de consulter leurs spécialistes des affaires militaires sur ce à quoi il fallait s'attendre. La question des pertes civiles ne demandait pas beaucoup de jugeote dans la mesure où il n'existait aucune garantie qu'elles puissant être évitées pendant une opération militaire.
Un vieux routier de la diplomatie sud africaine établi à New York considère que le vote de la délégation sud africaine a aussi pu mettre la pression sur le groupe constitué par la Chine, le Brésil, la Russie et l'Inde qui se sont abstenus. Cependant, en tant que membres permanents, la Russie et la Chine auraient pu mettre un veto contre la décision. « Il sera intéressant de voir comment vont évoluer nos relations maintenant, » affirme le diplomate.
Kota a démenti une info du New York Times selon laquelle Susan Rice, ambassadrice des USA à l'ONU avait escorté l'ambassadeur d'Afrique du Sud Baso Sangu dans la salle où a été votée la résolution 1973. Les diplomates Sud Africains insistent pour dire que Sangu est arrivé à l'heure et n'a pas parlé avec Rice pendant la procédure d'adoption de la résolution.
Ils ont laissé entendre que les Etats Unis cherchaient à conforter l'image de Rice comme possible candidate au poste de Secrétaire d'Etat, actuellement tenu par Hillary Clinton, si le président Barack Obama obtient un deuxième mandat présidentiel.
La porte parole de l'ambassade US à Pretoria, Elizabeth Trudeau, a refusé de s'exprimer sur cette affaire. « Le plus important, c'est que l'Afrique du Sud s'est levée et a voté pour la résolution visant à protéger les civils sur le terrain," a-t-elle dit au Mail & Guardian.
David Zounmenou, chercheur à l' Institute for Security Studies de Pretoria affirme que l'Afrique du Sud aurait dû voir qu'une clause appelant à la protection des vies des civils par tous les moyens possibles, » comme il est prévu par la résolution laissait la porte ouverte à une intervention militaire.
Il affirme que l'Afrique du Sud a peut-être voulu "se racheter " après sa gestion de la crise ivoirienne. Jusqu'à récemment, l'Afrique du Sud refusait de reconnaître le vainqueur de l'élection Alassane Ouattara comme le président ivoirien légitime, contrairement au point de vue de nombreux pays africains et occidentaux.
"La politique étrangère sud africaine souffre d'incertitude et de faiblesses dans ses orientations, » explique Zounmenou. « Le problème réside dans le processus d'élaboration des décisions. Vous ne pouvez pas prendre une décision et ensuite vous rétracter. « Nous ne savons pas comment trouver l'équilibre entre nos intérêts nationaux et notre ambition de devenir un acteur clef dans les forums multilatéraux tels que l'ONU.
"La politique étrangère sud africaine souffre d'incertitude et de faiblesses dans ses orientations, » explique Zounmenou. « Le problème réside dans le processus d'élaboration des décisions. Vous ne pouvez pas prendre une décision et ensuite vous rétracter. « Nous ne savons pas comment trouver l'équilibre entre nos intérêts nationaux et notre ambition de devenir un acteur clef dans les forums multilatéraux tels que l'ONU.
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