vendredi 11 novembre 2011

La France ira-t-elle en guerre pour aider un "menteur" que Nicolas Sarkozy ne peut plus voir?


Le Christian Science Monitor est un journal américain représentatif de la vieille élite anglo-saxonne qui a perdu la haute main sur les affaires de son pays au profit de nouveaux venus qui l’ont soit exclue des responsabilités importantes, soit domestiquée.
Et cette élite qu’incarne ce journal semble refuser l’éventualité d’une guerre avec l’Iran que les nouvelles élites néoconservatrices et fanatiques appellent de leurs vœux.

Le dernier rapport de l’AIEA était supposé satisfaire les ardeurs bellicistes de ces néoconservateurs et vous avez certainement lu dans vos journaux que ce rapport est accablant pour l’Iran ou des choses du même genre.
Or, il n’en est rien et le Christian Science Monitor qui nous a tout récemment rappelé l’ancienneté de l’imminence de l’acquisition d’une bombe atomique par l’Iran, se livre à un démontage soigneux de ce rapport de l’AIEA dont l’administration Obama a d’ailleurs reconnu, assez discrètement il faut bien le dire, qu’il ne comportait rien de neuf.

Rien de neuf, ce n’est pas ce que disent Benjamin Netanyahou et Shimon Peres, les chefs du gang sioniste, qui ne cessent de menacer d’attaquer l’Iran.
Eh oui, le gouvernement sioniste menace ouvertement de bombarder l’Iran, mais chacun parle de « menace iranienne ». Nous sommes bien dans un monde orwellien où le sens des mots est trop souvent inversé !

En attendant, le président Nicolas Sarkozy a assuré au gouvernement sioniste, via le CRIF et le Congrès Juif Mondial (!!!) que la France se tiendrait à ses côtés au cas où l’Iran mettrait ses menaces à exécution en… ripostant à une attaque sioniste.
 Voilà, le chef de l’Etat français est prêt à engager son pays dans une guerre forcément dévastatrice et aux conséquences imprévisibles pour défendre un pays agresseur dirigé par quelqu’un que M. Sarkozy a lui-même qualifié de «menteur» qu’il ne peut «plus voir.» 

Il y a là un mystère qu’il faudra bien éclaircir un jour.

Le rapport sur le nucléaire iranien rendu public hier par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique veut corroborer des détails fournis par un rapport des services de renseignements US de 2005. Mais certains spécialistes du nucléaire ne sont pas convaincus.

par Scott Peterson, The Christian Science Monitor (USA) 9 novembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri 


Le dernier rapport de l’ONU sur le programme nucléaire iranien pourrait ne pas “changer la donne”  contrairement à ce qui était attendu, car certains spécialistes du nucléaire émettent des doutes sur la qualité de ses informations – et soulignent l’absence de preuve d’une réelle activité nucléaire de type militaire.

Dans 14 pages annexes à son rapport trimestriel sur l’Iran rendu public hier, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) affirme que de nouvelles informations et d’autres données sont pour elle un « grave motif de préoccupation » sur  na nature prétendument pacifique du programme nucléaire iranien.
Mais le casus-belli justifiant une frappe militaire que les faucons en Israël et aux Etats Unis espéraient trouver dans ce rapport de l’AIEA  est loin d’être évident.

Le rapport est base sur plus de 1000 pages d’informations transmises à l’AIEA par les services secrets US en 2005, un an après qu’elles aient  été, semble-t-il, ramenées d’Iran dans un ordinateur portable. Mais un grand scepticisme entoure encore la crédibilité de ces documents – l’Iran affirme depuis longtemps que ce sont des faux en provenance de services secrets hostiles – malgré les démarches concertées de l’AIEA pour vérifier les données et écarter ces doutes.

“C’est très mince. Je pensais qu’il y aurait plus de choses là dedans,” déclare Robert Kelley, un ingénieur atomiste Américain et ancien inspecteur de l’AIEA qui avait été parmi les premiers à étudier les données originales en 2005. «C’est du réchauffé, c’est  vraiment étonnant de voir si peu d’informations nouvelles là dedans.»
L’AIEA a complété les informations de l’ordinateur portable avec des données provenant de dix Etats membres, des entretiens menés sur trois continents et ses propres investigations en Libye, au Pakistan et en Russie.

Le résultat “renforce et tend à corroborer” les données de 2005 de l’ordinateur portable, affirme l’AIEA et «les approfondit substantiellement.»  Elle juge l’information « crédible dans l’ensemble. » mais les spécialistes n’en sont pas si sûrs.

L’Iran taxe l'AIEA de pion de Washington

Avant la divulgation du rapport, la spéculation a monté en Israël et à Washington sur de nouvelles révélations qui pourraient précipiter des frappes militaires pour empêcher l’Iran d’acquérir une arme. Pourtant, disent les spécialistes, une bonne partie de ces informations est connue depuis des années, n’est pas concluante – et peut-être pas complètement authentique.
L’essentiel de l’activité nucléaire militaire présentée a été stoppée il y a près d’une dizaine d’années – en 2003 – déclare l’AIEA, et des activités moins formelles qui « pourraient » se poursuivre ne peuvent pas étayer la thèse selon laquelle l’Iran est une nation engagée dans la course pour avoir la bombe.

L’Iran “ne semble pas avoir la même obsession que la Corée du Nord à  développer des armes nucléaires. On n’en trouve nulle trace [d’un programme militaire] dans les preuves de l’AIEA, » affirme Shannon Kile, directeur du Nuclear Weapons Project au Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).
“Oui, l’Iran progresse, ils maîtrisent maintenant les principaux domaines techniques nécessaires au développement d’une arme nucléaire,” explique M. Kile. « Mais il n’y a aucune preuve qu’ils ont un programme en cours dans ce but. Ce n’est pas comme s’ils se dirigeaient vers la production d’armes atomiques, c’est comme s’ils allaient à petits pas vers l’acquisition de la capacité technique. »

Les responsables iraniens ont rejeté le rapport comme étant une fabrication des ennemis de l’Iran aux USA, en Israël et en Occident – colportée par Yukiya Amano, le directeur Japonais de l’AIEA – avant même sa publication.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a assuré aujourd’hui que l’Iran ne reculerait pas “d’un iota” dans son programme d’anergie nucléaire que la République Islamique a toujours présenté comme pacifique et a tancé l’AIEA pour son rôle de marionnette de l’Occident.

«Pourquoi détruisez-vous le prestige de l’agence [l’AIEA] avec des assertions américaines absurdes ? a demandé M. Ahmadinejad qui s’exprimait devant une foule brandissant des drapeaux à Shahr e Kord, une ville du centre de l’Iran. «La nation iranienne est sage. Elle ne construira pas deux bombes contre les 20 000 bombes [nucléaires] que vous possédez. Mais elle construit quelque chose contre quoi vous ne pouvez rien : une éthique, l’honnêteté, le monothéisme et la justice.»

Trois sites nucléaires clefs mis en avant dans les documents de 2005

Les documents de 2005 tirés de l’ordinateur portable se concentrent sur trois sites: un soi-disant « projet sel vert » visant à un approvisionnement clandestin en uranium, à tester des explosifs de forte puissance et à adapter le missile Shahab-3 à l’emport d’une charge militaire atomique.

Les informations dans la presse de l’époque étaient empreintes d’un grand scepticisme lorsqu’une partie du contenu de l’ordinateur portable avait été d’abord montré à des diplomates accrédités auprès de l’AIEA. Le doute reste encore très persistant. Prenant en compte un tel scepticisme,  une partie du rapport de l’AIEA a été consacrée à répondre sur la crédibilité des informations. Mais M. Kelley, l’ancien inspecteur de l’AIEA qui a aussi travaillé comme chef de département à l’agence, n’est toujours pas convaincu.

"“Il y a d’abord le problème des falsifications. Il n’y a rien qui nous dise que ces documents sont authentiques, » explique Kelley, dont l’expérience comprend des inspections dans des pays aussi éloignés que l’Irak et la Libye, jusqu’à l’Afrique su Sud en 1993.
 «Mon sentiment en parcourant les documents il y a des années était qu’il était possible que beaucoup de son contenu soit authentique, quoique ça ressemblait à une sorte de bric-à-brac,» explique Kelley. Et il y avait des petites choses  plutôt que des informations de qualité » comme le document sur le sel vert. «C’était deux ou trois pages qui n’étaient reliées à rien d’autre dans le paquet de documents. C’était sur un sujet différent, et on ne pouvait que se demander s’il n'avait pas été mis là pour que quelqu’un le trouve ?»

Ce genre d’intox ne serait pas une première. Il rappelle les années 1993 et 1994, quand l’AIEA avait reçu des « faux très élaborés » sur l’Irak qui avaient entravé pendant deux ans les investigations nucléaires sur place.

“Ces documents avaient des en-têtes, et ils avaient été faits pour ressembler à des documents irakiens officiels, mais quand nous les avons examiné de manière approfondie, c’étaient des faux évidents, » ajoute Kelley. « Ils avaient été fabriqués par deux Etats de cette région membres de l’AIEA et transmis  à l’agence dans l’intention de nuire et de ralentir le travail.»

En 2002, observe Kelley, l’AIEA avait dû aussi gérer des faux « plutôt bâclés » fabriqués par les Italiens sur les supposés liens de l’Irak avec le Niger dans le domaine nucléaire, dont la CIA s’était emparés pour l’ajouter au dossier de l’administration Bush pour justifier une guerre contre l’Irak.

La science politisée?

Ali Asghar Soltanieh, ambassadeur de l’Iran auprès de l’AIEA, a qualifié le nouveau rapport “d’erreur historique” de M. Amano, le directeur de l’AIEA. L’Iran a «d’ores et déjà levé toute quelconque ambiguïté,», a affirmé M. Soltanieh, démontrant le caractère «obsolète et répétitif [d’erreurs anciennes]» des points soulevés en annexe.

Amano a orienté l’AIEA sur une ligne plus dure à l’égard de l’Iran, après avoir pris la succession il y a deux ans de son prédécesseur Egyptien, Mohammad ElBaradei. Une communication diplomatique d’octobre 2009, révélée par Wikileaks, reprenait mot pour mot les propos tenus par Amano devant l’ambassadeur des Etats Unis selon lesquels il était «solidement  dans le camp des Etats Unis sut toutes les décisions stratégiques », y compris l’Iran.

Selon les observateurs, les Etats Unis ont fait pression depuis l’été sur Amano pour qu’il sorte un rapport plus percutant sur l’Iran, qui détaillerait le dossier de l’AIEA – et présenterait l’Iran comme étant engagé activement dans l’acquisition d’armes nucléaires.

"II renvoie encore au soi-disant ‘ordinateur portable de la mort’ et aux prétendues études," explique Kile du SIPRI. L’AIEA s’est "clairement écartée de sa démarche habituelle" en montrant qu’elle a essayé «de traçabiliser une bonne partie de tout ça, y compris en vérifiant et en confirmant de manière indépendante cette information.»

 «Personnellement, je n’ai jamais vu des informations sur les présumées activités militaires, notamment les circuits administratifs du programme d’arme nucléaire, présentés avec autant de détails,” déclare Kile. « je n’ai aucun moyen de juger l’information sur laquelle c’est basé, mais le simple fait de les voir présentées si clairement a été réellement assez utile.»

Pour Kelley, un ancien de l’AIEA, l’actuel rapport sur l’Iran est un vrai méli-mélo » qui contient des «analyses d’amateurs.»

Entre autres points d’ordre technique, Kelley signale la discussion dans le rapport  des « détonateurs amorces à pont-fil » (exploding bridge-wire detonators) ou EBWs. Le rapport de l’AIEA admet « qu’ils ont des applications non-nucléaires, quoique peu nombreuses, » et pointe vers une probable finalité militaire pour l’Iran.
 « L’AIEA a tort. Les EBWs ont de nombreuses applications, » explique Kelley. « Etre dans l’erreur  sur un tel sujet, et ensuite essayer de tromper l’opinion publique montre un biais en faveur de ce qu’on souhaite démontrer… Ce n’est pas professionnel. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires publiés après modération. Les propos injurieux, diffamatoires ou à caractère raciste ne seront pas publiés.