mardi 1 novembre 2011

Pour John Dugard, le régime d'apartheid était plus honnête que l'occupation sioniste


John Dugard est un spécialiste de l’apartheid. Cet éminent juriste s’est longtemps servi des armes à sa disposition pour contester le régime d’apartheid dans son pays, l’Afrique du Sud et il a été un des rédacteurs de la charte des droits de l’Afrique du Sud nouvelle.
On ne s’étonnera donc pas découvrir, du moins pour certains comme moi, le parallèle qu’il fait entre le système d’apartheid et ce que les sionistes font subir aux palestiniens.
John Dugard trouve même que le système imposé par les sionistes est pire par certains aspect, plus hypocrite, car moins transparent, et moins «altruiste» que celui qui était en vigueur avec les Bantoustans en Afrique du Sud.
C’est peut-être là que Dugard pèche un peu mais après tout, il n’est ni économiste ni politique, c’est un juriste jusqu’au bout des ongles .La composante « altruiste » existait certes dans le système d’apartheid d’Afrique su Sud car le pouvoir en place avait accepté l’idée que les blancs ne seraient jamais majoritaires dans ce morceau d’Afrique et qu’i ; n’était pas possible, ne serait-ce que pour des raisons économiques, d’expulser tous les noirs. Essayer d’assurer un minimum de développement dans les bantoustans dans le cadre d’une politique de développement séparé était donc un impératif pour la survie du régime.
En Palestine occupée, il en va autrement car les sionistes font tout pour que les palestiniens s’en aillent où deviennent une minorité gérable dans un Etat juif qui aura annexé de facto puis de jure la Palestine.
Le sionisme peut donc parfaitement se dispenser de tout altruisme, même intéressé, et poursuivre ses efforts pour s’emparer de toute la Cisjordanie.
Ce n’est pas pour rien que les sionistes et le gouvernement US aux ordres des de fanatique partisans de l’Etat juif s’opposent fermement à toute reconnaissance internationale d’un Etat palestinien.
Les Etats Unis qui viennent de se ridiculiser à l’UNESCO en votant contre une admission de la Palestine dans cette organisation. Une admission qui obtenu l’assentiment de 107 nations malgré les pressions énormes exercées par le lobby sioniste et par les Etats Unis qui viennent d’ailleurs de suspendre leur contribution financière à cette institution.
Ce qui nous donne une idée de ce que les Etats Unis ont à faire du droit quand il ne les arrange pas.
John Dugard
Par John Dugard, badil.org (Palestine) octobre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri
J’ai passé l’essentiel de ma vie d’adulte en Afrique du Sud, à m’opposer à l’apartheid, en tant que avocat, professeur de droit et, de 1978 à 1990, directeur du Centre for Applied Legal Studies (un centre de recherche engagé pour la cause des droits de l’homme et l’action juridique). Dans mon travail, j’ai comparé et différencié l’apartheid par rapport aux normes internationales relatives aux droits de l’homme et plaidé pour une constitution avec une charte des droits dans une Afrique du Sud démocratique. Je n’ai jamais été emprisonné mais j’ai été poursuivi en justice, arrêté, et menacé par la police. Mon livre le plus important, Human Rights and the South African Legal Order (les droits de l’homme et l’ordre juridique de l’Afrique du Sud, 1978) est la présentation la plus complète de la législation et de la pratique de l’apartheid avait été initialement interdit.
J’ai une vaste expérience et connaissance des trois piliers de l’Etat d’apartheid – la discrimination raciale, la répression et la fragmentation territoriale. J’ai animé des campagnes d’avocats contre l’expulsion, en vertu du Group Areas Act, de noirs de quartiers situés à côté de secteurs exclusivement blancs et contre les fameuses « loi sur le passage » qui transformaient en infraction le fait pour des noirs de se trouver dans les soi-disant «quartiers blancs » sans avoir des papiers les y autorisant. Ces campagnes avaient pris la forme de l’assistance juridique pour tous ceux qui étaient arrêtés, ce qui avait rendu le système ingérable. A travers le Centre for Applied legal Studies, je m’étais lancé dans des recours juridiques contre l’application des lois sécuritaires et les lois d’urgence qui permettaient la détention sans jugement et l’assignation à domicile – et, dans la pratique – la torture. J’avais aussi contesté en justice la création des Bantoustans.
Quand l’Afrique du Sud est devenue démocratique, j’ai été nommé dans une petite commission d’experts chargés de rédiger un projet de charte des droits pour la constitution sud-africaine de 1996.
J’ai visité Israël et les territoires palestiniens occupés en 1982, 1984, 1988 et 1998 pour participer à des conférences sur des problèmes affectant la région. En 2001, j’ai été nommé président de la commission d’enquête institué par la Commission des Droits de l’Homme pour s’informer sur les violations des droits de l’homme pendant la deuxième intifada. J’ai été nommé en 2001 rapporteur spécial de la Commission des Droits de l’Homme (par la suite Conseil des Droits de l’Homme) sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés. A ce titre, je me suis rendu deux fois par an dans les territoires occupés et ai rendu compte à la Commission et au troisième comité de l’Assemblée Générale de l’ONU. Mon mandat a expiré en 2008. En février 2009, j’ai conduit une mission instituée par la Ligue Arabe pour enquêter et faire un rapport sur  les violations des droits de l’homme et du droit humanitaire pendant l’opération «plomb durci.»
Dès ma première visite dans les territoires palestiniens occupés/Israêl, j’ai été frappé par les similitudes entre l’apartheid d’Afrique du Sud et les politiques et les pratiques d’Israël dans les territoires occupés. Ces similitudes sont devenues plus évidentes quand j’ai été mieux informé de la situation. En tant que rapporteur spécial, je m’étais délibérément abstenu de faire de telles comparaisons qui auraient empêché de nombreux gouvernements occidentaux de prendre mes rapports au sérieux. Après 2005 cependant, j’ai décidé que je ne pouvais en toute conscience m’abstenir de faire ces comparaisons.
Les deux régimes sont évidemment très différents. L’Afrique du Sud de l’apartheid était un Etat qui pratiquait la discrimination et la répression contre son propre peuple. Israël est une puissance occupante qui contrôle un territoire étranger et sa population dans un cadre reconnu par le droit international humanitaire. Mai en pratique, il n’y a guère de différence. Les deux systèmes sont caractérisés par la discrimination, la répression et la fragmentation territoriale. La principale différence est que le système d’apartheid était plus honnête. La législation d’apartheid était ouvertement discutée et adoptée au parlement et elle était clairement visible par tous, tandis que les règles qui régissent les Palestiniens des territoires occupés se trouvent largement dans d’obscurs décrets militaires et de règlementations d’urgence accumulées qui sont pratiquement inaccessibles.
Dans le cadre de mon travail en tant que commissaire et rapporteur spécial, j’ai vu tous les aspects de l’occupation des territoires palestiniens. J’ai vu le fonctionnement humiliant des checkpoints, qui me rappelaient l’application des lois sud-africaines sur le passage (en pire), des routes séparées (inconnues dans l’Afrique du Sud de l’apartheid) et la démolition de maisons sur décision administrative, ce qui me rappelait la destruction de maisons dans les «zones noires» situées à proximité des secteurs réservés aux blancs. J’ai visité Jenine en 2003, peu de temps après sa dévastation par l’armée israélienne. J’ai parlé avec des familles dont les maisons avaient été investies et saccagées par l’armée israélienne, j’ai parlé avec des jeunes et des vieux qui avaient été torturés par l’armée israélienne et j’ai visité des hôpitaux pour rencontrer ceux qui avaient été blessés par l’armée israélienne. J’ai vu, et parfois visité, des implantations coloniales ; j’ai vu une bonne partie du mur [de séparation] et, en me déplaçant dans la vallée du Jourdain, j’ai vu des campements de bédouins détruits et des checkpoints ms en place dans l’intérêt des colons.
Un dernier mot basé sur mon expérience personnelle. Il y avait une composante altruiste dans le système d’apartheid, quoique motivée par l’idéologie du développement séparé, qui voulait faire des bantoustans des Etats viables. La loi ne l’y obligeait pas, mais il a construit des écoles, des hôpitaux et des routes pour les noirs d’Afrique du Sud. Il avait créé des industries dans les bantoustans pour donner du travail aux noirs. Israël n’est même pas capable de faire ça pour les Palestiniens. Alors que le droit international l’oblige à subvenir aux besoins matériels des populations sous occupation, Tout repose sur des organismes internationaux et des donateurs étrangers. Israël pratique la pire forme de colonialisme dans les territoires palestiniens occupés. L’eau et la terre sont exploités par des colons agressifs qui n’ont aucun intérêt au bien-être de la population palestinienne – et ont la bénédiction de l’Etat d’Israël.

John Dugard siège au Tribunal Russell pour la Palestine qui compte  aussi parmi ses membres des personnalités comme Me Gisèle Halimi, Cynthia McKinney ou Mairead Corrigan Maguire

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