mercredi 30 novembre 2011

Un embargo sur la Syrie problématique pour le négoce turc


Une dépêche AFP du 29 novembre nous apprend que :
 La Turquie pourrait contourner la Syrie pour le commerce régional

ANKARA - La Turquie pourrait contourner la Syrie pour le commerce régional si les conditions se dégradent avec ce pays voisin qui poursuit la répression d'un mouvement de contestation , a déclaré le ministre turc des Transports Binali Yildirim.
Nous prévoyons d'orienter les transports (routiers) via l'Irak, en inaugurant de nouvelles portes-frontières, si les conditions de dégradent avec la Syrie, frappé par des sanctions internationales a-t-il dit à l'agence de presse Anatolie.

Mais, comme on va le voir, Binali Yildirim est exactement comme le reste du gouvernement turc sur le dossier syrien : ambigu.
De fait, on a l’impression que le gouvernement turc, s’il est certainement fier d’être régulièrement invité à la table des ploutocrates de la Ligue Arabe, n’a aucune ligne directrice à propos de la Syrie et qu’il s’empêtre chaque jour un peu plus dans ses contradictions.

Voici la même information donnée en anglais par le journal turc Cumhuriyet : 
Nous envisageons d’organiser les transports par l’Irak si la situation en Syrie empire, déclaré le ministre des transports.

[Notez bien que, alors que la dépêche AFP évoque une dégradation avec ce pays voisin, c’est-à-dire dans la relation syro-turque, la dépêche reproduite par Cumhuriyet parle de la dégradation de la situation en Syrie, note de Djazaïri].
S’exprimant devant l’Agence Anatolienne, Binali Yildirim a déclaré que la décision de la Ligue Arabe d’imposer un embargo sur la Syrie n’avait pas encore été mise en application.

“La Turquie a apporté son soutien à la Ligue Arabe sur la Syrie. Notre priorité est de nous assurer que le peuple syrien ne devienne pas victime des sanctions. Notre préférence ne consistera jamais à voir les Syriens et le commerce bilatéral souffrir », a souligné Yildirim.
Abordant la proposition d’une route commerciale via l’Egypte par navires rouliers au cas où un embargo sur la Syrie serait imposé, Yildirim a dit que l’idée d’établir des lignes de rouliers entre Mersin et Alexandrie avait été évoquée avant le début de la crise en Syrie.
“Le transport par mer entre la Turquie et l’Egypte ne peut pas être une alternative aux transporte de marchandises par la Syrie, » a ajouté Yildirim.
Si on comprend bien, un blocus imposé à la Syrie pèserait beaucoup sur l’économie turque, non seulement en raison des exportations turques vers ce pays mais aussi parce que de grandes quantités de marchandises turques transitent par les routes syriennes vers la Jordanie, l’Arabie et les pays du Golfe.

D’autres routes seraient sans doute trop onéreuses et l'hypothèse d’un transit par l’Irak obligerait certainement l’armée turque à s’impliquer encore plus dans ce pays pour protéger ses convois d’attaques kurdes.

Mon impression personnelle est donc que Binali Yildirim n'est pas pressé d'appliquer un quelconque embargo sur la Syrie.

Car, ne l’oublions pas, la base électorale du parti au pouvoir à Ankara est constituée d’abord de gens du peuple qui veulent de bonnes relations avec leur environnement musulman. Et qu'elle est aussi constituée d’hommes d’affaires, de commerçants et d’entrepreneurs qui voient tout ce qu’ils ont bâti risquer de s’effondrer à cause des injonctions des alliés occidentaux de la Turquie et de l’incapacité de leur gouvernement à définir une stratégie qui lui soit propre pour aboutir à une résolution de la crise en Syrie.

Parce que la Turquie était sans doute le pays le mieux placé pour se faire entendre des différents acteurs du jeu syrien. Encore eut-il fallu qu’elle ne prête pas tant l’oreille aux monarchies arabes.

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