mercredi 23 novembre 2011

La Turquie et son fardeau sioniste

Le président Turc Abdullah Gül vient d’effectuer une visite officielle à Londres où il a bien entendu évoqué la crise syrienne dans laquelle son pays joue un rôle important et qui s’avérera encore plus déterminant si une action militaire se met en place contre la Syrie.
Hypothèse qui n’est pas complètement exclue car si le président Turc a dit que sont pays était opposé à une intervention militaire en Syrie, il a aussi indiqué que son pays pourrait changer d’avis «si la situation empire.» (la Turquie fait cependant tout pour que les choses empirent...).

Ses propos dans l’ensemble très durs à l’égard du gouvernement syrien, ont été largement répercutés par la presse.
Ils s’inscrivent de fait dans la continuité de ceux tenus par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui est allé jusqu’à comparer le président Assad à Hitler ou Mussolini.
Je ne me permettrai pas d’expliquer à M. Erdogan que même si on admettra ici que Hitler et Mussolini n’étaient pas vraiment de braves types, on dira aussi que ce n’est pas du tout la même chose. S’il révisait son histoire de l’Europe, il s’apercevrait que ce sont les circonstances et non vraiment des principes qui ont amené le Duce à faire alliance avec le Führer.

Bon, je divague.

Donc, disais-je, la presse reprend volontiers les prises de position turques hostiles aux autorités de Damas, et c’est tout à fait normal.
Cette même presse est cependant par trop sélective, omettant de reprendre une partie des propos tenus par M. Gül lors de son séjour londonien. Alors c’est à bibi de s’en charger :

Israël est un fardeau pour ses alliés, déclare le president Turc GülZaman (Turquie) 23 novembre 2011 traduit de l’anglais par Djazaïri Ce mercredi, le président Abdullah Gül a critiqué israël, affirmant que «l’insincérité» de son engagement pour la paix au Moyen Orient lui a aliéné même des alliés de l’Etat juif.
Gül, qui s’adressait à un think-tank britannique pendant sa visite officielle en Grande Bretagne, a déclaré qu’Israël est devenu un fardeau pour ses alliés par la faute de sa politique actuelle, et a déploré qu’il construise des logements à Jérusalem Est malgré ses promesses de s’engager pour la paix avec les Palestiniens. « Il se peut que tout le monde ne dise pas ouvertement le fond de sa pensée, mais vous pouvez l’entendre quand des microphones restent accidentellement branchés, » a-t-il dit, faisant apparemment allusion à une récente conversation entre le président US Barack Obama et le président Français Nicolas Sarkozy au cours de laquelle le dirigeant Français a traité le premier ministre Benjamin Netanyahou de «menteur.»“Je ne peux plus le supporter, c’est un menteur,” avait dit Sarkozy. « Tu en as peut être marre de lui, mais moi, je dois traiter avec lui tous les jours, » avait répliqué Obama. L’échange, entendu par des journalistes, avait eu lieu pendant le sommet du G-20 à Paris au début de ce mois.
Gül a expliqué qu’Israël devait analyser la nouvelle situation au Moyen orient au lendemain des révolutions du printemps arabe et il a appelé l’Etat juif à éviter des politiques qui lui vaudraient l’hostilité des pays arabes voisins. « Une colère refoulée monte à la surface. Israël devrait donc adopter une vision stratégique et accepter un retour aux frontières de 1967, » a-t-il dit, parlant des frontières qui existaient avant une guerre de 1967 qui avait opposé Israêl à plusieurs pays arabes.Gul a aussi taxé le système politique d’Israël de « bizarre », affirmant qu’un seuil électoral de 3 % permet à de trop nombreux partis d’entrer au parlement, ce qui rend le pays « ingouvernable..


Je vais m’autoriser deux petits commentaires.

1 - Quand Gul suggère que l’entité sioniste est « ingouvernable », il raisonne comme si l’entité était un pays comme les autres. Or, même en dehors du fait que c’est l’Etat du «peuple élu , l’entité sioniste n’est pas un pays comme les autres. C’est en réalité une annexe d’officines qui réunissent des milliardaires et des têtes pensantes, ces dernières n’étant rien sans les premiers. Ce sont ces officines qui ont en réalité la main sur le système politique et ce sont elles qui garantissent que ce pays «ingouvernable» puisse néanmoins fonctionner. Elles ne ménagent à cet effet aucune pression politique, sous la forme d’un chantage à l’antisémitisme, de dossiers sur les décideurs ou, mieux encore, en coachant ces derniers. Elles ne ménagent pas non plus les subsides obtenus par un double racket, auprès des communautés juives et auprès des contribuables Allemands et Américains.

2 – Si le gouvernement turc fait feu de tout bois contre les autorités de Damas, il est aussi également clair que l’entité sioniste qui reste son allié (dixit Gül) apparait de plus en plus comme un obstacle pour une Turquie qui se verrait bien dominer un Proche Orient apaisé, dans le cadre de son alliance avec les Etats Unis mais aussi, et à mon avis surtout, pour ses intérêts stratégiques aussi bien sur les plans politique (Kurdes, minorité arabe de Turquie, minorité Turkmène en Irak…) et économique (pétrole, gaz mais de plus en plus, débouchés pour l'industrie et le négoce turcs). 

Quelle que soit l’issue des évènements en Syrie, l’entité sioniste a bien du mouron à se faire.


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