La question est maintenant de savoir si elle est prête à courir le risque d'aller au désastre.
La crise syrienne doit donner en effet plus que des migraines au gouvernement turc. Non seulement le soutien apporté aux « rebelles » (comment des combattants étrangers peuvent-ils être qualifiés de rebelles, il faut le demander à la presse aux ordres de Rothschild et de Lagardère) par la Turquie et ses amis de l’OTAN et des monarchies pétrolières (démocratiques) a précipité l’accès à l’autonomie des Kurdes de Syrie, mais la Turquie se trouve peut-être à la veille d’entrer en guerre si on en croit le dispositif militaire qu’elle met en place à la frontière avec son voisin du sud-est.
Blindés de l'armée turque se préparant à faire mouvement vers la frontière avec la Syrie |
Il s’agit peut-être d’une gesticulation de plus de la part du gouvernement turc qui a semblé toujours vouloir éviter d’entrer directement dans le conflit syrien, mais une gesticulation qui pourrait déboucher sur une véritable entrée en guerre, soit du fait d’une erreur de jugement d’une des parties, ou de provocations soigneusement organisées.
Reste que l’opinion publique turque campe dans une posture isolationniste au plan politique et, comme la plupart des opinions publiques, est plutôt hostile à la guerre. Mais il est vrai qu’il existe divers moyens pour faire accepter un conflit armé à des populations qui n’en voulaient pas…
Une telle guerre, quelle que soit son issue, aura nécessairement des conséquences sur l’ensemble de la région, donc sur la Turquie.
Parce que, au risque de me répéter, la Turquie aurait pu jouer un rôle d’apaisement en Syrie, en facilitant le dialogue. Mais elle a choisi de faire le jeu de l’OTAN et des monarchies en offrant, entre autres, un sanctuaire aux «rebelles» et en permettant le passage de combattants étrangers.
En dehors de la Turquie, aucun pays de l’OTAN n’a de frontière commune avec la Syrie. Aucun pays de l’OTAN n’abrite une importante population kurde, répartie comme on sait sur quatre pays de la région.
L’Arabie Saoudite quant à elle n'a pas de frontière avec la Syrie, et ce sont deux pays qui économiquement se tournent le dos.
Ce qui n’était pas le cas avec la Turquie avant le début de la crise. En effet, les échanges commerciaux avec la Syrie atteignaient 2 milliards de dollars en 2010, avec 1 milliard d’excédent pour la Turquie ! Ce volume devait atteindre les cinq milliards de dollars à court terme, une évolution favorisée par un accord de libre-échange signé en 2004.
Il va sans dire que cet accord ne s’applique plus et les échanges entre les deux pays sont descendus à presque rien.
Ce qui ne va pas sans poser de gros problèmes aux régions du sud-est de la Turquie qui ne sont déjà pas les plus riches du pays et qui connaissent maintenant une crise sans précédent.
Par Mehmet Ezer, Hürriyet (Turquie) 30 juillet 2012 traduit de l'anglais par Djazaïri
Hatay, à la frontière entre la Turquie et la Syrie, subit tout le poids ses troubles dans le pays voisin avec de nombreuses entreprises locales au bord de la faillite. Certaines entreprises sont incapables de payer leurs dettes, le tourisme est quasi inexistant
La province méridionale de Hatay, à la frontière nord de la Syrie, n’a jamais connu de crise comme celle qui se produit en ce moment, a déclaré Gülay Gül, la présidente de l’Association des Industriels et des Entrepreneurs de Hatay (HASIAD) au cours d’un entretien accordé au journal Hürriyet.
Gûl a expliqué que de nombreuses entreprises de la province étaient au bord de la faillite à cause de la crise en Syrie et de son impact sur l’économie. Il y a deux ans, 2,5 millions de touristes passaient par les deux postes frontaliers de Hatay, mais ce chiffre est aujourd’hui tombé à zéro, dit-elle.
«Industriels, sociétés de transport, exportateurs, importateurs, les secteurs du tourisme et de l’agriculture, tous ont été touchés très sévèrement. Les négociants locaux, les marchands et les hommes d’affaires ont tous été rudement affectés économiquement. Elle observe aussi que les entreprises qui avaient contracté des emprunts pour développer leur activité souffrent beaucoup et que celles qui sont endettées auprès des banques sont au bord de la faillite.
Une aide des pouvoirs publics est nécessaire
« Le gouvernement doit en tenir compte et prendre des mesures de sauvegarde. Les commerçants et hommes d’affaires qui ont été touchés ont besoin du soutien de l’Etat. Les remboursements d’emprunt devraient être rééchelonnés et le gouvernement devrait faire en sorte que les banques proposent des prêts à long terme avec de faibles taux d’intérêt, » dit-elle.
Gül explique que le poste frontalier de la province à Civegözü était la plus importante porte d’entrée vers le Moyen Orient, et qu’avec sa fermeture les partenaires du Moyen Orient sont en train de perdre confiance en la Turquie et se tournent à la place vers l’Allemagne et la Chine.
Gül explique que l’HASIAD cherche des solutions pour le tourisme et qu’elle tourne son attention vers le Liban, où d’importantes réunions et négociations ont eu lieu. Gül indique que les chefs d’entreprises veulent lancer des vols aériens réciproques de et vers le Liban, ainsi que des traversées en ferry afin de relancer le tourisme dans le Hatay.
Hikmet Çinçin, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (ASTO) confirme que la situation en Syrie vait un impact négatif sur le Hatay, précisant que le commerce entre les deux pays était maintenant presque inexistant.
« En 2008, nos exportations à partir du Hatay vers la Syrie étaient de 123 millions de dollars, elles étaient de 186 millions en 2009, 250 millions en 2010, 150 millions en 2011, mais maintenant elles sont presque à zéro en 2012. Selon Çinçin, le trafic de poids lourds du Hatay venait au deuxième rang après Istanbul, mais depuis mai 2011, le trafic de poids lourds avec la Syrie a diminué e 41 %, ce qui est la preuve des difficultés économiques du Hatay.
Par ailleurs, Mehmet Ali Kuseyri, président de la bourse des matières premières d’Antakya a déclaré que les relations commerciales des 800 kilomètres de la zone frontalière, qui comprend Hatay, Gaziantep, Mersin, Adana, Kilis et Mardin on subi des coups sévères. Kuseyri a aussi indiqué qu’il y avait une augmentation du chômage, une perte de parts de marché, moins de production et d’exportations, et une hausse du coût du transport.
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