L’antisémitisme revient au devant de l’actualité en France. On a eu la tuerie de Toulouse dont ont été victimes des élèves d’une école juive, puis plus récemment et avec un degré de gravité heureusement bien moindre, l’agression à coup de marteau à Villeurbanne près de Lyon et, il y a deux jours, l’agression d’un jeune Juif dans un train, le hasard voulant que ce jeune juif était un élève de la même école où a eu lieu la tuerie de Toulouse.
Pourtant, dans aucun des cas que nous venons d’évoquer on ne peut se contenter d’une simple qualification d’agression motivée par l’antisémitisme.
Par exemple, dans l’affaire de la tuerie de Toulouse, imputée à Mohamed Merah, on tend à oublier les victimes non juives, parfois d’origine maghrébine. Tout se passe comme si tout ce qui pourrait faire obstacle à la représentation antisémite devait être gommé du souvenir des évènements. D’autant que ce n’est pas la procédure judiciaire qui permettra à la réalité de concurrencer la mémoire, Mohamed Merah ayant été tué par la police, il ne sera pas traduit en justice. Tant mieux car la procédure judiciaire aurait été rendue nulle du fait du défaut d’autopsie des cadavres des victimes juives, une première à mon avis dans les annales de la police judiciaire en France.
Dans le cas de l’agression au marteau de Villeurbanne, j’ai mes propres sources qui me disent que la dite agression était en réalité une expédition punitive pour venger l’agression par des jeunes, qui s’avéraient être juifs, de deux maghrébins, un adolescent et un sexagénaire. Et c’est sans doute la raison pour laquelle le battage médiatique a vite diminué d’intensité.
Quant à l’agression dans le train, il parait qu’un des «agresseurs» vient de déposer plainte contre la «victime». Attendons la suite des évènements, mais mon petit doigt me dit que la probabilité pour qu’un élève fréquentant l’école toulousaine où a eu lieu la tuerie se fasse agresser dans un train par deux Maghrébins rencontrés par hasard est extrêmement faible, et même nulle.
Au rang des curiosités, on peut noter le fait étrange qu’un journal comme Libérationpuisse titrer « Le caractère antisémite reconnu dans l'agression d'un jeune juif dans un train » alors qu’aucune qualification de ce nom n’existe dans le code pénal.
Reste que les agressions antisémites suscitent, à juste titre, l’indignation du citoyen lambda et de la classe politico-médiatique.
Ainsi Le Nouvel Observateur, ce magazine garant d’une morale civique de gauche, titre cette semaine en couverture : « L’antisémitisme, ce qu’on ne veut pas dire. »
Eh oui, le Nouvel Observateur enfourche, à l’occasion d’incidents récents, plus ou moins graves et plus ou moins avérés, le cheval du « nouvel antisémitisme », manière ce remettre l’antisémitisme au cœur du débat public.
Au nom, peut-on supposer de valeurs universelles.
Mais si c’est le cas, il convient alors de mettre un maximum d’éléments dans la discussion afin de situer la réalité des problèmes éthiques auxquels nous sommes confrontés, le "nous" étant inclusif et concernant toutes les parties ou communautés ethniques ou religieuses concernées.
On pourrait par exemple adresser un certain nombre de demandes de clarification morale et éthique aux diverses autorités religieuses et peut-être serions-nous alors surpris des réponses que nous obtiendrions.
Aucune chance que le Nouvel Observateur ou d’autres medias de ce genre le fassent car cela irait à rebours de leur offensive qui vise à rendre impossible toute critique du sionisme.
Ce tir de barrage au sujet de l’antisémitisme est bien entendu avant tout destiné à aiguillonner le ministère de l’intérieur et à adresser un message au gouvernement de Jean-Marc Ayrault au cas où ce dernier aurait le début du commencement d’une envie de faire avancer le processus de paix au Moyen Orient.
Demande au rabbin :les juifs peuvent-ils sauver n’importe quelles vies pendant le sabbat ?
par Shlomo Brody, Jerusalem Post (Sionistan) 28/06/2012 traduit de l’anglais par Djazaïri
Si le judaïsme reconnaît l’immense valeur de la vie, cette dernière n’est pas toujours la valeur suprême.
Permettez moi de le dire d’emblée très clairement : la loi juive oblige les Juifs à sauver la vie de tout être humain, qu’il soit Juif ou gentil, même si cela entraîne une violation du sabbat. C’est la conclusion unanime de tous les décisionnaires contemporains, malgré des articles trompeurs dans la presse sur la conférecne publique récente d’un éminent érudit Israélien.
Si ce fait est incontestable, les savants sont en désaccord sur l’argumentation juridique qui aboutit à cette position consensuelle.
Si le judaïsme reconnaît l’immense valeur de la vie, cette sernière n’est pas toujours la valeur suprême. Dieu, nous dit la Bible, a emmené le peuple juif hors d’Egypte afin qu’il puisse le servir. Etre au service de Dieu implique de renoncer à sa propre vie plutôt que de commettre l’idolâtrie ainsi que les autres transgressions inacceptables que sont le meurtre et les relations [sexuelles] illicites.
Compte tenu de l’importance de l’observation du sabbat, un lecteur de la Bible peut en arriver à comprendre que cette valeur [du sabbat] est également supérieure au sauvetage de vies humaines.
De fait, à l’époque des Hasmonéens, certains Juifs refusèrent d’aller au combat pendant le sabbat, ce qui fit qu’ils furent rapidement décimés.
Pour récuser ce sentiment, le Talmud affirme que la valeur de la vie prime sur l’observation du sabbat (pikuah nefesh doheh et hashabbat). Dieu, soutenaient les Sages, nous ordonne de « préserver mes lois et statuts…et de vivre selon eux » (Lévitique 18 :5), mais de ne pas mourir pour les observer. En conséquence, même quand il y a un doute sur la létalité du danger, on viole toujours le sabbat pour sauver une vie.
Le sabbat reste sacrosaint, cependant, et si ça ne compromet pas leur célérité ou leur efficacité, on doit toujours minimiser les transgressions qui ont lieu pendant les secours.
Un certain nombre de textes talmudiques précisent que cette interprétation permet de profaner le sabbat uniquement pour sauver d’autres Juifs.
Certains ont critiqué cette interprétation pour être en deçà des normes éthiques du serment d’Hippocrate. D’autres ont notoirement accusé les Juifs de considérer que le sang gentil est moins rouge que le sang juif. Un incident tristement célèbre se produisit en 1965 quand un journaliste Israélien anti-religieux, Israel Shahak, prétendit avaoir vu un juif orthodoxe refuser de se servir de son téléphone pour aider à sauver un non Juif. Si son incapacité à donner une preuve quelconque de la réalité de cet incident en a conduit beaucoup à affirmer que c’était une version moderne de l’accusation de crime rituel, il a néanmoins déclenché une clarification publique de la complète déformation de la loi juive par ses affirmations. La loi juive nous intime fermement de sauver la vie de tous les humains, même si cela implique de violer le sabbat.
Si le Talmud ne donne jamais de véritable explication rationnelle à cette distinction entre gentils et juifs, un passage donne à comprendre qu’il existe une conviction que les Juifs ont besoin d’une dispense pour sauver les leurs, tandis que les non juifs pouvaient faire appel à leurs propres sauveteurs sans avoir besoin que des Juifs enfreignent le sabbat. Une telle interprétation pourrait justifier un système « sur appel » pour les prestataires ordinaires de santé (telles les rotations du personnel hospitalier), mais ne serait à l’évidence d’aucune utilité pour une situation d’urgence absolue où les circonstances feraient qu’un gentil ne pourrait être sauvé que par un Juif. Le talmud, suivi par les sages du Moyen Age, faisait valoir que dans le but d’éviter l’hostilité des non juifs (mipnei eiva), les juifs pouvaient enfreindre certains interdits afin de sauver la vie de Gentils.
Les érudits religieux discutent de savoir si ces dérogations pour éviter l’animosité [des non juifs] peuvent justifier d’enfreindre un interdit biblique ou seulement un édit rabbinique. Quoi qu’il en soit, le rabbin Moshe Sofer a observé que non seulement le fait de ne pas sauver des non Juifs créerait de l’animosité, mais pourrait aussi amener les Gentils à ne pas soigner des Juifs, ou même à faire des pogroms. En conséquence, les juifs doivent sauver la vie de tout être humain, même si cela implique d’enfreindre des interdits bibliques du sabbat, parce que l’absence de réciprocité met en danger la communauté juive.
Cela reste vrai même quand on peut supposer que persone ne remarquerait qu’on a manqué à son devoir de porter secours.
Si cette argumentation débouche en pratique sur un traitement égalitaire pour toutes les vies humaines, certains érudits, dont le rabbin Yehiel Y. Weinberg, ont exprimé des réserves quant à cette logique qui dérive seulement de considérations trop spécifiques et pragmatiques. Pendant l’affaire Shahak, le grand rabbin Yehuda Unterman avait soutenu que la préoccupation relative à l’animosité [des non juifs] traduisait des convictions plus fondamentales sur l’importance de relations pacifiques (darchei shalom). Tandis que les rabbins Hayim David Halevi et Immanuel Jalobovits partaigeaient ce point de vue, il était rejeté par d’autres qui considéraient qu’il consistait en une réinterprétation apologétique d’un argument purement pragmatique.
Des érudits contemporains ont cependant attiré l’attention sur le commentaire du rabbin Menahem Hame’iri, au 13ème siècle, qui soutenait que l’absence de dérogation accordée par le Talmud pour le sauvetage de la vie de non juifs ne s’ appliquait qu’aux anciennes sociétés dans lesquelles la majorité non juive faisait du mal à leurs habitants juifs. Dans les cultures où le reste de la population les non juifs] agit sur la base de principes éthiques, aucune distinction n’est faite entre secourir un Juif et sauver un Gentil. Selon les propres termes du rabbin Nahum Rabinovitch, « la compassion et la pitié pour tous les hommes sont la marque du Juif, tout comme elles sont la marque de Dieu. »
L'auteur, éditeur en ligne de Tradition et de son blog, Text & Texture (text.rcarabbis.org ), enseigne à la Yeshiva Hakotel. JPostRabbi@yahoo.com
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