Israël pivote vers la Chine et l'Inde en réaction à l'affaiblissement de l'influence américaine
par Shinya Oshino, Nikkei Asian Review (Japon) 10 mai 2014 traduit de l'anglais par Djazaïri
Le Caire – Israël s'efforce de tisser des liens économiques et sécuritaires plus étroits avec l'Inde et la Chine, dans le but d'élargir sa marge de manœuvre comme les Etats Unis, son allié le plus proche, commencent à jouer un rôle plus réduit sur la scène mondiale.
Israël attend beaucoup de la Chine pour traiter la question du programme iranien de développement d'armes nucléaires. « La Chine a un rôle central dans les efforts pour empêcher l'Iran d'acquérir une bombe nucléaire, » a dit le président israélien Shimon Peres à son homologie chinois Xi Jinping au cours d'un voyage en Chine au début du mois dernier.
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s'est rendu en Chine en mai dernier, et de hauts responsables militaires des deux pays ont approfondi leurs relations. Ces visites de haut niveau traduisent la volonté d'Israël d'améliorer sa position diplomatique à l'ONU en se rapprochant toujours plus de la Chine, un membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU.
L'Inde a accepté en février de travailler avec Israël à l'élaboration de mesures antiterroristes et au développement de systèmes de missiles de défense. Ils envisagent aussi la mise en place d'un fonds pour soutenir les partenariats entre les entreprises technologiques des deux pays.
Dans le même temps, un paysage politique mondial de plus en plus complexe a créé diverses sources de friction entre Washington et son allié au Moyen Orient.
Le 27 mars, l'Assemblée Générale de l'ONU a adopté une résolution rejetant l'annexion de la Crimée par la Russie. Mais Israël s'est abstenu, choisissant de maintenir ses relations avec Moscou qui a une influence significative sur le cours de la guerre en Syrie et sur la situation iranienne, les deux affectant directement la sécurité nationale d'Israël.
L'attitude israélienne [par rapport à la Russie] a provoqué la colère des Etats Unis. Mais « nos intérêts en matière de sécurité ne devraient pas être définis comme identiques à ceux de n'importe qui d'autre, pas même les Etats Unis » a déclaré un haut responsable militaire israélien à un média local.
Le commerce d'Israël avec Pékin est aussi devenu une pomme de discorde. Les exportations israéliennes de produits de haute technologie vers la Chine ont bondi de 170 % en cinq ans pour atteindre 1,58 milliard de dollars en 2013. On a rapporté à la fin de l'année dernière que de la technologie avancée dans le domaine des missiles est parvenue en Chine via des entreprises israéliennes.
Dans les années 1990, un projet israélien de vente à la Chine d'un avion de surveillance avait été mis en échec par des pressions américaines. Si Israël continue de se rapprocher de pays comme la Chine et la Russie, il pourrait s'attirer à nouveau une ingérence de Washington.
Commentaire:
Saddam Hussein, le défunt président irakien, avait parlé de « mère de toutes les batailles » pour désigner la confrontation de son pays avec la coalition réunie par Washington en 1991.
Saddam Hussein ne croyait pas si bien dire puisque la guerre contre l'Irak marquait la prise en main pour longtemps de la politique étrangère des Etats Unis par une clique néoconservatrice imprégnéee d'un sionisme radical et qui avait commencé à s'épanouir pendant les années Reagan,
On connaît la suite avec l'invasion de l'Afghanistan, la deuxième guerre du Golfe et le démantèlement du régime baathiste conclu par l'exécution de Saddam Hussein, et plus récemment la destruction du régime libyen et l'assassinat de Mouammar Kadhafi.
A ces aventures militaires d'importance, il faut ajouter des interventions plus mineures, comme les bombardements réguliers ou intermittents au Yémen et en Somalie, la déstabilisation du Soudan qui a abouti à la partition de ce pays, le soutien politique et militaire à l'opposition armée au gouvernement syrien.
Il est frappant de constater qu'aucune de ces interventions n'a résulté en un gain net pour les Etats Unis, ni au plan politique, ni au plan économique.
Au contraire, les Etats Unis sortent de toutes ces batailles épuisés financièrement et moralement au moment où d'autres puissances émergent (ou réémergent), notamment la Russie et surtout la Chine, ce qui motive la stratégie de rééquilibrage vers l'Asie du déploiement politique et militaire des Etats Unis.
C'est cet accès de faiblesse des Etats Unis qui explique leur gestion en retrait [stay behind] de la crise libyenne, leur incapacité à passer par dessus l'obstacle russo-chinois pour obtenir l'éviction du Syrien Bachar al-Assad.
Ce qui ne les empêche pas d'essayer de poursuivre l'encerclement de la Russie en organisant un coup de force en Ukraine. L'effet immédiat de l'ingérence américaine aux frontières de la Russie aura cependant été de précipiter la signature d'importants accords économiques entre Moscou et Pékin qui scellent ainsi une alliance eurasiatique qui ne fait finalement qu'aggraver le problème stratégique à résoudre par les Etats Unis.
Ces évolutions des rapports de force à l'échelle mondiale n'ont pas échappé non plus à l'entité sioniste dont la survie dépend du soutien d'un parrain étranger qui fut tour à tour [voire simultanément] la Grande Bretagne, l'URSS, la France puis les Etats Unis d'Amérique.
L'analyse politique qui prévaut aujourd'hui est que Washington va tendre à se désintéresser de la situation au Moyen Orient où un règlement définitif est vivement souhaité, Il ne s'agit pour l'instant que de vélléités de la part de Washington où les néoconservateurs ultrasionistes représentés par Hillary Clinton et John McCain restent influents ; mais la tendance est là et elle veut, entre autres, que pour contrer la Chine, les Etats Unis ont besoin de se rapprocher de l'Iran.
Les sionistes de leur côté ne restent pas les bras croisés et ils agissent fidèlement à une version de l'histoire juive qui consiste à se mettre dans l'ombre du puissant du moment. C'est par exemple ce qui s'était passé au moment de la conquête de l'Espagne par les Arabes et que bien des portes de cités avaient été ouvertes par les Juifs présents sur place. Et comme on l'a vu et comme on le sait, c'est une caractéristique de l'histoire du mouvement puis de l'Etat sioniste.
Les priorités actuelles de l'entité sioniste sont la Chine et l'Inde. Ces deux pays n'ont pas grand chose à voir avec l'histoire de la persécution des Juifs par le nazisme. Les autorités sionistes essayent bien de les sensibiliser à la souffrance juive, mais c'est tout sauf évident d'autant qu'en dépit d'une présence juive anecdotique en Inde comme en Chine, ce dernier pays connaît des bouffées d'antisémitisme.
Non, les leviers principaux du régime sioniste résident dans les technologies militaires qu'il peut fournir à l'Inde et à la Chine, des technologies bien souvent américaines. Ce genre de commerce est déjà florissant avec les deux pays non sans provoquer le mécontentement de Washington en ce qui concerne les ventes à la Chine. On notera quand même l'atout que représente pour Tel Aviv la toute récente arrivée au pouvoir à New Delhi de Narendra Modi, chef des nationalistes hindous qui se sentent depuis longtemps des afffinités avec le sionisme.
Mais l'exécutif américain est dans une telle position de faiblesse face au lobby sioniste qu'il a bien du mal à se faire respecter sur la question des transferts de technologie militaire. On a vu un processus voisin, sur la plan politique cette fois, quand le régime sioniste a refusé d'aligner son vote à l'ONU sur celui des Etats Unis sur la question de Crimée.
Pensez bien que les Etats Unis n'ont pas hésité à s'humilier à plusieurs reprises pour faire barrage à des résolutions onusiennes favorables à la cause palestinienne ! Ils commencent à savoir ce qu'est l'amour vache des sionistes pour leurs alliés une fois le citron pressé.
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