dimanche 5 décembre 2010

Petite carte de Noël depuis Bethléem


sur le site If Americans Knew

Le sionisme vu par ses potes

Ces potes, ce sont les médiats américains avant leur musèlement par le lobby sioniste. Comme nous le fait remarquer Shahid Alam, la presse des Etats Unis n'a pas toujours pris des gants avec l'entité sioniste. Et il était une époque, bien reculée maintenant il est vrai, où elle osait écrire que le soutien à l'entité sioniste, s'il pouvait être conforme à certains intérêts électoralistes, allait à l'encontre des intérêts vitaux des Etats Unis.

Même si aujourd'hui, d'aucuns aux Etats Unis pensent que les intérêts des Etats Unis et de l'entité sioniste, non seulement convergent, mais se confondent, la vérité n'en reste pas moins que les Etats Unis courent à leur ruine du fait de leur soutien au régime sioniste.

Car si les Etats Unis ne courent bien entendu aucun risque militaire qui résulterait d'une confrontation avec un Etat arabe, ni même avec l'Iran, il n'en reste pas moins que les aventures militaires qu'ils mènent au profit du régime sioniste, outre qu'elles accroissent l'hostilité à leur encontre, les conduit tout simplement à la ruine. Cette ruine est rbien sûr relative: les Etats Unis ne vont pas revenir à un Moyen Age (qu'ils n'ont d'ailleurs jamais connu).

Ce qui leur pend au nez, c'est tout simplement un accroissement de la pauvreté chez eux et un recul sur la scène mondiale au profit des nouveaux acteurs de premier plan que sont la Chine et l'Inde. Certes les Etats Unis cherchent à contrarier la Chine en contrôlant par la force les zones pétrolières et gazières dont elle dépend. C'est oublier simplement que la présence militaire à un coût que les Etats Unis devront bientôt assumer seuls quand leurs alliés européens auront fini de se désengager militairement. Et ce coût ne fera qu'accentuer le déclin des Etats Unis sur la scène internationale. De même, une intervention militaire contre l'Iran, ardemment souhaitée par qui vous savez, ne ferait en réalité qu'accélérer la chute des Etats Unis (exactement comme la seconde guerre mondiale avait précipité le déclin du Royaume Uni pourtant victorieux).

Et les Chinois, qui ont beaucoup à perdre en cas de guerre contre l'Iran, ne resteront pas éternellement les bras croisés devant cette forme d'encerclement. Sans parler d'intervention militaire, ils ont en effet tous les moyens de séduire des régimes parfois mis en place  à grand frais par les Etats Unis eux-mêmes, tel le régime irakien.


Quelques vérités sans fard sur Israël et les Etats Unis

par M. Shahid Alam, PULSE, 5 décembre 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri



A-t-il existé une époque aux Etats Unis où un organe de presse important pouvait dire la vérité sans fard sur les relations entre Israël et les Etats Unis?

Considérez cet extrait de Time Magazine de janvier 1952, tiré d'un article qui expliquait son choix de Mohammed Mossadegh colle homme de l'année 1951. L'article n'était pas flatteur pour Mossadegh, l'homme qui incarnait la volonté de son pays de récupérer ses ressources pétrolières des mains de la société britannique Anglo-Iranian Oil Company. Pas de surprise jusque là.

Surprenante, par contre, était la franchise de Time sur Israël. Time ne mâche pas ses mots. Le soutien des Etats Unis à la création d'Israël lui a aliéné le Moyen Orient: ce fut une erreur coûteuse, motivée non par les intérêts politiques nationaux mais par de mesquines considérations électorales. Truman avait soutenu la création d'Israël afin de s'attirer le vote des Juifs Américains. C'était la pure vérité: un président des Etats Unis avait placé son avenir électoral au dessus des intérêts vitaux du pays. Apparemment, à l'époque, Time pouvait écrire l'entière vérité sans se préoccuper de la marée de critiques émanant de la communauté juive américaine.Voici l'extrait, je souligne en italique:
"Le mot Américain" n'a plus bonne presse dans cette région du monde [le Moyen Orient]. Pour capter le vote juif aux Etats Unis, le président Truman avait exigé en 1946 que les Britanniques autorisent l'entrée de 100 000 réfugiés Juifs en Palestine, en violation des promesses qu'ils avaient faites aux Arabes. Depuis lors, les pays arabes qui entourent Israël considèrent cet Etat comme une création des Etats Unis, et donc les Etats Unis comme un ennemi. La guerre israélo-arabe a causé près d'un million de réfugiés Arabes qui sont abrités depuis trois ans dans des camps misérables. Ces réfugiés, pour lesquels ni les Etats Unis, ni Israël n'assumeront la moindre responsabilité, maintiennent vivace la haine contre la perfidie des Etats Unis. 
"Aucune animosité envers les Arabes, aucun dessein égoïstement national n'a motivé le malencontreux soutien des Etats Unis à Israël. Le crime de l'Amérique n'a pas été d'aider les Juifs, mais de les aider aux dépens des Arabes. Aujourd'hui, le monde arabe craint et s'attend à une nouvelle expansion d'Israël. Les Arabes sont bien au courant qu'Alben Barkley, vice président des Etats Unis, fait une tournée dans le pays et fait des discours sur l'émission de 500 millions de dollars d'obligations israéliennes, la plus importante jamais proposée au public aux Etats Unis. Personne, observent-ils amèrement, ne collecte de telles sommes pour eux."
Time ne voit pas Israël comme une victime. Il n'est pas du tout fait mention non plus de la 'seule démocratie du Moyen Orient'. Au contraire, Israël a été créée "aux dépens des Arabes." Elle refuse de "prendre la moindre responsabilité" pour le million de réfugiés Palestiniens. Elle est aussi la source de l'hostilité arabe envers les Etats Unis.

Absente aussi, la rengaine - si commune pendant le dernier demi-siècle - sur les menaces arabes contre Israël. Au lieu de quoi, Time parle de la crainte d'Israël par les Arabes. "Aujourd'hui, le monde arabe craint et s'attend à une nouvelle expansion d'Israël". Des mots prémonitoires aussi.
Les véritables victimes sont reconnues- les Palestiniens - et de la sympathie leur est manifestée. "La guerre israélo-arabe a causé près d'un million de réfugiés Arabes qui sont abrités depuis trois ans dans des camps misérables." La réalité est un peu obscurcie également: les réfugiés Arabes ont été causés par la guerre israélo-arabe. La propagande israélienne avait eu de la réussite même à cette époque. Il n'y a aucune reconnaissance du nettoyage ethnique planifié des palestiniens ni des massacres qui ont accompagné ce crime.



Etonnant aussi que ce spectacle d'un vice président des Etats Unis à cette époque ldes débuts [de l'entité sioniste) faisant campagne pour une émission d'obligations israéliennes pour une valeur de 500 millions de dollars: comme un représentant de commerce, il arpente le pays, faisant des discours pour les obligations israéliennes. Israël a-t-elle pu vendre l'ensemble de ses obligations? Il s'agit d'une somme considérable, suffisante à l'époque pour acquérir les meilleurs armements.


Notable aussi également, est la volonté de Time - impensable aujourd'hui - de voir le problème d'un point de vue arabe: comment les Arabes voient l'échec du monde à renvoyer les réfugiés chez eux. "Ces réfugiés, pour lesquels ni les Etats Unis, ni Israël n'assumeront la moindre responsabilité, maintiennent vivante la haine contre la perfidie des Etats Unis". Ce n'est pas si souvent que la presse US parle de "perfidie des Etats Unis."



Une telle franchise journalistique ne faisait pas les affaires d'Israël. Les grandes organisations juives ont vite montré leur force: elles se sont organisées pour régenter ce que la presse des Etats Unis pouvait écrire ou dire sur Israël. Leur réussite a été dévastatrice. Les mensonges israéliens exigèrent vite une allégeance totale de toutes les composantes de la presse américaine.

Cette situation n'a commencé à changer que récemment, alors que les menaces israéliennes contre les intérêts des Etats Unis et la paix mondiale deviennent plus difficiles à ignorer0 Les forces pro israéliennes réagissent et les quelques voix critiques à l'égard d'Israël pourraient être réduites au silence par toutes sortes d'événements, dont un des moindres ne serait pas un autre attentat terroriste sur le sol des Etats Unis.

M. Shahid Alam est professeur d'économie à la Northeastern University. Il est l'auteur tout récemment de "Israeli Exceptionalism"

La guerre sunnites- chiites n'aura pas lieu

Un bon article encore d'Antiwar cette fois sur le prétendu désir de guerre arabe contre l'Iran, d'après les fuites diplomatiques révélées par WikiLeaks. Si nous savons en effet depuis longtemps que les régimes arabes corrompus souhaitent intimement que les occidentaux et les sionistes agressent militairement l'Iran, tout un chacun sait que ce n'est pas ce que veulent les peuples arabes dans leur majorité. Parce que le chef d'Etat le plus populaire chez les Arabes en ce moment est sans doute Mahmoud Ahmadinejad (ou alors le premier ministre Turc Recep Tayyip Erdogan). Et que l'aura du Hezbollah, pourtant chiite, est à son summum dans tous les pays arabes dits sunnites.
 
par Arshin Adib-Moghaddam, Antiwar (USA) 30 novembre 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri

Existe-t-il un axe chiite menaçant la stabilité de l'ouest de l'Asie et de l'Afrique du Nord? Existe-t-il une animosité arabo-perse ancrée dans l'histoire et sous-tendant les relations internationales dans la région? Est-elle multiséculaire et est-elle aujourd'hui perçue comme une lutte pour la suprématie régionale? Si on en croit les commentaires des médiats sur la dernière vague de documents publiés par WikiLeaks, alors tel est le cas. "Israël voit les informations de WikiLeaks sur l'Iran comme une aubaine pour sa propagande," lit-on sur un titre de Reuters. "Coupez la tête du serpent: comment les dirigeants Arabes exhortent les Etats Unis à attaquer l'Iran", affirme le Daily Mail. "Israël affirme que WikiLeaks montre la 'cohésion' sur l'Iran," proclame l'Agence France Presse (AFP). "Les Etats Arabes stigmatisent l'Iran," titre le Guardian. Un thème est commun à tous ces gros titres: il existe apparemment un consensus "arabe" ou "sunnite" en faveur d'une guerre contre l'Iran.
Il est très simple de démentir ce mythe selon lequel il existe une fracture chiites-sunnites ou une sorte d'éternel affrontement préparant à une future guerre avec l'Iran.
A priori, la Syrie "arabe sunnite" a des relations très cordiales avec l'Iran "perse et chiite.". De son côté, l'Iran "chiite et perse" est accusé de soutenir le Hamas "arabe et sunnite". Apparemment, le Hezbollah "arabe et chiite" est un fidèle allié de l'Iran non arabe mais chiite." La Turquie "sunnite" et non arabe est à la pointe des efforts pour une solution diplomatique au dossier nucléaire iranien. L'Egyptien Hosni Moubarak, un dirigeant laïque [secular] selon les normes en vigueur et à aucun titre "sunnite", accuse l'Iran de soutenir les "Frères Musulmans", une organisation créée plus de 70 ans avant la révolution de 1979 en Iran, par des nationalistes "arabes" et des islamistes "sunnites." Sayyid Qotb un des dirigeants des Frères musulmans et référence centrale pour de nombreux mouvements "islamistes" contemporains a été très lu par les Iraniens et ses livres ont été traduits par l'ayatollah Ali Khamenei, l'actuel chef suprême de l'entité à priori "chiite perse" d'Iran.

Le problème pour les Etats qui veulent la guerre avec l'Iran n'est pas un quelconque renouveau chiite, mais leur propre déficit de légitimité. Cette situation est aggravée par le fait que la popularité de Hassan Nasrallah surpasse celle des dirigeants actuels de la région, notamment de ceux qui sont perçus comme trop dépendants des Etats Unis ou trop asservis à Israël. Ce qui n'a rien à voir avec l'alliance de l'Iran avec le Hezbollah, bien entendu, ni avec la philosophie démocratique ou non de Nasrallah; mais avec le fait que Nasrallah est perçu comme quelqu'un qui tient tête à Israël. C'est la même raison qui sous tend la relative popularité des dirigeants Iraniens et du Hamas. Leurs politiques populistes entrent en résonance avec les aspirations de beaucoup de monde dans la région. Ceci est très bien rendu dans un livre récent d'Elaleh Rostami-Povey intitulé Iran's Influence (Zed, 2010). Le livre s'appuie sur une recherche de terrain approfondie et toute une série d'entretiens réalisés en Asie occidentale et en Afrique du Nord. Il montre clairement que la popularité des dirigeants politiques de la région est liée à leur opposition à la politique israélienne en Palestine et aux guerres conduites par les Etats Unis en Irak et en Afghanistan. En bref, tenir tête à la politique étrangère américaine et à Israël est la manière la plus sûre d'accéder à la popularité politique.
Un sondage effectué en juin 2010 par Zogby International et l'université du Maryland et couvrant l'Egypte, l'Arabie saoudite, la Jordanie, le Maroc, le Liban et les Emirats Arabes Unis conforte cette observation. Le sondage révèle un fort soutien au programme nucléaire iranien, chez les Egyptiens tout particulièrement, Il suggère aussi qu'Israël et les Etats Unis sont perçus par respectivement 88 % et 77 % des sondés comme les plus fortes menaces pour la sécurité de leurs pays. A l'inverse, seulement 10 % considèrent l'Iran comme une menace. Ce qui a beaucoup à voir avec la perception de l'Iran comme poursuivant une politique étrangère indépendante et s'en tenant à des principes sur la Palestine, et que plus généralement, ce pays tient tête à l'hégémonie israélienne.

L'analyse des politiques dans le monde ne doit pas commencer ou s'arrêter avec les proclamations des gouvernements, notamment parce que les "guerres" à grande échelle ne sont plus le monopole des Etats. Bien plus de personnes ont été tuées en Irak après la fin des combats importants entre armées nationales que pendant la guerre proprement dite. La plupart d'entre elles ont été tuées par des acteurs non étatiques, toute une série d'entreprises privées, d'affiliés à al Qaïda et de milices sectaires. Et plus de personnes ont péri le 11 septembre que dans l'attaque contre Pearl Harbour. En outre, les guerres actuellement en cours en Irak et en Afghanistan ont débordé de leur contexte régional, des bombes ont explosé dans des capitales ailleurs dans le monde. Les Etats ne peuvent plus contenir les guerres [sur le champ de bataille] et il y aura toujours un effet "boomerang." Cette nouvelle réalité de la politique internationale implique une nouvelle logique centrale: la prévention de toute nouvelle confrontation militaire doit devenir une question de principe, pas seulement de stratégie. Nous sommes entrés dans une ère nouvelle où les guerres entre deux pays engendrent facilement de multiples confrontations régionales ou même globales, avec des victimes un peu partout. De sorte qu'aujourd'hui "notre" sécurité est de plus en plus entremêlée à celle des Irakiens, des Afghans, des Palestiniens, des Israéliens, des Coréens et des Iraniens. Leur sort est devenu le nôtre t il est temps que cela se reflète dans la diplomatie internationale. C'est pourquoi il est inutile de déformer et de simplifier à l'excès la complexité des mondes "islamiques" dans des catégories comme chiites, sunnites, Perses ou Arabes. N'oublions pas que c'étaient Saddam Hussein et le Shah d'Iran qui croyaient aussi à une confrontation atavique entre "Arabes" et "Perses". L'idéologie officielle du premier reposait sur une haine viscérale de la menace "perse" contre le "monde arabe". D'un autre côté, le Shah d'Iran s'était auto-intronisé "Lumière des Aryens" et célébrait le patrimoine iranien non musulman (i.e. préislamique) de façon mégalomane. A coup sûr, leurs idéologies appartiennent à ce vieux "Moyen Orient" dont plus personne ne veut le retour parmi ceux qui s'intéressent à cette région.

samedi 4 décembre 2010

Une mafia sioniste en plein essor

J'ai commencé à traduire ce texte hier, mais je n'ai pas eu le temps de terminer en raison d'une journée de boulot très chargée et j'étais vraiment trop fatigué. J'ai vu qu'Alterinfo l'avait repris, mais dans la langue de Shakespeare. Et il est vrai que c'est un article important car, s'appuyant sur un câble consulaire divulgué par WikiLeaks et sur d'autres sources, il met bien en évidence la collusion entre crime organisé et establishment militaire sioniste.
Une collusion qui a impact au-delà de l'entité sioniste puisque la mafia qui sévit dans l'entité sioniste étend ses tentacules à l'étranger, notamment aux Etats Unis. Sans que ce dernier pays se préoccupe le moins du monde de s'en prémunir, ce qui inquiète fortement Justin Raimondo, l'auteur de l'article que je vous propose. En passant, je trouve que Justin Raimondo, s'il est très informé, est vraiment un de ces phénomènes politiques étranges qu'on ne peut trouver qu'aux Etats Unis!

Justin Raimondo
 
par Justin Raimondo, Antiwar (USA) 2 décembre 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri

J'aime la manière dont les spécialistes restent bouche bée devant les dernières révélations de WikiLeaks: oh, il n'y a rien à voir là dedans, tout ça est franchement rasoir, pas de "coup fumant," alors passons. Ces gens sont tout simplement paresseux: ils veulent des "scoops" livrés à domicile, bien emballés et étiquetés en tant que tels. En bref, ils ne veulent pas avoir à faire d'effort, en dehors du couper-coller habituel. Et c'est pourquoi beaucoup de matériel très intéressant provenant de WikiLeaks continue à leur échapper.
 
Prenez, par exemple, cet extrait d'un télégramme en date du 15 mai 2009 - intitulé "'Israël, une terre promise pour le crime organisé»? - envoyé par notre ambassade à Tel-Aviv, qui traite de l'influence croissante du crime organisé israélien:
"Tout récemment, en mars 2009, Zvika Ben Shabat, Yaacov Avitan et Tzuri Toka ont demandé des visas pour assister à une 'convention liée aux questions de sécurité' à Las Vegas. Selon la presse locale, tous trois sont associés au crime organisé. Le consulat leur a demandé de fournir leurs extraits de casier judiciaire israélien, mais en l'absence de telles preuves, il n'y a pas d'inéligibilité automatique pour cause de lien avec le crime organisé. Heureusement, aucun des trois n'est revenu pour compléter sa demande. Néanmoins, il est juste de supposer que de nombreuses figures connues du crime organisé ont des visas touristiques pour les USA et circulent librement."

Que peuvent bien faire des figures du crime organisé à une "convention liée aux questions de sécurité" à Las Vegas? Eh bien, il semble que M. Zvika Ben Shabat assume la présidence de "H.A. Sh Security Group," une compagnie israélienne qui propose des services dans le domaine de la sécurité dans le monde entier. En fait, elle vient juste de signer un accord avec Micro-Technologies; une très importante entreprise indienne dont voici les caractéristiques:
"Micro-Technologies a été fondée par le Dr [P.] Shekhar qui a été la personne chargée par le gouvernement indien de la promotion et du développement de la technologie et des logiciels en Inde (First Director Software Technology Park en Inde), et sa société opère dans le développement des technologies et est déjà présente dans de nombreux marchés dans le monde: au Danemark, à Bruxelles, en Italie, à New York, au Japon, à Singapour, en Afrique du Sud, au Kenya, au Nigeria, au Sri Lanka etc. Cette société détient des technologies dans le domaine de la sécurité, pour l'identification et le contrôle des téléphones mobiles, des véhicules, des structures, des ordinateurs, des infrastructures et des technologies WIFI."
 
En d'autres termes, elle est spécialisée dans la surveillance, c'est-à-dire l'espionnage. Le premier projet commun Micro Technologies/H.A. Sh Security Group est la construction à Mumbai d'un "centre de commandement et de contrôle". Concernant les spécialités du H.A.Sh Security Group, voyez ces vidéos Youtube: ici, ici et , pour les néophytes. Et devinez qui est le PDG de H.A.Sh Security: personne d'autre que le général en retraite Dan Ronen dont voici le CV
"2003-2004 - Police israélienne: chef de la division des opérations avec le grade de général major; Coordination des activités de toutes les unités de police sur le terrain; Coordination avec la Sûreté générale et avec des unités de l'armée dans la bataille contre le terrorisme; 2004-2007 - Police israélienne: Commandant de la région Nord (la plus vaste des régions de police), responsable de la liaison et de la coordination avec les responsables des autorités locales; Responsable de la direction et du commandement de l'ensemble des forces et des dispositifs pendant la seconde guerre du Liban, pour des missions concernant la défense des habitants sur le front nord du pays; Domaines d'expertise: lutte contre le terrorisme et les attentats suicide, coordination et mise en œuvre des services d'urgence et de secours, lutte contre les organisations terroristes et criminelles."
Le général Ronen est cité comme étant le PDG du H.A.Sh Security Group; tandis que M. Ben Shabat est tantôt présenté comme en étant le président, le vice-président et le directeur. Alors pourquoi un ancien haut gradé de la police israélienne en relations d'affaires avec un membre connu de la mafia israélienne?


Information inquiétante, le message en vient à déplorer le fait que les figures du crime organisé en Israël ne sont plus automatiquement empêchées d'entrer aux Etats Unis en raison d'un changement des procédures. Ainsi que l'observe son rédacteur, un certain Cunningham dans un propos annexé intitulé "Le Crime Organisé passe à travers les failles du contrôle consulaire."
 "Compte tenu du rayon d'action croissant et de la dangerosité des méthodes du crime organisé israélien, interdire à des figures du crime organisé d'aller aux Etats Unis est un gros motif de préoccupation pour la représentation consulaire. Par la collaboration avec les forces de polices israéliennes et américaines, les services consulaires ont mis au point une importante base de données et mis en place une veille pour les figures du crime organisé et leurs hommes de main. Néanmoins, le problème de visa évoqué démontre la nature des défis qui sont apparus depuis la fin de Visas Shark en septembre 2008. A la différence des organisations criminelles de l'ex Union Soviétique, d'Italie, de Chine et d'Amérique Centrale, l'application de l'INA 212(a)(3)(A)(ii) aux membres d'organisations criminelles israéliennes n'est pas expressément autorisée par le Foreign Affairs Manual 40.31 N5.3. De sorte que des Israéliens qui sont connus pour travailler ou appartenir à des familles di crime organisé ne sont pas automatiquement inéligibles à un séjour aux Etats Unis."

"Visas Shark était un programme qui a apparemment efficacement exclu des personnalités du crime organisé des Etats Unis, et son abandon est signalé ici: à la place, l'ambassade doit passer par une procédure bureaucratique complexe pour exclure les personnes soupçonnées d'appartenir au crime organisé. D'abord, le personnel consulaire doit déterminer qu'il existe une "suspicion raisonnable" pour identifier un demandeur de visa comme membre d'un syndicat du crime organisé, et puis le dossier remonte à l'"Office of Legislation, Regulations, and Advisory Assistance" du Département d'Etat qui déterminera alors s'il y a une "raison de croire" à la véracité des informations négatives sur le demandeur. Toute une panoplie de possibles "raisons de croire" sont citées, dont:

"Reconnaissance de l'appartenance par l'individu,.... travailler activement à l'atteinte de ses objectifs par l'organisation, d'une manière qui suggère une proximité, une appartenance. Recevoir de l'argent ou la reconnaissance de l'organisation. Détermination de la qualité de membre par un tribunal compétent. Déclaration par des services de police locaux ou américains que l'individu est membre d'une organisation; Fréquente association avec d'autres membres; Exhiber volontairement des symboles de l'organisation, et participer à des activités de l'organisation, même si elles sont légales.»
Pourtant, c'est par des articles de presse que l'auteur du câble a déterminé le lien de MM. Ben Shabat, Avitan et Roka au crime organisé. Est-ce suffisant pour avoir une "raison de croire"? Et faire appel à l'Office of Legislation, Regulation, and Advisory Assistance, ce qui est ce que notre ambassade à Tel Aviv (comme nos ambassades partout ailleurs) doit faire avant de refuser éventuellement sur cette base un visa à un demandeur.

Non pas que la mafia israélienne ait eu de quelconques problèmes pour entrer aux Etats Unis par le passé - et faire sentir sa présence. Comme l'avait rapporté Carl Cameron sur Fox News le 17 décembre 2001:

"Los Angeles, 1997, une importante enquête sur le trafic de drogue au niveau local, de l'Etat et fédéral mise en échec. Les suspects: le crime organisé israélien et ses activités à New York, Miami, Las Vegas, au Canada, en Israël et en Egypte. Les allégations: trafic de cocaïne et d'ecstasy, et une fraude sophistiquée à la carte de crédit et informatique.

"Le problème: selon des documents confidentiels des forces de l'ordre obtenus par Fox News, les malfrats surveillaient les bippers, les téléphones cellulaires et même les téléphones des domiciles des policiers. Certains qui ont été arrêtés ont reconnu posséder des centaines de numéros et s'en servir pour éviter l'arrestation.
"Ce qui a perturbé les communications entre les agents de la police de Los Angeles et les agents d'autres services qui travaillaient sur les divers aspects de cette affaire. L'organisation a pénétré les communications entre les agents chargés du crime organisé, le FBI et les services secrets.

"Ca a été un choc de la DEA [service anti drogues] au FBI à Washington puis à la CIA. Une enquête sur ce problème a conclu, selon les documents des services de sécurité que "L'organisation a apparemment un large accès à des systèmes de bases de données permettant d'identifier les personnels concernés avec des informations biographiques."
 
Le secteur militaire hi-tech est en plein essor en Israël malgré le ralentissement économique mondial, et l'industrie de la "sécurité intérieure" est un domaine dans lequel il s'est lancé à pieds joints, ainsi que le gouverneur de Pennsylvanie Ed Rendell ne le sait que trop bien. C'est Rendell qui avait fait appel aux israéliens pour superviser les dispositifs de sécurité en Pennsylvanie - jusqu'à ce qu'on apprenne qu'ils espionnaient des associations légales de citoyens qui protestaient contre la construction localement d'une centrale électrique. Des sociétés israéliennes de "sécurité" opèrent un peu partout aux Etats Unis et à l'étranger, dans des aéroports et des installations gouvernementales, et su le crime organisé israélien devient maintenant un élément de cette industrie en plein essor, c'est donc à coup sûr un important problème de sécurité - ou ce devrait en être un.
 
Les quatre parties de l'enquête de Cameron pour Fox News sur l'espionnage israélien aux Etats Unis semblaient postuler une connexion entre le gouvernement israélien et la mafia israélienne et, grâce à WikiLeaks, ce lien a été maintenant rendu visible. La connexion entre le général Ronen et Ben Shabat via le H.A.Sh Security Group montre que le reportage de Cameron reposait sur plus que de simples soupçons. Compte tenu des informations complémentaires fournies par ce câble, il est raisonnable de penser qu'un segment corrompu de l'armée et des forces de sécurité israéliennes est littéralement en relation d'affaires avec le crime organisé israélien.

Si ce n'est pas alarmant - et bon à savoir - alors je ne sais pas ce que c'est. Pourtant nos experts assoupis, et les "journalistes" - qui veulent une histoire servie sur un plateau d'argent - se plaignent qu'on ne trouve aucune réelle nouveauté dans les câbles de WikiLeaks.
 
C'est parce qu'ils ne cherchent pas.

jeudi 2 décembre 2010

Wiki Leaks et le dossier nucléaire iranien

La presse française a abondamment rapporté les documents révélés par WikiLeaks qui montrent le souhait intime de certains régimes arabes de voir l'Iran attaquée militairement par les Etats Unis.
Elle ne se bouscule par contre pas pour nous répercuter cet autre document WikiLeak qu'évoque pourtant le journal francophone libanais L'Orient le Jour, peu suspect de sympathies por iraniennes:
- AIEA : avant de prendre ses fonctions l'an dernier, le nouveau directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, a fait comprendre qu'il se situait « solidement dans le camp américain » sur des questions-clés comme l'Iran. Cette information pourrait aggraver les tensions déjà observées entre le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique et Téhéran.
 On appréciera l'impartialité de Yukiya Amano, à la tête d'une institution supposée représenter le monde entier! Comme beaucoup, il confond ONU et communauté internationale avec Etats Unis d'Amérique.
  

Les Juifs Russes au Birobidjan!

Les Juifs Russes, grand vivier de peuplement pour l'entité sioniste, la boudent désormais. Ils préfèrent rester en Russie (où sans doute aller au Canada ou aux Etats Unis maintenant qu'ils ont le choix de leur destination). C'est ce qui ressort d'une dépêche diplomatique révélée par WikiLeaks.

En soi, cette nouvelle est très mauvaise pour les gangsters sionistes car elle interdit pratiquement tout espoir de maintien d'une supériorité démographique juive en Palestine occupée sur le long terme. Car ce ne sont pas les Juifs Français ou Britanniques qui vont faire leur prétendu retour à Sion par dizaines de milliers. Et dans les situations coloniales, le facteur démographique est absolument décisif.
L'autre mauvaise nouvelle, c'est que des juifs qui sont venus de Russie squatter la Palestine sont un certain nombre à décider de rentrer chez eux, c'est-à-dire en Russie, au Birobidjan en particulier.
Le Birobidjan, c'est cette région autonome de Russie qui avait été attribuée aux Juifs Russes perçus comme une nation sans Etat. Cette nation n'est bien entendu pas la prétendue nation formée par l'ensemble des Juifs de la planète, mais celle que formeraient les Juifs Russes. Cette identification nationale étant associée à une langue commune aux Juifs et qui n'est pas l'hébreu mais le yiddish.
D'où un certain renouveau du Birobidjan qui végétait depuis un certain temps et où les Juifs tendent en réalité à s'assimiler en douceur à leurs compatriotes Russes non Juifs. On note d'ailleurs dans l'article que je vous propose l'échec d'un chargé de mis(s)Sion venu essayer d'inculquer ou ré inculquer aux Juifs leur qualité de peuple séparé (en vertu de leur statut de peuple élu).
Alors le Birobidjan est-il une alternative à la Palestine pour les Juifs en quête de patrie? Oui si ce sont des Juifs de Russie ou des Juifs qui veulent devenir Russes. Non pour les autres dont les patries se nomment Roumanie, France, Ukraine etc..
Birobidjan - Sibérie
 
Birobidjan, dans la région autonome juive de l'extrême orient russe, avait attiré des Juifs yiddishophones avant que Staline ne se tourne contre eux. Des réfugiés commencent à revenir d'Israël.
par Alfonso Daniels, Christian Science Monitor (USA) 7 juin 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri
 
A première vue, Birobidjan ressemble à n'importe quelle ville de Sibérie, avec sa statue massive de Lénine, son monument de la seconde guerre mondiale, et ses immeubles d'habitation délabrés de l'ère soviétique. Puis vous remarquez qu'il y a des symboles juifs partout, depuis l'immense candélabre qui domine la grand place à l'immense panonceau qui souhaite la bienvenue aux visiteurs du "Birobidjan" en yiddish.

Ces symboles rappellent que ce territoire sibérien limitrophe de la Mandchourie et à sept fuseaux horaires de Moscou est une république juive. La Région Autonome Juive avait été créée par Staline il y a 75 ans comme une alternative au projet sioniste en Israël. Pas moins de 18 000 Juifs s'y établirent. Au début, elle connut la prospérité, avec des théâtres yiddish, des écoles et de nombreux journaux, mais Staline éliminera rapidement la majorité des élites. Les Juifs qui le purent s'enfuirent. La dernière synagogue de Birobidjan a brûlé dans les années 1950 et actuellement, à peine 6 000 des 200 000 habitants de la région se reconnaissent juifs.

Mais le rêve juif en Sibérie n'est pas tout à fait mort, et la région connaît en ce moment un léger renouveau, grâce aux Juifs qui arrivent d'Israël.
 
Au complexe communautaire central juif rutilant, qui comprend une synagogue construite il y a cinq ans, Oleg Oroshko, un travailleur du bâtiment âgé de 60 ans qui a passé une dizaine d'années en Israël, explique pourquoi il est rentré au pays. "C'était la pagaille en Russie et nous ne voyions pas d'avenir pour nos enfants alors nous sommes partis, mais nous étions des étrangers là-bas [dans l'entité sioniste, NdT]. Ici, c'est chez nous."
L'optimisme ici est nourri par le boom des exportations de produits agricoles et de matières premières vers la Chine voisine. Mais le renouveau juif reste fragile.

'Le renouveau juif est manifeste'
 
Boris Kotlerman, qui enseigne à l'université Bar-Ilan de Tel Aviv, a animé ici pendant deux ainsi un programme yiddish destiné aux universitaires, programme qui s'est essoufflé l'été dernier. "La république juive a un bon potentiel pour un grand renouveau, mais les autorités maintiennent le statu quo... Elles ne sont pas vraiment intéressées à le stimuler," déclare Kotlerman joint par téléphone en Israël. Ces dernières années, le Russie a cherché à incorporer ses régions à minorités ethniques dans des régions plus vastes, dominées par l'élément russe.
 
Pourtant, Roman Leder, responsable de la communauté juive ici, affirme que 80 familles sont parties l'an dernier mais que 120 autres sont arrivées. Il ajoute que d'autres reviendraient si elles en avaient les moyens. "Il y a dix ans, je vous aurais dit que c'était une expérience ratée, mais plus maintenant. Le renouveau juif est manifeste. A l'avenir, nous pourrions même devenir le centre mondial pour le yddish, qui sait?"
 
Rapidement après la création de cette région par Staline, des Juifs vinrent du monde entier pour construire leur propre version du paradis des ouvriers avec le yiddish en partage, ce mélange en voie d'extinction d'hébreu et d'allemand qui s'écrit en caractères hébraïques et était parlé autrefois par des millions de Juifs Européens.

"C'était le contraire de Babylone. Avec la destruction de Babylone, les gens ne se comprenaient plus entre eux, tandis qu'ici, les gens arrivaient de 14 pays différents et communiquaient entre eux avec une seule langue: le yiddish," explique Yosef Brenner, un éminent historien local.
 
Selon Valery Gurevich, le vice-gouverneur de la région (il est juif, tout comme le gouverneur), "le yiddish devrait être promu et on ne devrait pas le laisser disparaître, mais cette promotion doit se faire en accord avec les gens. Si vous essayez d'imposer une culture aux autres, vous pouvez provoquer des réactions de protestation. Actuellement, le climat est serein, il faut continuer ainsi."
 
Le yiddish dans les journaux et les écoles

Aujourd'hui, le yiddish est langue d'enseignement dans une seule des 14 écoles publiques de Birobidjan, même si la littérature et la culture juives sont étudiées partout.
En septembre dernier, deux écoles qui accueillent un quart des élèves de la ville ont introduit des cours obligatoires de yiddish pour les enfants âgés entre 6 et 10 ans.
Natalia Mohno, qui n'est pas juive, dirige l'école maternelle Menora. L'école accueilles des élèves Juifs et Gentils, un symbole de tolérance dans un pays qui a une longue histoire d'antisémitisme.

Des photos illustrant les fêtes juives sont alignées dans le couloir sombre de ce bâtiment de deux étages. "Les parents non juifs inscrivent leurs enfants ici parce qu'ils considèrent que c'est une partie de leur patrimoine. Nous avons aussi des enfants Chinois. Tout le monde s'intéresse au yiddish et au judaïsme," explique Mlle Mohno, tandis qu'un groupe d'élèves travers bruyamment le couloir, certains s'arrêtant pour dire "shalom."
 
L'exubérante Elena Sarashevskaya, quoique non juive, anime la rubrique en yiddish du principal journal local, le Birobidzhan Sten. "Beaucoup d'auteurs qui écrivent sur la région ne le font qu'en yiddish, ils est donc normal que j'aie voulu l'apprendre. Au début, c'était très difficile, on n'a pas l'habitude de l'alphabet, on lit de droite à gauche, ça paraissait bizarre mais j'ai appris tout doucement et j'ai réalisé que le yiddish n'était pas seulement une langue, mais que c'était aussi l'histoire juive et la littérature, notre culture," explique Mlle Sarashevskaya.

Nulle part les liens entre Juifs et non juifs ne sont aussi clairs que dans la deuxième petite synagogue de Birobidjan, située dans la banlieue de la ville. C'est le sabbat et ce pourrait être un village juif du 19ème siècle n'était le téléphone dans un coin. La bâtisse n'a pas plus de 40 places, avec un plafond bas et un petit toit. Une douzaine de fidèles, la plupart entre deux âges, sont assis sur les bancs, une simple tenture séparant les hommes des femmes.

Le rabbin, Dov Kofman, un homme affable qui marche à l'aide d'une canne, annonce que la cérémonie est terminée: "J'aime Israël, mon fils est là-bas en ce moment dans l'armée, mais ici c'est ma patrie." Soudain, un voisin non juif s'arrête en passant pour dire bonjour et s'assoit sur un des 9 bancs. Ingénieur de formation, Yevgeni Stolbov a supervisé la construction de la plus grande partie de Birobidjan, il est désormais à la retraite.
"J'adore venir ici, je ferais n'importe quoi pour aider cette synagogue, elle fait partie de ma vie et je veux qu'elle soit là pour toujours," dit-il pendant que son ami rabbin le regarde en souriant.

Hanoucca revisitée par David Shasha

Je vous avais déjà proposé un texte de David Shasha dans lequel ce dernier s'en prenait aux doctrines cabalistiques qu'il associait d'ailleurs au sionisme. David Shasha revient à la charge en traitant maintenant de Hanoucca, la fête juive dite des lumières.

Un texte instructif et à méditer


Notes sur Hanoucca: les Macchabées et les 'traditions inventées' par le sionisme

par David Shasha, Mondoweiss (USA)1er décembre 2010 traduit de l'anglais par Djazaïri

 
1. Le fête juive de Hanoucca, un mot hébreu signifiant "consacré", est une petite fête juive sans aucune source biblique.

2. Hanoucca est une fête historique qui commémore la victoire d'une famille sacerdotale appelée les Macchabées sur les Séleucide gréco-syriens en 165 av. JC. Ces Macchabées ne cherchaient pas seulement à vaincre les occupants grecs, mais aussi à défaire leurs alliés Juifs, ceux qu'on appelait les "Juifs hellénisants."

 3. Nos sources rabbiniques ne nous ont pas gardé d'informations historiques fiables. Mais les rabbins ont déterminé les exigences légales de la fête, la simple prescription d'allumer des bougies pendant huit nuits dans le Tractate Shabbat du Talmud babylonien. Cette discussion juridique, notre seule source juive "officielle" pour cette fête, est annexée à une discussion bien plus large sur le problème complexe de l'allumage de bougies pour le Sabbat.

4. Notre source historique pour cette fête est un apocryphe, Le Livre des macchabées 4.52 ff. qui nous parle de la reconsécration du Temple le 25 kislev, date traditionnelle pour Hanoucca.
5. Les rabbins qui ont canonisé les écrits hébraïques à Yavneh vers 100 après JC ont omis d'inclure Le Livre des Macchabées dans leur Bible. On peut spéculer de bien des manières sur cette exclusion du Livre des macchabées de la Bible massorétique.

6. Les rabbins considéraient la dynastie hasmonéenne comme usurpatrice de la fonction sacerdotale dans le Temple et dans le royaume. Les Hasmonéens étaient des prêtres issus du peuple et qui n'appartenaient pas au lignage Zadokite et ils avaient pris sur eux de diriger la rébellion contre Antiochos et les Syro-Grecs. Du point de vue rabbinique, tous les résultats positifs obtenus par la défaite des Séleucides étaient contraires à le lettre même de la loi juive concernant la succession sacerdotale telle qu'explicitée par les sources rabbiniques.

7. Nous pouvons maintenant examiner le lignage hasmonéen et son impact sur la culture juive dans le judaïsme pharisien et post-pharisien. En gros, les premiers Hasmonéens sont restés fidèles aux traditions légales juives sur le modèle rabbinique. Mais au fil des générations, les hasmonéens ont continué à accroître leurs pouvoirs et à oublier les traditions qui avaient animé la rébellion au début. Au nadir du pouvoir hasmonéen, l'usurpation du trône par l'usurpateur Iduméen Hérode; qui était en principe un membre du clan hasmonéen par son mariage dans la famille, marqua le couronnement de plusieurs décennies d'hellénisation des prêtres du Temple.

8. Il convient donc d'observer que les rabbins étaient tout sauf satisfaits des spécimens physiques de la dynastie hasmonéenne qui peuplaient l'enceinte du Temple à leur époque. Il semblerait donc logique que les rabbins aient cherché à expurger les traces historiques de la révolte des macchabées et les raisons pour la célébration de la fête de Hanoucca.

9. Mais les rabbins ne pouvaient pas supprimer une fête qui avait des racines populaires aussi bien dans les masses juives que dans l'élite sacerdotale. ILS ont alors élaboré le récit hagiographique d'une fiole d'huile qui avait été découverte dans les vestiges du temple et qui était la seule huile "pure" à utiliser pour allumer la Menora, le candélabre hébraïque: selon les rabbins, cette huile, en quantité suffisante pour un jour, avait duré les huit jours de la cérémonie de reconsécration. Il est curieux de noter que la menora du temple comportait sept branches tandis que la Menora de Hanoucca en a neuf.

10. Le récit de la fiole d'huile a été occulté à dessein des fondements historiques de la fête qui, en plus du Livre des macchabées, apparait au chapitre 7 du livre 12 des Antiquités Judaïques de Flavius Josèphe. Nos sources historiques ne nous disent rien de la fiole d'huile mais nous parlent longuement des macchabées et de leur guerre contre les Syriens.

11. Comme on le sait, les rabbins étaient divisés sur leurs propres aspirations et désirs concernant l'indépendance juive. Il y avait une faction emmenée par R. Akiba qui continuait à lutter pour l'indépendance juive tandis qu'une autre faction, emmenée par le rabbin Yohanan Ben Zakkai, voulait faire la paix avec les occupants et à développer une nouvelle expérience nationale juive basée sur l'étude et la pratique des traditions écrites et orales de la foi hébraïque. Selon ce modèle, les Juifs vivraient en paix avec les Romains en échange de la liberté religieuse et de l'autonomie communautaire.

12. La fête de Hanoucca, d'évidence une fête nationaliste, une fête qui était plus politique que spirituelle, fut mise au second plan du calendrier liturgique. Les rabbins s'intéressaient moins à l'indépendance politique qu'à la restauration de l'étude de la Torah par les Macchabées La Hanoucca rabbinique est une fête contemplative qui souligne la chaleur des liens familiaux et la liberté de culte obtenue pour les Juifs par la révolte des macchabées.

13. Avec la double émergence de nouvelles tendances à l'époque moderne, le nationalisme juif sous la forme du sionisme et l'attention accrue portée aux modèles de comportements des Gentils et à l'assimilation, la fête de Hanoucca, à la place assez mineure dans le calendrier juif comme nous l'avons dit, prend un rôle significatif nouveau.

14. Pour les sionistes, la révolution des macchabées était un modèle historique alternatif au récit standard des rabbins. Avec les macchabées; les sionistes ont trouvé un modèle historique valide sur lequel baser leur propre nationalisme judéen. Au lieu de maintenir les codes et les croyances des sages talmudistes, les sionistes ont re-constitué une "nation" juive sur des "traditions inventées" qui étaient profondément informées par le paradigme des Macchabées.

15. Dans le récit sioniste, les Macchabées hellénisants ont été scotomisés et les Macchabées nationalistes mis en valeur. L'évolution qui a conduit à Hérode puis à la destruction finale du Temple de Jérusalem en 70 après JC a été effacée, tout comme le modèle d'évolution de R. Yoahanan Ben Zakkai et l'émergence d'un nouveau judaïsme humaniste basé sur le rassemblement pendant cette période de sources de la tradition écrite et orale sous la forme des écritures massorétiques et de la Mishna, aboutissant à l'œuvre majeure du formalisme rabbinique, le Talmud de Babylone.

16. Le sionisme s'est perçu lui-même comme héritier de la révolution des Macchabées, et non des rabbins. Le quiétisme des rabbins a été éliminé au profit d'une nouvelle agressivité qui faisait peu de cas des implications culturelles et religieuses de cette réorientation de la vie juive. Le sionisme a été une tentative de restauration de la vie nationale juive au détriment des impératifs religieux élaborés dans la diaspora par les Sages Juifs.

17. Le degré croissant d'assimilation des Juifs dans la société gentille a fait de Hanoucca une fête qui vise à rivaliser avec Noël, une grande fête chrétienne qui est, avec le jour de l'an, au cœur même de la définition du christianisme. Au cours du siècle dernier, Noël a pris d'énormes proportions et a servi de moteur au consumérisme occidental.

18. Ainsi, les Juifs qui se sentaient mal à l'aise avec leur propre religion se sont tournés vers Hanoucca comme un vers une fête "jumelle" qui se tient à proximité de Noël.

19. Donc, en résumé, Hanoucca est une fête juive très mineure dont la signification a été obscurcie par la manière dont le judaïsme a utilisé le matériau historique source et par la manière dont les rabbins juifs ont cherché à imposer leur propre empreinte sur la définition de la fête. Les Juifs modernes ont reformulé cette fête et lui ont donné un nouveau sens qui n'a à la base aucun lien inhérent avec le sens historique ou avec le sens religieux (s) de la commémoration, transformant ainsi Hanoucca en une «grande» fête juive.



David Shasha est directeur du Center for Sephardic Heritage à Brooklyn, New York. Il a écrit des articles pour le Huffington Post et publie une letter électronique hebdomadaire, Sephardic Heritage Update.Pour vous abonner à la newsletter visitez: http://groups.google.com/group/Davidshasha,.