mercredi 23 décembre 2009

Milton Herndon est-il le combattant noir antifasciste sur cette photo?

Voici un post qui sort de ma thématique habituelle. Quoique je trouve qu'il s'inscrit bien dans la problématique histoire - mémoire, deux termes que d'aucuns voudraient confondre.
En effet, la mémoire de la guerre civile espagnole a bien enregistré la participation, côté républicain, de troupes russes dépêchées par Staline, mais aussi de volontaires internationaux dont des personnalités connues comme André Malraux, George Orwell ou Jean-Pierre Aumont.

La présence de combattants Afroaméricains est par contre évoquée plus discrètement, au point que personnellement je n'en avais jamais entendu parler. Or, cette participation était d'autant plus intéressante qu'elle prouvait le degré de politisation dans la communauté noire des USA et qu'elle s'était exercée dans le cadre d'une brigade multiraciale commandée par un noir. Quelque chose d'invraisemblable dans les Etats Unis de l'époque.
Vous trouverez ici plus d'informations en français sur ce groupe de combat antifasciste.


La quête de l'Espagne pour identifier un soldat noir qui avait combattu le fascisme pendant la guerre civile
par Giles Tremlett, The Guardian (UK) 20 décembre 2009 traduit de l'anglais par Djazaïri



Volontaire dans les Brigades Internationales qui avaient combattu pendant la guerre civile espagnole, le soldat noir non identifié sur la photo fut un des premiers Américains à mourir en combattant le fascisme.

Aujourd'hui les autorités espagnoles veulent mettre un nom sur ce visage pour pouvoir présenter cette photo au président Barack Obama lors de sa visite en Espagne l'an prochain.

La photo noir et blanc de ce volontaire Afroaméricain appartient à une extraordinaire collection de photographies de la guerre civile qui a été acquise récemment par l'Etat espagnol.
"Nous savons seulement qu'il était arrivé avec le brigade Abraham Lincoln des volontaires Américains et qu'il est mort pendant la bataille de Brunete [juillet 1937]," explique Sergi Centelles, dont le père, Agusti, a pris la photo.

Ce soldat faisait partie des un peu plus de 90 Afroaméricains qui s'étaient portés volontaires pour défendre le gouvernement républicain élu contre une insurrection militaire de droite qui déclencha une guerre civile qui dura trois annés.
L'Allemagne d'Adolf Hitler et l'Italie de Benito Mussolini envoyèrent des troupes pour soutenir l'armée rebelle du général Francisco Franco, le futur dictateur. Des volontaires de gauche et antifascistes du monde entier rejoignirent les Russes envoyés par Staline pour aider à défendre la république.
Obama a défendu le concept de "guerres justes" dans son discours de réception du prix Nobel de la paix ce mois-ci.

L'Association des Brigades Abraham Lincoln, sise à New York et la bibliothèque Tamiment de l'université de New York ont épluché leurs archives de la guerre civile pour voir s'il était possible d'identifier l'homme sur la photo, qui a probablement été prise en février 1937. Deux candidats possibles ont émergé: Milton Herndon, dont le frère Angelo avait gagné un procès retentissant devant la Cour Suprême pour "incitation à l'insurrection," et l'aviateur Paul Williams.

"Il s'agit d'une des huit ou neuf photos que mon père a prises des Américains marchant dans Barcelone," explique Sergi Centelles.

La photographie est restée cachée pendant quatre décennies après qu'Agusti Centelles, connu comme le "Robert Capa Espagnol," ait fui l'Espagne quand il apparut que les forces franquiste étaient sur le point de remporter la guerre civile en 1939.

"Mon père avait emmené ces photos avec lui dans une valise parce qu'il craignait qu'elles soient utilisées pour identifier des gens et entreprendre des représailles," déclare Sergi Centelles.
Le photographe s'était servi de la valise comme oreiller dans un camp de réfugiés en France pour éviter qu'on la lui vole. Il s'installera par la suite chez une famille française à Carcassone dans le sud de la France, mais il devra fuir à nouveau après le déclenchement de la seconde guerre mondiale et que les occupants Allemands aient appris qu'il utilisait son appareil photo pour prendre des photographies destinées à de faux passeports.

"La Gestapo le recherchait, alors il a franchi les Pyrénées pour rentrer en Espagne," déclare Sergi Centelles. "Il avait laissé sa valise derrière lui, en demandant à la famille française de ne la donner à personne d'autre qu'à lui-même.

"Elle fut transmise du grand-père, à sa mort, à son fils et, quand il mourut lui aussi, à son petit fisl."
Agusti Centelles envoyait un présent à la famille à chaque Noël, en signe qu'il était encore vivant.

L'Espagne n'a pas accordé de passeport au photographe avant 1962, année où la famille s'est rendue à Carcassonne pour vérifier que la valise s'y trouvait encore. C'est seulement en 1976, un an après le décès de Franco, qu'il osera récupérer la valise et la ramener à la maison.

Elle contenait des centaines de photos de la guerre civile, dont une de l'écrivain George Orwell avec un groupe d'autres volontaires internationaux.

Le mélange racial dans les Brigades Internationales figurait une volonté d'atteinde à un niveau d'égalité raciale jamais vu par ailleurs dans les armées occidentales des années 1930.

"Nous savons qu'il y avait un certain nombre de volontaires Afroaméricains et que beaucoup ont été maltraités de retour dans leur pays, comme si les gens pensaient qu'ils étaient communistes," explique Sergi Centelles.

"Nous avons quatre ou cinq noms de candidats plausibles, mais ce que nous voulons réellement est trouver leurs familles."

* Si vous savez qui est l'homme sur la photo, ou si vous pouvez fournir des informations qui pourraient aider à son identification, contactez SVP giles.tremlett@guardian.co.uk

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